
d'abord indiquer ; car c’ eft pour ne l'avoir pas fait,
que la plupart des phyfiologîftes modernes ne fe
font pas entendus.
Selon Malpighi, Sennebier & autres, le Liber
eft un réfeau d’abord rempli d’un mucilage, qui
n’eft autre chofe que -le Cambium ( voyei ce mot
dans le Dictionnaire des Arbres & Arbuftes ) , qui fe
forme entre l’aubier & l’écorce des arbres de la
claffe des dicotylédons, & qui fert, chaque année,
à créer une ou deux couches d’aubier & une ou
deux couches corticales.
Selon Duhamel & prefque tous les phyfiologif-
tes français, le Liber eft la dernière couche corticale
, celle qui eft la plus voifine de l’aubier.
Voici comme il paroît que les chofes fe paffent :
la fève, toute l’année, mais principalement en
mai 8c août, afflue , après s’ être organifée dans
les feuilles , entre l’aubier & l’écorce ; là , elle
s’épaiflit au moyen d’un principe qui ne nous, eft
pas connu ; des points plus confiftans 8c plus blancs
d un côté, & des linéamens réticulaires, plus colorés
, de l'autre , s’y font bientôt remarquer.
Chaque jour- quelques-uns de ces points blancs fe
fixent fur l’aubier , deviennent parenchymateux
en s’y defféchant, y forment ces petites afpérités
qu’on y remarque, afpérités q ui, liées entr’elles
par de nouveaux dépôts, confirment le nouveau
bois ou l’aubier, & chaque jour quelques parties
du réfeau s’appliquent contre là couche corticalè,
& pendant ce tems il afflue de la nouvelle fè v e ,
qui forme de nouveaux points blancs & un nouveau
réfeau entre le dernier & l’aubier.
Ainfi le Liber de Duhamel n’eft qu’une des parties
du Liber de Malpighi ; il he forme pas le bois
comme celui de ce dernier, & c ’eft faute d’avoir
fait cette diftin&ion, que , je le répète , quelques
phyfiologiftes , qui avoient défini le Liber
comme Duhamel & expliqué la formation du
bois dans les principes de Malpighi, ont foutenu
une abfurdité palpable aux yeux les moins clair-
voyans.
Mais d’où vient la fève qui forme le cambium ?
Je dirai hardiment des feuilles, car tout arbre à
qui on enlève un morceau circulaire de fon écorce,
ne grofiit plus qu’au-deflus de la plaie. C ’eft donc
la fève dcfcendante qui produit le bois , comme
c ’ tft elle qui produit les fruits , ainfi que le prouve
la même operation. Cette fève paffe en majeure
partie emre l’aubier &.la dernière couche corticale,
& fi on en remarque qui fuinte de l’aubier
des couches corticales lorfqu’on écorce un ar-
ibre, c’eft que ces parties en abforbent toujours, 8c
doivent le faire à raifon de leur nature parenchy-
mateufe. Je ne crois pas qu’on puiffe raifonnable-
ment foutenir que le cambium vienne de la moelle 3 malgré que ce foit l’opinion de quelques phyiîolo-
giftes, & furrout que ce foient les éradiations médullaires
qui le portent fous l’écorce; car ces
éradiations médullaires ne .font pas organifées de
manière à produire cet e ffe t, & d’ailleurs il n’y
en a qu’ un très-petit nombre , deux, quatre, fix,
huit, dix au plus, qui atteignent la moelle; Je les
regarde uniquemenrcomme des brides deftinées à
lier les couches du bois entr’elles, & je me fonde
fur l’examen ,, i° . du chêne qui en a de très-grof-
fes , 8c dont les couches ne fe féparent jamais en
pouiriffant; i° . du châtaignier qui les a très-petites,
& dont les couches fe féparent toujours dès
qu’elles commencent à s’a'térer.
Le Liber de Duhamel, ou la dernière couche
corticale, femble être dans la plupart des arbres,
dans le tilleul principalement, diftindle des autres;
mais avec des foins & à l’aide de la macération, on
peut la divifer en couches, qui n’ont pu encore
être comptées, tant elles font nombreuses & minces.
C ’eft ce qui m’a fait dire qu’il s’en formoit
chaque jour.
Comme celles du bois, les couches corticales
font plus épaiffes dans un bon terrein que dans un
mauvais , dans les parties de l’arbre où il y a de
plus groffes racines & de plus grofîes branches.
On peut enlever prefque fans inconvénient les
couches corticales extérieures dés arbres : on le
fait même très régulièrement au C hene- liége
( voyei ce m ot); mais quand on enlève la dernière
, le Liber de Duhamel, l’arbre meurt nécef-
fairement au bout d’ un , deux ou trois ans, parce
qu’ il ne peut plus groflîr. Voye% Écorcement
dans le Dictionnaire des Arbres & Arbuftes.
Lorfqu’un arbre grofiit, les mailles de toutes fes
couches corticales s’a grandi IL nt d’abord comme
celles d’un bas qu’on chauffe , & finiffent par fe
déchirer : dé là les écorces raboteufes du chêne,
du poirier, du pommier, &c. Voyeç Ecorce dans
le Dictionnaire des Arbres & Arbuftes.
Les dernières couches corticales du tilleul, dans
lefquelles fe trouve compris le Liber de Duhamel,
fervent à faire <Ls cordes d’un emploi allez
étendu , à raifon de leur bas prix & de leur durée
dans l’humidité.. Plufieurs arbres des pays chauds
en offrent qui font propres à des ufages analogues.
On vo it, par ce que je viens de dire , combien
la confervation du Liber eft importante aux arbres
; auffi la nature leur a-t-eile donné plufieurs
moyens pour le reproduire lorfqu’un accident l’a
détruit. On peut toujours favorifer fa reproduétion
en garantiffant la plaie de l’aébion de fléchante de
l’air. Voyei Plaie des arbres. ( B osc.)
LICANIE. L i e a n i a .
Genre-de plante qui a auffi été appelé HÉdY-
cree , & dont il a été lait mention à ce mot.
L ICAR L
Arbre de la Güiane , dont le bois a l’odeur de
la rofe. Il eft à croire qu’il appartient au genre
des Lauriers. Voye% ce mot.
K Comme cet arbre n'efl pas encore dans nos jar-
«dins je n’ai rien à en dire de plus. ( Bosc. )
LICHEN. L i c h e n .
B Genre de plante de la cryptogamie & de la fa-
■ mille des Algues , dont on ne peut véritablement
B'cidciver aucune efpèce, quoiqu’on place fouvent
■ beaucoup d’entr’elles dans les jardins de botanique,
mais qu’il eft indifpenfable aux agriculteurs
; d’apprendre à connoître, à raifon de leur grand
■ nombre, de leur abondance, de leur influence
fur les autres végétaux & fur la formation de
B l’humus. Enfin, à raifon de L’utilité qu’on retire
■ de quelques-unes, foit pour la nourriture des
hommes 8c des beftiaux, foit pour la médecine,
.-foit pour la teinture, il eft fleuré pl. 878 des Illuf-
miraùons des genres de Lamarck.
■ On voit des Lichens fur la terre, fur les arbres
iivivansou morts, fur les pierres les plus tendres
' comme fur les plusdures. Les uns offrent des expansions
cruflacées , qui couvrent des efpaces confi-
■ dérables, & dont les racines fortent de tous les
■ points de leur furface inférieure. Les autres présentent
ou des foliations plus ou moins larges,
Jplus ou moins droites, plus ou moins lo.bées, ou
R e s iilamens Amples ou ramifiés , dont les racines
■ partent d’un feul point. Leurs couleurs varient
■ dans prefque toutes les nuances. La faveur de la
■ plupart fe rapproche de ce'le des champignons.
R)n en compte plus de trois cehts efpèces de conspues
feulement en Europe.
■ Beaucoup de perfonnes croient quelles Lichens
■ font des plantes parafites qui vivent aux dépens
■ les arbres & nuifent à leur croiffance; mais elles
prennent l’effet pour la caufe. S’ils font plus abon-
■ dans fur les arbres d’une mauvaife venue, c’eft :
■ qu’ils n’y font pas contrariés, dans leur croiffance,
■ par le rapide grofliffement de ces arbres, groffif-
■ femeht qui les rompt toujours; 8c cela eft fi vrai,
■ que ceux d’une belle venue , mais dont l’écorce
B p fortement crevaffée , en préfentént également
beaucoup au fommet dé ces crevaffes ; fommet
■ jui n eft plus fufceptible d’expanfion. D’ ailleurs ,
B eft quelques efpèces qui vivent également fur
■ es arbres & fur les pierres ; & comment cela
■ pourroit-il être s’ils étoient parafites ? Le vrai eft 1
■ que les Lichens vivent principalement d’air & i
eau. Qui n’a pas obfervé que c’eft dans les tems j
^pluvieux qu ils végètent le mieux \ Qui ne fait j
aque c eft dans le nord 8c fur les hautes montagnes, j
i f p a'^ire, au milieu des brumes, qu’on en trouve
H|ê p.l us?. r ? ^ inH H H $ O
•, ^ *e„s Lichens nuifent aux arbres, ce ne peut
J 0îlf, /etle flu’en s’oppofant à leur tranfpiration
B p ecorce, & en entretenant fur cette écorce j
^ne numidité.confiante. Or ^ c’eft par les faite s.?;
Bnm 6 , 3 B^ande tranfpiration des plantes ; & 1
■ me c eft principalement dans. les ..terreins ,
arides que croiffent ceux qui portent le plus de
Lichens , il eft probable qu’en confervant l’humidité
, ils leur font au contraire utiles.
Les Lichens font un des premiers moyens que
la nature emploie pour former de la terre végétale.
ou humus. En effet, ils croiffent fur les plus
durs rochers, dont ils hâtent la décompofition par
l’humidité qu’ils confervent fur leur furface. En
France, ce font les Lichens cruflacés qui paroif-
fent les premiers. Bientôt la décompofition de ces
efpèces fournit affez de terre végétale pour nourrir
ceux qui font coriaces, puis ceux qui font
foliacés, enfin les frutefeens; enfin, il leur fuc-
cède des moufles, des petites plantes dicotylédones
, & une couche de terre végétale eft formée.
Voyez Humus.
Dans le Nord, quelques efpèces de Lichens,
entr’autres celui appelé fpécialement Lichen des
rennes , fert de nourriture à ces animaux 8c quelquefois
aux hommes. J’ai mangé plufieurs fois ce
dernier cuit dans du lait, & fi j’avois pu le débar-
raffer du fable qu’il contient toujours, je l’eus
trouvé bon, ayant le goût du champignon. Il eft des
cantons en France où on en donne habituellement
aux cochons, & on ne peut attribuer qu’ à l’ignorance
le peu d’étendue de cet ufage dans des pays
fabloneux,oùileft fi abondant. Je parle toujours
du Lichen des rennes, car il en eft qui font de
viplens vomitifs ou purgatifs, d’autres qui font
très-amers; ainfi il faut les cônnoître pour les
employer fous ce rapport : on en trouvera la nomenclature
dans le Dictionnaire de Botanique.
Beaucoup de Lichens , principalement les L ichens
d ’iflande, pulmonaire, contre-rage, aux
aphtes & entrelacé, font employés en médecine.
Un plus grand nombre donne à la teinture des
couleurs, fi non folides, au moins économiques &
brillantes. Les plus en ufage fous ce dernier rapport
font les Lichens rocceüe & pareîle , qui tous
deux croiffent fur les rochers. Le premier eft, pour
quelques parties méridionales de l’ Europe , 8c le
fécond pour les montagnes volcaniques, l’objet
d’un commerce qui autrefois étoic de quelqu’im-
portanc e.
Quoique , ainfi que je l’ ai dit plus haut, les
Lichens qui croiffent fur les arbres ne foient pas
nuifibles à ces arbres , leur préfence femble indiquer
un défaut de foin, & les jardiniers ou pépi-
niéiiftes , jaloux de :fe diftinguer , doivent- les
enlever. On y parvient en les grattant avec le dos
d’ un couteau pendant un tems pluvieux : les imbiber
d’eau de chaux les fait périr ; mais cela
donne aux corps des arbres une couleur blanche
qui n’ eft pas agréable.
La préfence des Lichens qui croiffent fur la
terre ett toujours l’indication d’un mauvais fol auquel,
comme fur les rochers, ils fourniffent de
l’humus par le réfultat de leur décompofition ; ils
fervent d’indication aux acquéreurs. (Bosc