
noeud ou articulation, fortent des racines fibreu-
fes ou chevelues. Lorfque ces tiges ont pris , hors
de terre, un certain accroiffement, plus tôt dans
les variétés hâtives, plus tard dans les tardives,
il fort du collet ou des environs du collet de la
plante , des filets ordinairement blanchâtres, terminés
par un petit bourgeon, 8c comparables à
ceux des fraifiers, à cela près qu’ ils courent fous
terre. A une diftance plus ou moi.ns.longue, ces
filets fe fixent, 8c le bourgeon fe développe en
une tige deftinéeà former elle-même, une nouvelle
plante, qui fuit dès-lors la même marche que celle
qui lui à donné naiffancë. A une époque un peu
plus reculée, fortent de nouveau de la mère-plante
d’autres filets femblables aux premiers par leur
origine, leur marche & leur apparence, fi c en ’ett
qu’ au lieu d’être terminés par un bourgeon, ils le
font par un tubercule exigu , q u i, dans la plupart
des variétés, acquiert par fuite fa groffeur, fans
pouffer ni feuilles ni racines ; ce font ces tubercules
qui, recueillis à leur maturité, ou au moins quand
l’approche des gelées y contraint, fervent, foic^
à la nourriture des hommes & des animaux, foie à
la replantation.
Culture de la Pomme de. terre.
D’après cet expofé de la nature, de la Pomme de
terre i on eft porté à conclure qu’elle exige un fol
très-meuble } plus il l’e ft, plus il eft en même tems
fubftantiel, plus il lui laifle la faculté de déployer
la riche & vigoureufe végétation dont elle „eft fuf-
ceptible, beaucoup plus peiu-être que bien d’autres
plantes. Quelle que foit la nature du fo l, il eft
donc effentiei de le rendre aufli net 8c aufli meuble
qu’il eft poftîble avant la plantation, & de continuer
ces foins pendant toute la durée de l’accroif-
fement de la plante , afin de la mettre à même de
pomper toute la fubftance qui lui eft néceffaire , à
S’aidé des nombreuxfuçoirs dont elle eft pourvue,
tels que racines, filets , 8cc. , lefquels.d’ailleurs
ont la faculté de fe multiplier d’autant plus, que
la terre eft en bon état , & que fa nourriture ne
lui eft difputée par aucune plante parafîte, &
qu’ enfin une faifon douce & humide en fayorife
l’accroiffement.
Aucune efpéce de fo l, pourvu que 1-eau n’y foit
pas ftagnante , ne fe refufe à fa produ&ion ; mais
ceux où elle réuflit le mieux, ceux où fa culture
eft plus facile, moins coûteufe 8c plus productive,
où fes produits réunifient l’abondance & la bonne
qualité , font les terres légères, ni trop fèêhés ,
ni trop humides : ceux qui lui conviennent le
moins font les argiles & les craies pures ; mais on
peut dire en général qu’en ameubliffant & affainif-
lant les terres -fortes & humides, en amendant &
fumant celles qui font maigres & crayeufes, fa culture
eft partout, non-feulement praticable , mais
même avàntageufe. Nous n’avons expofé i c i , &
gous ne continuerons à expofer que des généra-,
lités. "En traitant des diverfes variétés de la Pomme
de terre , nous parlerons du fol 8c dè la culture
qui conviennent particuliérement à chacune
d ’elles j car il.y a, à cet égard, de grandes différences:
nous n’oublierons pas de noter les avantages
que chacune d’elles, peut préfenter , 8c
nous dirons aufli un mot des accidens & des maladies
auxquelles elles peuvent être fujètes.
Labours préparatoires.
C ’eft fur la qualité du terrein qu’on doit fë ré->
g!er pour le nombre des labours, foit qu’on les
donne à la charrue, foit qu’on les donne à la houe
o j à la bêche ; dans ce dernier cas, un feul doit
fuffire i mais fi l’on emploie la charrue, & à moins
que la terre ne foit très-légère, il en faut.deux 8c
même trois ou quatre, fuivant les circôfiftances,
m» s, clont un au moins foit donné avant l’hiver}
Car 1 hiver, comme l’os fait, eft un excellent laboureur.
Il eft bon de faire obferver qu’il eft à de-
^rer que le labour fur lequel on plante ne foit pas
trop vieux, furtôut fi la terre eft fujète à fe battre.
L engrais, fi on lui en donne , 8c il fera toujours
bien payé, peut êtrë enterré à tel labour que ce
foit, en fé réglant néanmoins fur fa qualité. La
Pomme de terre veut un fumiër paffablenjent conr
fommé ( mais non cependant réduit en terreau).}
elle en profite mieux, a moins à craindre les’effets
de la féchereffe & les ravages dès infcébs & des
vers blancs, qui font favorifés par l’emploi du fumier
trop pailieux. C ’eft encore le climat & la nature
du fol qui doivent guider dans fa préparation
& fon emploi 5 plus ils font fecs 8c chauds, plus lé
fumier doit être fait 8c enterré d’avance, & vice
verfâ dans les terres fortes, humides 8c froides.
Les engrais animaux font préférables pour le
grand produit, quoiqu’on ait dit à l’avantage des
engrais végétaûxj ces derniers peuvent bien mériter
la préférence pourîa qualité du produit, niais
c’eft d’après les localités qu’on doit prononcer fur
le choix} au'furp’us , aucun amendement tiré des
trois règnes n’eft à négliger. Piufieurs cultivateurs
ont employé le plâtre avec fuccès , ainfi que l’en-
fouiffement des plantes en vert, avant la plantation
} cette méthode.mérite d’avoir des imitateurs.
V o y e i P l â t r e & A m e n S e m ’e n t .
Il y a piufieurs manières de répandre le fumier j
foit également par toute la pièce, foit dans les
raies feulement où l’on plante, foit en le jetant
par poignées, rien que fur le tubercule lui-même.
Chacune de ces pratiques a fes avantages & fes
j inconvéniens. Si d’un côté on eft forcé de fe régler
fur la quantité de fumier dont on peut dif-
i pofer, d’un autre cependant, il faut aufli fe con- j duirè d’ après la nature des cultures fubféquéntes
i auxquelles fon illégale répartition pourroit nuire,
! bien qu’elle ait dlabord tourné ^ l’avantage des
; Pommes ..(je {.erre. Koye^ Fumier& Engrais. 1
P O M
Choix des Pommes de terre pour la plantation.
- Il eft efïlntiel que les tubercules qu’on deftine
à cet objet aient été recueillis mûrs, autant que
•poflible, & cependant n’aient point repouffé avant
d’être arrachés} il faut rejeter abfolument ceux
qui ne paroiffent pas fains, que ce fo it , ou non,
l’effet des gelées , meurtriffure, pourriture , & c .,
•parce que , s’ils manquoient, il en réfuîteroit un
•vide dans la plantation} ce qu’ il faut éviter à caufe
de la perte du terrein. Ceux qui font 'germés n’en
font pas moins bons , ainfi que ceux qu’ on auroit
privés de leurs germes pour en retarder la pouffe ;
'cependant , quand on peut les ménager, cela vaut
.encore mieux.
- - On eft affez d’accord fur les principes que notas
venons d’émettre , mais il y a eu quelques incertitudes,
quanta la folution des queftions fuivantes.
i° . Quel eft le plus avantageux de planter les
tubercules entiers ou de les couper en^ un ou
piufieurs morceaux} 20. de planter dans le même
trou piufieurs tubercules où piufieurs morceaux
de tubercules, ou de n’en planter qu’un feul}
•3°. enfin doit-on préférér les gros aux moyens,
& lés moyens aux petits? .
S Après avoir paffé en revue les avantages 8c les
inconvéniens de chacune de ces pratiques, nous
•nousarrêterons à celies fuivies parles cultivateurs
les plus éclairés, & que nous croyons les meil-
•leures, (ans écarter cependant les railons d’exception
à cette meilleure méthode'} au furplus, la
'difeuflion qui va Cuivre devra mettre chacun à
.même’ de prendre une détermination raifonnée
d’après fa pofition particulière.
fujets à fe pourrir dans les terreins 8c les .années
humides, 8c expofés à fe deffécher • dans le cas
contraire : ce n’eft que par économie que l’ on
doit fe décider à couper les Pommes de terre lorf-
qu’elles font très-groffes, 8c dans ce cas, quoiqu’un
i°.-Les tubercules coupés par morceaux font
oeil à chaque morceau fuffife, il eft plus
prudent d’en laitier au moins deux.’
2°. L’ ufage de piufieurs petits cultivateurs eft
de-mettre deux ou trois tubercules ou morceaux
dans chaque trou , en l’élargiflant à cet effet, &
les y efpaçant un peu : cet effacement des tubercules
dans le trou remédie, jufqu’à un certain
point, au vice de cette pratique ; mais, d’un aune
c ô té , elle force à éloigner les trous les uns dès
autres, plus qu'on ne le feroit fans cela; car fi
cet éloignement des trous n’avoit pas lieu, il en
‘ réfuîteroit difficulté de travail pour lé binage &
le buttage , les pieds étant trop près les uns des
autres. Il vaut donc mieux efpacer convenablement,
& ne mettre qu’un morceau, ou plutôt un
feul tubercule au milieu dé chaque trou. En général
, une plante qui eft feulé végète toujours
avec plus de vigueur} car, ou deux plantes, affo-
ciées l’une à l’autre, font d’égale force, 8c alors
,elles fe nuifent réciproquement, ou l’une eft plus:
forte que l’autre, & la plus foible doit fuccomber.
30. Les tubercules produits font toujours en
raifon des tubercules plantés; une groffe Pomme
de terre a les yeux plus gros qu'une moyenne , &
à plus forte raifon qu’une petite', & a en elle-
même plus de fubftance nourricière à leur fournir}
fes yeux doivent donc pouffer avec plus de force :
il arrive néanmoins quelquefois aux très-groffes
Pommes, dé terre d’être creufes, & de n’avoir
pas acquis la maturité & là qualité des moyennes}
c’ eft ici une raifon d’ exception: de plus, l’emploi de
toutes groflès Pommes de terre entières pour la
plantation, en exigeroit une énorme quantité : ceci
mérite aufli d’être pris en grande confidération.
En réfumé nous conclurons donc, en nous
appuyant fur l’expérience des meilleurs cultivateurs,
1 °. que le plus fage eft de préférer le« entières
aux morceaux} 20. que pour concilier enfemble
les vues'd’économie^c de produit, les moyennes
Pommes de terre entières doivent être préférées,
& qu’une feule doit fuffire dans chaque trou.
Nous avons cru devoir entrer dans ces détails pour
guider les cultivateurs dans le choix des moyens
qu’il leur conviendra d’employer fuivant leur pofition
8c le but qu’ils fe propofent, & nous ajouterons,
pour les tranquillifer, que quel que foit celui
qu’ils choiftront, ils doivent être certains que fi
leur terre eft bien préparée, bien cultivée, & la
faifon favorable, ils réuffiront toujours, & c’eft à
cette réuflire-là même, mais fondée fur leurs bons
foins, qu’on doit attribuer la persévérance de
chacun d’eux dans la méthode qu’ il a adoptée, 8c
la préférence exclufive qu’il lui donne, bien plus
qu’ à la bonté de la méthode elle-même : le choix, à
cet égard, n’eft donc pas d’üne importance majeure,
& c’e ft, comme nous l’avons d it, le terrein
, la-culture & la faifon qui décident du -produit.
Nous devons aufli ajouter q ue , quand on fe détermine
à couper les Pommes,de terre, il faut,
pour ménager les yeux, couper en bifeaux & non
par tranches : en moins d’une heure un ouvrier,
foit même femme ou enfant, peut en couper quatre
boiffeaux & plus. Il eft indifférent,: en plantant,
que lé;gërme fe trouve deffus ou d. flous} il prendra
toujours bien , & fans la moindre .difficulté , la direction
qtof lui convient , fi: la terre eft ameublie
convenablement. 11 eft bon aufli, lorfqu’on plante
dans un terrein froid & h um id ed e laiffer .quelque
tems refluer à l’ air les morceaux de tubercules
avant de planter, afin d’éviter qu’ ils ne pourraient.
Quantité de Pommes- de terre nécèjfaire pour la
plantation d’un arpent ou demi-hefiat e.
La quantité qu’on doit employer dépend , i° .d e
la méthode de plantation qu’on a adoptée ; i° . de
la nature du terrein; 3e. de la variété qu’ou
plante; 40. de la groffeur des tubercules 5 5 ° . Bc
X x x x i j