
efpèces d’un fuperbe afpe 6t ouand elles font en
fleurs , mais dont aucune n’ eft cultivée dans les
jardins en Europe. Il eft figuré pl. 591 des Itluf-
trations des genres de Lamarck.
EJpeces.
1. Le P ir ig u a r e à quatre pétales.
Guftavia augufia. Linn. De l’Amérique méridionale.
2. Le Pir ig u a r e à fix pétales.
Guftavia faftuofa. Willd. ï) De Cayenne*
( B o sc .)
P IRIQUETTE : fynonyme de T urnÈre.
PISANY : nom malais de la Ba n a n e .
PISCIDELLE : efpèce du genre L indernie.
Voye[ ce mot.
PISÉ ou PIS AI. On donne ce nom, aux environs
de Lyon, à de la terre battue entre deux planches>
au moyen de laquelle on bâtie, avec une extrême
économie, des murs & même des maifons entière
s , qui fubfiftent plufieurs fiècles.
J’ai vu à différentes fois travailler à pifer dans
les environs de L yon, & j’ai toujours admiré la
rapidité de cette opération, & toujours été étonné
de la folidité & de l’élégance des confirmations qui
en réfultoient, lorfqu’elles avoient été bien conduites
5 aufli fais-je des voeux pour voir fubftituer
le Pile au Bo u s in , au T orchis & autres matériaux
qui forment les murs de tant de maifons de
cultivateurs aifés , murs qui annoncent, par leur
délabrement3 & l’ ignorance & la mifère.
Je n’entreprendrai pas ici de faire un Traité
fur le Pifé, cela regardant le Diftionhaire d'Anhi-
te&urc ; mais les avantages dont il peut être dans
beaucoup de cantons, qui ne le connoiffent pas-,
m’engage à décrire quelques-unes des opérations
auxquelles il donne lieu.
Toute terre qui n’ eft pas purement argileufe ou
purement fabloneufe eft propre au Pifé 5 cependant
la meilleure eft la terre franche, c’eft-â-
dire, celle qui contient de l’argile , du fable & du
terreau par portions égales : on la reconnoît en
ce qu'elle fe prend en maffe dans la main, fans
adhérer aux doigts. On doit cependant encore éviter
les marnes des couches inférieures , qui fe délitent
par la gelée 5 mais lorfqu’elles font mélangées
avec la terre végétale, elles n’ont plus cet
inconvénient. En principe général, c’ eft toujours
à très-peu de profondeur, un pied, par exemple, ?fu’ il faut prendre la terre pour cet objet ; mais il
aut rejeter les racines & les feuilles des plantes,
parce qu’en pourrjfîant elles laiffent des vides nui-
fibles, ainfi que les cailloux un peu gros, & en
- général tous les corps étrangers. On doit aufli rejeter
celle qui eft trop mouillée, comme celle
qui eft trop fèche.
La terre choifie, & I e choix , pour être bon,
doit être fait par un ouvrier habile a il s’agit d e
la divifer le plus poflible, d’en mélanger également
toutes les parties > car c ’eft de l’égalité de
l’enfemble, que réfulte la perfection de la conf-
truétion à laquelle elle doit fervir.
Le moule dans lequel on place la terre à pifer
eft compofé de quatre planches de fapin > favoir :
deux ordinairement de neuf pieds de long fur
deux pieds & demi de large (comme on n’a pas
facilement des planches de cette largeur, on en
affemble deux ou trois enferoble, au moyen de
trois traverfes folidement clouées en dehors),
& deux de même largeur, & de la longueur de
l’épaiffeur qu’on veut donner au mur, épaifleur
qui diminue de quelques lignés à chaque affife ; ce
qui oblige de rétrécir ces petites planches. Les
pièces de ce moule s’alfemblent en forme de caiffe
parallélipipède fans fond, par le moyen de deux
cadres, dont la partie fupérieure eft liée avec une
corde qu’on ferre plus ou moins, au moyen d’un
petit bâton.
On appelle Pïfon un morceau de bois de chêne
de neuf à dix pouces de longueur, & de quatre
pouces d’équarrilfage, renflé en ton milieu, fur-
monté d ’un manche de trois pieds & demi de
long. Il fert à battre la terre lorfqu'elle eft placée
dans le moule.
A chaque moule font attachés fix ouvriers,
trois batteurs, deux porteurs & un tireur de
terre. C ’eft de préférence dans une corbeille que
l’on porte la terre.
L ’époque la plus favorable à la conftruétion du
Pifé eft depuis la fin de mars jufqu’au commencement
d’août, les jours de pluie. & les tems trop
fecs feuls exceptés.
Un confiant état de féchereffe dans l’intérieur
étant la condition la plus effentielle à la conferva-
tion d’un mur en P ilé , on ne peut le fonder dans
la terre 5 il eft donc de toute néceffité de l’établir
fur un mur, ou en pierre, ou en briques, ou au
moins en cailloutages liés avec de la chaux, mur
qui fera élevé de deux ou trois pieds au-deifus
du fol.
C*eft fur ces murs qu’on place le moule ou
les moules , car fouvent pour aller plus v ite , on
travaille en divers endroits à la fois, après quoi
on y verle une corbeillée de terre que l’on bat de
fuite dans tous les fens, puis on en apporte une
autre, qu’on bat de m êm e ,& ainfi de fuite juf-
qu’à ce que tout le moule foit rempli.
Battre la terre n’eft: pas une opération qu’on
| puiife apprendre à bien faire en quelques heures ;
[ elle eft afifujettie à des règles fort minutieufes,
mais elfentielles à fa réuflite 5 aufli les pifeurs font-
| ils les plus inteiligens des ouvriers, & fe paient-
I ils plus cher que les porteurs & les tireurs de
terre. La terre eft fuffifamment pifée lorfque le
pifon ne marque prefque plus fur elle.
Lorfque le moule eft rempli, on le démonte
i pour le tranfporter immédiatement plus loin , à
droite o u i gauche, & recommencer l ’opération>
excepté qu* alors une des petites planches du
moule, ce le qui eft du côte de la portion finie,
devient inutile, cette portion devant être liée à
celle qu’on fepropofe de fabriquer dans ce moule.
Les banchées 3 c’ eft ainfi qu’on appelle la portion
du mur faite par chaque opération, fe continuent
ainfi dans toute la longueur du mur ou
• le pourtour de la maifon ; après quoi, lorfque
. cette première aflife eft fuffifamment fèche pour
' en fupporter une fécondé, pn élève cette fécondé
pofitivement comme la première, en ayant attention
que les banchées foierit plus étroites & recouvrent
les intervalles de celles de la première,
& ainfi de fuite jufqu’ à la fin.
Lorfque la pîuie eft à craindre, les ouvriers, en
quittant leur ouvrage, doivent le couvrir de plan- .
ches ou de larges tuiles pour l’empêcher d’être
mouillé, car elle pourroit y produire une dégradation,
ou au moins retarder le travail du lendemain.
Je le répète, la perfection de ce travail tient à une
jufte proportion d’humidité.
On fait des banchées à extrémités perpendiculaires
& des banchées à exrrémités obliques. Ces
dernières font bien plus folides, mais un peu plus
longues & plus difficiles à conftruire.
A chaque affife, il relie par bânehée quatre
trous qui traverfènt le mur : ils ont été formés
par la partie inférieure des cadres qui lioient les
.deux grandes planches aux deux petites, & fer-
voient à introduire fucceffivement les perches,
fur lefqueiles s’établit le double échafaud nécef-
faire aux ouvriers pour élever les affifes qui font
hors de la portée de leur main. „
Ces trous, contribuant à accélérer la defficca-
tion des murs, ne fe bouchent ordinairement
qu’un an après que la conftruCtion eft: compléte-
jnent achevée,. !
.C’eft dans quelques-uns de ces trous, qu’alors
on élargit, que fe placent les folives deftinées à
fupporter les planchers. .
Lorfqu’on doit conftruire les angles d’ une maison,
on ferre le moule avec deux fergens de^ fer
( inftrument bien connu des menuifiers ) , a l ’extrémité
qui ne porte contre rien , & on place les
affifes alternativement d’un côté & de l’autre de
çet angle.
Lorfqu’on doit conftruire un mur qui fe lie perpendiculairement
à un autre , on a un moule particulier,
compofé dé deux, c’eft-à-dîre, qu un
côté de l’un offre une ouverture dans laquelle
entre l’extrémité de l’autre. C e moule reprefente
un T .
4 Les portés & les fenêtres s’établiffent datfs des
cadres de planches de même largeur que le mur,
cadres dont la partie fupérieure eft toujours, & les
trois autres le plus fouvent, deftinée à relier en
place. J ^ .
La charpente du toit d’une maifon bâtie en
Pifé fe place fur des planches qui recouvrent la
dernière affiffe (tes banchées, mais d’ailleurs ne
diffère que par plus de légéreté de celle des maifons
conftruices en pierres.
Les cheminées fe bâtilfent contre les murs en
P ifé , pofitivement comme contre les murs en
plâtre.
L ’intérieur des appartemens peut être décoré
également de la même manière, en bois ou en
ftuc.
Un mur de Pifé doit toujours être recouvert
d’ un chaperon en tuiles ou en chaume, pour
empêcher les eaux pluviales de le dégrader. Il
peut fubfifter fans être recrépi, mais ce recré-
piffage lui alfure une bien plus grande durée, &
on ne doit pas le lui refufer lorfque la chaux n’eft
pas exceffivement chère. Il fe donne lorfque le
mur eft parfaitement fe c , c’ eft-à-dire, au milieu
dé l’été de la fécondé année de fa conftruéfcion.
On peut l’appliquer avec la truelle; mais il vaut
beaucoup mieux, relativement à fa durée, fe fervir
d’un balai, dans lequel cas la chaux mêlée
au fable doit être bien plus liquide. Cette dernière
manièrea encore pour elle d’être plus économique.
Il eft des maifons de luxe bâties en Pifé , dont
les angles & le tour des portes & des fenêtres font
en pierres de taille. C e font ces maifons, principalement
îorfqu’elles font recrépies de nouveau
quand elles en ont befoin, qui durent fi long-tems.
J’en ai habité une qui avoir plus de cent cinquante
ans d’exiftence conftatee, & qui étoit encore auifi
bonne, que lorfqu’elle ëtoic (ortie des mains de
l’ouvrier.
Quelquefois les maifons de Pifé, conftruites
avec négligence ou avec de la mauvaife terre, s’écroulent
par portions confidérables. Pour éviter
ce grave inconvénient, il eft des perfonnes qui
introduifent, pendant leur conftruélion, plufieurs
longues perches ouplufieurs longues planches étroites
dans l'épaiffeur des murs, ce qui les loutienc
fort bien; mais les ouvriers fe refufent Couvent,
par amour-propre, à employer ce moyen de fécu-
r ité * q u ia , au relie, l’inconvénient de gêner le
pifage. Ces perches & encore mieux ces planches,
étant hors des atteintes des infeétes deftruéteurs
& de l’humidité, fe confervent des fiècles eu bon
éta t, comme j’en ai acquis perfonneUernent la
preuve.
11 eft d’autres perfonnes qui font entrer dans
la conftru&ion de leurs murs de Pifé, ou des
planches couchées en long, & dont les bords
faillent un p eu, ou des tuiles, ou des briques,
ou des affifes de pierres de taille. Toutes ces modifications
ont des avantages & des inconvéniens,
& augmentent la dépenfe, oui doit être la moindre
polfible dans ce genre de batifle.
Les murs en Pifé font très-avantageux pôur la
culture des arbres fruitiers en efpalier, en ce que,
comme dans ceux en plâtre, on peut effectuer
à la L oque (voye% ce m ot) le paliflage de ces
efpaliers, & en ce que la couleur brune, qu’ ils
\ offrent le plus ordinairement, abforbe les rayons
N n n n i j