
laquelle on mêle, deux ans à l’avance, ou du terreau,
ou de l'argile , ou du fable, félon qu’on
veut la rendre ou plus fertile ou plus confiftante,
ou plus maigre.
J’indiquerai à chacune des plantes à fleurs qu'on
cultive le plus généralement, c’eft-à-dire, aux mots
Jacinthe, T ulipe, Renoncule, Anémone,
Primevère , (Euillet, &c. la nature de la terre
qui leur convient, & la manière de la préparer î
mais je m’abftiendrai de parler de ces compofit ions
baroques ou minutieufes inventées par les flori-
manes , & qui n’ont d’autre mérite que de faire
dépenfer beaucoup d’argent en pure perte.
Des couches font néceflaires à un Jardin à fleurs
d’ amateur, foit pour femer quelques efpèces dont
il eft utile d’avancer la végétation, foit pour avoir
du terreau propre à entrer.dans la compolition des
terres. Aujourd'hui qu'on y cultive des plantes
intertropicales, il ne peut fe pafier de châffis. Un
local pour conferver les oignons & les griffes
qu’on ne laifie pas en terre, doit fuppléer à ce
que la maifon n’ offre pas à cet égard.
J1 eft des Jardins à fleurs d'amateur, où on eft
dans l’habitude de cultiver dans des pots. A ceux-
là il faut de plus des Gradins , fur lefquels on
puiffe mettre ces pots lorfque les plantes qu’ils
contiennent, font en fleurs, Voye^ ce mot.
Le grand foleil accélérant beaucoup le développement
des fleurs, on a dû chercher à l'empêcher
d'agir fur elles, pour alonger d’autant les jouif-
fances quelles procurent. En. conféquence on a
imaginé de placer fur les plates-bandes , des toiles
foutenues par des cercles, toiles qui font affez
éloignées des fleurs pour qu'on puiffe les1 voir fans
gêne & pour que l’ air circule autour d’elles.
Souvent les fleurs .des Jardins des amateurs ont
leur nom ( ou un numéro correfpondant à un catalogue
de ces noms ) infcrit fur un morceau de
bois fiché dans le voifinage de chacune d’elles.
Il eft très-important de foigner cette partie du
travail, afin qu'on puiffe retrouver les racines}
c’eft pourquoi le propriétaire fait ordinairement
lui-même les opérations relatives au déplantage &
au replantage, ou les fait faire fous fesyeux.
Souvent auffi il fe charge des binages, des ar-
rofemens & de tous les petits travaux que nëceffi-
tent les plates-bandes & les fleurs qui y végètent:
c ’eft un plaifir & une occupation pour lui.
La propreté eft le caractère effentiel des Jardins
à fleurs des amateurs. Il ne faut pas qu’ on y trouve
une feule pierre dans les allées , une feule mau-
vaife herbe dans les plates-bandes : les buis feront
taillés plufieurs fois dans l’année. Tout ce
qui eft peint, foit en bois, foit en fer , le fera
auffi fouvent que néceflfaire. La recherche la plus
minutieufe doit régner partout.
Les Jardins à fleurs des fleuriftes peuvent être
comparés à ceux des maraîchers fous beaucoup de
rapports. Leur enceinte n’eft fouvenrqu’ indiquée
par quelques pierres, quelques arbuftes, quelques
reftes de paliffades : tout le terrein y eft utile-
ment employé, & tout le travail qui n’ eft pas
indifpenfable y eft épargné. On tend à faire produire
le plus poflible, le plus beau poffible, avec
promptitude, & pour cela on ne ménage ni les
engrais, ni les arrofemens, ni les binages. Les
fleurs qui durent peu de jours font entre-mêlées
avec celles qui occuperont le terrein plufieurs mois}
de forte que les premières font ôtées quand les
fécondés approchent de leur complet développement.
L’art confifte à calculer, par aperçu, quelle
fera la nature de la vente à telle époque, pour forcer
la multiplication en conféquence. Les couches &
Jes châffis concourent à accélérer la croiffance des
plantes, & par conféquent le moment de leur florai-
fon. 11 faut donc qu'il y en ait. Il y a trente ans qu’on
ne voyoit qu’un petit nombre d’efpèces de fleurs
dans ces Jardins^ aujourd'hui elles y font extrêmement
multipliées. Celles des cinq parties du Monde
s'y trouvent réunies & y profpèrent, quoique chacune
demande une culture particulière. Jadis on
n’y avoit que des plantes herbacées, annuelles ou
vivaces} mais dans ce moment les arbuftes & ar-
briffeaux d'agrément y font communs } ce qui les
rapproche de ceux des marchands de plantes étrangères
, les confond même avec les leurs.
Le travail des jardiniers fleuriftes leur eft profitable,
de deux manières: ou ils vendent les fleurs
coupées aux bouquetières qui viéhnent les chercher
pour les revendre en détail, ou ils vendent
les pieds, foit avant, foit pendant, foit après leur
floraifon. Quoique les bénéfices qu’ils font, foient
fouvent confidérables, il ne paroit pas qu’ ils s’en-
richiffent fréquemment, probablement à raifon
des pertes auxquelles ils font expofés.
J’ai mentionné la culture de toutes les plantes
qui fe trouvent dans les Jardins des fleuriftesj
ainfi il ne s’agit que de favoir le nom de’ telle
d’entr’ elles, pour apprendre à connokre cette
culture, en recourant à fon article.
Je place au fécond rang des Jardins non-productifs
ceux qu’on appelle de botanique, c’eft-à-
dire , dans lefquels on cultive , pour en faciliter
l’étude , toutes les plantes qu’il eft poffible de fe
procurer. Les plus anciens de ces Jardins , ceux
de Paris & de Montpellier, n’ont pas deux cents
ans d’ancienneté, puifqu’ils n'ont été fondés qu’en
1626 & 1670. En ce moment ils font fort multipliés
en Europe, mais ne le font pas encore affez
pour l'avantage de la fcience. On doit regretter
que la plupart de ceux établis en France, pour les
écoles centrales dans chaque chef-lieu de département,
aient été fupprimés.
Un Jardin de botanique étant prefque toujours
dans une grande vilie ou très-près de fon enceinte,
il eft rare qu*il jouiffe de tous les avantages de
la pofition qu’ il fèroit à defirer qu'il eût. L’art eft
chargé de fuppléer à la nature, & il ne le peut
pas toujours complètement. D'autres caufes/ailleurs
s’oppofent à ce que les plantes s’y confer-
■ vent auffi long-tems qu’ailleurs. C ’e ft, 1®. la
méceffité d’y placer les plantes, non félon le ter-
|rein l’expofition qui leur font propres , mais
Idans l’ordre de claffification adoptée par le pro-
Ifeffeur j ainfi la plante des marais fe trouve à côté
îde celle des montagnes, la plante des champs fe
«trouve à côté de celle qui veut l’ombre des grands
fbois ; 2°. les dégâts qu’exercent les élèves qui
■ font des herbiers, & tous ceux qui ont véritable-
iment l’amour de la fcience en doivent faire.
K Les Jardins de botanique font compofés de
trois parties, qui demandent chacune des foins
fdifférens, & dont je dois en conféquence traiter
particuliérement.
L‘école eft la partie deftinée le plus fpécialement
à l'étude j elle doit être, autant que poffible, à
jl’expofïtion du levant ou du midi. C ’eft là que les
|plantes font difpoféesàla fuite les unes des autres,
|& près à près, afin qu’on puiffe les comparer facilement
& en peu de tems, dans des plates-ban-
|des parallèles, écartées au plus de deux pieds,
•|arges de trois à quatre , longues de dix à douze
jloifés au plus, bordées, ou de dales de pierre,
bu de planches de bois peintes, ou en buis ou autre
s arbuftes analogues, ou en plantes vivaces de
petite ftattrre. La terre en doit être relevée en
jdos de bahut, de confiftance moyenne & médiocrement
fumée. On y place les plantes , foit des
deux côtés, foit au milieu, à la diftance d’environ
trois pieds, fauf les exceptions pour les arbres.
Chacune d’elles eft accompagnée d’une étiquette,
æ’eft-à-.dire, d’ une verge de fer de trois pieds de
|png, enfoncée en terre, & au fommet de laquelle
‘eft attachée, ou une planchette defiois de trois
pouces de longfurun& demi de large, ou une lame
de fer, ou un morceau de faïence de même di-
jSienfion, fur laquelle eft écrit le nom de la plante.
K Comme plufieurs circonftances peuvent empêcher
de mettre certaines plantes dans l’école,
quoiqu’ on les pofîède ou qu’on puiffe les poffé-
der à volonté, heaucoup de places n'ont fouvent
que des étiquettes.
» S o u s les rapports de la culture , les plantes
d'une école de botanique fe divifent en cinq
groupes : i° . les plantes vivaces qui ne craignent
Jjas la gelée , & qui une fois miles en place s’y
confervent un laps de tems indéterminé , fans
qu’on s’en occupe particuliérement > 20. les plantes
annuelles qui doivent être femées tous les prin-
tjîms en place, & dont il faut avoir foin, de recueillir
la graine dans fa maturité } 3®. les plantes
des campagnes environnantes, qui fe refufent à la
culture, & qu’on eft obligé d'y apporter toutes
«s années} 4*. les plantes annuelles,qui ont bc- :
foin , pour le ver, de la chaleur du châffis ou de la
couche, & qu’ on a femées dans des pots 5 y°.-enfin,
les plantes exotiques vivaces & frutefcences,
qui exigent, pendant l’hiver ,, l'orangerie ou la ;
ferre, & qui fe tiennent en conféquence dans des i
pots ou dans des cailles.
Il eft quelques moyens artificiels de rapprocher
les plantes qui fe trouvent rangées dans une école
de botanique, des pofitions que la nature leur a
affignées. Par exemple j une plante demande-t-elle
une terre légère ? on met de la terre de bruyère
à la place qui lui eft deftinée, après avoir enlevé
celle qui s’y trouvoit. Une plante ne vit-elle que
dans l’ eau ? on enterre une petite auge, on, la
garnit à moitié de terre , & on la tient toujours
pleine d'eau. Une plante veut-elle feulement un
fol humide ? on la place dans un p o t, & le pied de
ce pot trempe dans une auge dans laquelle on met
une plus ou moins grande quantité d’eau , qu’on
renouvelle d’autant plus fouvent qu’il fait plus
chaud. Si une forte chaleur eft néceffaire à une
plante, on met fur elle une cloche ou une cage
de verre} fi au contraire c’eft: la fraîcheur, on
met devant elle , du côté du midi, un abri en
bois , en olîer , &c. qui empêche les rayons du
foleil de la frapper ( voye{ Parasol ) , ou bien
on couvre de moufle ou de paille brifée la terre
qui l'environne , ce qui retarde l’évaporation de
l'humidité.
Les places-bandes des Jardins de botanique
exigent un fort labour d’hiver, & deux ou
trois binages d’été : leurs allées font ratifiées
trois à quatre fois , félon le befoin & la nature
du fol.
Les plantes qui ne craignent que les très-fortes
gelées font prefque toujours Iaiffées en place
pendant l’hiver, afin d’éviter là dépenfe & les
embarras de leur tranfport dans l’orangerie, ou
feulement parce qu’elles fe trouvent mieux en
pleine terre qu'en pot. Alors il eft prudent d’augmenter
les chances de leur confervation , en les
couvrant, pendant cette fai fo n , ou de litiè re ,
ou de feuilles fèches, ou de fougère. Lorfque
les plantes perdent leurs tiges , on mec ces matières
à plat } mais lorfqu'elles les confervent,
on les enveloppe , foit immédiatement, fo it , ce
qui vaut mieux , après avoir fabriqué autour
d'elles une petite cage'. On doit choifrr le lieu du
Jardin le mieux abrité des vents froids & le plus
dégagé d’ombre, pour conftruire, en regard du
levant & du midi, les couches, les bâches & les
ferres, qui prefque toujours s'accompagnent.
Les couches des Jardins de botanique ne diffèrent
de celles dont il a été parlé plus haut, que.
parce qu’elles font le plus fouvent accouplées
afin de pouvoir plus facilement les réchauffer en
mettant du fumier neuf dans leur intervalle. Foyer
C ouche S'^IV
Les ferais ne fe font pas immédiatement fur les
couches des Jardins de botanique, comme fur
celles des Jardins potagers, mais dans des pots
remplis de terre préparée , pots qu'on y enfonce
jufqu'au bord auffitoc qu'on n’ a plus à craindre
les ' e f f e t s de leur première chaleur. Chacun de
ces pots porte une é t i q u e t t e en plomb ou en bois
offrant un numéro cerrefpoiidant à un citsîogue j