
couper h terre devant le fo c , afin-d’en rendre
le renverfemehc plus facile. Ce font principalement
les terreins gazonésÔc qui contiennent beaucoup
de racines, qu'on laboure avec des charues
à courre. Dans certains cas, on met deux ou trois
coutres à différentes élévations lur la même ligne,
& alors les plus en avant font les plus courts : dans
d'autres cas, on les met fur des lignes différentes.
J1 eft même des charues, comme j'en citerai des
exemples plus bas, qui ne font compofées que de
coutres : on les a appelées des S c a r i f i c a t e u r s .
)Voyez ce mot.
• Au lieu d’ un coutre, les Anglais emploient
quelquefois un T r anch e -ga^on to u r n a n t >
qui produit le même effet avec moins d'effort.
Dans le midi de la France, une charue elt le
plus fouvent regardée comme complète , quand
elle eft pourvue de toutes les parties dont il vient
d'èrre queftion. ,
C'ett celle qu'on appelle Y Araire ; elle offre des
modifications fans nombre; on la voit figurée
pl ai de l'Art aratoire. Sa fimplicité la rend pre-
retable j & elle fuffit pour les terres legeres et
fèches ; mais dans le nord, elle ne rempliroit pas
fon objet, aufli n'y voit-on que des charues a
avant-tram. . . . . . ■ , r
Les cultivateurs de la Haute-Autriche font
ufage d'une araire qu'ils appellernc/tarue tournante,
charue double, & qui a deux foc s , deux coutres
8£ deux oreilles. Quand un foc travaille 1 autre elt
en l'air. Arrivé au bout du fillon, le conducteur
fait faire un quart de cercle à la flèche , & il met
en jeu le foc qui fe rÊpofoit. Je ne vois pas que
cette charue ouiffe faire le Labour plus rapidement
’ ou mieux que l'araire à tourne-oreille, & elleett
bien plus coûieufe. . . . B a
On appelle avant-tram deux petites roues dont
l'eflieu porte deux montans lurmoutés de deux
traverfes échangées dans leur milieu, 1 inferieure
fixe & la fupérieure mobile. Plus du terard,
du patron 8c du limonier. La première traverfe
(importe la fièche, 8c la fecoride l'empêche de
vaciller : fouvent il n'y en. a qu une ■ elle elt per-
cée. C ’eft par leur moyen que 1 avant-tram le lie
à l'arrière-train.- ■ _ a u r .
Tantôt les roues font en fe r , tantôt elles font
en bois; le plus fouvent elles font égales, quel-
quefois elles font inégales. Elles doivent avoir
beaucoup de je u , foit pour prendre une pofition
différente, foit pour s ’écarter ou fe rapprocher.
Il -ft impoflîblede donner des règles invariables
pour confiruire une charue ; les dimenfions de
chacune de fes parties varient fuivant la nature du
fol l'objet du Labour, la vigueur des attelages,
même l'habitude du conducteur. Cependant, pour
fatisfaire le ieCteur, je vais mettre fous fes yeux
quelques-unes des cor.fidérations qui doivent gui-
cfer dans leur fabrication , 8c les mefures approximatives
de leurs principales parties.
Ainfi que je l'ai dit plus haut, la plupart de nos
charues pèchent par le lieu de la flèche où eft
établi le point de cirage qui eft ou trop près, ce
qui fait qu’il fe perd fans utilité une grande partie
des forces, ou trop loin, ce qui fait que la charue
marche par faccade. Il doit varier félon les charues,
mais dans de très-courtes limites , c'eft-à-dire,
entre trois & fix pouces du fep.
La largeur du foc varie fans fin , fa largeur eft
communément de douze à quatorze pouces.
Les charues dont le foc coupe, valent mieux
que celles qui n’agillent qu’en écartant comme un
coin. On eft obligé cependant de fe fervir de ces
dernières dans les terres fort pierreufes.
J’ai déjà obfervé que la longueur des manches
varioit. Le plus fouvent elle eft de trois pieds neuf
pouces, & lorfqu'ii n'eft pas {impie, récartemen!:
de fes branches eft de quinze à dix-huit pouces à
leur extrémité.
La longueur de la flèche rendant la marche de
la charue plus aifée, elle doit être, pour ainfi
dire, exagérée dans un ter rein fort & avec un attelage
foi b le, dans une charue très-lourde, dans une
; charue à hautes roues. .
Dans lès charues légères & fans avant-train, là
I longueur dé la flèche n’ eft communément que de j fix pieds , qui eft le double de celle du fep joint
au foc ; dans celle à arrière-train, elle eft fouvent
de dix à douze pieds & plus.
Le diamètre des roues des charues à avant-
train, eft très-fréquemment de vingt-deux à vingt-
quatre pouces. Lovfqu’on fait une de ces roues
plus petite pour éviter le renverfement de li
charue dans les terreins en pente, la différence en
moins du diamètre de celle qui eft à droite, eft
de fix pouces : cette inégalité ne peut avoir lieu
quand le verfoir eft mobile.
Il eft rélulté d’uneexpérience'comparative faite
par la Société d’Agriculture de Clè v e s , que la
charue à roues égales, dite Charue de Gueldres,
eft d'un ufage’ moins fatigant pour les chevaux,
&• que celle à roues fort inégales, dite Charue
de Clèves 3 exige un très-petit emploi de force,
& à peine quelque direction de la part du con*
dudteur. Pourquoi donc cette charue eft-elle fi peu
connue ? Nous verrons plus bas qu’ une autre efpèce
de charue, celle de Brie, jouit du même avantage.
Il y a en Angleterre des charues à avant-train
qui n’ont qu’ une roue. On leur a donné le nom
de Cultivateur, parce qu’ elles font principalement
deftinées à biner les récoltes. Il eft à defirer qu*
leur introduction en France ait lieu , à raiion «iss
avantages dont elles font pourvues.
La. diftance des roues eft de dix-huit a vingt
pouces. Ce n’ eft même pas trop de deux pi^ds
pour les. fortes charues. *
La traverfe ou les traverfes font communément
à douze ou treize pouces de l’eflieu; elles ont
deux pouces & demi d’ écarifiage, & dix à onze
pouces de longueur.
C ’eft fur ces travprfes que fe fixe la feletre,
ordinairement
1 dlnairement un peu plus petite dans toutes fes di-
mentions.
La longueur du têtard doit être de vingt-deux
j à vingt-fix pouces, & fo'ri écariflage de trois
pouces.
L’épart ou la traverfe qui paffe dans la mortaife
| .du têtard pour attacher les paloniers doit porter
trente pouces de longueur, trois pouces de largeur
& un pied & demi d’épaiffeur.
Les deux paloniers ont chacun vingt-un pouces
de longueur ; ce qui eft fuffifant pour empê.her
les traits de frotter contre les cuifles des che-'
vaux. Quand on laboure avec un feul cheval, on
j fupprime l’épart pour mettre un feul palonier au
■ bout du têtard. On peut même, dans ce cas, fup-
I primer le têtard & le remplacer par deux limons
i qu’on cloue fur le patron.
De toutes les charues, la plus ancienne & la
plusfimpie eft l’araire, donc parle Virgile dans fes
| Géorgicjues , & qui a été décrite par Pline. C ’eft
celle qu’on emploie encore le plus généralement
dans les parties méridionales de la France ; elle \
fuffit pour les terreins légers.
Deux léviers, l’un de la première & l’autre de
la fécondé forte, qui ont un point commun,. Sé
qui agiflènt en même-tems , forment le mécanifme
, de l’aràire. L’un de ces leviers eft.le manche af-
femblé avec le fçp , qui agit par le moyen dè la
| main du conducteur ; il a fon point d’appui fur le
; talon du fe p , & fa réfiftance à la pointe du foc. La
réfiftancequi provient des frotte mens du foc &
du fep doit être confidérée comme fecondaire,
parce qu’elle eft une fuite de l’aétion de la pointe.
Pour labourer profondément avec l’araire, il
[faut foulever le manche , & pour labourer fupar-
[ficiellement, il faut appuyer deflus. Oa ne peut
la maintenir dans une direction droite & à une
profondeur égale, que par une attention continuelle;
ce qui en rend la conduite très-pénible; .
La planche 40 de Y Art aratoire offre le modèle
d’une araire.*...* 4 - 4 4 4 '' 4 4v ; r \ ;f'
comme celles de toutes les charues 5 ainfi celle
I ufitée aux environs de Marfeiile n’eft pas la même
I que celle employée dans les environs d’Auch., de
| Caftres, d’Angoulême, &c. j ’ai vu faire ufage, fur
|.les montagnes de la Galice , d’une araire, dont
j’ai donné la defeription dans mon Voyage en Ef~
lPdgne} araire qui porte , à lajbafe de fon manche,
|un petit fagot dé genêt, au moyen duquel on fait
[des biilons aufli unis que s’ ils avoient été ratifies.
[Cette araire devroit, être adoptée dans cous les
pays en même tems fabloneux, humides & froids.
[ A l’exemple d’ Arbuthenot, un de leurs concitoyens
, les Anglais font beaucoup conftruire de
[charues dont la flèche eft courte & terminée par
une crémaillère perpendiculaire, à cinq ou fix dents,
: crémaillère qui leur permett d’ élev^r ou d abaifler
la ligne du tirage , félon le befoin j mais avec ia-
Agriculture. Tome V.
quelle ils ne peuvent ni augmenter ni diminuer
1 entrure. , .
On ne peut nier que les charues à avant-train
ne ioienc, comme je l’ai déjà-fait voir, beaucoup
luperieuies aux autres dans les terreins argileux &
dans ceux qu’on défriche. Elles diminuent en effet
conliderablement la fatigue de l ’homme & des
animaux qui font deftinés à les faire agir, & exé-
cutenc,un Labour plus régulier que celui des araires.
peine eft-il befoin d’en tenir le manche dans les
terre!, meubles ; aufli fe fubftitucnt-elles partout
a celles fans avant-train. Le plus grave inconvénient
qu elles offrent, c ’eft de ne pas être aufli
commodes pour labourer en biilons très-étroits l6c
tres-elevés. Voyeç Billon.
Dans beaucoup de lieux où le Labour fe fait
avec de» boeufs, ou fupprime l'avant-train & o a
tait palier la fleçhe dans un trou pratiqué au milieu
du. joug ; .ce qui donne à la charue tous le*
mconvemens de l'araire, fans lui donner fes avantages.
, .
Pour qu'une charue à avant-trainVoit d'un bon
; u‘age , dit un rapport fait à la Société d'Agricul-
ture du département de la.Seine , à i'occafioa
d un prix qu elle, a propofé pour, le perfeétionne-
ment de cet infiniment, il faut :
, n°\ b ue le lab°d«ur n'ait pas befoin d'aide,
c eit-a-dire, qu'il conduife en même tc-ms le foc
& 1 attelage ;
B f Qu, v atce^ge qui le tire ne foit pas de plus
de deux betesj. . . . r
4 • Que le foc foit plat & tranchant, toute autre
hgure donnant lieu à des réfiftances ;
J°. Que la charue n’ait qu'une feule oreille 8c
que cette oreille foit difpofée de manière qu'elle
netoie facilement le fond. de;.la raie , & range la
terre fur le côte ; 6
.6°. Que te Labour foit en même tems’ d'une profondeur
convenable & le plus étroit qu 'il fe peut, -
Lorfqu’une charue à avant-train rencontre uiie
pierre ou une grolle racine, fon entrure remonte
& le conducteur ne s en apperçoit pas toujours
parce qu il ne fait que diriger ie fo c , tandis qu'avec
une araire , .il fent d'abord, à la réfiftance
moindre du fol ,. qu'il laboure moins profondément.
C'ett un des grands inconvéniens de ces
fortes de charues; maïs on peut le diminuer &
même k rendre nul par une attention fourenue
I J'3' déjà dit plus haut qu’ il y avoir des charues
a oreilles fixes & à oreilles mobiles ; ces dernières
qu.on appelle aufli charues à tourne-oreille , ne labourent
généralement pas aufli bien dans les terres
fortes, parce que leur oreille eft trop petite pour
foulever la terre à une hauteur fuffifante & la
renverfer exaéfement fens deffus deffous- mais
ejles évitent la perte de tems qui réfulte de’la nécelfitéd
ad er, à chaque tour, recommencer le
lillon de 1 autre cote du champ. | eft donc bon
O