
il offre des variétés fi importantes 8c fi nombreu-
fes, que partout où j'ai habité, j‘en ai vu qui différaient
de celles cultivées aux environs de Paris,
& cela devoit ê tre , puifqu’il eft*depuis un grand
nombre de fiècles, l'objet des foins de tous les
peuples policés. Voye^ V ae.iete.
Pour faciliter l'étude de ces variétés, on les a
divifées tic fubdivifées.
La première divifion comprend les Pois à gouffe
coriace comme le parchemin , & qu'on ne peut
manger} elle fe fubdivife en Pois nains & en Pois
ramés.
. La fécondé réunit les Pois dont la goufle n'efl
pas coriace, tic peut fe manger.
Voici , dans l'ordre de leur maturité, 1a, lifte
des Pois nains qui fe cultivent aux environs de
Paris, tic qu’on peut fe procurer., pour la reproduction
, dans la maifon de comme/ce de M. Ville-
morin, grainetier en cette ville.
Pois de Francfort ou Michaux de Hollande. Sa
tige s’élève d’environ dix-huit pouces ; fon rapport
eft très-avantageux.
Pois Baron. Sa tige eft plus haute que celle du
précédent, mais fes gonfles font plus petites, &
les graines font moins fucrées.
Pois de Blois. Il eft plus petit dans toutes fes
parties.
Pois nain à bouquets. On ne le rame pas ; fes
graines ne font pas excellentes, mais elles font
très-abondantes : c’ eft lui qu’on cultive le plus aux
environs de Lyon.
Pois Michaux , Pois chaux, Pois hâtif ordinaire
, Pois quarantain. La confommation de fes
graines, qui fe fait à Paris, en vert (en petits
Pois ) , eft immenfe; elles font tendres , fucrées tic
abondantes. Scs tiges s'élèvent jufqu’à trois pieds.
Pois crochu. Il a l'extrémité de la goufle plus
crochue que celle des autres variétés. Apert le
regarde comme le plus fucré tic le plus propre à
être confervé en vert par la méthode qui lui,eft
propre.
Comme la culture de ces diverfes variétés de
Pois hâtifs eft un peu différente de celle des autres,
j’en parierai particuliérement.
Quelques maraîchers des faubourgs de Paris
lement des Pois hâtifs fur couche & fous châflis
pour fatisfaire au luxe des riches Sybarites de cette
v ille, qui en paient les produits jufqu'à 300 francs
le litron , quoique ces produits foient de peu de
faveur tic aient fouvert le goût de fumier. Ce
n'eft que par des foins cooftans tic difpendieux
qu’on peut parvenir à les obtenir, & on n’eft jamais
certain d’arriver à un réfultat avantageux,
puifqu'il ne faut qu'un oubli d’ouvrir ou de fermer
le châflis, pour tout voir périr en quelques
minutes. Je ne crois pas devoir m'étendre plus au long fur ce qui a rapport à certe culture, qui, â mon avis, n'eft pas dans le cas d'être encouragée.
Il en eft de même de la culture des Pois fur î
couche n u e , culture moins favante, tic dont les !
produits font moindres &plu$ incertains, à raifon,
i° . de la tendance qu’ont les Pois à s’étioler, tic
par conféquenr à ne point donner de graines lorf-
qu’ils pouffent trop rapidement j 20. de la plus
grande aétion du froid tic du chaud fur ceux qui
ont ainfi pouffé.
La feule culture avivée par le moyen des couches
que doive fe permettre un amateur de pe-
tics Pois , encore fouvent n'y gagne-t-on rien ,
c’ eft celle qui confifte à femer les Pois dans des
petits pots, quatre à cinq dans chaque , à enterrer
ces pots dans la couche, tic lotfque les Pieds
ont acquis deux ou trois pouces de hauteur , à les
mettre en terre en motte, contre un mur expofé
au midi. J infifte fur le mot en motte, parce que
les Pois tranfplantés â racines nues ne profpèrent
jamais ; bien entendu que ces Pois fur couches feront
abrités des gelées par des paillaffons , arrofés
tic binés aitbefoin.
Je crois donc qu'il faut généralement fe contenter,
pour avoir des petits Pois de primeur aufli
bons que poflible , tic à un prix raifonnable , d'en
femer la graine à diverfes époques de l’h iver,
quand le tems eft doux, c'eft-à-dive, tous les quinze
jours depuis oftobre jufqu’en mars , dans une
terre légère, fur des A dos (voye% ce m o t ) , au
pied d ’un mur expofé au midi, tic les couvrir de
paillaffons toutes ies fois que ces gelées feront à
craindre. Si un des femis périt par l’effet de ces
gelées, le précédent, qui étoic plus for t, y réfif-
tera, ou le fuivant, qui n’étoit pas encore levé ,
le remplacera. Ces femis, du relie, font conduits
comme il fera dit plus bas.
Quelques jardiniers font avec des cercles de
tonneaux, enfoncés en terre tic liés entr’eux par
des perches, des efpèces de berceaux j qu'ils recouvrent
de feuilles fèches, de fougère ou de lir
tière. Les Pois font plus à l’abri fous ces berceaux
que fous de fimples paillaffons, mais ils s'y étiolent
davantage, & lorfqu’on les met à l'air, fi le
tems n'eft pas doux tic pluvieux , ils rifquent d'être
frappés du Fr o id ou du Ha l e . Voye% ces mots.
Plus tard, c'eft-à-dire, à la fin de mars, quand
les fortes gelées ne font plus à craindre, on fème
encore des Pois nains hâtifs, en même tems que
les Pois à rames, dans les planches du jardin, afin
qu’il n’y ait pas d'interruption dans la production.
L ’époque des gelées paflée, on donne un binage
tic on rame les Pois hâtifs» ca r , quoique de petite
taille, les rames, en favorifant le développement
de leurs -rameaux , leur font utiles. Quinze jours
après on bine encore , tic c ’eft la dernière fois;
car alors ils ne tardent pas à entrer en fleurs.
Le pincement eft plus de rigueur dans les Pois
nains de primeur , que dans tous les autres j ainfi
;
il ne faut pas le négliger lorfque le moment de fe
j
faire eft arrivé. K o y e \ Pincement.
Actuellement je p^ffe à la culture des Pois nains
de primeur en plein champ, culture, je le répète^
' très-importante aux environs de Paris, tic qui offrs
des faits dignes d’attention aux yeux des amis de
la fcience agricole.
La terre qui convient le mieux aux Pois nains
hâtifs eft celle qui eft fabloneufe, parce que c’eft
celle qui perd le plus promptement l'excès d'humidité
, réfultat des pluies ae l’hiver, & dans laquelle
la chaleur atmofphérique pénètre le. plus
facilement > aufli eft-ce dans les plaines du Point-
du-Jour, de Clichy , de Gennevilliers, de Colombe
, de Houiile, & autres femblables des environs
de Paris , qu|#n en voit le plus.. Quelquefois
on forme, dans cès plaines, des abris avec de la
paille fixée perpendiculairement en terre , tic retenue
au moyen de deux échalas parallèles. Comme
cette terre eft fort maigre, tic que les Pois qui
donnent leur graine l’épuifent, on n’en met dans
le même lieu que tous les fix ou fept a n s ,.&
même , au dire de M. Sageret, qui a poffédé une
propriété dans la première de ces Plaines , que
tous les dix ans. Toujours les cultivateurs préfèrent
, d'après le même agronome , les champs qui
n’en ont jamais porté, tic en conféquence en
paient un loyer plus cher. Comme le fumier frais
leur communique fon odeur tic les fait pouffer en
tiges & en feuilles , au détriment des graines , on
cherche à le fuppléer par du terreau bien con-
fommé, des débris de végétaux depuis long-tems
accumulés, des immondices de rue laiflés à l'air
depuis plufieurs années, des tranfports de terre ,
& furtout par des défoncemens, des binages répétés.
Un labour très-profond à la houe à large fer eft
donné, au commencement de l’automne, à la terre
deftinée â recevoir des Pois de primeur j quelquefois
cependant on fe contécte de celui fait à la
charrue. Quinze jours avant le femis, on forme de
petits ados dirigés du levant au couchant, afin de
donner des abris au plant, au moment où il fort de
terre. Voyeç A d o s .
La graine de Pois qui a plus de deux ans eft regardée
comme peu propre au femis , & toujours
on préfère celle de la dernière récolte. Rarement
on la fait tremper dans l'eau pour accélérer fa germination
, parce qu'il eft à craindre que cette germination
s’effeétue dans une terre trop fèche , ce
qui expoferoit la radicule à périr. Dans les terres
fraîches par leur nature, cet inconvénient n'eft
point à craindre , ainfi que je l ai déjà obfervé.
On fème les Pois , tantôt dans de petits A u -
gets (voyez, ce m o t) , cinq à fix dans chacun,
formés avec la houe au pied des ados, & efpacés
de huit à dix pouces j tantôt dans une rigole pratiquée,
à l'aide du manche dé cette houe, le long
du pied de ces ados. Dans le premier c a s , la terre
du fécond augetfert à recouvrir les Pois mis dans
le premier, avec une ou deux poignées de terreau,
par la femme ou l'enfant qui fuit celui qui les
forme, tic il en met environ un pouce depaiffeur;
dans le fécond cas, on met les Pois & le terreau
dans la rigole après qu'elle eft entièrement creufé
é , & on les recouvre, au moyen de la pioche »
avec la terre prife fur l'ados voifin.
Deux efpèces d'ados s'élèvent dans les plaines
des environs de Paris : les plus communs font ceux
dont je viens de parler, tic ils ont moins d’ un pied
de large à leur bafe; les autres ont trois pieds, tic
reçoivent trois rangées de Pois.
Toutes ces opérations fe font très-vite tic très-
bien , par l'habitude qu’ont acquife ceux qui les
exécutent.
Ainfi ferrés , les Pois", fi le tems eft favorable-,
lèvent au bout de quinze jours, tic acquièrent,
avant les gelées, affez de force pour réfifter à
celles de ces gelées qui ne patient pas fix ou fept
degrés au-dtflous de zéro? quelquefois, furtout
s’ils font mis plus tard en terre , ils ne germent
qu'en février ou mars : lorfqu'ils périffent, on a la
reffource, ou d'en mettre d’autres, ou de femer
des haricots , des pommes de terre, en place , ou
d'enfemencer le terrein en avoine, en orge, ticc.
b Aucune opération agricole n’eft néceflàire, en
hiv e r , au Pois nain de primeur ainfi femé en plein
champ ; mais dès que la chaleur du printems commence
à ranimer leur végétation , on leur donne
un premier binage, tic quand ils entrent en fleurs,
on leur en donne un fécond. En faifant ce fécond,
on chauffe les Pois aux dépens de la hauteur des
ados, hauteur qui peut alors être diminuée fans
inconvénient.
Jamais on ne rame, aux environs de Paris , les
Pois nains de primeur en plein champ, parce que
cela-feroit très-coûteux ; mais pour rendre cette
opération moins néceflàire, on a foin de les efpa-
cer davantage tic de les pincer plus tôt.
En mars tic en avril on fème encore beaucoup
de Pois de primeur aux environs de Paris, mais
alors on les place dans les terres franches tic de
bonne nature.
Il en eft de même de ceux qu'on fème à la fin
d’août ou au commencement de feptembre , pour
en manger les produits depuis oêlobre jufqu'aux
gelées. Cette dernière Culture, à laquelle les Pois
ramés conviennent autant, eft fort peu importante
aux environs de Paris.
Lorfque la troifième ou quatrième fleur des
Pois nains eft épanouie, on pince l'extrémité de la
tige pour l ’empêcher de fe prolonger davantage,
& faire tourner entièrement la fève au profit du
fruit, foit relativement à fa groffeur, foit relativement
à fa maturité (voye[ Pin cem ent) , tic
immédiatement après on donne le troifième tic
dernier binage.
Huit à dix jours plus tard, file tems eft d’ailleurs
favorable, on peut commencer à cueillir les goufi»
fes des petits Pois, tic continuer fans interruption
jufqu'à ce qu’elles foient entièrement épuifées.
Le fuccès d’un femis de Pois de primeur en plein
champ dépend principalement de la régularité
de la fucceflion des pluies tic des chaleurs. Les