Plate-bande de terre de bruyère contre un mur.
A un ou deux pieds de ce mur , & dans toute fa
longueur, on creufe une foffe de fîx à huit pieds
de large, plus rarement moins, & d’ une, profon
deur d’autant plus confidérable, que le fol eft :
d’une nature plus compare , qu’on a plus dfe terri
de bruyère à fa difpofition & qu’on veut y planter
de plus grands arbriffeaux ; mais jamais moindre
de fix pouces. Le fond de cette foffe fe recouvre
d’abord de fable fin, privé de terreau, fi on peut
s’en procurer, & ce d’autant plus épais, que la terre
de bruyère eft plus rare ou plus chère. Ce fable a
pour objet principal d’empêcher les larves des
H a n n e to n s , les V ers de t e r r e & les C our-
tillières ( voye^ ces mots ) de s’introduire par-
deffous dans la terre de bruyere, & de nuire aux
plantations qui doivent s’y faire; & pour objet fe-
condaire, de fuppléer à la terre de bruyère lorfque
les pluies & les arrofemensy auront entraîné de
l’humus. Sur cette couche de fable, on place les
racines provenant du cajfement de la terre de
bruyère, & enfin la terre de bruyère elle-même juf-
qu’ à fix ou huit pouces au-deffus de la furface du
fol. Cette élévation au-deffus du fol difparoîtra au
bout d’ un à deux ans par l’effet du taffement, &
il fera bon de recharger d’autant, à cette époque,
les Plates-bandes, tant parce que leur terre s’épuife,
que parce que cette élévation eft agréable à
l’oeil.
Si on n’avoit pas de terre de bruyère, on pour-
roit la fuppléer jufqu’à un certain point en mettant
alternativement dans la foffe des lits de fable de
deux pouces d’épaiffeur & des lits de feuillës,
celles du chêne exceptées, de quatre à cinq pouces
d’épaiffeur.
Le terreau de couche, à raifon des parties animales
qui entrent dans fa cômpolîtion, eft fort
nuifible', & ne doit jamais entrer dans une Plate-
bande de terre de bruyère.
Il n’eft prefque pasd’èfpèces d’arbres, d’arbrif-
feaux, d’arbuftes, de plantes vivaces ou annuelles,
qui ne croiffent beaucoup mieux dans une Plate-
bande de terre de bruyère, ainfidifpoféè, qu’aille
urs j mais la dépenfe de fa conftruétion oblige de
n’y planter que les arbriffeaux , arbuftes & plantes
que la finefle de leurs racines ne permet pas de
mettre ailleurs avec fuccès : ces arbriffeaux &
ces arbuftes appartiennent aux genres Br u ye r e ,
Itêe , A n d r om è d e , L èd e, A ir e rle , C éa-
NOTHE, Fo th er g il le , Hyd r an g le , C a l y -
c a n t , Rhodore , A r a l iè , C le thra , A rbousier
, A zalee , Rosag e, C a li cca r p e , C e-
PHALANTE, KALMIE, S PI RE E, &C. &C.
Dans les Plates-bandes de terre de bruyère,
.comme ailleurs, il convient de mettre les arbriffeaux
& les arbuftes à une diftance telle, qu'ils ne
fe nuifent ni par leurs racines,ni par leurs tiges,
& qu’on puiffe jouir des agrémens qu’ils offrent à
toutes les époques de leur végétation. En confér
e n c e de ce.tte confidérasion, les plus grands feront
placés fur le derrière, & les plus petits fur
le devant.
Les pépinières marchandes ont trois fortes de
Plates-bandes de terre de bruyère : les unes font
deftinées à la reproduction par marcottes, & les
pieds y font très-efpacés , pour pouvoir coucher
leurs branches tout autour ; les autres ont pour objet
de recevoir les marcottes levées chaque année
fur ces pieds ; & comme elles ne doivent y refter
que jufqu’à la vente, c’eft- à-dire, au plus deux ans,
on les plante le plus près poffible pour économifer
la place ; les troifièmes font deftinées au femis des
graines fines, ainfi qu’ à celles de tous les arbres
réfineux, & leur expofition eft le plus fouvent
au levant. Je reviendrai plus bas fur ces dernières.
Les foins à donner à une Plate-bande de terre
de bruyère confident : i° . en un bon labour
d’hiver, fuivi le plus fouvent d’une recharge de
nouvelle terre de deux à trois pouces, labour pendant
lequel on enlève tous les accrus & toutes les
marcottes enracinée*: on taille à/la ferpette les
pieds qui ont pris une forme irrégulière; on récepe
les vieux ; on arrête les gourmands ; on fait les
nouvelles marcottes, les nouvelles plantations,
; &c. ; 2°. en deux ou trois binages d’été ; 30. en
| des arrofemens pendant les grandes chaleurs ou les
longues féchereffes.
Plufieurs arbriffeaux, arbuftes & plantes vivaces
qu’on cultive dans les Plates-bandes de terre
de bruyère, provenant de pays chauds, craignent
les fortes gelées ; ainfi il faut les couvrir, aux
approches de l’hiver, ayec des feuilles fèches,
avec de la fougère, avec de la paille, &c. ; ceux
qui, malgré cette précaution, en font frappés,
doivent être récepés au printéms pour leur faire
pouffer de nouvelles tiges, & fortifier leurs racines
en cas qu’elles aient auffj été atteintes, ce
qui eft rare.
Les arbuftes & les plantes vivaces des Alpes ,
arbuftes plantes qui exigent la terre de bruyère,
quoique couvertes .de neige pendant fix mois de
l’année fur ces montagnes^, craignent beaucoup les
gelées du printéms du climat de Paris, & doivent
suffi être couvertes.
C ’eft une très-belle acquifition pour nos jardins
payfagersque les Plates-bandes de terre de bruyère,
qui permettent d'utilifer des expofitions qui juf-
qu’alors avoient préfenté l’afpecl le plus monotone.
On ne peut donc trop les multiplier.
Une Plate-bande de terre de bruyère qui eft
ronde, ovale on irrégulière, & qui fe trouve établie
dans ces fortes de jardins au milieu des gazons,
à quelque diftance des maffifs, fe nomme une
C orbeille. Voye^ ce mot.
A&uellement je reviens aux Plates-bandes de
terre de bruyère deftinées aux femis.
J’ai déjà dit qu’on les plaçoit de préférence au
levant, & même quelquefois au midi, pour leur procurer
plus de chaleur & activer ht germination des
graines qu’on leur confie. J’ajoute qu’on les fait ïai
rement auffi épaiffes que celles dont je viens de parler,
parce que par-là on épargne la terre de bruyère,
& que cette épaiffeur feroit inutile à des plantes
qui doivent y refter deux ou trois ans au plus. Six
pouces font leur épaiffeur ordinaire; quelquefois
même on fe contente de deux & même d’un
pouce, mais cela rentre dans l ’opération qu’ on
appelle T erre aliter. Voyej ce mot.
Les graines des arbres rélineux demandent une
Plate-bande expofée au nord.
On fème ordinairement à la volée dans les Plates
bandes de terre de bruyère, au préalable divines
en autant de petites planches bordées d’une
légère élévation de terre, qu’on a de fortes de
graines. Le plant levé fe farcie, s’éclaircit, fe fer-
fouic a la main ; fouvent on le lève & le repique
en ligne ou en quinconce dès la même année om
au printéms fuivanr. Il demande des arrofemens
abondans pendant les chaleurs, & lorfqu’il eft au
midi, comme je l’ai déjà obfervé, des abris contre
les rayons du Soleil. Voye% ce mot.
. Une Plate-bande de terre de bruyère deftinée
au femis fe recharge toutes les fois qu’on y fait de
nouveaux femis. Voyei Sem is . ( B ose. )
PLATRAS. Dans les pays où on emploie le
plâtre à la bâtiffe, principalement à Paris, on
appelle Plâtras le réfultat de la démolition des
murs, après qu’on en a ôté les groffes pierres.
Voyei Décombres.
Il y a fort peu de différence chimique entre les
Plâtras & le plâtre; cependant, lorfqu’on les calcine
de nouveau, ils ne reprennent pas au même
degré la faculté de fe gâcher, & ne peuvent être
par confisquent employés de la même manière
que le plâtre neuf ; mais ils peuvent l’être:
i° . Comme pierres propres à la bâtiffe de mai-
fons, fur la durée defquelles on ne fpécule pas,
& furtout des murs dtftinés à recevoir des efpaliers
paliffadés à la loque. Voye% M ur & Pa l is sag e .
2°. Comme contenant du falpêtre, lorfqu’ils
proviennent des caves, des écuries, des boucheries,
& c . , pour être lefiivés, & en retirer ce
falpêtre.
3°. Comme ayant la faculté de confolider le fol
des allées des jardins, & pour empêcher la pluie
de les rendre boueufes & de les dégrader.
4°. Pour fervir d’amendement aux terres fortes,
fur lefqueiles-ils agiffent mécaniquement, en les
rendant plus légères, Hc chimiquement en leur
fourniffant de la chaux & des fels.
Lorfqu’on veut utiliferles P.âtras dans les deux
derniers buts, on les caffe en très-petits frag-
meris.
Pour le premier, on accumule leurs fragmens
fur les allées en dos-d’ âne, on les mouille & on
les comprime avec une Ba t t e (voyeç ce mot),
jufqu’à ce qu’ ils ne faffent plus qu’une maffe.
Ceux de ces Plâtras qui ont été leffivés par les
falpêtriers font plus convenables que les autres,
J parce qu’ ils font plus entièrement imbibés d’eau.
| Pour le fécond , on répand leurs fragmens fur
les champs , à la fin de l’automne, & on ne les y
enterre qu’au printéms; les pluies de l ’hiver en
diflolventquelques portions, & rendent plus divi-
fibles es autres. Il ne faut pas s’inquiéter s’il en
refte deux ou trois ans après, parce que leur dé-,
composition eft lente , & qu’ ils agiffent jufqu’à ce
qu’eile foît complète.
Les effets des Plâtras ne font révoqués en doute
par perfonne ; mais on a dit qu’ils encroûtoient les
racines des plantes &c Jes raifoient mourir. Des
expériences dire des ont prouvé que cet inconvénient
n’avoit pas lieu. On ne doit cependant-pas en
répandre trop à la fois. Ils n’ont contre eux que la
dépenfe de leur tranfport.
On peut aufti mêler les Plâtras réduits en
poudre avec les fumiers, dont ils accéléreront ,1a
décompofîtion & amélioreront la qualité. Voye£
En g r a is , Am en dem en t, C haux & Pl â t r e .
( B o s e . )
PLATRE : pierre formée de gypfe mêlé en
diverfes proportions avec du carbonate de chaux,
de l’argile & du fable.
Il eft des Piâtres prefque purs; ce font ceux
qui fe trouvent dans lés cerreins primitifs ; leurs
carrières font affez fréquentes dans les chaînes
granitiques qui traverfent la France & qui i’avoi- i
finent, furtout dans les Alpes.
Il eft des Plâtres très-melangés ; je n’en connois
que trois dépôts en Europe, celui des environs
de Paris, celui des environs d’A ix , & celui des
environs de Burgos.
Ces deux fortes dp Plâtres paroiffent s’être formées
dans l’eau douce, avec la différence que la
première l’a été avant l’exiftence des êtres orga-
nifés, & la fécondé bien long-tems après, puif-
qu’elle recèle de leurs dépouilles.
Le Plâtre fert principalement à la bâtiffe, après
qu’ il a été calciné ( c u i t ) & réduit en poudre
groffière, & fous ce rapport, celui de la première
forte eft inférieur à celui de la fécondé, parce
qu’il eft plus fufceptible d’ être diffous par l ’eau.
•Celui qui contient le moins d’argile, & dont le
carbonate calcaire & le fable forment le tiers,
paffe pour lé meilleur.
Je n’entrerai pas ici dans le détail des moyens
employés pour cuire le Plâtre, le réduire en-
poudre & le mettre en oeuvre, cela étant du
reffort du Dictionnaire d’Architecture ; mais je dirai
un mot des avantages & des inconvéniens des
bâtiffes en Plâtre, foit en général, foit en particulier,
relativement à l’agriculture.
Les avantages des bâtiffes en Plâtre font : i° .
d’être très-rapidement exécutées, & de peu de
dépenfe lorfque le Plâtre eft fur les lieux, comme
aux environs de Paris; 20. de pouvoir faire , par
fon moyen, des murs de deux à trois pouces d‘é