
pellent J h iJ o n s , &: dont il fera aiifîî queftion à leurs
noms propres. ( B o s c . )
MOISISSURE. M u c o r .
Genre de plante de la famille des C h am p ig n o n s ,
qui renferme un allez grand nombre d’t-fpèces,
toutes croilfant fur des fubftanees animales &
végétales en décompofition , & que beaucoup de
perfonnes croient être le produit d’une génération
fpontanée , quoiqu’il foit de fait qu’elles ne
fe développent pas dans les vafes hermétiquement
fermés.
% Il n’eft pas nécelîaire, puifqu’ellcs ne fe cultivent
point, que je donne la liite des efpèces
qui compofent ce genre $ cependant, certaines
d’entr’elles fe trouvant exclufivement fur telle ou
telle fubümce, je dois indiquer ici les plus communes
ou les plus importantes à connoître fous
le rappoit de l’économie domeftique , en renvoyant
au D i c h o n n a ir e de B o ta n iq u e pour les
autres.
La Moisis su re cru sta cé e . C ’eft furie vieux
fromage qu’elle fe trouve , par plaques d’abord
grilatres, enfuite rouges.
La Moisis sure o r an g é e . Elle forme fur le
liègej l’intérieur des tonneaux vides, des taches
jaunâtres qui donnent un goût de moifi au vin
qu’on y met. L’eau bouillante, employée à plufieurs
reprifes, peut feule débarraffer les bouchons
& les tonneaux de ce goût.
La Moisis sure ombellée. Elle croît fur les
fruits j les confitures & autres matières végétales.
La Moisis sure g r isâ t r e . On la trouve fur
la plupart des fubftanees qui fervent à la nourriture
de l’homme, principalement fur le pain :
c’eft la plus commune & la plus nuifible.
Tenir dans un lieu fec les matières animales &
végétales qu’on veut préferver de la Moifïffure,
eft le moyen le plus généralement employé, & il
fuffit fouvent} mais lorfque la décomposition de
ces matières fe complète, il ne produit plus aucun
effet. Les renfermer hermétiquement , les recouvrir
de graiffe, d’huile , les plonger dans le
vinaigre , dans l’eau-de-vie, les fucrér, les faler,
font des moyens plus puiffans, mais qui ne réuf-
fiffent pas toujours.
Les lavages a l’eau bouillante & la cuiffon font
fouvent fuivis de la difparition plus ou moins
complète de l’odeur & de la faveur des Moi-
fiflures > mais, en général, il eft difficile de les
oter abfolument : c’eft donc fur fa vigilance qu’une
ménagère doit le plus compter pour s’éviter les
pertes qui font les fuites de leur multiplication $
ainfi, elle vifïtera , toutes les femaines au moins,
fes provifions, féparera des autres celles qui com-
tnenceroient à s’altérer, ôtera avec un couteau
ou une cuiller toutes les taches de Moififiure
quelle y remarquera4 fera recuire fes confitures4
fes herbes un peu altérées, & mettra en con.
fommation celles dont l’altération fera trop avau-
cée.
Les Moififlures ne font pas un poifon, comme
quelques perfonnes le croient. Si elles caufent
quelquefois des douleurs d’eftomac & d e s vomi
(T e rn e ns , cela eft occafionné par leur odeur &
par leur faveur nauféeufe , odeur & faveur telles
que l’animal le moins délicat, le cochon même
refufe de manger les fubftanees qui en font imprégnées.
On ne doit jamais donner aux beftiaux du foin
moifi, & ce par la même raifon. ( B o s c .)
MOISSINE ou MOINSINE. On appelle ainfi
un farment de vigne garni de fes raifins , qu'on
fufpend au plancher pendant l’hiver.
Chaque variété de raifin ayant une faculté con-
fervatrice différente, & ces variétés changeant
de vignoble à vignoble, il eft des Moiffmesqui
peuvent donner des raifins excellens au bout de
trois mois : celles de la panfe, par exemple, &
d’autres où l'altération fera complète au bout de
quinze jours} celles du gros-blanc, par exemple.
Koyeç Vigne. ( B a s e , y
MOISSON : premier but des travaux du laboureur,
& terme de fes plus grandes inquié*
tudes.
En effet, il ne fème que pour récolter, & dès
qu’il a engrangé ou emmeulé fes feigies, fes
fromens , fes orges, fes avoines , .les grêles,les
vents orageux, les pluies battantes ou durables,
les inondations, &c. , ne font plus à craindre
pour lui.
Le moment de la Moiflon eft partout indiqué
par la maturité des grains , maturité qui fe recon-
noît à fa defiiccgtion , ainfi qu’à celle de la tige;
mais il ne peut être fixé, car il varie, non-feulement
dans tous lès climats , mais encore dans chaque
lieu, toutes les années/Yélon l’époque des
femailles , la nature du fol, celle du grain, les
circonftances atmofphériques, & c ., &c.
Le réfulrat d’une Moiffon anticipée eft un grain
qui fe retrait ( fe ride & devient plus petit), qui
fe garde moins bien, qui donne moins de farine,
&c.
Le réfultat d’une Moiflon retardée eft une
grande perte de grain, occafionnée par les pluies,
les vents qui fecouent les épis lorfqu’ils font fur
pied, par les moiflonneurs qui les fecouent en les
coupant, en les liant, en les chargeant, 8cc.j enfin,
par les quadrupèdes & les oifeaux ? q u i s’en
nourriflent.
Les inconvéniens étant moindres dans ce dénier
cas , & pouvant être diminués, par les foins
des cultivateurs, c’eft lorfque la maturité des
! grains eft complète , qu’on doit généralement
commencer la Moiflon. V o y e - [ Maturité.
L e m o i s d ’ a o û t e f t x p o u r l a p l u s g r a n d e p a r £ ,â
!fl<e|aFrance,celui pendant lequel fe fait'la M-oif-
lbn; de la le nom d 'a o û t3 que les cultivateurs lui
ont donné pour fynonyme.
Pour faire promptement & économiquement la
Moiflon > il faut s’occuper de fes préparatifs long-
tems d’avance. Ainfi on s’aflurera des bras extraordinaires
qui feront nécefiaires, on fe précautionn
e r a de liens, on réparera les voitures, les har-
nois, les chemins qui conduifent de la maifon aux
champs à moiflonner} on nétoiera & réparera les
granges, les greniers} on biffera repofer quelques
jours les chevaux de trait, pour qu’ils puiffent
mieux fupporter les travaux extraordinaires qu'on
fera dans le cas de leur demander.
Il eft toujours defirable que la Moiflon fe faffe
par un tems fec & chaud, parce que les gerbes
ferrées humides moififlent, pourriffent & occa-
fionnentla germination , la moifïffure & la pourriture
du grain } mais, comme les épis s’égrainent
beaucoup plus par un femblable tems , & que les
moiflonneurs fatiguent davantage, on defire fou-
vent un ciel brumeux, mais fans pluie. Toujours,
par la même raifon, il faut commencer la Moiflon
au jour, c’eft-à-dire, avant que larofée fe foit dif-
fipée, & l’interrompre après midi, pour la reprendre,
lorfque la chaleur commence à tomber.
Les moiflonneurs mangent, fe repofent & dorment
pendant cet intervalle. -
Il arrive fouvent que des pluies permanentes
s’oppofent à ce qu’on faffe la Moiflon au moment
convenable , & qu’on eft expofé à voir
germer legrain dans l’épi. Je fuis étonné que, dansi
ce cas, on ne coupe pas les épis à fix pouces de J
leur bafe pour les faire fécher fucceffivement dans”
les granges & dans les greniers», puifqu’ils peu
vent, fans inconvénient, attendre plufieurs jours,
en tas, le moment d'être étendus fur l’aire : cette
opération me paroît furtout praticable dans les
pays de petite culture.
En général, jjàj rftft pas affez perfuadé en
France des avantrçw.de'la Moiflon en deux tems,
ufitée dans quelques'pays, fa voir, celle des épis à
la main avec une petite faucille & des facs, & i
celle du chaume avec la faulx & des voitures}
car on eft dédommagé de la plus grande dépenfe
qu’elle occafionné , i°. par la moindre perte du
grain j 20. par fa plus grande pureté, fi à defirer ,
foit pour le moulin , foit pour la-femence} $°. par
la facilité & la rapidité de fi réparation de fa bâle
au moyen du Moulin. V o y t [ ce mot.
Dans une partie de la France on coupe tontes
les céréales avec une Faucille ( v o y e x ce mot)}
dans une autre on ne coupe que les feigies & les
fromens, enfin dans une autre on coupe tout à la
faulx. Ce dernier mode , certainement le plus
avantageux fous tous les rapports, s’étend de jour
en jour, & il y a lieu d’efpérer qu’il fera dominant
dans quelques années. J’ai déjàdifcuté fes avantages
& bit voir le peu d’importance de fes inconvénie
ns au mot Faucher , auquel je renvoie le
Icéteur.
Cependant je crois devoir annoncer ici que
M. Ch. S. N. Lullin de Genève, auceur de l’excellent
A lm a n a c h du. C u lt iv a te u r du L ém a n , annonce
dans cet ouvrage qu’il fait faucher fes blés
depuis vingt-cinq ans , & qu’il s’en trouve très-'
bien , puifqu’il accélère fa befogne & économiCe-
la moitié des frais. Gn a pu croire qu’ il fe perdoic
plus de blé par cette méthode que par le feiage à
la faucille, obferve-t-il} mais il n’y a qu’à moif-
fonner,. de chacune de ces deux manières , la
moitié d’un même champ , & comparer la totalité
des produits en grain 2 pour acquérir la preuve
qu’il n’y a pas de différence. Si on comptoit par
gerbes, l'avantage paroîtroit pour la coupe à la
faucille , parce que les gerbes résultant de la coupe
avec la faulx font plus irrégulièrement difpofées.
Au refte, il faut employer, autant que poffible,
dans cette opération comme dans toutes les autres,'
des hommes exercés. S’il tombe quelques épis de
plus lorfque l’opération eft faite par des ouvriers
mal habiles, on les retrouve au moyen de la
ratiffoire.
Il exifte dans le Devonshire une manière de
moiflonner qui ne fe voit pas ailleurs : la faucille
eft très-grande , très-pefante, & offre à fon extrémité
un bourrelet pour l’empêcher de glifler de
la main. Le moiffonnèur coupe les tiges très-près
de terre & les faifit en même tems par le milieu ,
avec la main gauche , pour les réunir en une javelle
contre celles qui.font encore debout. Lorf-
qae la javelle eft fuffifamment groffe, le moiffon-
neur la pofe fur le lien qui l’attend. Cette manière
t.ent le milieu entre faucher & faucillcr : elle eft
néceffairement vicieufe lorfque le blé eft verfé.
Onlaiffe fouvent les céréales, après leur coupe,
furtoiit l’avoine , trop long tems fur terre avant de
les lier & de les enlever. J’ai fait voir au mot Ja-
veler l’abfurdité de cette pratique. Toutes,
fans exception , doivent être liées &enlevées auflî-
tôt qu’elles font fuffifamment fèches, & fi leur
I maturité eft complète} fi elles font dépourvues
; de mauvaifes.herbes, elles doivent l’être, le plus
i fouvent, le foir du jour même de leur coupe.
Quand oh confidère les dangers qui font fi fréquemment
la fuite du javelage, tels qu’une grêle ,
un vent ou une pluie d’orage, & celui toujours
fubfiftantde l’égrainement, on ne peut concevoir
comment fon^ufagea pu s’établir, & comment il
peut fubfifter encore.
Prefque partout les céréales fe mettent en
bottes dans le champ meme pour être chargées
fur une voiture & apportées à la maifon. Dans
beaucoup de lieux', on emploie des liens de bois
ou d’écorce} dans beaucoup d’autres, on préfère
des liens de paille de feigle : cette dernière
méthode eft préférable fous plufieurs rapports
ainfi que je l’ai fait yoir au mot Lien. *
Xx i j