
aufli le confeil que donnent quelques écrivains de
recouvrir les racines de gazons, ne doit pas être
écouté, quoiqu’il foit confiant que ces gazons font
un excellent engrais.
On peut avantageufement employer le terreau
pour recouvrir les racines des plantes ligneufes &
des plantes herbacées, puifqu’ il eft extrêmement
tertile & qu’il conferve fort bien l’humidité ;
mais il ne faut pas en mettre trop, parce que fai-
fant pouffer les racines avec une exceffive vigueur,
la tranfitiori, lorfqu’eiles fortent de fa maffe, eft
trop brufque pour ne pas craindre que la plante
languiffe ou même meure.
• De même il faut ménager le fumier lorfqu on en
met, & furtout ne pas l’appliquer immédiatement
fur les racines , mais denous le lit inférieur &
deffusle lit fupérieur de terre.
A quelle profondeur doivent être placées les
racines ? Je répondrai , avec Duhamel, qu’un
arbre planté trop près de la furface du fol eft ex-
pofé à être renverfé par les vents 5 que les fortes
gelées, les longues féchereffes peuvent frapper de
mort fes racines; qu’un arbre planté trop profondément
eft ex pofé à pouffer foiblement : i° . parce
que fes racines reçoivent tard les influences de la
chaleur du foleilj 2°. que l’air & l’eau pénètrent
plus difficilement jufqu’à elles ; 30. que la meilleure
terre eft prefque toujours à la furface. Il y a
donc un terme moyen à garder. On doit d’ailleurs
faire attention à l’efpèce des arbres , à la nature du
fo l, à l’expofition , &c- ; ainfi un chêne fera plus
enfoncé qu’un orme ; un poirier fera plus enfoncé
dans un fol fèc & léger, & à l’expofition du midi,
que dans un fol humide & tenace, & à l’expofîtion
du nord. Dans la pratique, c’ eft trop profondément
qu’on plante le plus généralement, & c’eft à
cette caufe que l ’on doit attribuer la fréquence des
non-réuffites.
II eft fi vrai que les arbres demandent à être peu
enterrés, que tous ceux q u i, par leur nature, pouffent
facilement des racines, comme les faules, les
peupliers, les tilleuls, les érables, & c . , remplacent,
dans le cas ci-deffus, leurs anciennes racines
par de nouvelles, qui fortent du tronc au-deffus des
premières, comme j’ ai eu des milliers de fois l’oc-
cafion de m’en aflurer en infpeftant les levées dans
les pépinières commifes â ma furveillance.
-Des faits précédens on peut déduire deux
moyens oppofés pour forcer les arbres ftérilespar
trop de vigueur à porter des fruits, en les levant
pour les replanter de fuite ; l’ un en étendant leurs
racines à la furface de la terre, de manière qu’elles
fouffrent des féchereffes ; l’autre en les contournant
bien avant en terre, afin qu’elles foient dans
une pofition forcée, & qu’elles reçoivent peu de
chaleur folaire.
Il eft des perfonnes qui croient d’une grande importance
de placer les arbres dans la même pofition ;
que celle où ils fe trouvoient dans le lieu d’où on !
les a apportés* mais outre la difficulté- je dirois1
même la prefqu’impoflibilité de mettre cette considération
en pratique dans les Plantations en grand
il a été prouvé par des expériences pofitives, faites
par Duhamel, & confignées dans fon Traité des
Semis & des Plantations, qu’ il étoit fort indifférent
qu’on y f ît attention, ou qu’on la négligeât.
Comme les vents peuvent ébranler & même
renverfer les arbres de ligne nouvellement plantés.,
on fortifie contre leur adtion ceux qui y font trop
expofés, par le moyen d’un ou deux tuteurs qu’on
fixe dans h terre d’ un cô té , en les y enfonçant
profondément, & fur leur tronc de l’ autre, eti les
y attachant avec un ofier, après avoir mis de la
mouffe ou de la paille dans les intervalles. La plupart
des cultivateurs ne favent pas combien le
manque de cette attention fait périr d’arbres
ifolés pendant les deux premières années de leur
Plantation, en empêchant les nouvelles racines
deremplir leurs fonélions. Onjuge cependant facilement
de fa néceflité par l’examen de la partie du
tronc qui eft en terre, partie qui, dans le cas cité,
eft toujours réparée de la terre par un vide circulaire
plus ou moins large.
Si ces arbres font dans des lieux fréquentés par
les beftiaux, qui peuvent les renverfer ou au moins
les ébranler en fe frottant contre, qui peuvent
brouter leur écorce, & c . , on les entoure d’ un
petit fagot d’ épines attaché au moyen d’une ou 4eux harts, ou mieux d’ un ou deux fils de fer.
Les foins à donner aux arbres nouvellement
plantés confiftent, les deux ou trois premières art-
nées, en un labour à leur pied, pendant l’hiver,
labour qu’on fe difpenfe ordinairement de renouveler
les années fuivantes, mais qu’il feroit bon
de continuer en fautant d’abord une,enfuite deux
& même trois années. J’obferve qu’en général on
n’étend pas affez ces labours, ce qui fait qu’ils ne
remploient que fort imparfaitement le but. Si on
craint l’augmentation de dépenfe, je confeillerois
de les exécuter les deux premières années feulement
, comme on le pratique ordinairement, &
enfuite de les faire circulairement dans une largeur
de deux à trois pieds au-deffus de l’extrë-
■ mité des racines de l ’année précédente, c’eft-à-
dire, d’autant plus loin du tronc, que l’arbre eft
plus anciennement planté. Voyez La b o u r .
Les fuites des grandes fécherefies & des grandes
pluies font également à craindre pour les arbres
& pour les herbes nouvellement plantées. Pour
affoiblir les inconvéniens des féchereffes, on recouvre
la terre , au-deffus des racines , d’un lit de
feuilles fèches, ou d’une couche épaiffe de litièré,
ou de tuiles, de piërres plates, de planches, & c .,
tous objets qui retardent l’évaporation de l’ humidité
renfermée dans la'terre. ( Voyei Pailler. )
Pour empêcher les inconvéniens des pluies, on
élève la terre au pied de l’objet planté, en lui donnant
une pente du côté oppdfé à ce pied , & on
unit bien la furface avec le dos de la bêche , ce
qui empêche l’eau d’y pénétrer.
Lorfqu’on plante un arbre avec une partie de fes
branches, il n’y a ordinairement pas à toucher à
fa tête, à moins qu’elle ne doive être difpofée en
Pa l is sa d e , ou caillée en V a s e , & c . (voye% ces
mots) j mais fi on les lui a toutes coupées, il faudra,
avant !a fève d’automne, enlever de la partie
inférieure de fa tige les bourgeons qui auront pu
s’y développer; mais cette opération ne doit pas
être faite (ans réflexion, 1 ar il arrive quelquefois
qu’elle eft fuivie de la more de l’arbre. Ainfi on
l’exécutera en deux ou trois temS éloignés de
quelques jours. Voyei É bouRgeônner.
Je terminerai ici cet article, qui trouvera de
nombreux complémens aux mots Ja r d in , B o is ,
Ha ie , P a l is sa d e , Em po t e r , R en c a is s e r ,
& à prefque tous les articles qui traitent de la culture
desefpèces, foit frutefeentes, foit herbacées.
( B ose. )
PLANTE. On la définit un être organifé, v ivant,
privé de fentiment & de locomotion, tirant
fa nourriture de l ’air & delà terre, fe multipliant
toujours par G r a in es & fouvent par É c l a t s de
racines, par Boutures & par Ma r c o t t e s .
•Voye% ces mots.
G’eft aux dépens dès Plantes qu’eft fondée, directement
ou indirectement, l’exiftence de l’homme
& de tous les animaux j c’eft fur elles que
l’agriculture proprement dite s’exerce exclufive-
ment. L’article général qui les concerne, c ’eft-à-
dire, celui que je traite en ce moment, dévroit
donc être d’une grande étendue; cependant il fera
très-court, parce que les confidérations qu’il rappelle,
font développées dans les articles correfpon-
aans des Dictionnaires de P hyfiologie végétale 3 de
Phyfîque & de Botanique, qui font partie de cette
édition de l’Encyclopédie..
Si l’on excepte quelques rochers, quelques
efpaces fabloneux oü en pente, toute la terre eft
couverte de Plantes, qui fe fuccèdent les unes
aux autres dans des intervalles extrêmement variables.
Les pierres les plus dures donnent attache
à des L ichens , à des Jongermanes , à des
M o u s s e s ; les Sables les plus arides, dès qu’ils
font fixés, les A rgiles les plus tenaces, dès
qu’elles ont reçu les influences atmofphériques,
donnent naiffance à certaines efpèces. On en voit
même de grandes quantités vivre au milieu des
eaux douces & des eaux f ilé e s , lorfqu’elles ne
font pas trop profondés ou trop agitées.
J’ai développé, aux mots Lichen & Mo u s s e ,
l’influence des efpèces de ces deux genres de
Plantes fur la végétation, furtout fur la première
production de l'humus, fans lequel il n’y à qu’un
très-petit nombre de Plantes qui puiffent végéter.
Voye^ V ég é ta t ion , Humus & T e r r ea u .
Confidérées par rapport à l’homme , il eft beaucoup
de Plantes qui paroiffent inutiles, foie à
raifon de leur rareté, foit à raifon de leur peti-
teffe, foie à raifon de leurs qualités nuifiblcs ; cependant
toutes doivent remplir leur deftination dans
I’enfemble des êtres. La fcience du cultivateur,
qui ne confifte qu’ à multiplier les Plantes utiles
aux dépens des Plantes inutiles, repofe donc fur la
botanique ; aufli, quelque grand que foie le nombre
de ceux d'entr’eux qui n’ont aucune idée de cette
dernière, je prétendrai qu’on ne peut y faire de
. progrès fans y être initié, au moins jufqu’à un
certain point. Voye^ Bo t a n iq u e dans le Dictionnaire
de ce nom.
. Un affez grand nombre de Plantes croiffent
partout où leurs graines font portées, mais la
plupart affe&ent de préférence tel ou tel fo l, ainfi
que l ’obfervation le prouve tous les jours. Le na*-
turel de ces dernières peut bien être contrarié
dans quelques cas, mais jamais fruCtueufement >
c’eft. ce que ne favent pas la plupart des cultivateurs
, & ce qui les expofe à des réfultats fouvent
fort éloignés de leurs calculs, même relativement
à celles qui font le plus généralement l ’objet de
leurs foins, réfultats qu’ils éviteroient s’ils étoient
plus inftruits en botanique.
Il en eft d’autres que les beftiaux repouffent
entièrement, ou qu’ils ne mangent qu’à la dernière
extrémité. Neferoit-ilpas très-avantageux qu’elles
fuffent connues des cultivateurs, pour les faire
difparoître de leurs P r a ir ie s , même de leurs
Pâ tu r ag e s ? Voye% ces deux mots.
Gn doit à Linnaeus un Catalogue des Plantes de
Suède, qui indique le plus ou moins d'appétence
que les boeufs, les chevaux, les chèvres, les
moutons & les cochons ont pour chacune d’elles.
J’ai rappelé les réfultats des obfervations contenues
dans ce Catalogue, aux articles qui les concernent,
& j’y ai joint ceux obtenus par Lamanon
& par moi fur les Plantes de France ; mais il nous
manque un ouvrage complet fur cet objet.
Depuis long-tems on fait qu’il eft des Plantes
que les beftiaux mangent au printems , & qu’ ils
repouffent en automne ; d’autres qui font nuifibles
fraîches, & innocentes fèches; mais nous manquons
aufli d’un ouvrage fpécial fur cet important obje
t , que j’ai pris en conftdération toutes les fois
que je l’ai pu.
Certaines Plantes, inutiles pour la nourriture
des beftiaux, peuvent être avantageufement employées
, foit à brûler , foit à augmenter la maffe
des fumiers, foie à faire de la potaffe, & c . On
peut blâmer les cultivateurs de ne pas toujours en
tirer parti, lorfqu’ils le peuvent facilement avec
un peu plus d’inttru&ion & d’a&ivité. Par exemple,
pourquoi ne coupe-t-on pas partout les grandes
herbes des bois, des marais, des chemins,
dédaignées par les beftiaux? Pourquoi eft-il fi peu
de lieux où on tire parti de celles qui croiffent dans
les eaux courantes ou ftagnantes? J’ai eu foi n de faire
1 valoir, lorfque j’ai eu à en parler, les avantagés
; qu’on en peut retirer, afin d’exciter l’attention
\ des cultivateurs, & je crois par-là avoir bien mé-
. rite de la plupart d’entr’eux. ( fio s c .)