
A in f î , les M o u fle s jouent un grand rôle dans
Tordre général de la nature. Je vais faire vo ir
qu’elles font auffi de quelqu’importance pour les
agriculteurs.
Dans beaucoup d’endroits -, les cultivateurs arrachent,
avec un rateau à dents de fe r , les Moufles
dans les b o i s , dans les marais, les prés , & c . ,
& les emploient pour faire delà litière à leurs bef-
tiaux. C e t exemple eft très-bon à im ite r , car
elles font un excellent coucher pour les animaux
, s’imbibent facilement de leur u r in e , de
la matière de leur tranfpiration, 8c elles four-
niflfent un fumier très-abondant, que la lenteur
de fa décompolition rend très-précieux pour les
terres fo rte s , q u ’il ioulève & rend par confé-
quent plus propres à biffer palier les racines des
plantes.
L e terreau qu’elles forment lorfqu’on les accumule
en ta s , ou mieux dans des fo fle s, & qu’on
les arrofe fouvent pendant les fécherefles, eft
extrêmement propre à remplacer la terre de
bruyère dans les lieux o ù elle manque & où on
en defire pour la culture des arbrifleaux qui
l'exigent. C om m e leur reprodu&ion eft très-rapide
, il n’y a pas à craindre d’en manquer : il
fuffit feulement, ou de ne pas épuifer une localité
, o u , lï on Ta épuifée, de n’y revenir qu’au
b ou t de deux ou trois ans.
L a plupart des M o u fle s ornent les terreins
qu’elles recouvrent, 8c on doit bien fe garder de
les détruire fous les maffifs des jardins payfagers.
I l eft fâcheux que l’humidité qu’elles recèlent au
p rin tem s , époque où elles jouiflent de leurs avantages
au plus haut degré, ne permette pas de fe
coucher fur elle, comme elles fembïenr y inviter.
O n doit également fe garder de détruire celles
qui croiflent fur les murs de d ô tu re dont le
chaperon eft recouvert de terre , parce qu’elles
défendent ce chaperon de l’a&ion deftruéhve des
eaux pluviales. Q uant à celles qui naiffent fur les
toits , il eft indifpenfable de les enlever à mefure
q u ’elles fe fo rm e n t , c ’eft-à-dire, tous les ans;
c a r , confervant l’humidité au-deflous de leurs
touffes , elles favorifent la décompolition des
tuiles & la pourriture des chaumes. C ’eft en
automne, avant la formation de leurs urnes, qui
font leurs capfules dans ma manière de v o ir , qu'on
d o it exécuter cette opération.
O n fe fert encore des M oufles , dans les cultures,
p ou r cou vrir la furface des terreins qu’on defire
garantir de Taétion defféchante des rayons du
fo le il, ou entretenir dans un degré d’humidité
confiante > afin de favorifer la germination des
graines fines, telles que celles des b ouleaux, des
aunes, des rofages^, des andromèdes, & c . O n en
enveloppe les racines des plantes deftinées à être
envoyées au loin.
D a n s l'économie domeftique, o n emploie auffi
les M o u f le s pour remplir les couchettes fur lef-
quelles dort le p a u v re , p ou r emballer les objets
cafuels, pour lier l’argile dont les maifons rurales
font enduites dans quelques cantons »pour fermer î
les fentes qui s’y fo rm en t , p ou r calfater les ba.
tea ux , &c.
L e s M o u fle s les plus abondantes & le p]us
dans le cas d’être utiles à l’économie domeltiqne
font le b ry à balais, la fontinale incombufible5
la fphaigne des marais, les hypnes p ur, prolifère*
cupreffiforme, fquarreux, fo u r g o n , triangulaire!
& foyeux.
Quoiq ue, ainfî que je l’ai annoncé plus haut, les
M o u fle s ne nuifent point aux a rb re s, il eft cependant
bon, parprincipe de propreté, de les enlever
fur ceux qui fe trouvent dans les jardins bien foi.
gnés , & on y p a rv ie n t , foit avec un couteau à
tranchant émoufle , foit avec une petite étrille
recourbée dans fa largeur , foit enfin avec du
lait de C h a u x . Voye{ C h a u x & L i c h e n .
Les M o u fle s ne fe cultivent que dans les écoles
de botanique , encore en petite quantité., en les
tranfportant de la campagne: c’eft ce qui a déterminé
mon collaborateur T h o u in , qui a commencé
le préfent o u v ra g e , à n’en point parler
fous leurs noms génériques, 8c j’ai dû refpe&er
fon plan. (B o s c .)
M O U T A B I É . Cr y p t o s t o m v m ,
Arbriffeau de la G u ia n e , à rameaux farmenteur,
à feuilles alternes, o va les, c o r ia c e s , à fleurs
blanches, difpofées en bouquets dans les aiffelles
des feuilles , qui feul forme un genre dans la
pentandrie monogynie ou dans la monadelphie
pentandrie , 8c qui eft figuré pl. 274 des Plantes
de la Guiane par Aublet.
C e t arbriffeau a les fleurs odorantes & la pulpe
agréable au goût. O n appelle fes fruits graine ma-
kaque , parce que les finges les aiment beaucoup.
I l n’eft pas cultivé en France. ( Bosc. )
M O U T A R D E . S i n a p i s »
Genre de plante de la tétradynamie filiqueufe
& de la famille des Crucifères, dans lequel fe rangent
vingt-fept efpèces, dont pliafieurs intéreffent
les cultivateurs, foit par le dommage qu’elles leur
caufent, foit par le profit qu’ils en retirent, &
dont un plus grand nombre fe cultivent dans les
écoles de botanique. I l eft figuré pl. 596 des UluJ
tracions des genres de Lamarck.
Efpeces*
r. L a M o u t a r d e b la n c h e ^
Sinapis alba. L inn. 0 Indigène.
2. L a M o u t a r d e d’Orient.
Sinapis orientalis. Linn. O D e l’Orient.
4 . La M o u t a r d e des Pyrénées.
Sinapis pyrenaica. Linn. 2£ D e s Pyrénées.
4. La Moutarde pubefcente. ’
Sinapis pubefcens. Linn. De la Sicile.
ƒ. La Moutarde flexueufe.
Sinap6is flexuofa. Lam. D e ...... . La MouTARDENde la Chine.
Sinapis chinenfis-, Linn. O De la Chine.
7. La Moutarde jonciforme.
Sinapisjuncea. Linn. O De la Chine.
. ô. La Moutarde penchée.
Sinapis cernua. Thunb. O De la Chine.
cj. La Moutarde à feuilles de chou.
Sinapis brajjicata. Linn. 0 De la Chine.
10. La Moutarde de Pékin.
Sinapis pekenfis. Lour. G De la Chine.
11. La'Moutarde d’Allioni.
Sinapis Allioni. Jacq. 0 De l’Italie.
12. La Moutarde noire, vulgairementfenevé.
Sinapis nigra. Linn. 0 Indigène.
, 13. La Moutarde des champs.
Sinapis arvenjis. Linn. 0 Indigène.
14. La Moutarde velue.
Sinapis incana. Linn. 0 Indigène.
15. La Moutarde à feuilles de roquette.
Sinapis erucoides. Linn.0 Du midi de l’Europe.
16. La Moutarde glauque.
Sinapis Uvigata. Linn. 0 De l’Efpagne.
17. La Moutarde du Japon.
Sinapis japonica. Thunb. G Du Japon.
18. La Moutarde millefeuille.
Sinapis millefolium. Jacq. T> DeTénériffe.
19. La Moutarde à feuilles de creflbn.
Sinapishifpanica. Linn. © Du midi de l’Europe.
20. La Moutarde d'Égypte.
Sinapis harra. Forsk. De l’Egypte.
21. La Moutarde ligneufe.
Sinapisfrutefcens. Ait. 7? Des Canaries.
22. La Moutarde chou.
Sinapis brajjicata. Linn. G Du nord de l’Europe.
23. La Moutarde radicale.
Sinapis radicata. Desf. if D’Alger.
24. La Moutarde hériflee.
Sinapis hifpida. Linn. 0 De Maroc.
2y. La Moutarde circinatée.
Sinapis circinata. Desf. 0 D’Alger.
. 26. La MouTARDE géniculée.
Sinapis geniculata. Desf. 0 D’Alger.
27. La Moutarde à feuilles entières.
Sinapis integrifolia. Willd. 7f Des Indes.
Culture.
Je vais d’abord parler de celles de ces efpèces
qu’on cultive en Europe 8c en Afie , & enfuite de
celles dont le laboureur redoute le plus la multiplication
; enfuite je parlerai de celles qui fe voient
dans nos écoles de botanique.
La Moutarde noire eft celle dont la culture eft
plus étendue dans la partie moyenne 8c fepten-
tnonale de l’ Europe ; c’ eft prefqu’exclufivement
pour fa graine, avec laquelle on fait cet excipient,
qu on appelle {implement Moutarde, 8c qui fert
également en médecine, cju’on U recherche.il lui
faut un terrein fertile , léger & bien travaillé.
Ordinairement on fème fes graines après une récolte
de céréales, fur deux labours , donc le fécond
eft précédé d ’un demi-engrais de fumier bien
confommé, foit fort clair à la v o lé e , foit un peu
d u s ferré en rayons : dans le premier c a s , on
donne Amplement un farclage , pendant leqOel
on éclaircit ; dans le fécond, ce qui procure une
récolte bien plus avantageufe , un b in a g e , foit
avec la houe , foit avec la charue, ou la houe à
cheval.
Ç ’eft tantôt avant , tantôt après l'h iy e r qu’oti
fème la M outard e noire : femée a van t , elle parcourt
plus lentement les phafes de fa végétation *
& donne par conféquent & plus de graines 8c de
plus greffes graines. C e n’eft donc que quand on
ne peut pas faire autrement q u ’on doit la femer
au printems.
L a Moutarde eft complètement abandonnée à
elle-même dès qu’elle entre en fleur : il faut feu-
lement veiller d’abord à ce que les beftiaux, q u i
font friands de fes feuilles, enfuite à ce que les
oifeaux, qui aiment paffionnément fes graines, ne
lui nuifent pas.
C omme cette plante fleurit fucceffivement, fes
graines mûriffent à des époques différentes; 8c fi
on les récoltoit lorfque ces dernières font toutes
mû res, i ly en auroit beaucoup de perdues ; on d o is
donc l’a rracher, ou mieux la couper rez-terre dès
que fa tige eft devenue jaune, & l’amonceler dans
le champ , en la recouvrant de paille. Les filiques
qui ne font pas mûres achèvent leur é v o lu t io n ,
8c celles qui le font ne s’ouvrent p o in t , à raifott
de la grande humidité qui les entoure. A u bout
de quinze jours ou de trois femaines on la bat fur
des toiles , avec des baguettes, 8c on tranfporte
les graines & les tiges à la maifon ; les unes pour
les vaner 8c les étendre fur le g re n ie r , les autres
pour les employer à chauffer le four ou pour les
introduire dans la maffe du fumier. Brûler ces dernières
fur-îe-champ , comme on le fait fo u ve n t ,
eft peu avantageux, à raifon de la petite quantité
de potaffe qu’elles contiennent.
L a graine de Moutarde doit être, pendant la
première q u in za in e , remuée cous les deux ou
trois jours , afin de l’empêcher de s’échauffer 8c de
moifir ; plus tard ,. on peut fe borner à là-remuer
feulement toutes les femaines , & enfuite tous
les mois : alors elle eft en état d ’être mife dans
des facs ou dans des tonneaux ; moins elle eft
v ie ille, & meilleure elle eft pour l’objet qu’o n
a en vue. Rarement on peut la conferver bonne
pendant deux ans; ainfî, lorfqu’on n’a pas pu s’eu
défaire au b ou t de fix m o is , il eft bon d’en faire
I de l’h-uile, q u i eft fort peu différente de celle de
la navette , 8c qui s’emploie pofitivement aux
mêmes ufages.
C ’eft toujours la graine qui tombe 1a première,
' par fuite du battage, q u ’il faut réferver p ou r les