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femailles füivantes, parce qu'elles font les plus
groffes & les plus mûres.
Pour transformer la graine de Moutarde en
Moutarde , on emploie deux méthodes : la première
confifte à la laver, puis on la laiffe fe gonfler
pendant un ou deux jours , pour pouvoir la
piler plus facilement dans un mortier, ou la broyer
dans un moulin à ce deftiné, en y ajoutant un peu
de vinaigre & de fel, & on la garde dans des va-
fes > dans la fécondé., on broie la graine lèche, on
tamife fa farine , & on la ga^de pour la transformer
en pâte au moment du befoin.
Comme c'eft l'écorce feule qui donne la force
à la Moutarde , plus elle eft fine & jaune , &
moins elle eft piquante, il faut la préparer quinze
jours au moins avant de l’employer, parce qu'elle
eft d?abord amère : elle fe conferve mieux en pâte
■ qu'en poudre, pourvu que le vafefoit bien fermé.
On fabrique différentes fortes de Moutarde,
■ en ajoutant à la pâte differens ingrédiens, dont
les marchands font des fècrets. Qui ne connoît les
Mc ut-rdes de Naigeon à D ijon, de Maille à Paris ?
11 eft à defirer que l’ufage de la'Moutarde s'étende
, non-feulement parce qu’elle eft fort faine,
principalement en mer, mais parce que fa culture
entreroit avec avantage dans la férié des affole-
mens.
Dans- quelques lieux on fème la Moutarde, foit
pour la couper en vert & ljemployer à la nourriture
des vacht s & des moutons, qui l'aiment
beaucoup, foit pour l ’enterrer en fleur, & augmenter
ainfi la fertilité du fol. Voye£ Récoltés
ENTERREES. Ces deux pratiques font dans le cas
.d'être recommandé?- s. On peut la couper jufqu'à
deux fo is , & enfuite l'enterrer. Le confeil donné
par quelques écrivains de la couper au moment
où elle entre en fleurs, pour enfuite la laiftèr
monter en graine, eft dans le cas d’être fuivi, parce
qu’il réfùite de cette opération une nouvelle pouffe,
qui fournit beaucoup plus de graines, q u i, par
.cela même qu'elles font plus petites que celles
qu’ auroit données la première pouffe , font plus
propres à faire de la bonne Moutarde , puifque
c'eft l’écorce de la graine qui lui donne fa force.
La Moutarde noire donne, dans les pays chauds,
«ne Moutarde fi forte , quelle ne peut être d'un
ufage habituel ; c'eft pourquoi on préfère y cultiver
la Moutarde blanche 3 plus douce par fa nature
& plus propre à réuftir dans les fols arides &
fecs. La culture de cette efpèce ne diffère pas de
celle de la précédente ; ainfi je ne dois pas en
parier particuliérement. Sa graine eft plus groffe,
moins brune , & fournit beaucoup plus d’huile.
La Moutarde qu'on en fabrique, & qui m'a Couvent
été fervie dans mes voyages, m'a paru bien
plus agréable que celle qu’on confomme à Paris.
J e voudrois donc qu’on la cultivât plus en grand
dans le midi de la Fiance ; je dis le midi de la
France, parce qu'il eft à ma connoiffance que les
e-ffais qui ont été .tentés pour l’introduire dans les
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affoîemens des environs de Paris ont été fans fuit J
u t ile s , parce q u'o n ne p ou vo it la femer avantl'hjl
v e r, par la crainte des gelées de cette faifon y
que les gelées de l’automne la frappoient fouvenl
avant la complète maturité de fes graines. On i l
connoit dans quelques cantons fous Le nom d l
plante a beurre, à raifon de l'abondance de lait gl
de beurre qu'elle procure aux vaches. Elle fouffrl
deux coupes & un pâturage.
L e s feuilles de ces deux fortes de Moutarde!
peuvent fe manger crues,comme les falades, 0J
cuites comme les choux $ cependant on ne le|
emploie nulle part en F ra n ce , à ma connoiflancel
fous ce rapport. Il n’en eft pas de même en Chine!
où on cultive, uniquement pour la nourriture d l
l’homme, lesefpèces indiquées comme propres!
ce pays. N o u s n’avons aucun renfergneu.ent furll
mode que les C h in ois ont adopté pour leur culf
ture ; mais il eft facile de fuppléer, par l’analogie!
à notre ignorance à cet égard.
T o u te s les Moutardes peuvent être fubftituéesl
plus ou moins , les unes aux aut res, pour lel
objets ci-deffuvj mais fi elles peuvent être utiles!
elles peuvent auffi être nuifib ies ,lorfq u’eilesfonl
trop multipliées dans les champs femés en cél
réales. C ’eft celle des champs que les cultivai
teurs du centre & du nord de la France, qui la
connoiffent Tous le nom de fanver font lé p H
fouvent dans le cas de redouter : en effet, elleefl
quelquefois fi furabondante , qu'elle fembFe étrl
femée exprès, q u ’elle rend les champs tout jaune!
lorfqu’elle eft en fleurs, & qu'elle ne permet qu'l
une partie des pieds des céréales d ’arri ver à bien!
O n la diftingue du R a i f o r t raphanistrI
( voye% ce mot ) , fouvent auffi multiplié qu’elle!
à fes fleurs parfaitement jaunes. I l eftr de tout!
bonne agriculture de la faire difparoitre ; mais cl
n’eft pas par des farclages, moyen qu'on emploi!
ordinairement, q u 'o n peut arriver à ce but , parc!
qu'elle donne des graines pendant prefqué toufl
l’été, & que ces graines , lorfqu'elles font enter!
rées à plus de trois p o u c e s , reftent en état de gerl
mer, jufqu’à ce que les labours les ramènent à 11
furface. U n bon affolement & un emploi de fe!
mences parfaitement nettes font fe uls, avec 11
tems, propres à l'empêcher de fe propager : ainfi J
aux céréales il faut faire fuccéder des récoltes qui
exigent des binages d’été pour faire mourir toul
les pieds qui lè v e n t , & enfuite des prairies artifil
cielies qui produifent le même effet ; ainfi, a i
lieu de femer le feigle, le froment, l’orge &.1*T
voine , tels q u'ils forcent de deffous le fléau,oi
les crible de nianière qu’i l n 'y refte pas une graine"
étrangère. :,J -• ■ ir’ • . I
L e pain dans lequel il entre beaucoup de grait»!
de cette M o utard e prend un léger goût âcre c i
amer , mais n ’eft pas dangereux pour la foncé. _ I
Les petits oifeaux granivores vivent en partIjj|
de cette graine pendant l’h ive r, lorfqu’elle e I
ramenée à la furface par l’effet des labours,
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■ brte qu'il n’ eft jamais dans les intérêts des cul-
ivareurs de les détruire, comme ils le font fi
Souvent.
m Les Moutardes q uife trouvent en ce moment
lans nos jardins de botanique font les noS. 1 , 2 , 3,
l < ,6, 7 , 9, 11 > !4 j i f» 16» 2 2 * 24 j
Routes, excepté les 4 & 2 1 , fe fèment en place
iprintems, & ne demandent d’autres foins que
ftetix qui fe donnent g tous les jardins : les deux
■exceptées exigent l’orangerie pendant l'hiver &
le multiplient de boutures. ( B osc.)
I MOÜTARDON. C ’ eft la Moutarde blanche
dans quelques cantons.
! MOUTONS. Ce mot peut être pris dans deux
lens : on s’en fert pour exprimer un genre entier
lie quadrupèdes de la claffe des ruminans, dont
la peau eft ordinairement couverte de laine > on
; reftreinr auffi à ceux des rn^ks de ce genre ,
■ qu’on a privés de l'ufage des organes de la repro-
Buftion. Je l’ ai confidéré fous l’un & l'autre rap-
|j)ort, furtout fous le premier, lorfque j'ai traité
[es Betes a laine (voye? ce m o t). J’ai di-
Ivifétout ce que j’avoisà en dire en trois articles,
[ans le premier, j'ai parlé de ces animaux, quant
1 phyfique des individus ; j’ ai parlé des efpeces
1 races & variétés des troupeaux d’Efpagne,
l ’Angleterre, de Francéj de la taille, des âges
K: de la laine. Le deuxième a eu pour objet, la
manière d’améliorer ces animaux j j'y fais voir
somment on doit compofer un troupeau, faire
»oyager les bêtes, les allier, & par conféquent
[hoifir les béliers & les brebis deftinées àa ev e-
Inir mères j quelle eft la faifon de les réunir j quels
■ oins on doit avoir des femelles pendant la gefta-
■ ion, dans leur agnellement&l'alaitement; fuirent
le fevrage des agneaux, la callration des
■ mâles, même des femelles, lafeétion de la queue,
[nourriture de tous les individus, leur boiffon,
■ engraiffement des agneaux, des Moutons &
lnoutonnes,laconduitedes troupeaux aux champs,
leurs logemens & le parcage. C ’eft au troifième
Bitide que j'ai placé les produits qu’on en retire,
■ qui confiftent dans la vente des agneaux, des béliers,
des vieilles brebis & des fromages^ dans
■ engrais ou fumier de la bergerie & du parc j
pans la tonte. Je fais connoître le lavage des laines,
les infeétes qui les attaquent, & la valeur de
■ ette matière. Voulant ne laiffer à defirer que le
■ moins poffible fur ces animaux, j ai configné eh-
pite les renfeignemensque ieme fuis procurés fur
jfôpays qui en fourniffent a la confommation de
Paris, for les différences qui exiftent entre les
gloutons d’ une province ou d’une divifion de
■ Province & ceux des autres : i°. par la manière
P°ntils font châtrés j 20. par celle dont ils font
! jn&raiflës& par leur poids S 30. par la qualité
P e leur chair } 40. par la quantité & la qualité de
leur fujf. ^oi par ja QUa]iré Sc le poids de leur
loilon j 6°. par la qualité & l’emploi des peaux }
P'na, j;ai donné le nombre de Moutons & d’a-
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gneaux qui fe confommoient dans la capitale en
1785. A cette époque, j'ai cherché à mettre les
leébeurs au courant de l’état où en éioient les-
connoiffances fur les bêtes à laine..
J’aurai à ajouter, à ce qui précède , quelques
points, & ce qu’on a .acquis de lumières depuis
que. j'ai traité l’article Betes a laine.
Je ne répéterai donc point ici-.ce que j’ai die
au mot Betes a ’la in e , çe feroit, faire un double
emploi i mais je donnerai une forte de fupplémenc
à différens objets, & j’en ajouterai d'autres fuc
lesquels on n’avoit pas les données qu'on a obtenues
depuis .1791.
Ages des bêtes a laine.
C'eft par les dents qu’on juge de l’âge de$'
bêtes à laine. A h page 199,, tome II de ce Dic^-
tionnaire, je n’ai qu’effleuré cet objet} je vais ici;
le développer,, d’après l’inftruébion que j’ ai publiée
fur les bêtes à laine en 1811-
On divife les dents des bêtes à laine en pinces
premières mitoyennes , fécondés mitoyennes &
coins. Les deux pinces occupent le milieu; les-
deux premières mitoyennes font à côté d’e lle s ,,
l’ une à droite & l’autre à gauche 5 chacune des^
deux fécondés mitoyennes-touche une des deux
premières ;. les deux plus éloignées des pinces-
s'appellent coins.
Les bêtes à laine n’ont des inciftves qu'à la
mâchoire inférieure ou poftérieure; un bourrelet
cartilagineux en tient lieu à 1a mâchoire fupé-
rieure ou antérieure. La première année il paroît
huit dents incifives, qui font des dents de lait;;
l'animai porte alors le nom à'agneau, ou d'agnelle p.
félon qu’il eft mâle ou femelle. Il naît avec ces huit
dents, ou s’il lui en manque quelques-unes, elles
ne tardent pas à percer; elles ont peu de largeur,
& font tranchantes par le bout. La fécondé année,
les deux pinces, ainfi nommées parce qu'elles
prennent l'herbe en la preffant , tombent pour
être remplacées par deux nouvelles.,, plus larges
que les fix autres qui reftent. La troifième année,
les deux premières mitoyennes tombent à leur
tour;, il leur en fuccède deux larges, en forte
qu'il y a alors quatre dents larges & quatre étroites
c ’eft-à-dire quatre de lait. L’année luivante,
: les deux fécondés mitoyennes ont le même fo r t ,
& difparoiffent en faifant place à deux larges;
enfin, la cinquième année,les deux coins ne fub-
fiftent plus, & les huit dents font toutes des
dents larges. Dans cet ordre général de la nature,
il y a une exception pour la race des mérinos,
furtout quaad ils font bien nourris. La chute de
leurs deux premières dents d’agneau ou de lait
précède le plus fouvent de fix mois, l ’époque de
celle des races indigènes.
Cela vient-il de ce que les mérinosTont origi-
; naires du Midi, ou de ce qu’on les nourrit mieux ?
■ Les deux caufes peuvent y concourir. Quand