
plus en France avant ces dernières années 3 que
fa culture s'eft étendue ailleurs au il! en grand.
Comme plante cultivée de tems immémorial,
le Paftei fournit un grand nombre de variétés,
dont quelques-unes font préférables fous les rapports,
ou de la largeur, ou de la quantité , ou de
la rufticité des feuilles, ou de l'abondmce de la
.fécule quJe!les contiennent. Dans chacun des
cantons où on la cultive , on a adopte 1 une de
ces variétés, & on rejette celles' inférieures^qui
fe montrent dahs les femis par la tendance qu’ont
toutes les plantes cultivées, furtout les annuelles &
les bifannuelles, àfe rapprocher du type fauvage ,
variétés qu’on connoît tous le nom commun de
Püflel bâtard en Normandie ; de boury ou de bourdaine
en--Lauraguais.
Toute terre , excepté celle qui eft aride au plus •
haut degré, & celle qui ell complètement maréca-
geufe, peut recevoirle Paftei ; cependant, comme
c’ èll l’abondance & la grandeur de fes feuilles que
l’ on recherche, on .doit ne le femer que dans celle
qui eft profonde , fubftantielle & un peu humide.
De vieux prés qu’on veut rompre font très-bons à
employer à fa culture. Si cette terre eft maigre,
on lui fournira les engrais convenables.
Ces engrais doivent être,autant que poftible, tirés
fies animaux. S’ils font le produit de la décompo-
fition des végétaux, il faut qu’ils foient plus abon-
dans , & émployés fut une culture antérieure
d’une, année , afin qu’ils puiffent être réduits en
Humus ou T erreau. Voye-^ cermots.
. Parmi ces engrais, il ne faut pas oublier les
feuilles de l’ ifatis même , qui, après qu’on leur a
.enlevé la matière féculente qui n’en compofe
que la plus petite partie', fe dépofent dans des
foffes où on les retrouve changées en terreau
■ l ’année fuivante. ■ ~ ^
T rois,ouau moinsdeuxlaboursfomindifpenfa-
blespour obtenirdeb°nnesrécoltesdePaftel,& ils
doivent être les plus profonds & les plus parfaits
que faire fepeut; ceux à labêche ,& encore mieux
ceux à la houe , font préférables, comme divisant
plus le fol. Difpofer le terrain en planche;
étroites & bombées, eft indifpenfable s’ il eft argileux,
& que la furabondance des eaux foit à
craindre en hiver. Dans tout autre cas on peut fe
contenter de creufèr à la charrue des rigoles propres
à donner de l’écoulement à ces eaux.
C ’eft toujours la graine des plus beaux pieds ,
ayant les feuilles les plus larges & les plus dépourvues
de poils, qu’ on doit préférer. Pour remplir
parfaitement fori objet, elle doit être bombée,
pefante & d’un violet noir ; car celle qui eft
avortée, & il y en a toujours beaucoup dans une
récolte-, furtout dans les climats froids, eft plate,
légère, & d’ un violet clair. En général, dans ces
derniers climats , il eft avantageux d’ en tirer de
loin en loin du Midi.
On peut femer l’ ifatis en toutes faifons, & on
Je fa it, mais il n’y a pas de doute que dans le
Midi le femis d’automne, & dans le Nord, la j
fin de l’h iyer, foient les époques les plus avanta-1
geufes. Toutes les préparations indiquées, comme
favorifant la germination de fa graine, font inu-1
tiltrs 5 mais il eft bon de la faire tremper dans l’eau, I
i Qi pour enlever, comme infertiles, celles de ces I
graines qui furnagent ; i° . pour rendre plus pe-1
fanres les autres, 6c empêcher le vent' de lesem-1
porter lorfqu’on les répand 5 3.0. pour accélérer I
leur germination. En prenant cette précaution,
lé femis fera très-clair; car chaque pied doit
occuper un cercle d’une vingtaine ae pouces de
diamètre, terme moyen , & les feuilles font d’autant
plus belles, que lespieds font plus efpacés. Il |
fe recouvre légèrement avec la herfe.
Dans quelques lieux on fème en rayons, & on
s’en trouve bien.
On pôurroit auffi femer à la volée, un peu épais,
puis faire dans le ferais, après qu’il fera levé, 1
foit avec la charrue, foit avec la houe achevai, des J
raies vides , d’un à deux pieds de large, alternant I
; avec des raies pleines de même largeur , faùf à
regarnir avec une partie du plant arraché par cette I
opération, les places les plus pourvues de vides I
des dernièrés de ces raies.
C ’eft à cette époque de la croiffance du Paftei I
que la tranfplantation en quinconce, à la diftance I
de deux pieds, s’exécute lorfqu’ on veut fe livrerai? I
dépenfe de cette opération, qui tantôt eft avan-1
tageufe, tantôt eft nuifible à l’abondance des pio-1
duits, félon le tems 6c les lieux. En général on ia I
pratique peu en France.
Vers le mois d’avril, plus tôt ou plus tard, félon I
le climat, l’ expofition, l’année ,<&c., c’eft-à-dire,
quand,le plant de Paftei a acquis une certaine force,!
il faut lui donner un premier binage , pendant!
lequel on feVa difparoître les^piêds les plus foiblesI
de ceux qui feront trop rapprochés , & on chauffera
ceux qui relieront. Voye^ Chausser.
Cette opération fe renouvellera chaque année,I
trois fois dans le courant de l’é té , & une foisI
plus profondément pendant l’hiver , car elle dé-J
barraffera le:femis des mauvaifes herbes, & favori
fer a la repouffe des feuilles. Voye[ BinAoeJ
Dans les femis par rangée on la fera plus écbno-l
miquement avec une charrue ou une Houe Al
cheval. Voye^ ce mot & celui Rangée.
Les feuilles de Paftei fur lefquelles on a répandu!
du plâtre dans le commencement de leur végéta-j
tion, font plus riches en matières colorantes,!
ainfi que l’a conftaté M. Giobert. Il ne faut donc!
pas fe refufer à leur en donner lorfqu’on le peut!
fans trop de dépenfe. Voyt^Pl â t r e .
Un mois plus tard on commence à récolter les!
feuilles de Paftei. ’ • j( I
On a cru jufqu’à ces derniers tems que ce n e-;
toit que lorfque les feuilles commençoient a nel
pouvoir plus fe foutenir droites, même à jaunira!
leur extrémité , qu’ il étoit le plus avantageux?
d’employer les feuilles de Paftei 5 mais, d’après
des expériences dire&es, M. Giobert s’eft affûté
que la proportion d'indigo s’augmente dans les
feuilles depuis l’onzième jufqu’au treizième jour
de leur végétation, qu’elle refte alors quatre à
cinq jours ftationnaire, & qu’enfuite elle s’ affoi-
blit. H réfulte de là que l ’époque la plus avan-
tagèufe eft entre feize & vingt jours dans la
bonne faifon ; en automne, cette époque pourra
fe prolonger de quatre à cinq jours. En fe conformant
à ces données , on n’obtient pas feulement
un produit plus abondant & plus v if en couleur
à chaque coupe ; mais encore on double le nombre
des coupés, puifque dans la pratique ordinaire
on ne coupe qu’au bout de trente à trente-
rinq jours.
On mettoit autrefois beaucoup d’importance à
ne faire la récolte du Paftei que par un tems fec ,«
ce qui laretardoit fouvent beaucoup ; aujourd'hui
on la fait au jour fixé, à moins que'la pluie foit barrante
, ou qu’elle empêche d'entrer dans le champ.
Il y a deux méthodes de faire la récolte des
feuilles de Paftei : la plus généralement fuivie, &
la plus économique en apparence, c’eft de çouper
toutes les feuilles de chaque pied avec une faucille.
La plus conforme aux principes de la théorie,
mais la plus coûteüfe au premier coup d’oeil,
c’eft de n’enlever, en les tordant avec la main,
que les plus extérieures. Dans cétte dernière on !
doit opérer au moins deux fois par femaine ;,je la
regarde comme plus économique, en définitif, que i
la première , parce qu’elle donne lieu à une re- !
pouffe plus rapide 6c plus vigoureufe, & qu’on a !
conftamment.des feuilles au point convenable. On
peut d’ailleurs Remployer, pour l'exécuter, que
des femmçs & des enfans, dont le falaire eft peu
éley.é j mais elle fuppofe une grande culture , car
il faut avoir, à chaque coupe , allez de feuilles
pour faire .une opération.
Dans la pratique ordinaire la première coupe
eft conftamment la m eilleure, & les deux ou trois
autres font inférieures à proportion qu'elles s’en
j éloignent 5 dans celle-ci , toutes , jufqu’à celles
de l’arrière-faifo.n, font prefqu’égales en qualité:
ces faits s’expliquent par lés principes que je viens
d’indiquer, & dont on trouvera les développe-
mens aux mots Feuille & Végétation.
Les feuilles coupées , on les met dans des facs
ou dans des paniers, pour les porter à l’ atelier;
ces derniersTont préférables en ce que l'air y circule
mieux lorfqu’on les y laiffe long-tems, parce
qu’elles font très-faciles à s’échauffer, 6c que le
plus petit échauffement altère leur matière féculente
j mais quand on doit les mettre de fuite fous
la meule, les facs ont l’avantage, comme plus
faciles à manier.
Il eft des perfonnes qui lavent les feuilles de
Paftei à graiide eau , pour les débarrafîèr de la
terre qui les fouille fouvent; mais comme cette
terre ne huit point aux opérations qu’elles doivent
d’abord fubir, qu’elle fe précipite à la fuite
dé ces opérations, on peut en conféquence fe dif-
pénfer de le faire , & on le fait très-rarement.
Du choix de la graine, ainfi que je l’ai déjà
obfervé, dépend le fuccès de la culture du Paftei :
il faut donc choifir les plus beaux pieds pour
l’avoir au degré de bonté convenable. Âinfi, on
réfervera ceux qui fe trouvent dans la meileure
partie du champ , ou mieux, on fera dans un jardin
, ou près de la mailon, un femis uniquement
deftiné à la fournir. Les pieds réfervés ne feront
jamais dépouillés de leurs feuilles, comme
on le fait fi fouvent, car ce feroit les affoiblir, &
on leur donnera un ou deux binages de plus qu’aux
autres, même des arrofemensfi les cir«onftances
l’exigent. Des tuteurs, fi les pieds ne font pas abrités
des grands vents, font quelquefois néceffaires :
du refte, on ne touche plus à la plantation jufqu'à
la maturité des graines.
On reconnoît la maturité des graines de Paftei
à la coloration des fiii'cules en violet-foncé, même
prefque noir. Comme elle s’opère fucceffivement,
non-feulement fur le même pied, mais fur la même
panicule, il ne faut pen 1er à en faire la récolte que
lorfque les dernières font auffi colorées que les
premières. On ne rifque rien à attendre, ces graines
ne tombant naturellement que bien long-tems
après leur complète maturité.
C ’eft avec une faucille qu’on coupe, le plus près
pcffible de terre, les tiges du Paftei. Il faut choifir
un beau jour. Les tiges coupées font apportées
dans la grange, 6c mifes en tas pendant une hui-
-taine de jours, après quoi on les éparpillé pour
achever leur defficcation , & on bat la graine avec
des baguettes ou le fléau. Il vaudroit mieux fuf-
pendre les tiges, la tête en bas, par paquets au
grenier, & les y laiffer jufqu’au moment des fe-
mailles.
La graine battue s’étend à l’ air & fe remue
tous les jours pendant une femaine pour compléter
fa defficcation, après quoi on la met en tas , ou
dans des tonneaux défoncés ^ jufqu’au femis ou à
la vente. Il eft prudent d’ en garder pour deux ans,
en cas de non-réuffite : celle de la quatrième année
eft encore paffablement bonne.
lien faut environ fix a huit livres pour enfe-
mencer un arpent. Lesfouris la recherchent ; ainfi
- il faut la mettre hors de leurs atteintes. Je dois
dire en paffant, que les excrémens des fouris qui
en ont mangé y fe colorent en b leu , & peuvent
être employés à la peinture en détrempe.
Les feuilles de Paftei font fujètes à la maladie
de la Rouille & à celle de la Jaunisse ( voyeç
«es mots ). La première eft due à une atmosphère
humide; on la prévient en ne faifant les femis
qu’en plaine & loin des lieux marécageux, & la
fécondé "au manque d’eau ; elle fe guérit par des
arrofemens.
Les altifes, qui vivent aux dépens des crucifères,
attaquent le Paftei. Elles font principalement
dangeieufes au moment de la fortie du plant