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cillées, autant d’angles qu’il y a de feuilles aux
v e r t ic a le s& en obfervant qiie, fi les feuilles du
fécond verticille font placées entre celles du premier,
au lieu d’être dans la même ligne, les angles
font doublés. On voit ur. angle très-ouvert, fuivi
d ’un angle moins ouvert, puis un angle très-
ouvert , & c. Il faut remarquer qu’à égale diftance
de deux verticiïles, de deux couples de feuilles
oppofées, & c ., la différence entre les angles eft
peu fenfible; elle n’eft confidérable qu'autant
qu’elle fe rapproche de l’infertion des pétioles.
Enfin , fi les feuille s font en fpirale, il y a autant
d’angles que la fpirale eft compofée de feuilles.
T r o if î tm e ép o q u e. Elle commence lorfqu’il fe
forme des fibres ligneufes. L'étui médullaire,dont
le diamètre avoit continué à augmenter jufqu’à ce
moment , eft arrêté dans fes développemens. La
Moelle change de couleur 5 elle devient blanche
& elle femble perdre la faculté de fe dilater; elle
blanchit plus tard aux points d’infertion, & beaucoup
d’étuis médullaires confer vent la couleur verte
pendant un an ; il en eft même qui, comme le
peuplier du Canada, ont cette couleur pendant
trois ans.
Bientôt la Moelle & l’étui médullaire éprouvent
une réduction qui eft très-fenfible aux points
d’infertion des pétioles. Cette partie de la Moelle
eft, au moment du plus grand développement,
plus large que les autres , comme on peut le vérifier
dans les Moelles de vigne, de fureau, de-
catalpa, &c. ; mais lorfqu’il s eft formé une couche
d’aubier, cette partie eft plus réduite que les
autres, & fon diamètre eft quelquefois plus petit;
auffi remarque-t-on que la couche ligneufe y eft
plus épaiffe qu’ailleurs dès le mois d’août, ce qui
prouve que les fibres ligneufes ne font pas formées
d’un feul jet dans toute la longueur du végétal.
L’examen des efpèces qui ont une forte végétation,
comme celles que je viens de citer, en
fourniront facilement la preuve.
Mais fi une feuille eft recouverte par d’autres,
qu’elle ne prenne pas toutes fes dimenfions , ou
qu’elle ne puiffe pas bien remplir fes fondions,
ou fi elle eft coupée par le cultivateur, ou bien
dévorée par les chenilles, la couche ligneufe ne
fe forme pas au point d’infertion , du cô-é où la
feuille manque, ou bien elle y eft très-mince.
L'angle formé de ce côté refte aigu, faillant, &
fon extrémité eft très-rapprochée de l'écorce, pendant
que les autres angles deviennent obtus &
difparoiflent même dans plufieurs efpèces dont la
Moelle prend la forme ronde : telles font les
Moelles du fureau, du frêne.
Si une branche végète à l'ombre , les feuilles,
privées de lumière, ne rempliûant qu’imparfai-
tement leurs fondions , les angles de la Moelle
font moins comprimés par la couche mince li-
gn-ufe qui fe forme; fon diamètre eft moins réduit
, & un an après on trouve encore le diamètre ;
de la Moelle plus confidérable au point d’infer- J
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: tion des pétioles, qu’au-deffous entre deux ct\>,
pies de feuilles.
Le diamètre de la Moelle continue à éprouver
une rédudion pendant la formation des couche?
ligneufes pendant le refte de la fai fon. La Moelle
qui étoit verte dans le principe, & qui eft devei
nue blanche, fe deffèche, & dans quelquesef*
pèces elle produit un effet qui femble fajrà
exception à la règle générale; par exemple, dans
les chèvre-feuilles d'Europe & de Tartane, elle
fe retire dès le mois d’août contre le canal médullaire,
& laiflè un vide au centre dans toute
la longueur du canal. La Moelle du noyer fe di.
vife, au contraire, fur la longueur en petites lames
auffi minces que du papier fin, qui rempliffént le
canal dans toute fa largeur, & qui ne font qu’à
une demi-ligne les unes des autres.
Ce defféchement de'la Moelle paroît annoncer
que fes fondions font terminées, & qu’elle coopère
au moins très-peu, par la. fuite, à la végétation.
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Les années fuivantes, l’étui éprouve encore
une légère rédudion. Cette rédudion, la première
année & les fuivantes , n’influe pas feulement
fur la largeur de fon diamètre; les angles
deviennent moins faillans, les contours de l'étui
s’arrondiffent un peu, & fa forme fe rapproche de
celle circulaire. La couleur de la Moëlle change;
elle devient d’un roux-brun. On voit des lignes
d’un rouge affez vif qui environnent la Moelle
dans le canal médullaire du fureau, & dont quelques
unes même font placées dans la Moelle.
Les chofes reftent en cet état plufieurs années,
après quoi la Moëlle s’offifie dans plufieurs végétaux.
Si on recherche, dit l’auteur, les caufes qui
font varier la forme & les proportions de la Moëlle
& de fon étui, l’examen d’un bouton à bois,
plus facile à faire que celui d’une plumule, fournira
quelques données à cet égard.
Au moment où on commence à appercevoir ce
bouton, ce n’eft qu’une petite portion de matière
parenchymateufe , dans laquelle on ne peut diftin-
guer aucune organifation avec la loupe. Peu à
peu il groffit : des fibres qui fe réparent de l’étui
médullaire, & qui traverfent l’écorce, fe développent
en réfeau & produifent une feuille. La perte
de ces fibres doit affoiblir l’étui au point où elle
s’en détache pour traverfer l’écorce. D'une
autre part, les fibres qui forment l’étui médullaire
font très - peu développées , puifqu’une
branche qui peut, dans une année, s’alonger de
cinq à fix pieds, eft contenue dans un bouton de
deux lignes, & fouvent moins de longueur; h
diftance entre les feuilles y eft en quelque force
nulle, & les feuilles inférieures recouvrent celles
fupérieures. Ainfi, l'impreffion faite par une feuille
lur la tige doit néceffairement fe faire fende
jufqu’à la feuille inférieure, qui eft placée dans
la même ligne. C ’eft ce que l’expérience conftate,
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éme fur la partie extérieure de la tige, comme
ut je vérifier dam 'e peuplier de la Caroline
a? autres, où on trouve fur l’écorce plufieurs
neiesqui vont d’une feuille fupérieure à celle infé-
ieurs? & qui ne difparoiflent que lorfqu’il s’eft
formé plufieurs couches ligneufes.
Les feuilles, forcées, pour fe développer &
pour pénétrer à travers l’écorce, de former un
an’ le avec la petite tige, écartent un peu l’écorce
ail point d’inferrion.La Moëlle, comprimée
par les parois de l’étui qui la contient, en profité
pour fe dilater, & elle forme un angle dans ce
point. Cet angle n’a lieu , dans le principe, que
fur une partie très-petite; mais l’ impreffion une
fois faite fe conferve plus ou moins dans cette
partie lorfqn’elle fe développe, parce que les
fibres de l’étui qui l’ont reçue , ne font que s’alonger
entre deux feuilles. _
L’impreffion faite à l’étui médullaire devoit
ê;re la plus forte poffible au point de la réparation
du faifeeau qui forme le pétiole : c’eft auffi
à ce point que l’angle eft le plus confidérable , &
il fe réduit infenfiblement en s’écartant de la
feuille.. / , - ; . •
Si on continue à enlever des tranches du bouton,
jufqu’à ce qu’on ne trouve plus d’infertion
de feuilles, on n’apperçoit prefque plus les angles,
& on ne voit qu’un point a peu près rond.
On obiërve encore, lorfque le bouton fe développe
, l’influence dès feuilles fur les angles,
puifque toutes les feuilles qui s'écartent un peu
de leur pofition produifent un changement dans
la forme de l’étui médullaire. Cette influence fe
remarque encore dans les boutons qui le forment
& fe développent de fuite au printems fur la tige
ou les groffes ?bfahches. Ils y produifent des
gourmands ; mais comme les feuilles y font plus
petites & plus écartées fur ces gourmands, les
angles de la Moëlle font moins faillans aux points
d’infertion , & la Moëlle eft prefque circulaire
d’une feuille à l'autre, jufqu’à la partie fupérieure
des gourmands, où les feuilles font plus larges
& plus rapprochées, & où les angles font marqués
comme dans les branches ordinaires.
Le développement de la Moëlle eft dû à fa
force de dilatation, & à la quantité plus ou moins
grande de fucs féveux quelle contient. Comprimée
dais fon étui, elle fait effort contre fes parois
intérieures ; mais les parties rentrantes ou
drpites de cet étui doivent oppofer moins de
r&fiftance que les parties anguleufes, parce qu’elles
font plus rapprochées du centre; elles font auffi
moins foutenues par l’écorce, qui rend à prendre
la forme circulaire, tant par la force qui l’éloigne
éu centre , que par J’atmofphère qui s’enveloppe
& la prefie de toutes parts. Les parties rentrantes
ou droites, de l’étui médullaire, cédant à la puif-
Lnce qui agit fur elles, s’écartent un peu du
centre, Sc les angles s’ouvrent davantage. Si la
branche prend, un accroiffement très-prompt &
très-grand , les fibres qui compofent l’étui médullaire
acquièrent tout le développement dont
elles font fulceptibles, & elles Je font dans un
te ms trop court pour prendre beaucoup de con-
fiftance; d’une autre part, cette grande exteniion
les affoiblit, & elles réfiftent moins à la prefiion
de la Moelle, qui tend à les écarter du centre. La.
Moëlle prend alors un plus grand diamètre, tant
dans l'étui principal que dans les petits étuis donc
il eft formé, & les cellules ou utricules de la
Moëlle acquièrent leurs plus grandes dimenfions.
Si, au contraire, la poulie eft lente &foible_,.l'étui-
moins affoibli oppofe plus de réfiftahee, la Moëlle
ne prend pas un auffi grand diamètre , fes utricules
font plus petits 8c fes angles plus faillans.
Bientôt les couches ligneufes commencent à fe
former : ces couches , pour trouver place entre
l’étui médullaire & l’écorce, doivent faire effort
'contre ces deux parties. D’un côté-, elles repeuf-
fent en dehors l’écorce qui cède à leurs efforts
parce que fes fibres ont la faculté de s’étendre en?
réfeau , dont les mailles prennent de plus grandes
dimenfions; de l’autre, ces couches comprennent
l'étui médullaire & particuliérement fes parties
anguleufes, qui, étant plus rapprochées de l’écorce,
gênent davantage la formation des couches
ligneufes, & font plus expofées à leur adion. Les
pairies avancées ou anguleufes de l’étui éprouvent
donc une plus grande rédudion que les
autres ; & comme c’elt au point d’infertion des
feuilles que les couches ligneufes commencent à
fe former» c’eft auffi à ce point que la Moëlle
commence à éprouver une rédudion,. & que fon
diamètre diminue davantage.
Mais l’écorce réagit à fon tour contre les
couches ligneufes, particuliérement dans les tems
chauds & fecs, & même lorfqu’il fait un froid
fec. En comprimant ces couches , elle détermine
néceffairement une réadion fur l’étui médullaire,
qui cède avec d’autant plus de facilité qu’il eft plus
foibie, en raifon de fon grand développement.
La Moëlle, qui, en fe d.eflechant, a perdu fa
force de dilatation, ne fourient pas, par fa réfif-
tance, les parois de l’étui contre la preffion des
couches ligneufes; elle cède elle-même à cette
force de compreffion, & fon diamètre fe réduit
infenfib’ement. Les filets médullaires contenus
dans l ’étui principal, & plus expo les à l’adion
dc-s couches ligneufes, éprouvent une telle rédudion
, qu’ils font à peine vifibies la troifième
année. On obforve que ces filets,, qui font en
dehors de l’étui médullaire dans quelques végétaux,
tels que le peuplier du Canada de autres,
font ronds la première année; mais qu’ils s'apia-
tilîent & s’alongent à mefure qu’ils éprouvent les
effets de la compreffion des couches ligneufes.
L’effet de cette compreffion ne peut oblitérer
l’étui médullaire, mais feulement reiferrer les-
fibres qui le compoCnt, 'jufqu’ à ce qu’elles op-
pofenc une force allez, grande pour reùftex à. U