
pour m’ affurer de ce fait , ne m’ont donné aucun
•réfultat fenfible.
On ne peut mettre en doute qu’ en toutes cir-
conftances l’ incifion annulaire avance la maturité
des fruits. J’ai devers moi des obfervations qui
conftatent une accélération de quinze jours &
plus. 11 femble donc que, dans les environs des
grandes villes, où les fruits précoces ont Couvent
une fi grande valeur, on devroit en faire ufage
annuellement fous ce rapport ; cependant il n’y a
que quelques amateurs qui la pratiquent autour
de Paris. Les célèbres cultivateurs de Montreuil ,
qui la connoiffent, la repouffent fous le fpécienx
prétexte qu’ ils rifqueroient de perdre leurs arbres.
Je crois qu’ ils exagèrent fes dangers._ En effet,
i®. on peut toujours, comme je l’ai déjà obfervé,
ménager la largeur de la plaie , de manière qu’elle
foit remplie dans l’année même où elle a été faite ;
2°. on peut ne la pratiquer que tous les deux ou
trois ans, fur le même arbre fi on craint qu’elle
l’affoibliffes 30. on peut n’y foumettre qu’ une ou
deux mères branches du même arbre, même feulement
les brindilles qui portent le fruit, brindilles
qui meurent toujours lorfqu’on ne fait pas fur elles
l ’opération du Remplacement ( voyei ce mot ) ;
40. on n’ a aucune objection à faire au Tu jet- des arbres
qui font deftinés à être arrachés l ’hiver fui-
vant, & à Montreuil chaque cultivateur en a ,
toutes les années, quelques-uns qui font dans ce
cas. Un des principes de leur favante taille les y
invite même, puifque le plus fouvent un des membres
de leurs pêchers eft plus vigoureux que l’au-*
tr e , & que la feule Incifion annujaire de ce membre
l’affoiblit.
La formation d’un bourrelet eft toujours le préliminaire
de la pouffe des racines dans les marco
te s & les boutures , ainfi que l'a prouvé Duhamel.
Forcer la formation de ce bourrelet eft
donc affurer & accélérer la fortie des racines 5
auffi pratique-t-on l’incifion annulaire ou la ligature
, qui produit le même effet fur tous les arbres
ou arbuftes dont la reprifé eft difficile par ces
deux modes de multiplication, & on s’en trouve
bien. Dans le premier c^s , on fait l’opération en
même rems que le couchage; dans le fécond, on
l’exécute à la lève d’août, parce que les boutures
des arbres de pleine terre le font toutes au prin-
Tout ce qui arrête la circulation de la fève eft
propre à régularifer la végétation des Gourmands.
( Foyei ce mot.) Or, llncifion annulaire
remplit cet objet encore mieux que le Pincement ,
le C assement, la T orsion, &c. (Fo y^ ces
mots.) Il eft donc fouvent indifpenfable de la faire
für eux furtout lorfqu’on les deftine, comme
cela arrive fouvent, à remplacer des branches à
fruits épuifées. Toyq T aillé 6? C ourbure
DÉS BRANCHES.
Comme l’Incifion annulaire afroibht le germe
des graines j on doit rarement l’employer pour
mettre à fruit un arbre uniquement deftiné à la
reproduction ; elle donne lieu, dans ce cas, à la produ6t«on de nouvelles V ariétés. Voyeç ce
mot. • •
Cet article feroit fufceptible de plus grands dé-
veloppeme.ns s’il ne trouvoit des fupplémens im-
portans dans la plupart de ceux auxquels j’ai renvoyé
le leCteur. (Bo.sc. ) % .
INCUBATION. On appelle ainfi l ’aCte par lequel
les oifeaux, excitant, au moyen de la chaleur
de Leur corps, le principe vital.du germe de leurs
oe u fs , font croître le poulet dans l’oe u f , jufqu’a
ce qu’ayant confomvné toute la fubftance du jaune
& du blanc, il caffe fa coquille & en fort alfez fort
pour pouvoir marcher & manger. Voye\ (Eue.
Cette merveilleufe opération a de tout tems
été l’objet des méditations des ferutateurs de la
.Nature ; mais le principe n’en eft pas moins complètement
inconnu , & on peut croire qu’il le fera
éternellement, comme le principe de la Gestation.
Voyeç ce mot.
Mon objet n’eft pas .de differter fur la théorie
de l’Incubation, mais de donner quelques notions
précifes des phénomènes qu’elle préfente, afin de
guider les ménagères dans la conduite qu’elles
l doivent fuivre pour amener à bien les couvées
des oifeaux de baffe-cour. Je dirai auffi un mot
des Incubations artificielles , non pour les confeil-
le r , car je ne crois pas qu’ elles puiffent être, en
France , avantageuses dans leurs réfultats, mais
pour compléter ce qu’ il eft bon qu’on fâche fur
cet objet.
Tout oeuf-, pour être utilement fournis à l’Incubation,
doit avoir été fécondé par. le mâle:
c’eft lui qui place dans le germe l’élément de la vie.
Toute baflercour qui contient des poules- fàns
coqs , des dindes fans dind >ns, des oies & des
canards fans jars, ne peut donc pas être productive.
C ’eft la première confidération que doit
avoir toute ménagère qui veut fpéculer fur l’élève
de la volaille, v > _ ;
On eftime généralement qu’ il faut un coq par
vingt poules, un dindon par douze dindes, un
canard par dix cannes, un jars parfix oies; mais il
eft toujours bon d’avoir plus que moins de males ,
parce que les productions de ceux qui font épuifés
deviennent plus foi b le s. Dans le pays de Gaux»
où les coqs font trois fois plus gros qu’ailleurs, on
eft fi perfuadé de ce fait , qu’ils s'y trouvent ,
dans toutes les fermes , en nombre double de celui
que j ai indiqué plus haut.
La chaleur de l’ Incubation altère très-promptement
le blanc & le jaune des oeufs non fécondés ,
les rend ce qu’on appelle clairs y panais , tandis
qu’elle né décompofe pas ceux qui le font. Ce
fait,, très-remarquable , mériteroit d’être l ’objec
des recherches des phyliologiftes & des chi--
.miftes. ,
. Comme il y a fouvent dès oeufs qui font clairs;
quoiqu'ils n’ aient pas été couvespqÜÊparce qu'ils
font réftés long-tems dans le nid où toutes les
poules viennent pondre, loit parce que leur nature
étoit imparfaite (j'ai connu une poule dont les
oeufs ne pouvoient pas fe garder plus de deux à
trois jours en é té , & plus de cinq à fix en h iv e r ) ,
il faut mirer tous ceux qu’ on veut donner à couv
e r , les clairs ayant perdu la demi-tranfparence
qui eft propre aux bons. C'eft peut-être de cette
opération très-générale & très-facile qu’eft réfultée
la pratique des ménagères, qui prétendent re-
connoître, en regardant une lumière à travers un
oeuf en le mirant, comme ellesdifent, fi un oe uf
eft fécondé ou non. J’ai bien remarqué que, dans
le premier cas, les germes étoient plus gros &
plus colorés; mais je déclare que je n’ai pas pu
faifir cette différence à travers la coquille & le
blanc. Je ne nie cependant pas la poflîbilité de la
fcience acquife par ces ménagères, l’habitude de
l’obfervation rendant fenfibles beaucoup de chofes
qu’on né voyoit pas d’abord.
Une bonne méthode à fuivre quand on veut
que tous les oeufs d’une couvée donnent des petits,
c’eft de faire le mirage trois à quatre jours
après que l’ Incubation a été commencée, parce
qu’alors on peut déjà juger avec certitude de la
bonté des oeufs, ceux qui doivent devenir clairs
étant déjà complètement opaques; mais alors il
faut avoir d’autres oeufs du même âge d’incubation
pour remplacer ceux qu'on jette, parce que,
ainfi que je le dirai plus bas, il y a des inconvé-
niens graves à ce que les petits d’ une couvée écio-
fent à des époques différentes.
Chaque efpèce de volaille demande à couver à
des époques d.fférentes, mais qui varient beaucou
p, félonies années, les localités-, la nourriture.
En général, ce font les cannes qui commencent,
puis les oies, les dindes , & les poules terminent
; cependant il eft des poules qui couvent
avant toutes les autres volailles *, ce font auffi elles ;
qui le font le plus de fois dans le courant de la
même année , & le plus tard. On avance ou on
retarde bien plus facilement, par des moyens artificiels
, leur difpofitionà couver, que celle des
autres oifeaux.
Ceux de ces moyens qu’on emploie le plus fouvent
pour arriver au premier de ces buts, c’ eft de
les tenir dans un endroit conftamment chaud , de
les nourrir avec des alimens très - échauffons ,.
[ comme du chénevis, du fénevé, des feuilles d’ortie
defféchées, mêlées avec du gruau, & c . En
général , un vrai cultivateur attend que l’époque
de la couvaifon naturelle arrive, & au plus la fait-
devancer de quelques jours par une nourriture
plus abondante, parce que, quoique les premières
couvées foient généralement les meilleures, l’aug-
ünentation de foins & de dépenfe qu’ elles exigent
compenfe cet avantage.
Le cas qui fait ie p’us fréquemment defirer de
retarder la couvée des volailles,, principalement
des. poules x eft celui où l’on veut prolonger leur
ponte. Pour y parvenir, on enlève leurs oeufs à
mefure qu’elles les pondent, car c’eft la vue de ces
oeufs qui les excite principalement : on les chatte
du nid avec bruit aulïi fouvent qu’on les y voit fe
placer; on ferme le lieu cù elles avoient coutume
d aller pondre. & c . Si on veut les empêcher toiu-
a-fai t de pondre. on leur arrache les grandes plumes
des ailes & de la queue;, onleur pafiTe une plume dans
!fS nar*n^s > on les enferme , fans manger ni boire ,
dans un lieu obfcur pendant un jour ou deux.
Le choix des oeufs eft d’ une grande importance
pour le- fuccès de l’Incubation. Il faut qu’ils foient
à peu près de même âge & de même groffeur,
& les plus volumineux dans chaque efpèce ou variété.
Leur coque n’aura aucune imperfection, & ,
comme je 1 ai déjà dit, ils feront mirés pour juger
de ceux qui font altérés. Quelques perfonnes ont
avance, mais le fait ne s’eft pas trouvé exaCt, que
les plus pointus donnoient des poulets mâles*
d autres, que lorfque le vide qu’ils offrent au bout
qui eft en haut, étoit latéral, il indiquoit des femelles;
ce qui n’eft pas plus vrai. 11 faut donc livrer
au hafard la proportion entre les mâles & les
femelles.
II eft toujours poflible de fubftituer des oeufs
d un autre oifeau domeftique à ceux d’une couve
ufe. On donne très-fréquemment furtout des
oeufs de cannes à des poules, afin de déterminer
les premières, dont on ne réferve généralement
que le ltrict neceffaire , fans faire attention au chapitre
des accidens, à pondre un plus grand nom-
br^r. ,oe L s * Ë f ° uvent avantageux , lorfqu’on
pofiede beaucoup de dindes, de leur donner des
oeurs de poules, non-feulement par la raifon ci-
deffus , mais parce qu’elles peuvent recevoir utt
plus grand nombre d’oe ufs , à raifon de leur groffeur,,
& qu’elles font d’excellentes couveulès.
Le moment ou une femelle d’oifeau domeftique-
témoigné le défit de couver eft généralement
celui ou elle a fini la ponte de la quantité d’oèufs
qu elle .peut couvrir de fon corps ;. mais comme „
ainfi que je l’ ai dit plus haut, on lui enlève les
oeufs à mefure qu elle les dépofe,toutes en pondent
p*us que ce nombre.. Les oies font celles qui
s’en approchent, & les poules cellesqui s’en éloignent
le plus. 11 eft de ces dernières qui ne diG-
continuent prefque pas de pondre pendant toute
1 année.
Il eft des volailles chez qui les premières indications
de J’envie de couver fe paffent pour-ne plus
revenir, d autres chez qui elles reviennent alternativement
à des époques plus ou moins éloignées
d’autres qui quittent leurs oeufs avant la fin de 1 Incubation , d'autres qui les caffent,. d’autres qui
les mangent :.toutes ces anomalies ne peuvent être
expliquées; mais leurs conféquences font telles
qu il ne faut pas hefiter à- facrifier les individus
qui les offrent.
Les jeunes" volailles font meilleures pondeufes^
mais-, plus mauvaiies couveufes. que. les vieilles.. IL