
hors de terre. Or» I-s combat avec delà chaux /de ;
i i fuie & de la cendre j & ii on ne les fait pas pi- j
rir , on en êcarre au moins la plus grande parcie.
Il eft des années où les chenilles du chou fe j
jettent fur le Pnftel. On peut leur faire la chaffe le j
foir & le matin, & encore mieux prendre leurs
papillons lorfqu’ ils viennent dépofer leurs oeuf?.
Exigeant de bons labours & des binages d’é t é ,
le Faite 1 eft très-propre à entrer, avec avantage y
dans un fyftème d’affolement bien combiné ; il
rendra la terre beaucoup plus propre aux cultures
des céréales, que la plupart des autres plantes annuelles
qui font les objets ordinaires de nos cultures.
On devra donc encore !e considérer fous ce
rapport dans les grandes exploitations ; nuis il y
a lieu de croire, par le refultat des calculs de
M. Giobert, qu’il doit être un objet de moyenne
& petite culture, un feul propriétaire ne pouvant
en cultiver allez pour établir une fabrique fuffi-
famment grande. En effet, d it-il, un arpent'de
terre en Patlel donne cent cinquante quintaux de
feuilles vertes, & chaque quintal deux onces &
demie à trois onces d’ind*.go ; chaque arpent donnera
donc environ vingt-huit livres d’indigo. Sdp-„
pofant.eent arpens couverts de cette plante, on
ne peut en avoir moins pour une grande fabrique,
& le prix de l’indigo à dix francs la livre, on aura
vingt-huit mille francs de produit brut. O r , cent
arpens en indigo exigent un domaine de Sx cent
Soixante-Sx arpens; & combien de propriétaires
jouilfent d’ une telle étendue de terre dans une
même commune ? Et combien y en auroit-il
parmi le petit nombre de ceux qui en joui fient,
qui voulurent la confacrer exclulivement à la fabrique
de l ’indigo ? Ce n’eft certainement pas une
grande fabrique que celle qui rapporte vingt-huit
mille francs par an de produit brut. C ’eft donc à
multiplier les petites indigoteries que le Gouvernement
doit tendre , puifqu’il met tant d’intérêt à
fubftituer dans le commerce l’indigo du Paftel à
celui de l’anü.
Les feuilles du Paftel ne font pas naturellement
du goût des beftiaux ; mais on peut très-facilement
les accoutumer à les manger, & alors elles
deviennent, à raifon de la précocité de leur pouffe,
une reffource pour les nourrir à la fin de l’hiver,
époque où on manque fouvent de fourage lec &
vert. Bohardfch eft le premier qui ait éveillé l’attention
des cultivateurs fur cet ob jet, & fes expériences
ont eu un réfultat très-avantageux. Depuis
lu i, plufieurs propriétaires de troupeaux de
moutonsy ont eu recours & s’en font parfaitement
bien trouvés. Sous ce nouveau point de v u e , la
culture du Paftel doit être faite dans les terreins
fecs & chauds, parce que c’eft la précocité qu’on
doit principalement avoir en vue: on femera plus
épais pour faire compenfatioo.
Arthur Young propofe de cultiver le Paftel
dans ces fortes de terreins, non-feulement dans
çe b ut, mais encore dans celui de multiplier les j
engrais par la coupe de fes feuilles pendant l'été
& l’automne, & leur enfouiffement en vert ou.
leur tranfport lur le fumier. Voye^ Engrais &
R lcoltes enterrées.
Je reviens actuellement à la fuite des opérations
qu’exigent les feuilles, & enfuite la pâte qu’elles
ont produite; pour en former le Paftel en coques;
puis je parlerai en détail des nouveaux procédé
indiqués pour obtenir la fécule dans l’état déplus
grande pureté, principalement de celui de M. Gio*
bert, qui de tous me paroït le plus approch a
de la -perfection.
Auffitôt que les feuilles font arrivées à l'atelier^
on les met ordinairement fous le moulin pour les
broyer ; mais il vaut mieux attendre qu’elles aienc
perdu une partie de leur eau de végétation, c’èft-
à-dire, qu’ elles foient fanées ; car cette eau, eir
s’écoulant dans l’ opération , emporte une partie
de la matière colorante. C ’eft à M. Giobert qu’on
doit la connoiffance de ce fait. Le broyage doit-
être complet. A cet effet on remue continuellement
la pâte, pour que toutes fes parties, paffant fous
la meule, pas une feule nervure n’y refte vifible.
Le moulin employé à cet effet eft le même que
celui qui /ert à broyer les graines huileufes, les
pommes à c id r e , Scc. , c’ tft-à-dire, qu'il, eft
compofé d’une meule en pierre de trois ou quatre
pieds de large & d’un pied d’épaiffeur, qu’un cheval
ou un cours d’eau fait tourner de champ autour
d’un pivot dans une auge circulaire , également:
de pierre. Il eft de ces moulins qui ont un râcloir
qui ramène à chaque tour la matière broyée fous
la meule ; d’autres où on fait cette opération à la
main, au moyen d'un bout de planche fixé à l’extrémité
d’un bâton.
Cette pâte , mife dans une cuve & conduite
comme il eft d’ufage, fermente & donne fa
teinture au bout de quelques heures. IL. feroit:
donc avantageux que les teinturiers de village
cultivaffent le Paftel, le réduififfent en pâte &'
teigniffent de fuite, parce que par-là ils évite-
roient bien des opérations coûteufes & des pertes
de matière.
Ceci me conduit à obferver qu’on a propofé de
deffecher les feuilles d’ifatis, delesréduireenpou-'
dre, & de mettre cette poudre en proportion convenable
dans les cuves de teinture, où elle éprou-
veroit la fermentation qui eft néceffaire au développement
& à la fixation fur les étoffes , de la;
matière colorante qu’elles contiennent ; mais que
cette propofition ne peut pas être admife en grand,
i° . par la prefqu’impoffibilité de deffecher une
récolte entière de feuilles ; i° . par la difficulté de
fa confervation après cette opération ; 30. par
l’inégalité de la fermentation des feuilles fèches
dans la cuve , & l’abondance de parenchyme
qu’elle y porte. En conféquence, je ne m’étendrai
pas davantage fur cette méthode d’ employer les
feuilles de cette plante.
Cependant jl a été reconnu cjueces feuilles*
fouîtes en poudre & miles dans le bain de
teinture, étoient préférables au Paftel en coque
pour y déterminer la fermentation; ainfi il fera
[on o’en deffécher une petite partie pour remplir
cet objet.
La pâte , bien triturée , fe porte enfuite dans
Ja partie la plus élevée d’une chambre attenante,
ouverte à l’air d’ un c ô t é , & pavée de dalles
.inclinées avec une rigole. L à , on en fait un tas
qu’on comprime & qu’on unit le plus pofiible. La
fermentation s’y établit ; le tas fe gonfle, fe
crevafle ; un jus noir s’en fépare , coule dans la
rigole, & de là dans la rue. C e jus eft généralement
perdu ; cependant il contient beaucoup de
molécules colorantes, & peut devenir un excellent
engrais. Il feroit donc bon de le réunir dans
une citerne pour l’utilifer enfuite, au moins l'ous
ce dernier rapport.
La durée de la fermentation de la pâte ne peut
être fixée; quelquefois elle eft de vingt jours ,
d’autres fois de fix mois. Une croûte fe forme fur
les tas. Comme cetre croûte s’oppofe à l’évaporation
des élémens gazeux de l'intérieur, il eft bon
de boucher avec de la pâte.toutes les fentes qui
s’y montrent. Ce n’eft que lorfqu’elle a ceffé de
fermenter, qu’il s’y produit des vers & qu'on la
transforme en coques, c'eft-à-dire, qu’après l’avoir
broyée de nouveau, on en forme des boules
delà grolfeur du poing, boules qu’on fait féchsr
fur des claies fous un hangar, ou fi le teras eft
humide, dans une étuve. ,
Ces coques de pâte de Paftel, qu’on appelle
forée ou cocagne dans quelques lieux , fe confèrent
au grenier dans; des tonneaux défoncés. On
dit qu’elles, augmentent en qualité pendant dix
ans, ce qui n’eft pas facile à concevoir.
Les'coqùes font fouvent frelatées par la cupidité
des fabricans, qui y mêlent de la terre, des
Luilles, &c. Il y a long-tems qu’on follicite l’intervention
de l’autorité publique pour empêcher
cette fraude, qui nuit beaucoup à leur commerce.
velîê fermentation: cette fermentation eftputri le.
Le Paftel raffiné fe vend toujours plus facilement
& plus cher que celui qui ne l’eli pas; ce qui
prouve qu’il a acquis de la perfection aux yeux des
teinturiers.
M. Giobert a cherché à connoître la quantité
de matière, colorante qui fe trouve dans le Paftel
en coque. A défaut d’expériences pofitives, il a
conclu avec Hellot , de .la pratique des teinturiers,
que cent dix livres de Paftel de l’Albigeois
& du Lauraguais équivalent, le.premier à quatre,
& lefecond à cinq livres de bon indigo de Guati-
mala. Qu’à Quû rs, où les. teinturiers font d’une
grande habileté , on eft perfuadé qu’un ru b de
vingt-cinq livres ( la livre de douze onces) ré-"
pond, par fa matière colorante, à fix onces du
meilleur indigo : ces trois fortes font les plus réputées
de l’Europe.
La teinture fortant des attributions ordinaires
de la culture, je n’en parlerai pas ici. Le leCteur
qui voudra la connoître, devra recourir au Dictionnaire
des Manufactures, où fes opérations feront
développées avec beaucoup d’érendue.
Mais les coques de Paftel, avec quelque foin
qu’on les prépare , contiennent fort peu de matière
colorante, en comparaifon du parenchyme
& autres fubftances inutiles à la teinture. Il y a
long-tems qu’on a fenti l’avantage qu’ il y auioic
d’avoir cette matière colorante aufii pure que celle
de l’indigo , dont elle ne diffère pas en principes.
Déjà Arthur & Dambournay en France, Jufti ,
Borth, Kulenkamp & Green en Allemagne, Hy-
rafti, Morrina en Italie, avoient tenté, il y a plus
de vingt-cinq ans , des effais qui avoient été couronnés
de fuccès; mais l'abondance & le bas prix
de l’indigo produit dans les pays chauds ne per-
mêttoientpas d’ en tirer desconféquences utiles au
commerce, & il falloit les circonftances de la guerre
avec l’Angleterre & de la profeription des denrées
coloniales pour donner à cette branche d’induf-
trie toute l’amplitude dont elle eft fufceptible. En
ce moment, grâces aux excitations & aux encourais,
111^ 5 donnés par le Gouvernement & les fo-
ciétes favantes, grâces furtout à l’école établie à
Turin, fousl’infliience de M. Giobert, nous pouvons
retirer des feuilles du Paftel, même avc-c
efpoir de fou tenir, à lapai x, la concurrence commerciale
contre l’ indigo de i’ anil, une fécule pure
qui jouit de quelques avantages fur ce dernier.
Les objets dont on fe fert dans une indigoterie
font, outre les feuilles du Paftel, l’eau , la chaux
& l’eau de chaux , la potaffe cauftique, l’acide
fulfurique, l’alun .& l’huile.
Toutes les eaux ne font pas propres à être em*
ployeés à la fabrication du Paftel : celles qui font
troubles y portent des terres ou des matières animales
ou végétales qui altèrent la beauté de la fécule
; celles qui contiennent de la félénite, du calcaire
, & c . , s'opposent à une bonne fermentation;
elles doivent donc être claires & pures.