
Il y eft d~*autatit plus abondant , que ces jardins font
plus fumés & plus arrofés. On y voit fes épis fe
fuccéder pendant tout l ’été , 8c fes graines s ’attacher
aux habits des hommes & aux poils des animaux
, pour être difféminés au loin. Ces graines
fe confervent dans la terre, lorfqu’elles y font enfoncées
de plus de deux pouces, un nombre
d’années indéterminé. Ce n’eft que par des farclages,
par des binages fans fin , qu’on peut empêcher
cette plante de nuire à celles qui font
l ’objet de la culture, & quelques femaines d’oubli
fuffifent pour rendre ces farclages inutiles pour
l’avenir. Elle périt aux environs de Paris dès les
premières gelées j mais aux environs de Montpellier
, elle fubfifte toute l’année : plus on la
coupe, & plus elle donne d’épis. Les beftiaux aiment
beaucoup fes feuilles, & les volailles fes
graines, ce qui eft une compenfation du mal
qu’elle fait.
Le Panic verticillé préfente une partie de ces
înconvéniens ; mais il eft plus rare dans le Nord :
du refte, tout ce que je viens de dire du précédent
lui convient.
Le Panic ergot-de-coq eft encore dans le même
cas. C ’eft dans les champs gras & humides qu’il
fe montre le plus abondamment. Je l’ai vu dans
les rizières de l’Itahe, acquérir près d’un pied
de haut, & fe ramifier conudérablement. L à , il
feroit peut-être avantageux de le femer pour fou-
rage temporaire , c’éft-à-dire, pour le couper
tous les quinze jours & le donner en vert aux
boeufs & aux vaches, qui l’ aiment avec palfion
quand il eft jeune ; car quand fes graines font
mûres, ils n’y touchent plus.
Le Panic fanguin eft également fort commun
dans les mêmes lieux que le précédent ; mais il
eft moins redouté des cultivateurs, parce qu’il
fubfifte moins long-tems en fleur & fe reproduit
moins abondamment. Les beftiaux aiment également
fes fanes : on le détruit par les farclages 8c les binages.
Le Panic d a ây le , vulgairement appelé chien- dent-pied-de-poule, ne fe voit que dans les jardins
& les champs en friche, les labours fuffifant pour
le détruire ; il aime un terrein fabloneux &
fufceptible d’être inondé. C ’eft dans les pâturages
du bord des rivières , le long des chemins,
au pied des murs, qu’ il fe perpétue le plus. Il
tracé avec une incroyable rapidité, & un feul
pied peut couvrir, en deux ans, un efpace cor-
fidérable : tous les beftiaux l’aiment. On dit que
les Polonais récoltent fes graines pour en faire de
la bouillie. Ses racines fervent en médecine, en
place de chiendept, pour faire des tifanes. 11 eft
fâcheux qu’il s’élève auflï peu, car l’agriculture
pourroit en tirer un parti fort avantageux en le fendant
dans les mauvais terreins.
Le Panic cultivé, petit mW et a épis y millet des
o i f e a u x , présente un affez grand nombre de variétes,
dont les deux principales font celle à épi«
barbu, celle à épi rouge & celle à épi d’un brun-1
pourpré. On le cultive beaucoup dans les partiesI
méridionales de l’Europe, principalement en Italie,
pour la nourriture de l’homme 8c des volailles. I
Je l’ai vu femer en grand fur les bords de la Saône I
dans la ci-devant Bourgogne. Il s’en fème quel * I
ques champs aux environs'de Paris, furtoutdans]
la vallée de Montmorenci, pour la nourriture des!
ferins des Canaries & autres petits oifeaux qui]
font nourris en cage dans la capitale.
Un fol lé ge r , fubftantiel, & une expofitionI
chaude, font ce que demande le Panic cultivé 11
ainfi il faut fortement fumer, 8c labourer au moins]
deux fois les champs qu’on lui deftine. Il ne donne]
que des tiges courtes 8c des épis peu garnis de ]
graines dans les terres arides 5 & , s’il ne pour-1
rie pas dans fa jeuneffe , fes graines avortent
ou n’arrivent pas à maturité dans celles qui font
grafies & humides.
Comme le Panic cultivé craint beaucoup les]
gelées, on ne doit le femer que lorfqu’e lle s ne.
iont plus à craindre, c ’eft-à-dire, en avril dans le]
Midi , 8c en mai dans le Nord. Il eft fort avantag
e u x de le faire avant ou immédiatement après la I
pluie, car la graine eft fort dure 8c demande beau-
coup d’humidité pour germer : c’eft à la volée ou
par rangées qu’on la répand. Dans le premier cas,]
elle doit être très-peu abondante , puisqu’il faut I
qu’il y ait afî’ez d’elpace entre les pieds pour pouvoir
les biner. Le femis par rangées eft p référé ]
aux environs de Paris, parce qu’on l’exécute fu r|
les ados des plantations de vignes ou d’afperges.]
Il devroit l’être aufti dans le M id i, pour p o u v o ir]
donner le premier binage à la charrue : un pied ]
entre les rangées eft la diftance moyenne la plus ]
convenable.
Lorfque le plant eft parvenu à trois ou quatre |
pouces de haut, on éclaircit les places trop ferrées
, 8c. on regarnit celles qui font trop claires,
puis on lui donne le premier binage. Quelques]
cultivateurs fuppriment alors les pouffes latérales, I
dans la perfuafion, bien fondée, qu’une feule tige |
fournira un plus bel épi & de plus groffes graines. |
Deux mois après, lorsqu’il eft prêt à'entreren]
fleur, on le bine de nouveau , de manière à le|
butter, c’eft-à-dire, à rapprocher la terre de
chaque tige , & à en couvrir les deux ou trois
premiers noeuds pour faire pouffer de nouvelles
racines à ces noeuds. { Voyej Buttage & Maïs.)
Ceux qui attendent ce fécond binage pour fup-
primer les pouffes latérales ont tort, parce qua-
lors la plus grande force de la végétation eft ]
paffée, & qu’ il y a plus à perdre qu’à gagner en]
le faifant. Un troifième binage, un mois plus tard,
feroit utile f cependant on s’en difpenfe ordinaire-
ment.
C ’eft à cette époque que les cultivateurs pru* I
dens, qui ont femé par rangées, 8c donc le I
panic a bien profpéré, plantent de diftance en
diftance, au milieu de ces rangées, des pieux de
trois pieds de haut, auxquels iis attachent de
chaque côté des perches légères, afin d’empêcher
Iles tiges, qui font alors chargées d’ un épi extrêmement
lourd, d’être renverfées par les vents, les
[animaux, &c. ; car les épis renverfés mûriffent
mal ou font mangés par les campagnols ou autres
rongeurs. 1 _
Les tiges du Panic femé à la volée font moins
expofées à être ainfi renverfées, parce qu’elles fe
garaiîtiffen: mieux les unes par les autres, & qu’en
général leurs épis font moins longs & moins
gros.. \ ’ ■ ' ' ' .
; La plupart des petits 01 féaux granivores font
très-friands du Panic, & lorfqo’on ne met pas
obftacle à leurs ravages, caufent de grands dégâts
dans les champs qui en contiennent. 11 faut
[leur faire une guerre à outrance, d’abord tant
Iqu’il n’eft pas le v é , & enfuite dès que les épis
commencent à jaunir. Les épouvantails, fi on ne
[les change deux fois par femaine, font peu d’effet.
C’eft fur des coups de fufii le matin 8c le foir,
| ou une garde continuelle, qu’on peut feulement
[compter. - ,
Si ontardoit trop à faire la récolte du Panic,
[il y auroit à craindre une grande perte de graine,
parce que, malgré la furveillance , les oifeaux en
confomment toujours; en conféquence, dès que
les épis font d’un beau jaune-paiile, on les coupe
| en leur laiffant un pied , 8c on en formé des paquets
[ qu’on fufpend dans un grenier pour compléter leur
! maturité. Quinze jours après, on peut les battre,
Ifoit au fléau , (bit à la baguette, foit eh les froif-
[fantj mais il vaut mieux , lorfqu’on le peut, ne
[faire cette opération qu’à mefure du b.efoin. Ce
jqui doit être vendu pour la nourriture des petits
[oifeaux en cage ne l’eft point, fa vente en épi
| étant plus avantageufe.
[ ün fépare la graine du Panic de fes balles, foit
Idans un mortier de bois, ce qui eft lé plus long,
[foit entre deux meules convenablement écartées,
[ce qui expédie très-vîte : ce n’eft qu’àprès avoir
]fubi cette opération, qu’elle eft propre à la nour-
jtiture des hommes.
I C’eft, ainfi que j’en ai l’expérience, un très-bon
manger que la bouillie de graine de Partie nou-
I veau, mais il fauc qu’elle foit long-tems fur le fe u ,
Ice quil’expofe à tourner} auflï les ménagères in-
j diligentes des bords de la Saône, où on en con-
Ifomme beaucoup, la mettent-elles tremper dans
II eau dès la veille, 8c lafont-ellès.à moitié cuire
jdans cette eau avant d’y mettre le lait. On la
Imange encore, comme la femoule, avec le bouil-
|l.on gras. Elle entre auflï, après avoir été moulue,
■ avec avantage dans la compofîtion du pain de fro-
Iment , auquel elle donne un goût plus agréable que
■ «mais, 8c qu’elle conferve également frais.
I graine de Panic perd rapidement fa délica-
I telle : les riches celient d’en manger au milieu de
l’hiver. Alors .on la donne aux volailles, furtout
aux pigeons, qu’elle engraiffe rapidement: elle
peut également fervir à engraiffer les cochons &
même les boeufs.
Fraîches & même fèches, les feuilles du Panic
font une excellente nourriture pour les befi
tiaux} il feroit même avantageux de le femer pour
le couper en vert comme fourage, fi on n’avoic
pas le maïs qui vaut mieux & fournit davantage*
Ses tiges fervent à chauffer le four ou à faire bouillir
la marmite.
Le Panic millet offre quelques variétés de couleur.
Sa graine paffe pour plus fucrée 8c plus délicate
que celle de l’efpèce précédente, dont elle
fe diftingue par la forme plus alongée. Les volailles
l’aiment également. Sa culture ne diffère pas,
ou prefque pas de celle qui vient d’être déerite ;
feulement il eft moins néceffaire de garantir les
tiges des coups de vent, parce qu’elles s’en défendent
elles-mêmes, quoique fes panicules foient
auflï garnies de graines & auflï penchées. La
qu&ftion • de favoir laquelle doit être femée de
préférence a été difeutée 8c non réfolue 5 cependant
il m’a paru , foit dans le midi de la France,
foit en Efpagne, foit en Italie, que celle dont je
parle en ce moment étoit le plus- généralement
cultivée. Aux environs de Paris, c’eft l’autre, à
raifon de la facilité que donnent fes épis de les
placer hors des cages d’une manière élégante,
pour que les ferins en mangent lentement 8c fuc-
ceflïvement les graines à travers les fils de fer.
Ces deux Panics font partout regardés comme
des récpltes de fécondé importance ; cependant,
d’un côté , quoiqu'ils éfriient beaucoup la
terre, il eft avantageux de les faire entrer, pour
changer, dans la férié des affolemens à longs termes,
& de l’autre, la faculté dont ils jouiffent de parcourir
dans les climats méridionaux en trois mois,
& dans les feptentriomux en quatre mois & demi ,
toutes les phafes de leur accroïffèment, permet de
les faire fuccéder la même année, dans le même
terrein, à d’autres cultures, comme les p,ois , la
navette d’hiver, les prairies tetrjporaires , &c.
Une grande partie des efpéces de Panics dont
j’ai fait mention feroient fufceptibles d’être employées
à la formation dès prairies:, ou au moins
d’être multipliées dans les’ pâturages. Prefque
toutes celles que j’ai obfervées en Caroline, 8c
dont les unes croiffent dans les fables les plus
arides , & les autrés dansles marais les plus fangeux
, r fonttrès-re,cherchées des beftiaux. ( Bosc.)
PANICAUT. Ertngium.
Genre de planté de la pentandrie digynie & de
la famille des Ombelliferes, réunifiant cinquante-
deux efpèces, dont un petit nombre fe voit dans
nos écoles de botanique , mais dont une eft fi commune
dans certaines de nos campagnes, qu’il
n’eft pas permis aux cultivateurs de ne la pas