
90. Le Pôivrier à feuilles rétufes.
Piper retufum. Lin ri,- Du Cap de Bonne-Efpérance.
91. Le Poivrier à feuilles de laurier.
Piper laurifolium. Mil!. De l’Amérique méridionale.
92. Le Poivrier à grappes.
• Piperracemofum. Mill. De l’Amérique méridionale.
93. Le Poivrier cotoneux.
Piper tomentofum. Mill. De l’Amérique méridionale.
94. Le Poivrier linéate.
Piperlineàtum. Ruiz & Pav. Du Pérou.
95. L e Poivrier à épis recourbés.
Piper curvatum. Ruiz & Pav. Du Pérou.
96. Le Poivrier ponétué.
Piper punâdtum; Ruiz & Pav. Du Pérou.
97. Le Poivrier çriftallin.
Piper crifiallinum. Ruiz & Pav. Du Pérou. '
. 98. Le Poivrier, à feuilles pendantes.
Piper dépendent. Ruiz & Pav. D u P é r o u .
99. Le PpiVRiER à un feul épi.
Pip'cr mono(lachia. R u i z & P a v . D u Pérou.
~:ibà. Le Poivrier à bafe des feuilles égale.
Piper Aquale. Vahl. De ......
101. Le P o iv r ie r nhandi.
Piper nhandi. Ri ch. De Cayenne.
;I02. L e 'Po iv r ie r à feuilles plus larges que
longues.
Piper dilatatum. Rich. De Cayenne.
103.- Le Poivrier à feuiiles.rudes.
Piper afperifolium. Rich. De Cayenne.
• 104. Le Poivrier agréable.
Piperpulchellum. Ait. if D e la J a m a ï q u e . -
105.' Le Poivrier-à feuilles g l a b r e s .
Piper glabrum. Mill. I7 De l’Amérique méridionale.
Culture,-
De -ees efpèces , nous ne cultivons dans nos
ferres que celles qui font infcrites fous les n°L 1,
5 , 8 , 9 , 10 , 19 , 22, 2 6 ,2 9 , 30,. 32, 53 > 57 ,
58 , .69, 7 8 ,7 9 , 85, 8Gy 8 7 , 9 1 ,9 * i 93 i 104
& 105 : toutes, furtout les herbacees,' dont la
contexture eft très-délicate & très-molle, font difficiles
à confervèr, parce qu’elles craignent égale.-,
ment une trop grande féchereffe & une trop
grande humidité; il leur faut cependant une chaleur
conftamment fort élevé e, & des .arrofemens
couche & fous châffis, & reprennent généralement
fore bien. Comme aucune n?a d’agrément, on ne les
voit que dans les écoles de botanique & dans les
collections des amateurs, & toujours une petite
quantité de chaque efpèce, c’eft-à-dire, feulement
fréquens. Une terre de moyenne confiftance, qu’ on
renouvelle tous les deux ans , patoît être celle qui
leur convient le mieux. La plupart fle uri fient dans
nos ferres, mais aucune n’y donne de graines.
On les multiplie, ou de graines tirées de leur
pays natal , & femées, auffitôt après leur arrivée,
dans des pots fur couche & fous chàflvs , ou, les' ei-
pèces frutefcentes, par marcottes & par boutures,
fie les efpèces herbacées par bo’utures &r par déchi-.
itment des vieux pieds. Les boutures Ce font'lur 1
àflez. de pieds pour ne pas craindre les
chances des événemens.
C e qu’on appelle proprement le poivre , & dont
l’emploi dans l’aflaifonnement dés mets elt fi étend
u, eft le fruit de la première de ces efpèces,
qu’on cultive dans l’Inae, & furtout dans les îles
qui en dépendent.
Les climars les plus chauds font les feuls où le
^Poivre puifie profpérer ; ifne vient même pas-finie
s montagnes qui fe trouvent fous la ligne, pour
peu qu’elles foient élevées. Le plus eftimé de la
prefqu’île de l’ Inde eft celui qui croît à Bragare ,
à Talicheri, à Calicut ; le plus eftimé du Monde
vient des îles de Malaca, de Java , & furtout de
Sumatra.- I
On doit à M. Poivre, dont lé nom ne périra jamais
dans la mémoire des hommes de bien , d’ avoir
introduit la culture du Poivrier, d’abord à
l’Iflerde-France-, & en fui te à Cayenne te dans les
autres colonies de l’Amérique, où elle a fort bien
réuflï.
- Sumatra étant le pays dont le poivre eft le plus
réputé, c*éft la culture qu’on y donne aux Poivriers
que je crois devoir décrire la première. Je
prends les-norions qui la concernent dans !’ Hijfoire
de Sum a tra , par Marfden.
La culture du Poivrier étant très ancienne ,'c e t
arbufte a dû donner & doit encore donner des variétés
nombreufes, dont les unes font préférables
aux autres fous les rapports de la groffeur, dé l’abondance,
de la précocité, de la certitude de la fécondation
des fleurs, de la moindre influence des
froids ou des pluies fur leur accroîftement, &c. ;
aulli les botaniftes en pofledent-ils beaucoup
dans leurs herbiers.
A Sumatra or. en connaît trois : i ° . le lado ca-
w oo r ou poivre de Lampron ,■ c’eft célle dont les
fruits l'ont les plus gros : elle eft plus lente à arriver
à perfection , mais elle fublîfte plus Long-tems 5
2°. le lado manna aies fr uits plus petits pf plus abonr
dans que.le p:écédent; elle fe met promptement
en plein rapport, mais doit être arrachée à la quatrième
année, 50. la jambée; la petitefîe, fon peu
de durée ..& la difficulté de la faire monter fur les
arbres la fait généralement repouffer.
Le fol le plus convenable au Poivrier eft celui
qui n’eft ni trop léger ni trop tenace , & dont la
fertilité eft prouvée par la vigueur des plantes fau-
vages qui y croiftent. Il eft indifpenfable qu’il foit
abrité des grands v e n t s f i fréquens entre les tropiques',
foit pat des montagnes, foit par ' de.
grands bois, ou au moins des plantations d’arbres.
Le bord'des r iv iè r e s lo r fq u ’ii n’eft pas fujet à
inondation , eft toujours à préférer.
La'feule opération qu'on exécute à Sumatra,
dans lesterreins d-ftinés aux plantations du poivre,
avant de les garnir de jeunes pieds , c’eft de les ef-
farter & de mettre le feu aux plantes qui les cou-
vroient ; rarement on leur donne un véritable labour
, & jamais aucun engrais. Il eft vrai qu’après
quelques années de culture en Poivriers , d’après
le principe des affolemens, on n’y en remet que
dix à douze ans après.
- Le Poivrier étant ligneux & grimpant, il faut
lui donner un fupport, & choifir ce fupport t e l ,
qu’il dure au moins autant que lu i , & qu'il permette
le développement de fes rameaux, & par
fuite la multiplication de fes grappes de fleurs,
multiplication qui eft d’autant plus grande, qu’il
jouit davantage de la lumière & de l’air.
La diftance à laquelle on place les Poivriers eft
généralement de fix pieds en tous fens.
-. On appe lle chinkaréens, dans le pays, & les tuteurs
, & l’arbre qui les forme. Je n'ai pas pu re-
connoïtre à quel genre appartient cet arbre , mais
il eft peu néceffaire de le favoir , puifque l’objet
eft rempli lorfqu’on en a un qui vient facilement de
bo utures, qui croît rapidement & qui fe garnit de
peu de branches & de peu de feuilles.
Dans quelques cantons, on plante des perches
de bois mort, hautes de dix à douze pieds ou
plus; maison y trouve le grave inconvénient d’être
obligé de les renouveler pendant la durée des
pieds de Poivrier, ce qui nuit prodigieufement à
la récolte de l’année de-cette opération.
- La plantation des chinkaréens a lieu pendant la
faifon pluvieufe, c’eft-à-dire, en novembre &
décembre, & s’exécute de deux manières: ou on
fiche en terre de jeunes branches quelques mois
avant la plantation des Poivriers , branchés qui,
comme je l’ai déjà rapporté, pouffent très-rapidement,
& , étant élaguées convenablement, fournirent
un fupport fuffifamment élevé pour les Poivriers
; ou on plante des branchés de fix pieds de
haut, en même tems que les Poivriers-, Cette dernière
manière eft la moins pratiquée, parce qu’on
a obfervé que les boutures ,-dans ce cas, man-
quoient fouvent oudonnoient des pouffes foibles
& irrégulières. On doit faire en forte que les chinkaréens
filent droit, juiqu’à quinze pieds, hauteur
à laquelle on les arrête pour leur faire pouffer des
branches latérales, leur former une tête, fur laquelle
les branches du Poivrier doivent s’étendre.
Il a été fou vent objeélé que les chinkaréens vi vans
riuifoientpar leurs racines, nui foient par leur ombre
aux Poivriers auxquels ils fervent de tuteurs.
' J’obferve , i°. que lès arbres ne fe nuifent par
leurs racines que lorfqu’iîs font de la même efpèce
ou d efpèces tort rapprochées, & que le Poivrier a
pieu d’analogues parmi les grands arbres ; 2°. que fi
lès feuilles & les bra ches des. chinkaréens nui-
fént une partie de l’année aux feuilles & aux fleurs
des Poivriers , elles leur font utiles pendant les
grandes fécherefies & les grandes chaleurs, ce
qui fait compens ions à^cette époque-même on.
ne farcie pas les plantations, afin.de conferver à
la furface de la terre une fraîcheur qui eft avan-
tageufe au fuccès de la récolte.
Rarement, à Sumatra, on multiplie le Poivrier de
graines , attendu qu’il en réfulteroit un retard de
deux ans au moins dans la production de la graine 5
ce font des rejets ou des marcottes, ou des éclats ,
ou des b o u tu r e sq u ’on emploie aux nouvelles
plantations. Les rejets font toujours très-abon-
dans dans les plantations en rapport. Les marcottes
: fe font naturellement, également en grande quantité
, toutes les tiges couchées , & il y en a conf-
; tamment beaucoup , prenant des racines à chacun
de leurs noeuds..
Les boutures , qui femblent-beaucoup plus faciles
, ne font pas employées , parce qu’on a reconnu
que les pieds qui en provenoient ne por-
toient pas pendant autant d’années que les autres«
On lève les rejets ou les marcottes, ou les
éclats, ou on coupe les boutures pendant la faifon
des pluies, pour les planter de fuite, un de chaque
côté de chaque chinkaréen, & à un demi-pied de
lui. Les jeunes Poivriers qui ré fuirent de cette
■ plantation ont très-fouvent befoin d’être fixés
contre leur tuteur pour pouvoir s'y entortiller
ce qu’on fait avec la feuille d’une efpèce de graminée
quLtient lieu de jonc ; mais du refte on n’en
prend plus aucun foin, jufqu’ à trois ans,qu’i s font
1 parvenus à dix pieds, terme moyen , & qu’iis
; commencent à porter du .fruit,
i A cette époque on fait l’opération qu’ on appelle
\du renverfement, c’eft-à-dire, que lorfque leurs
fruits commencent à mûrir, oncoupe les Poivriers
après les avoir détachés de leur appui, à trois pieds
de terre , & on recourbe la partie de la tige ref-
tante pour faire entrer fon extrémité en terre, à un
pied de fa bafe. Ce bout prend racine, & le pied
acquiert une nouvelle vigueur , porte très-abondamment
la faifon fuivante, tandis qu’il fe feroic
épuife à poufler des branches & des feuilles, & n’au-
roic donné que fort peu de fruit s’ il n’avoit pas
été renverfé. Foyq: C ourbure £P.s branche s.
Le moment à choilir pour exécuter le renverfe-
ment eft très-important ; car s’il eft fait trop toc
ou trop tard , les Poivriers ne porcent plus qu©
deux ou trois ans après.
En opérant le renverfement, on ne lai If i à chaque
pied qu’un , ou au plus deux tiges; le furpîus,
U on a une plantation nouvelle à faire , eft éclaté
oui c-Oupé avec quelques racines , & employé à
cette plantation , cequi fournit de nouveaux pieds
qui donnent fouvent des fruits la même année,
& font en plein rapport la fuivante. C ’eft auflï avec
ces forts pieds éclatés , appelés lado angore dans
le pays, qu’on remplace ceux qui ont manqué dans
la première plantation.
11 eft remarquable que ce moyen de multiplication
ne foit pas exclufivement uficé pour toutes
les plantations nouvelles , puifqu’il fait gagner au
moins deux-ans, ce qui eft un avantage immenfe«