
II eft des efpèces d’herbes qui ne Couffrent pas
de refter long-tems fous l’eau, & en général ce
font les meilleures ; de forte que les prairies fou-
vent ou long-tems inondées font moins bonnes que
celles qui ne le font pas du tout. Leur pâturage
ou lem foin convient mieux aux boeufs & aux
vaches qu’ aux chevaux, & ne vaut rien pour les
moutons.
Les Inondations peuvent avoir lieu à toutes les
époques de l’année , parce qu’elles font le plus
fou vent caufées par l’abondance ou la longue durée
des pluies, la fonte des neiges, la rupture d’une
digue, tkcr, cependant c’eften automne & au prin-
tems qu’elles font le plus communes, parce que
.c’eft alors qu’il pleut le plus. Je vais palier en revue
les effets de celles qui font paifibles, renvoyant
de parler, au mot T orrent, des effets
de celles qui font tumultueufes.
Les Inondations de l’automne 8c de l’hiver ont
pour réfultat, lorfqu*elles font durables, la perte
des feigles & des fromens qu’elles recouvrent ? cependant
on a des exemples très-remarquables de
l’effet contraire, & il eft une commune près de
V e r failles, où on inonde les artichauts pendant les
grands froids pour les garantir des gelées.
Un cultivateur prudent, & dans le cas de craindre
les Inondations, fe précautionne toujours de
graines de blé de mars , d’o rg e , d’avoine, de fèves
de marais, de pois g r is , 3e yefce, & c ., pour
remplacer le froment ou le feigle dont elles auront
occafionné la perte. Le plus fouvent un feul
herfage fuffit pour afiiirer la profpérité du nouveau
femis.
Au printems, les Inondations, outre les incon-
véniens précités, empêchent le femis des plantes
qui doivent être mifes en terre à cette époque,
caufent la coulure des fleurs des arbres, font périr
les herbes des prairies ou au moins retardent leur
croiflance. Les principes d’humidité furabondantë
qu’elles laiflent dans la terre nuifent à la beauté
des récoltes, & à la fanté des hommes & des animaux.
Tous les fruits, & furtout les grains, récoltés
fur un terrein trop humide, font petits,
fans faveur 8c de peu de garde.
Au commencement de l’ é té , les Inondations
font pourrir tous les objets de nos cultures, couvrent
de vafe le foin fur pied, Je Rouillent
Ivoyeç ce mot), & entraînent celui qui eft.coupé j
elles produifent, plus tard , les mêmes effets fur les
céréales. C ’eft alors qu'elles expofent à des épidémies
deftruéfcives les hommes & les animaux do-
meftiques. Une bonne pratique à fuivre pour dédommager
des pertes qui font la fuite des Inondations
de cette faifon , c’eft de femer, fur un feul
herfage, des navets dès que les eaux fe font teti-
lées , navets qui profpéreront à la faveur de l’humidité
du fol.
C ’ eft pour diminuer la fomme de ces îneonvé-
iiiens , que , fur le bord des rivières fujètes aux
Inondations* on préfère les prairies à.tout autre
genre de bien. En effet, elles ne les craignent que
lorfque l’herbe eft grande ou qu’elle eft coupée ; 8c
comme la terre y eft arrêtée par les racines des
herbes , elle eft plus rarement entraînée que celle
des champs labourés : l’eau y pénètre plus difficilement,
&c.
Il n’eft pas donné à l’homme d’influer fur la
caufe des Inondations, à moins qu’elle ne foit dans
le barrage d’une rivière, dans la mauvaife conf-
truétion de la chauffée d’ un étang } mais il peut
quelquefois en empêcher le s effets ou en affoiblîr
les fuites. Par exemple, redrefier le cours d’ une
rivière c’eft donner un plus facile & plus prompt
écoulement aux eaux, 8c par conféquent empêcher
qu’elles ne débordent aufli fouvent. Par exemple ,
élever les bords d’une rivière par une chauffée
(jetée) d’une hauteur & d'une largeur proportionnées
à fa grandeur produit le même effet.
Mais ces deux moyens ne peuvent être employés
que par lesGouvernemens, i° . à raifonde lanécef-
fité d’exhauflfer une grande longueur des deux côtés
de ces rivières, & par conféqusnt de travailler
fur le terrein de beaucoup de propriétaires diffé-
rens; 2°. à raifon de la grande dépenfe, qui feroit
rarement couverte par les bénéfices de la culture
des terreins préfervés de l’ Inondation. J’indiquerai
, au mot T o r r e n t , tous les moyens à la portée
des Amples particuliers, qui peuvent être employés
pour s’oppofer aux Inondations partielles.
( Bosc. )
INSECTE. Beaucoup d’animaux, vivant du
produit de nos cultures,, font les ennemis des cultivateurs,
& parmi eux les Infeétes, quoique généralement
très-petits & très-foibles, fe trouvent
au premier rang, parce que leur grand nombre 8c
les rufes qu’ ils emploient pour leur échapper rendent
leurs ravages plus fenfibles 8c leur recherche
plus infruétueufe.
Mais il ne faut pas croire, comme quelques
perfonnes , que tous les Jnftètes font nuiiibles. Il
en eft au contraire qui nous font très-utiles, en
ce que, vivant aux dépens des premiers, ils deviennent
auxiliaires dans la guerre perpétuelle
que nous devons leur faire; auxiliaires d’autant
plus puiffans, qu’ ils agiffent conftamment, qu’ ils
font très-nombreux, & qu’ils connoiffent mieux
que nous les retraites où fe cachent ceux que nous
devons redouter.
Apprendre à diftinguer ces derniers Infe&es de
ceux qui leur font la guerre, obferver les moeurs
des premiers pour être mieux en état de les chercher
& de les détruire , c*eft-à-dire s’inftruire en
entomologie, doit donc entrer dans les vues d’ un
cultivateur defireux de remplir fon but le plus fû-
rement pofiîbie. Que de jouiffances leur étude m’a
procurées 1 Je ne conçois pas comment les pères,
jaloux du bonheur de leurs enfans , ne les portent
pas à cette étude.
Jufqu’à ces derniers tems, les cultivateurs ont
eu peu de moyens pour apprendre à connoître les
Infeéles.Le premier je me fuis occupé de mettre
Tous leurs y eu x , dans un ouvrage fpécialement
confacré à leur inftru£tion, ceux qui méritoient le
plus de fixer leur attention. Si je ne fuis pas ici la
même marche, c’eft que le Dictionnaire des Infeftes,
qui fait partie de cet ouvrage, fatisfait à toutes les
intentions que je pourrois mettre en avant. Honneur
foit rendu à mon confrère & collaborateur
Olivier, qui l ’a rédigé avec une fi grande dif-
tinélion !
On trouvera au mot Insecte du Dictionnaire
précité ce qu’ il convient de fa voir fur l’organifation
c e ces animaux, fur les méthodes qu’on a em- j
ployées pour les claffer, pour établir leurs genres,
pour caraétérifer leurs efpèces. A chaque genre
font mentionnées les efpèces qui le compofent,
& à chaque efpèce les moeurs qui lui font propres.
J’aurois donc pu medifpenfer de parler ici
de ces genres & de ces efpèces j mais la confidé-
ration qu’ il faut que les cultivateurs y rencontrent,
l’enfemble de ce qu’ ils doivent lavoir, 8c que,
quelque complets que foient les Articles qui leur
font confacrés , iis n’y font pas envifagés tout-à-
fait fous le rapport de l ’intérêt des cultivateurs,
j’ai cru devoir dire quelques mots de tous ceux
dont ils ont à fe plaindre. 3
Ces efpèces appartiennent :
Parmi les C oléoptères :
Aux genres Hanneton , Dermeste, An-
thrène, C harançon, Attelade , C rio-
cère, A ltise, T enebrion, C asside, C hry-
SOMELLE, E uMOLPE, GRIBOURI , BRUCHE,
Peine , C antharide , C arabe & T rogos-
site.
Parmi les Orthoptères :
Aux genres Grillon , C riquet , Sauterelle,
COURTILLIÈRE, FOREICULE & BLATTE. ,
Parmi les NévroptÈres :
Au genre Lépisme.
Parmi les Hyménoptères :
Aux genres Abeille , Guêpe , Ichneumon ,
T enthrède, C ynips,D iplolèpe & Fourmi, gj
Parmi les A ptères :
Aux genres P o u , T ique, Ric in , Ixode &
Araignée.
Parmi les Lépidoptères .:
Aux genres Papillon , Bombyce, Hépiale ,
Noctuelle, Phalène, T eigne, Gallerie ,
Pyrale & Alucite;
Parmi les Hémiptères :
Aux genres Cigale, C ercope , Acanthie,
Punaise, Puceron 8c C ochenille ou G alle-
Insecte.
Parmi les Diptères î
Aux genres Mouche, Syrphe , T aon, Sto -
moxe, Asile, OEstre, C ousin&H ipobosque.
Voye£ tous ces mots 8c ceux C henille, Lar ve
, Galle.
Les Infc'&es utiles fe réduifent au V er a soie
8c à la C antharide. Voye^ ces mots. ^
r Les terreins fecs & chauds & les terreins frais
& humides font ceux où on trouve le plus d’In-
fe&es. Les terres cultivées & les bois en bon fonds
en offrent peu. C'eft une erreur de croire que les
hivers rrès-froids leur font nuifibles : ce font les
pluies froides du printems qui font le plus périr
de chenilles. Quelques efpèces, ordinairement
rares, fe montrent quelquefois en immenfe quantité
fans qu’ on puifie en découvrir la caufe. Leurs
cadavres concourent fans doute beaucoup, à raifon
de leur nombre immenfe & de leur lucceffion
non interrompue, à la fertilité de la terre.
Les préparations mercurielles font un des moyens
jes plus certains à employer contre les acares, les
ixodes, les poux & autres Infeéles qui tourmentent
les animaux j mais leur emploi eft dangereux,
& il n’appartient qu’aux mains exercées 8c prudentes
d’en faire ufage.
Un ruban imbibé d’onguenc-gris, dont on entoure
le tronc d’ un arbre, fuffic pour empêcher
les fourmis, les chenilles 8c autres Infeétes d’y
monter. (B o s c .)
INSTRUMENS D ’AGRICULTURE. Quel
que foit fon orgueil, l’homme eft forcé à chaque
inftant d’avouer fon infériorité fous beaucoup de
rapports, comparativement aux animaux, furtouc
relativement à la force 5 mais la Nature lui a donné
une intelligence tellement fupérieure, qu’avec
les Inftrumens qu'il a inventés, il fupplée à la
foiblefle de fes organes à un point fi prodigieux,
qu’il ne peut pas être fixé j ainfi, au moyen du mi-
crofcope , il augmente mille fois & plus la grof-
feur des animalcules microfcopiques qui échap-
poient à (à vue ; ainfi, au moyen de la pereuf-
fion, il produit un e ffa c en t mille fois plus grand
que par tout autre moyen s ainfi, au moyen d’une
poulie ou d’ un ’le v ie r , il élève des maffes dix
mille fois plus confîdérables qu'il ne l’eût fait
avec le feul fecours de fes bras, 8cc. &c.
En agriculture, l’homme feroit beaucoup inférieur
au caftor, qui fait couper les arbres; au renard,
qui fait creufer la terre , s’il n’avoit pas inventé
la hache & la pioche, avec lefquelles il fait
des millions de fois plus d'ouvrage qu’avec fes
dents & fes ongles. Cueillir les fruits des végétaux
de la troifième & de la feccnde grandeur feroit
prefque la feule opération agricole qu’il pourrait
faire fi les Inftrumens qu’il poffède en ce moment
venoienc à lui manquer totalement. Le fauvage
même ne peut pas monter, fans Inftrumens, fur
un arbre de première grandeur s'il a plus d’un pied
de diamètre, 8c eft dégarni de branches à fa partie
inférieure.
Un bâton pointu a dû être le premier Infiniment
agricole employé par l’homme pour arracher
les racines dont il fe nourriffoit, pour gratter la
terre, dans laquelle ii a enfuite planté ces racines
afin de les avoir à f i portée 8c pouvoir les défendre
contre les animaux ou 1 s autres hommes. C ’ eft
l'origine de la bêche. Bientôt il s’eft aopercu qu’ea