
En généra!, on a lieu de fe plaindre du peu de
foin que mettent à les manier ceux qui raff'em-
blent les céréales coupées & réunies en javelles
fur la terre, qui J e s mettent en gerbes, qui les
chargent fur les voitures & les déchargent dans
la grange ou fur la meule. Il en réfulte une perte
de grains qui emporte fouvent tout le bé éfice
du cultivateur. Je n'ai pas de bafe pour l'évaluer
; mais j’ai été allez fouvent témoin de ces
opérations , pour oler dire qu'en France elle fur-
palîe une valeur annuelle de cinquante millions.
La groffeur des gerbes varie félon les lieux ;
le principe eft de les faire telles qu'un homme de
moyenne force puiffe lès lever & les porter facilement
; celles de ieigfe & de froment auront
tous leurs épis d’un feul côté. Il n'eft pas
auffi néceffaire de mettre cette régularité dans
celles d'orge & d'avoine.
Toujours il feroit bon que les voitures devinées
au tranfport des Moiffons fulTent garnies
de toiles propres à empêcher les grains de fe
perdre 5 cependant cette pratique eft circonfcrite
à un petit nombre de lieux.
La manière d’arranger les gerbes dans les granges
ou fur les gerbiers n'eft pas indifférente 5
auffi font-ce des ouvriers reconnus habiks qui en
font fpécialement chargés.
Je pourrois beaucoup alonger cet article j mais
ce que j'aurois à dire de plus fe trouvera aux
articles des céréales , qui font l'objet de la M >iffon :
ainfi je renvoie aux mots Seigle , From en t ,
Orge & A v o in e , pour les complémens qu'on
pourroit defïrer. ( B o s c .)
MOISSONNEUR : celui qui coupe les céréales
avec la faucille.
Comme, dans les pays de plaines, les fermes ne
font pourvues que du nombre de bras ftrjélément
necenaires aux travaux journaliers de la culture,
la moiifon ne pourroit s'y faire rapidement ( feule
manière convenable) , fi une partie de la population
des pays de montagnes, où la moiffon fe fait
plus tard , ne venoit y concourir.
Decetordrede chofes, établi de tems immémorial
, il réfulte l'avantage important pour cette
population, de gagner en peu de jours une partie
de fa fubfiftance de l’année, foit en nature, beaucoup
de Moi flonneu.rs fe fai Tant payer en grain,
fois en argent, avec lequel elle achète le grain
qui lui manque ; mais elle a l’inconvénient de
mettre fouvent le propriétaire ou Je fermier à la
merci de ceux qui fe présentent, de donner lieu à de la mauvaife befogne & à de nombreux délits : il
eft donc dans l’intérêt de ce dernier, de fubfti-
tu.r la coupe à la faulx à celle à la fauci:le; & il
le pourra toujours, fi fes champs font régulièrement
labourés, peu garnis de pierres, & fi la paille
longue n’eft pas d'un très-haut prix à fes yeuxj car
il eft aujourd'hui prouvé que cette manière de couper
les céréales, lorfqu’elle eft exécutée par des
hommes habiles, c.aufe moins d’égrainage que celle
à h faucille , furtout quand c'eft un ramaffis d’honi-
mes, de femmes & d'enfans, n'ayarit aucun in.
té:et de bien faire, qui s'en chargent.
Qu’on ne s'apitoie pas fur les privations qui
pourraient réfulter pour les habitans des pays de
montagne s-de la fuppreifion de la coupe de la moifw
Ion à la faucille dans les pays de plaines 5 car ce n'eft
qu'autanc que cette ftippreflion feroit fubite & jm.
prévue -, qu'elie auroit des fuites dangereufes
& les événemens de la révolution ont amené
forcément un autre ordre de chofes. En ce moment
les céréales fe coupent, dans une grande
partie des pays de plaints, foit à la faulx à long
manche , par les pe-rfonnes attachées aux exploitations
ou des voifitis, foit à la faulx à court
manche , par des pet tonnes venant des plaines du
Nord. Il réfultera de ce nouvel ordre de chofes,
que les cultivateurs des pays de montagnes ne
pouvant plus efpérer trouver, dans un travail de
quinze joins , des moyens de fubfiftance pour
fix mois, travailleront mieux leurs terres, généralement
très-mal cultivées, & fe livreront!
des pratiques induftriclles propres à augmenter
leur bien-être. J'ai trop vécu dans les montagnes,
j'ai trop vu que la parefle & l'ignorance étoient
les eau tes permanentes de la miière qui y règne
pour ne pas defirer qu'on y ftimule l'énergie par
tous les moyens poffibles 3 dont celui du beloin
eft le plus forti
Un propriétaire ou un fermier qui emploie des
Moiffonneurs de la forte ne peut fe difpenfer de
les furveilïer ou faire furveiller fans celle, foit
pour les forcer à travailler convenablement, s’ils
font à la journée, foit pour les obliger à ne biffer
perdre ni les épis ni la paille, pour s'éviter quelque
peine de plus, s'ils font à la tâche ; il doit,
au refte, les bien nourrir & leur donner le repos
néceffaire. Je n'approuve point cette économie
qui leur fait refufer du vinoi^du cidre, & je voudrons
que leur eau fût toujôfïÿ aignifée ne bon
vinaigre, afin de diminuer en eux les difpofitions
inflammatoires auxquelles un travail violent & un
foleil brûlant les difpofent. ( B o s c . )
MOITANGE. r o y e i Meteil.
MOLASSE. C’eft une pierre calcaire, tendre,
mêlée de fable & d'argile , qui n’eft pas fufçep*
tible de fe déliter à l’air. Son infertilité la rend
le fléau de l'agriculture dans les pays où elle eft
à la furface de la terre. Comme elle eft généralement
en couches peu épaiffes , l'extraire ■- ft le feul
moyen d’empêcher fes effets nuifibles, toutes les
fois qu’on le peut. La du rue l'eneame facilement.
Réduite en poudre, elle fert, comme la marne,
d'amendemënt aux terres riches en Humus. Vof{
Marne 6 * Humus.
MOLDAVIE ou MOLDAVIQUE tefpèceie
D RACOCÉPHAI.E. K o y e i MÉilseE.
MOLElNE : nom des taupinières dans le département
des Vofges. V o y e [ T aupe.
MOLÈNE. VERBASCUJkf .
Genre de plante de la pentandrie monogynie &
delà famille des S o la n é e s , qui réunit trente efpè-
ces dont plufieurs font fi communes S e d'un af-
peft fi agréable, qu'il n’eft pas poffible de fe dif-
peni’er d'npprendre à les connoîrre. Leurs feuilles
& leurs fleurs font de plus quelquefois employées
dans la médecine. V o y e^ les IlLu.flra tio n s d es gen r es
deLamarck, pl. 117.
E fp } c e s .
1. La Moi.ene officinale, vulgairement le b o u illo
n -b la n c , le b o n -h om m e -
Vtrb ufcum th a p fu s . Linn. o* Indigène.
2. La Molene thap^ïde.
Verbafcum tk a p fô id e s . Linn. cf Indigène.
3. La Molene hémorrhoïci.ile.
Verbafcum h&m o r rh o id u le . Ait. a71 De Madère.
4. La. Mole ne, phlompï.ie.
Verbafcum p h lôm o id e s : Linn. a71 Indigène.
y. La Molene mu cru née.
Verbafcum m u c ro n a tum . Lam. o71 De Candie.
6 . La Molene lychnite.
Verbafcum ly c h n i t i s . Lion, d* Indigène.
7. La M olène noire.
V erbafcum n ig rum . Linn. cf* Indigène.
8. La Molene à feuilles d'ortie.
Verbafcum u n i e «.fo lium . Lam. De.....
9. La M olene pinnatifide.
Verbafcum p in n a tifid um . Vahl. Des lies de la
Grèce,
10. La Molène de Barnadèfe.
Verbafcum B a r n a d e J i i .'V ahl. De l'Efpagne.
11. La Molene floculeufe.
Verbafcum flo cco fum . Kitaib. a71 Delà Hongrie.
12. La Molène du Caucafe.
V erbafcum c a u ca ficum . Dum. Courf. i f Dij
Caucafe.
13. La Molène glabre.
Verbafcum g la b rum . Dum. Courf. d’1 De./...
14. La Molène pulvérulente.
V erb afeum p u lv e r u le n tum . Vill. o71 Des baffes
Alpes.
15. La Molène queue-de-renard.
Verbafcum a lo p e cu ru s . Thuill. o71 Indigène.
1 (r. La Molène parifîenne.
Verbafeum p a n j ï e n f e . Thuill. a71 Indigène.
17. La Molène de Chaix.
Verbafeum C h a i x i . Vill. d” Des Alpes.
18. La Molène finuée.
Verbafcum f in u a tum . Linn. o71 Du midi de l'Europe.
.*«.
19. La Molène ondulée.
Verbafcum u n d u lu tum . Lïmi, o71 Du Levant.
20. La Molène-à petites fleurs.
V e r b a feum p a r v ij lo r um . Lam. o5’ De......
21. La Molène épineule.
V e r b a fc um fp in o fum . Lirrn. T? De Candie*
22. La Molène en lyre.
V e r b a fcum ly r a tum . Lam.- o71 De l'Efpagne,
23. La Molène de Boerhaave.
V e r b a j c um B o e r h a a v i i . Linn. © Du midi de
FEurope.
24. La Molène ferrugineufe.
V e r b a f c um f e r r u g in e um . Ait. i f Du midi de
l'Europe.
25-, La Molène purpurine.
V e r b a fc um p hoe n ic eum . Linn. cf De I’èft de
l'Europe. Elle varie par la couleur de fes fleurs.
1 6 . La Molene biattuire, vulgairement h erbe a u x
m in e s .
V e r b a fc um b la t ta r ia . Linn. Q Indigène. Elle
varie par fes feuilles par fes fleurs.
27. La Molène blattariforme.
V e r b a f c um b la t ta r io id e s . Linn. © De.....
28. La Moxène de Clayto.n.
V e r b a fc um C la y t o n i . Perf. De.....
29.- La Molène de Montpellier.
V e r b a fcum m o n fp e ffu la n um . Perf . Du midi de la
France.
30. La Molène à feuilles de bugle.
V e r b a f c um d s b e c k ii. Linn. Du Levant.
3,1. La Molène à tiges, nues.
V e r b a f c um m y c o n i . Linn. i f Des Pyrénées.
C u ltu r e .
Toutes les efpèces de Molène indigènes, excepté
la blattaire , demandent une terre légère &
fèche, ainfi que le grand foleil. C ’eft le long des chemins,
au milieu des champs incultes, fur les pâturages
des montagnes, qu'on les rencontre le plus fouvent.
Quoiqu’elles ne foient pas positivement de
belles plantes , leur grandeur, leur port, le grand
nombre, ainfi que la couleur de leurs fleurs les
rendent d’autant plus propres'à l'ornement des
gazons dans les jardins payiàgers , qu'elles ne demandent
aucune culture.'Il fuffit d'en répandre
les gj aines,, en automne , dans les lieux qu'on veut
en garnir, & d’avoir la patience d'attendre deux
ans le développement de leurs fleurs. Il en eft de
même dans les jardins de botanique , où ondoie
en femer tous les ans ; car elles ne fe prêtent à la
tranfplantacion que dans leur je une fie , ou quand
on les enlève avec leur motte.
L-s graines de la Molène noire s’emploient,
dans quelques lieux , pour enivrer le poifï’on.
Parmi les efpèces du midi de l'Europe ou de
l’Orient, qui fe cultivent dans les derniers de ces
jardins ou dans les grandes collerions de plantes,
il y en a quelques-unes , principalement la troi-
fième , qui exigent l'orangerie pendant l'hiver, &
en général, comme on ne peut prévoir le degré
de rigueur de cette faifon , il eft bon d’en tenir un