
au moyen de la difpofîtion en rangées de ces cultures
,& de l’ ufage dés houes à cheval ou des charrues
à biner.
L'époque des Labours n’eft pas affez fixe pour
qu’on ne puifie l’avancer ou la retarder de quelques.
jours j mais il ne faut pas cependant, comme
beaucoup de cultivateurs , ne les faire que lorf-
qu'il n'y a pas d'autre emploi à donner aux chevaux
on aux boeufs.
Dans les terres des environs de Paris on ne laboure
guères, terme moyen, relativement à la
longueur des jours , la force des chevaux & la ténacité
de la terre , que quatre-vingts perches par
jour j c e fi- à-dire , un peu moins d'un arpent.
Ailleurs , où la terre eft plus légère, on fait un
peu plus d’un arpent dans les mêmes ci r confiances.
On doit labourer les premiers , au printems A les
terreins fecs & légers, parce qu’ils font propres à
l ’être en tout rems, & qu'étant les plus précoces,
il devient avantageux de les enfemencer le plus tôt
que faire fe peut.
Les terres compares doivent être labourées
après la pluie qui les attendrit 5 mais lorfqu’eilcs
(ont trop imbibées d’eau, elles ne peuvent plus
l'être. Ces fortes de terres, qui font très-fréquentes,
font les plus difficiles à labourer. J’ai vu
être obligé d'en laiflèr en friche certaines années,
parl’impoflibilité de trouver le moment d'y mettre
la charue en tems convenable. Elles fe labourent
généralement les dernières.
Quelques cultures, d'après les expériences d‘Ar-
thur-Young, demandent des Labours d'automne
plutôt que des Labours de printemsj celle des
fèves de marais eft du nombre. Je crois qu’ici cet
agriculteur a pris pour exception un fait général y
car, d'après ce que j ’ai obfervé plus haut, on peut
conclure, contre fon avis, que les Labours d’automne
font préférables dans cous les cas poflibies.
Il eft quelques cantons en Angleterre où on fait
biner les jachères quelque tems avant de les labourer.
Cette pratique , que je n'ai pas vu ufitée en
France, me paroic excellente en ce qu'elle fait
immanquablement périr toutes les mâuvaifes herbes
, tandis que le Labour en enterre beaucoup
qui repouffent peu après.
Les agriculteurs varient beaucoup d'opinion
fur le nombre des Labours qu’il convient de donn
e r a i terre deftinée à être enfemencée en froment.
Partout l ’ufage femble feui les guider : je
vais développer les principes.
Divifer la terre , étant le principal but des Labours,
plus elle fera tenace & plus il faudra lui en
donner ; donc les terres légères en demandent
moins que les autres.
Ainfi que je l’ai annoncé plus haut, les Labours
d’été étant aufli nuifibles que les Labours d’hiver
font utiles, on en donnera moins dans les contrées
méridionales que dans les contrées feptentrio-
nales.
Dans les climats intermédiaires, comme dans I celui de Paris, on ne multipliera les Labours d’hi. I
ver que dans les terres fortes ou. lorfqu’on aura I
intention de cultiver des plantes à racines pivo-,1
tantes, comme les C arottes, les Betteraves I & furtout la Luzerne. F o y e i ces mots.
On regarde généralement dans les pays de ja- I
jachères, trois Labours comme le nombre nécef- I
faire aux terres à froment: Arthur-Young établit I
qu’ il en faut quatre. Il eft des terres fortes qui en I
reçoivent fix & fept dans ce cas.. Mais.sont-i's I
toujours bien néceffaires ? c’eft ce dont il eft per-1
mis de doutera L’économie, fi néceffaire en agri-1
culture, oblige à les ménager 5 car il n’eft pas I
poflible qu’un blé qui les a reçus, (dutienne dans I
les marchés la concurrence avec ceux qui n’en ont I
exigé qu'un ou deux.
V . Yvart & les agriculteurs qui ont adopté un I
affolement régulier, croient que le nombre des I
Labours peut être diminué fans inconvénient dans I
un grand nombre de circonftances, fans nuire,aux I
produits des récoltes. Par exemple dans les terres I
légères, dans celles qui font fuffifamment fumées, I
lorfqu’on.fèmq, immédiatement après la récolte, I
des graines de plantes qui pivotent peu , comme I
la fpergule , les raves,. le sarazin, la vefce, &c. I
On peut, de plus,, les remplacer fouvent par de I
fimples binages , au moyen d'une houe à cheval, I
pourvue d’un grand nombre de focs qui expédient I
la befogne huit à dix fois plus vite, & remplirent I
fouvent aufli bien l’objet qu’on a en vus* Que I
d’économie préfente ce dernier inode de culture! I
Par exemple il eft un grand nombre de cas où on I
donne coup fur coup plufieurs Labours, unique*I
ment dans l'intention d’ammeublir la furface dela i
terre, foit parce qu'elle a été plombée par desI
pluies d'orage, foit parce qu'elle préfente de trop I
groffes mottes, foit parce que fa furfaceréft trop!
defféchée, &c.
Dans certains cas, on dit avantageux de faireI
un Labour fuperficiel & un Labour profond} le
fécond croifant le premier, afin de bien mélanger
les terres.
Lorfqu'on donne plufieurs coups de charue à la
même terre , il eft bon qu'ils foient impairs, afin I
que la’ terre qui étoit à la furface, & qui eft la I
plus épuifée des principes propres à la végétation, I
refte définitivement au fond. C ’eft un principe au* I
quel on ne fait pas affez attention dans la pratique!
jouinilière.
C'eft de la nature du fol & du but qu’on fe pro* 1
pofe, que dépend la profondeur des Labours.!
Les champs qui n’ont que trois pouces de bonne!
terre, ne peuvent pas être labourées à fix > ceux I
qui doivent recevoir* des plantes à longues racines
pivotantes, le feront aufli profondément que P0l' l
iible, ainfi que je l'ai déjà obfervé : le taux coiii'i
mun eft entre quatre & huit pouces.
En Angleterre, & dans quelques parties du
nord de l’Allemagne, on donne de loin en l°inl
ae$!
des labours très-profonds, c ’eft-à-dire, de huit',
dix & douze pouces, furtout aux terres argileufes,
mais on fe contente enfuite de leur en donner de
légers j & on fe trouve bien de cette méthode,
qui eft due à M. Duchet.
Certaines charues ont un foc très-étroit & une
oreille qui ne defcend pas jufqu’ à la partie infé-
rieuredu fep. Il réfultède cette difpofidon qu’elles
femblent faire un bon Labour, parce que la fur-
face de la terre eft retournée $ mais le vrai eft
qu’elles n'entamént que la moitié de la raie, ne
; coupent que la moitié des racines : on doit.îdonc
■ les profcrirede toute exploitation bien conduite,
■ Lorfqu’on laboure les terres plus bas que la
! couche, dite végétale , on s'expofe à les rendre
ï infertiles pour plufieurs années , parce que celle
du fond ne contient pas d'humus, & n'eft pas .
I faturée des principes de l’air, ou parce qu’ elle ;
i renferme une grande quantité de pierres. Il eft
1 cependant des cas ou le mélange de cette féconde
à coucha eft avantageufe; c'eft quand elle eft plus
I ou moins légère que celle de la furface ; c ’eft
f lorfqu elle contient de la marne. ( Foye^ Pis r -
I res & Marne). Il faut voir la localité & même
I Lire quelques expériences pour juger de ces
i cas.
j - Je ne parlerai ici ni des Défriche mens ni des
I Defoncemens, parce^qu'ils ont été l’objet d’articles
particuliers. Voyei ces mots.
■ Il réfulte de ce que je viens de dire , que les
Labours profonds ont plus befoin d’engrais que les
Labours fuperfi ciels, & Arthur-Young l’a conftaté
■ par des obfervations pofitives.
: Tout Labour ayant pour but, comme je l’ai déjà
j dit plufieurs fo is , de divifer la terre en molécules
j infiniment petites, pour en faire un bon, ondoie
Éprendre fort peu d'épaiffeur-de terre à chaque
r r,a,.e ? ^ eftec c eft ce que font les laboureurs
Iéclairés, mais dans les pays pauvres, on croit
I avancer la befogne en en prenant autant que le i
Ipermet la force de la charue & d e l ’attelage j 1
[mais le plus fouvent on en perd réellement, puif-
I qu on eft foicé dé labourer plus lentement, &
I puifqu fi devient néceffaire de recommencer ,
| comme je l^i déjà fait remarquer. Je me fuis quel-
fquetois plaint de ces mauvais Labours à ceux qui
g e s executoient, & ils fe juftifioient en difant que
,es ^ uies» les fechereffes,les' gelées, émietteroient
ges m itres qu’ils faifoient, qé qui arrivoit en effet
SI ^ onmo^inspiomptement j mafs dans l'intervalle
I I r î. ■ ■ La,j)our* quanta'la -fixation des gaz ar-
|mofpher1ques étoitnul,& j’ai indiqué les motifs
de voient faire defirër qu'élle eut lieu. Dans
■ quelques endroits, cette forte de Labour, qui
f 5 appelle C asser, Rompre , en fuppofe un fe-
“ f I’e Vn5 oifièrtie. leplus fouvent croi-
| es. elle devroit etre proferite , car il n'v a mie
la moitié de la terre qui foit labourée ƒ & \ s '
Revaux ou les boeufs font exceffivement faci-
; Agriculture. Tome F .
f Les Labours croifés, fi en faveur dans certains
| cantons, fe font tantôt à angles droits, tantôt à
I angles aigus. Ils remplirent bien leur objet après
! ceux que je viens de fignaler 5 mais partout on
peut s en pafîèr, lorfqu'on a une bonne charue,
qu on fait convenablement la conduire , & furtout
qu on ne prend, comme je l’ai confeüJé plus haut,
que le moins de terre poftibie à chaque raie. Voilà
la rai fon pour laquelle on ne les corinoït que de
nom dans les pays bien cultivés.
La quantité de terre que doit prendre un laboureur
pour ailier la bonté du Labour avec l'économie
du tems, fi précieufe en agriculture, dépend
çie la nature du loi. Ainfi on pourra en prendre
une largeur de fix à huit pouces dans les terres lé-
geres, de il faudra fe réduire à la moitié dans les
terres fortes.
Dans le département de Maine & Lo ire , au
rapport de mon excellent ami Piiaftre ,'o n donne
trois Labours aux terres à blé.
Le premier, qu’on appelle airer3 fe fait en février
ou en mars. On fend les filions, qui ont environ
dix pouces de large fur deux d'élévation ,
en quatre parties, & la nouvelle raze fe trouve
dans le milieu du nouveau filion. Cette manière
de labourer fe nomme de quatre raies.
Le fécond fe fait en juin. On refend le nouveau
“ jlon en deux, on reverfe la terre où elle était
d abord, Üc on attaque le crû qui étoit refté au
fond de 1 ancienne raze. Cela fe nomme fendre.
Enfin, le troîfième a lieu en août ou feptem-
b re, & eft appelé contre-fendre. C'eft la répétition
du précédent, à la différence cependant qu’on
aine au milieu de la raze un petit -rayon d un à
deux pouces, qu'on fend en deux parties lors des
remailles pour couvrir le grain.
PpPpfl dern.ère circonftance doit être prife en
confidération. Fpy*i Semailles.
Le Labour deftiné à enterrer le froment, dans
les pays ou on fème au Bin o t . ou fous raieslj fe
raie prefqu exclufivemenc avec une charue à to urne
oreille. Il eft plus ou moins profond félon la
nature de la terre , l’état de lafaifon, c'eft-à-
dire , qu'il doit être très-léger quand la terre eft
roi te & bien nétoyëe,-& que le tems eft pluvieux,
& qu il doit être au contraire profond li elle eft
légère, garnie d'herbes, & que le tems foit fec.
-e ne puis i c i , comme dans tant d'autres endroits
, cet artlcIe;i que-donner des indications gêné-
îaies, la pratique devant varier fans fin.
Pour améliorer un liabour mal fa it, c'eft-à-
dme, pour fuppléer au défaut de divifion de la
terre, il eft d ufage , dans beaucoup de lieux de
bnfer à coups de Maillet les MoxTes qVil
a laiftées ou de les' écrafer fous le Rouleau.
( Foyei ces trois mots.)
Les champs doivent être le plus unis que faire
fe p su t, c elt-a-dire, n offrir dans leur étendue ni
P