
leurs habitans prennent contre les Incendies. Il
m'a toujours paru étonnant que les villages ne
fullent pas brûlés tous les ans, a voir la maniéré
dont on y tranfporte les lumières,
accumule les matières les plus combuftibles, le
peu d’ influence des. pères & meres fur leurs en-
fans, Sec. Rarement les chemmees font conftruites
avec la folidité convenable, & on les ramone le
moins fouvent poff.ble; auffi eft-ce par elles que
les Incendies commencent le plus ordinairement,
& ce d’autant mieux qu’ on y brûle de préférence
des fagots qui donnent beaucoup de flamme , «
qu’on y laiffe couver le feu pendant la nuit afin
de s’ éviter la peine de battre le briquet le lendemain.
Je dois ici indiquer deux moyens faciles
d’éteindre fubitement le feu des chemmees, tous,
deux fondés fur la néceffité d’un courant d air pour
alimenter la combuftion : le premier eft de boucher
l’ouverture inférieure ou fupéneure ou tou-
tes les deux, avec du fumier bien mouille ou des
couvertures de laine également mouillées; le le-
cond, de jeter fur l’âtre , lorfqu il y a encore du
feu du foufre en poudre, qui, décompofant 1 air,
produit le même effet. Tout cultivateur prudent
d evtoit, à cet effet, avoir toujours chez lui quelques
livres de fleur de foufre pour l’ occaflon.
Les bois qui ont féjourné quelques jours dans
une diffolution d’alun, dans une forte decoétion
d’ail ne prennent plus fe u , parce qu il fe forme
à leur furface, lorfqûë le feu les atteint, une
croûte qui empêche la communication avec 1 air. 11
eft un grand nombre de cas où l’on peut faire ufage
de ce moyen de fécurité , principalement pour les
charpentes voinnes des cheminees, pour celles des
bâtimens des verreries, des forges, &c.
volt encore que dans les villes 8c fur quelques
châteaux. Voy.T onnerre &Paratonnes.RA.
Il n’arrive que trop fouvent que le feu du ciel
ou les imprudences des pâtres & fouvent la malveillance
L ’eau eft le moyen le plus employé pour éteindre
les Incendies, ainfi que tout le monde le fait;
mais ce que tout le monde ne fait pas , c eft qu un
peu d’eau augmente les Incendies. C e font donc
des flots d’eau, c ’éft-à-dire ,*affez d eau pour empêcher
, dans un grand efpace , la communication
des matières embrâfées avec 1 air. Pourquoi 1 autorité
n’exige-t-elle pas que toutes les communes
rurales aient au moins une pompe a Incendie K
des fceaux de cu ir , comme il y en a dans la plupart
des v illes, puifque c’ eft le vrai moyen d empêcher
les progrès du feu ? Quel eft le proprietaire
qui fe refufetoit à une mife dehors d un ou
deux francs pour fe donner une garantie contre
les Incendies qui peuvent dévoter en un mitant
fa maifon,& tout ce quelle contient, meme fa
perfonne, fa femme & fes enfans ?
La foudre mettant fouvent le feu aux maifons
des cultivateurs, il faudroit que chaque village
eût au moins un paratonnère fur le clocher de ton
églife ou fur la maifon la plus élevée, foit par fa
pofition, foit par le nombre de fes étages ; mais
quoique, depuis plus d’ un demi-fiecle , les avantages
des paratonnères foient conftatés, on n en
mettent le feu aux récoltes des céréales
vers le rems de la moiffon, aux forêts P®"“ 11
l’ hiver. Le feul moyen de diminuer le; m al,c eft de
faire ce qu’on appelle la part du feu , c eft-a-dire a
d'arracher ou de couper au deffous du vent les blés
ou les bois , 8c de nétoyer la terre avec la houe,
de manière que le feu n’y trouve plus d'aliment.
Pour cela, il faut le concours fimultane du plus
grand nombre d'hommes poffible ; auffi la loi auto-
rife-t-elle partout leur mife en requifition^ forcée.
Dans prefque toute l'Amérique, il eft d’ ufage de
mettre , au printems, le feu aux herbes feches
pour faciliter aux beftiaux le moyen de paître
Therbe verte qui croît deffous. La , la loi a prevu
les accidens qui pourroisnt refulter de ces vaftes
Incendies, 8c en conféquence le feu ne peut erre
mis aux herbes avant le premier avril, afin de
donner le teins d’effarter le pourtour de tous les
lieux qu’on veut en garantir. Celui qui fetoit convaincu
de l’avoir mis avant le lever du foletl de ce
jour paievoit tous les dommages qu’il aurait oe-
cafionnés. 11 eft en France, fui'tout dans les pays
de landes, quelques endroits où le même uiage a
SQn attribue toujours à la malveillance l'Incendie
des granges ou des greniers remplis de céréales
ou de foin, ainfi que des meules qui en font comp
o s e s ; mais il eft -prouvé, par des expériences po-
fitives, que ces objets peuvent s’enflammer fpon-
tanément lorfqu’ils n’ont pas été rentrés parfaitement
fecs, parce que la fermentation s’y développe
comme dans le fumier. ( Voy. Fermentation.
) Je ne puis donc-trop recommander aux
cultivateurs , fous ce rapport & fous beaucoup-
d'autres, de veiller à ce que les produits de leurs
récoltes ne foient définitivement amoncelés dans
des granges, des greniers ou des meules qu’apres
leur complète defficcation. Si des circonftances
impérieufes les forcent a agir autrement, ils doivent
profiter du premier moment favorable pour
mettre de nouveau à l’air les produits de leur récolte
ou les changer de place. .
Plufieurs faits prouvent que les linges, les foins,
les pailles, imprégnés de goudron ou d’huile, font
également dans de cas de s’enfiammer fans cauÇes
extérieures, & qu’ il faut par confequent veiller
fur ces objets qui feroient rapproches d autres
matières combuftibles.
Toutes les tourbes, qui contiennent des pyrites
& qui fontdefféchées, foit quelles foient exploitées
, foit qu’elles foient en place, font dans le
cas de s’enflammer fponranément. On doit donc
éviter d’amonceler les premières près des maifons
ou des matières combuftibles. L immerfion ou une
large tranchée eft le feul moyen de s’oppofer aux
progrès de l ’Incendie dans le fécond cas.
Le même phénomène fe remarque fouvent dans
les mines de houille ou charbon de terre. ( B o s c . )
INCISION ANNULAIRE. Les Anciens fa-
voient que lorfqu'on en le vo it,au printems, un
anneau d’écorce à un cep de vigne, à un rameau
d’olivier, on empêchoir la fleur de couler, & par
conféquent on afluroit l’abondance des récoltes.
Il eft des localités ou leuçs procédés fe font tranfmis
d’âge en âgej mais ceVn’ eft que dans ces derniers
rems qu’ils ont été rappelés dans les livres, répétés
par des hommes inftruits, enfin expliqués. Voye%
Sè v e .
Aujourd’hui, pour peu qu’on foit inftruit par la
le&ure ou par la pratique des jardiniers des grandes
villes , on ne doute plus des grands avan- ,
tages qu'il eft poilTble de retirer des Incifions annulaires
convenablement exécutées , i° . pour
avoir du fruit des arbres qui n’en portoient pas 5
2°. pour affurer la fructification de toutes les
fleurs des arbres ; 3°.pour avoir du fruit plus gros;
40. peur accélérer l’époque de la maturité des
fruits j 50. pour déterminer la production des racines
dans l’opération des m arcotes& des boutures 5
6°. pour arrêter la fougue des gourmands.
Cependant, je dois l’avouer, cette belle opération
ne s’exécute pas aufii fouvent qu’il part ît
être de l’ intérêt des cultivateurs. Je ne puis en
deviner laraifon, car elle, eft fac ile, rapide, certaine,
& fes fuites fans inçonvéniens majeurs Iorf-
que l'anneau enleve n’eft pas allez large pour qu’ il
le rempliffe de nouvelle écorce dans le courant
de l’été* Voye1 Bourrelet.
Les fuites de l’enlèvement d’un anneau d’écorce
font l’accumulation de la fève, tant montante que
defeendante dans la partie de l'arbre fupérieure à
cet anneau : de là le groffiffement ou l'élargiffe-
ment plus confiderable de tout ce qui s’y trouve ,
comme feuilles, fleurs, fruits, branches. Il faut
avoir attention, en l’exécutant, de ne biffer aucune
particule de la dernière couche corticale ( liber
de Duhamel), une feule fiiffifant pour régénérer
l'écorce. Sa largeur doit être calculée. Si on veut
qu’elle fe recouvre avant l’hiver, félon l’efpèce
d’arbre, le terrein, la faifon, l’âge , la groffeur, & c .
terme moyen, elle fera de quatre lignes fur un arbre
de quatre pouces de diamètre. Lorfqu’on a lieu*
de craindre de faire une incifîon trop large, il vaut
mieux la faire trop étroite, fauf à l’élargir par fon
bord inférieur s’il en eft befoin. Il fort au bout de
quelques jours, plus ou moins promptement, fui-
vant l’efpèce, le terrein, la faifon, & c . , un bourrelet
de Cambium (voyei ce mot dans le Dictionnaire
des Arbres & Arbuftes ) de la partie fupérieure
de la plaie, bourrelet qui fe durcit promptement,
fe couvre d’écorce, gagne la partie inférieure
, où elle fe réunit , lorfque la plaie eft un
peu large, à un bourrelet femblabie , mais bien,
moins volumineux, qui s’eft également formé à
cette partie. A la fec-onde année, on ne s’apperçoitplus
de la cicatrice. Si au contraire l ’anneau a
été trop large , la plaie ne peut fe récouvrir, &
l ’arbre ou la branche , après avoir pouffé foible-
ment aux deux printems fuivans, périt immanquablement.
Voyei ÉCORCEMENT DES ARBRES dans
le Dictionnaire des Arbres & Arbuftes.
La LIGATUR.E ( voyeç ce mot ) fupplée fouvent
à l’Incifton annulaire : n eft même des cas où elle
lui eft préférable, comme quand il ne s'agit que
d empêcher des fleurs de couler, d'augmenter la
grolîeur des fruits.
# Actuellement je vais pafltr en revue les fix cas
cités plus haut comme devant donner iieu à l’opération
de l’Incifion annulaire, & faire voiries
avantages dont elle peut être pour les cultivateurs
qui favent l’employer avec prudence.
Il eft des arbres fruitiers, des poiriers principalement
, qui ne donnent du fruit qu’après plufieurs
années de plantation, toute leur force végétative
fe portant à former du bois. En faifant
au tronc de ces arbres, au delïous de leurs groflès
branches., avant la fève d’août, une Incifîon annulaire,
qu’on élargit par le bas au printems fui-
vant fi cela eft néceffaire, on met certainement
l’arbre à fruit.
La floraifon des arbres étrangers , même des
plantes vivaces , eft avancée par le même artifice.
Certaines expofitions, celles qui font au nord
ou dans le voifinage des bois & des marais j certains
terreins, ceux qui font humides & froids;
certaines variétés d’arbres ; un printems, ou trop
pluvieux & trop froid , ou trop fec &trop chaud,
empêchent la fécondation de s’exécuter convenablement.
En faifant FIncifion annulaire quinze
jours avant l’épanouiffement des fleurs & même
quelquefois moins de tems, on parvient à annuler
ou au moins à affoibîir l’ effet de ces circonftances.
Voyei Fécondation.
On obje&era peut-être que plufieurs de ces
circonftances font éventuelles, & que pratiquer
l’Incifion annulaire peut, fi elles ne fe développement
pas, amenër une trop forte production de
fruits qui épuiferoient l’arbre pour’ plufieurs années.
A cela je réponds qu’il eft toujours poflible
& facile de décharger un arbre trop chargé de
fruits.
Quoiqu’ en enlevant une partie des fruits à un
arbre peu après qu’ils font noués, on foit affuré-
d’augmenter le grolliffement de ceux qui reftent,
il peut être des cas où il foit defirable de produire
le même effet par l’Incifion annulaire, ou de l'augmenter
en réunifiant les deux moyens : pour cela
il faut faire l’opération peu après que la fécondation
des dernières fleurs eft terminée. Aux environs
de Montpellier & de Béziers, on augmente
ainfi la groffeur de$ têtes des artichauts. Il n’eft
pas encore c.- rtain, à mon avis, quoiqu'on l’ait
é c r it, que l’annulation rende les fruits plus favou-
reux> du moins les expériences que j’ ai tentées
B ij