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Le pins fouvent , aux environs de Paris du
moins 3 on retourne le terrein qui a porté de l’Orge
pour fourage, Suffi tô t que cette Orge eft fauchée,
pour l’utilifer en haricots, en raves, en navette,
en vefce 8c autres articles qui peuvent donner une
fécondé récolte avant l’hiver, foit fans le fumer,
foit en le fumant.
On peutaufli y femer du chanvre, qui, lï l’été eft
convenable, donnera une très-bonne dépouille.
Je dois dire ici,en partant, que l’Orge doit toujours
entrer pour beaucoup dans les prairies temporaires,
c'eft-à-dire, compofées d’ un mélange
de plantes annuelles de diverlês familles, 8c qui ne
doivent exifter que trois ou quatre mois au plus.
Le motif qui fait delïrer de femer l’Orge en
automne, doit engager à la femer de meilleure
heure poffible au printems 5 aufli, dans le climat
de Par^s, eft-il de fait que la récolte de celle qui
a été femée après le mois d’avril eft toujours très-
foible.
■f Le femis de l'Orge fe fait généralement à la volé
e , & peu ferré. Il ne diffère pas dans fon mode
de celui des autres céréales. Il eft très-avantageux
de l'exécuter un peu avant, ou immédiatement
après la pluie. On recouvre la graine avec la herfe}
il a rarement lieu fous raie , c’eft-à-dire, avant
le dernier labour.
La culture par rangée a été appliquée à l’Orge
en Angleterre , mais comme cette culture tend à la
faire pouffer en feuilles, elle a dû, d’après le principe
émis plus haut, avoir des réfultats peu avantageux.
C ’eft dans les terreins peu fertiles, ou
lorfqu’on cultive l'Orge pour donner fa fanne aux
beftiaux, qu’il faut donc fe réferver de la pratiquer
j il en eft de même des femis en quinconce.
11 eft impoflible de fixer d’une manière générale
la quantité de femence d'Orge qu’ il faut répandre
fur un arpent, pmfque cette quantité dépend de
circonftances extrêmement variables. Ainfi, celle
femée dans un mauvais terrein, ou après l’hiver
dans un bon, ainfi celle de la variété appelée Orge
céUfie, doit être moindre. Dans l’incertitude, il eft
• toujours bon de fe conformer à l’ ufage des lieux,
fauf à diminuer l’année fuivante s'il eft trop fort.
On calcule, aux environs de Paris, fur quarante
a cinquante livres pour un arpent de bonne terre.
Très-fouvent c’ eft l’Orge qu’on fème avec le
trèfle & la luzerne pour protéger ces fourages
dans leur première jeuneflè contre les effets du
haie, 8c pour pouvoir tirer la première année
quelque revenu du terrein où on les a placés j
alors il faut réduire au moins de moitié la quantité
de la femence d’O rg e , afin que les produits
de cette dernière n’étouffent pas les jeunes plantes
de trèfle ou de luzerne.
C eft toujours la plus belle Orge qu'il faut employer
pour femence > & comme elle eft encore
plus fujète au charbon que le froment & l’avoine,
il faut la chauler avec rigueur avant cfè la répandre.
Je voudrois infifter fur la néceflité de ce chau-
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la g e , parce qu*on le pratique p eu, 8c que j’ai f j
fouvent des champs d’Orge où il n'y avoit pas ^
dixième de bon grain. Il faut faire ufage de chaux
vive 8c n’en pas épargner la quantité, à raifon del
ce que les balles florales entourent ce grain, £1
s’oppofent à l’aétion dire&e de la chaux. VoyA
C haulage & C h au x .
Malgré fa dure enveloppe , l ’Orge lève afTez]
promptement, & lorfqu’elle a acquis trois feuilles
elle ne craint plus que les pluies continues & les!
très-fortes gelées. Un farclage, lorfque le terrein]
8c la femence n’ont pas été débarraflés des graines]
des mauvaifes herbes, 8c un écimage lorfque lai
nature du fol ou des fumiers trop abondans oui
une année trop favorable fait que les plantes pouf-]
fent trop en feuilles, fonc toutes les opération»
qu’elle demande pendant la durée de fa croiflanceJ
K oye1 Sarclage & Éc image.
Quelques cultivateurs fpéculent fur l’écimagel
de leurs Orges, mais je crois qu’ ils ont tort $ car]
cette opération, quoique faite en tems opportun J
8c avec les précautions convenables, ne doit pas!
fuppléer à une croiflance régulière, c’eft-à-dire,I
conforme aux lois de la nature. Ce n’eft donc quel
comme un remède que je la préfente ic i, mais!
un remède qu’on ne doit pas craindre d’employer.
Plufieurs infeétes vivent aux dépens de l’Orge
naiflante , parmi lefquels le plus commun eft lai
mouche linéate, qui attaque le collet dés racines,!
8c fait quelquefois périr le pied. Il n’y a pas moyen!
de s’oppofer aux ravages de ces infeétes, qui, cer-l
taines années, font très-confidérables ; mais, ainfil
que l’a prouvé mon collègue Olivier dans un Mé-I
moire fpécial, ces infeétes o n t, parmi leurs con-l
génères, des ennemis nombreux qui fervent utile-]
ment d’auxiliaires aux cultivateurs.
Je reviens encore fur l'Orge femée dans des ter-|
reins trop fertiles ou trop fumés, ou crus dans]
une année trop favorable, pour obferver qu’elle al
les grains plus petits & moins nombreux, & qu’ilf
en eft de même pour celle du printems dans lesl
années fèches. Dans les années humides, fes grainsj
font très-gros, mais peu favoureux.
La récolte de l’Orge fe fait plus tôt ou pli
tard , félon l’époque des femis, la nature du fol J
la marche de lafaifon, les abris, la variété,&cJ
11 eft abfolument impoflible d’en indiquer le mo*l
ment d’une manière générale j c’eft lorfque les tiges!
font complètement defléchées, que les épis font!
jaunes 8c recourbés , qu’il convient de l’entre
prendre. . .
Quelques perfonnes , pour éviter la perte desl
grains qui tombent plus facilement lorfqu’ils font!
trop mûrs, commencent la récolte pendant qu^j
l'Orge offre encore des parties vertes j mais fi l®|
but qu’elles'fe propofent eft rempli ( chofe q^l
n’eft pas certaine à mes yeux ) , fi même elles ont!
des grains plus ferrés , elles ne gagnent rien ^1
définitif, puifqu’ il n'v a que les grains bien mur I
qui (oient à toute leur grofleur, dont la conief'
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Lation foit affurée, & dont l’emploi foit aufli avan-
iageux que poffible.
I La récolte de 1 Orge s execute , foit avec la fau-
Eille, foit avec la faux à main , la faux ordinaire
fcmp]e, la faux ordinaire accompagnée d’un ra-
Iteau- Les avantages & les inconvéniens de chacune
Ideces manières font, à mon avis , compenfés 5
uis la faux ordinaire , pourvu qu’on opère de bon
ftnatin > me paroît devoir être préférée. Voye\
K a u ch ag e . I Lorfque l’Orge eft exempte d'herbe, on peut
]]a lier dès le foir du même jour, & la rentrer le
■ lendemain vers midi. Dans le cas contraire, on la
R "een javelle jufqu’ à ce que l’herbe qu’elle consent
fe foit deflechée , c’eft-à-dire, un ou deux
■ jours de plus, félon la chaleur de la faifon.
“ Lorfqu’on coupe à la faucille , on peut facile-
■ nient faire les gerbes régulières , c'eft-à-dire ,
]tourner tous les épis du même côté. Lorfqu'on
■ coupe £ la faux, fur tout à la faux fimple, cela devient
prefqu’ impoîiible. Au relie, comme les
]chaumes font ordinairement courts-, cet inconvénient
eft peu important pour le battage.
] A raifon de fa difpofition à s’égrener, l’Orge fe
]met rarement en meule dans les champs ; mais fi
n vouloit l’y mettre, il faudroit procéder comme
■ pour l’avoine.
] Il feroit bon, pour éviter des pertes de grains,
■ de garnir de toile les voitures qui doivent tranf-
■ porter l’Orge du champ à la mai fon.
] On bat les Orges au fléau dans les pays du Nord,
|& au moyen du piétinement des animaux dans ceux
■ du Midi. Dans l’ un & l'autre cas, cette opération
■ eft des plus rapides , des plus complètes.
| Les beftiaux n’aiment pas la paille de l’Orge ,
■ probablement à raifon de fa dureté & de fon peu
]defaveur. Parmi eux , ce font les boeufsv& les
mâches qui s’en accommodent le plus facilement ;
ordinairement on la mélange avec celle , d’avoine
louavecdu foin, pour la leur faire manger plus
facilement. Son emploi le plus général eit pour faire
Kde lalitière, quoique, même fous ce rapport, elle
■ foit inférieure à celle des autres céréales.
Levanage du grain de l'Orge eft plus complet 8c
■ plus tôt terminé que celui des autres céréales, à
■ raifon de fa grofleur & de fon poids, à raifon lui-
■ tout de ce que fes balles lui reftent adhérentes} il
]eneft de même de«,fon criblage. C ’eft en cônfé-
Iquence une chofe très-rare que de voir dans les
■ marchés de l’Orge qui ne foit pas très-bien nétoyée.
I La confervation de l'Orge dans les greniers eft
■ beaucoup plus facile que celle du froment 8c du
|feigle, attendu qu’elle ne craint ni le charançon ni
Il’alucite, par fuite de Tépaiffeur de fon enveloppe 5
■ feulement il faut la remuer fréquemment pendant
Iles premiers mois, à l’effet de favorifer fa deffic-
■ cation j car cette defficcation étant lente , elle fe-
lïoit fortexpoféeà moifir fi on ne prenoit pas cette
■ précaution.
Un cultivateur aélif 8c intelligent peut prefque
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toujours, fur les terreins qui ont porté de l'Orge
d’hiver, en leur donnant un léger labour , faire
une fécondé récolte de raves, de fpergule , de
farrazin , de fèves de marais, de vefce , de mais
pour fourage ou pour enterrer en vert} on peut
aufli lui faire fuccéder une Pr a ir ie tem po r a ir e .
y~oye\ ce mot. .
Puifque l’Orge , furtout l’efeourgeon, ainfi
que je l’ai déjà obfervé , épuife beaucoup la terre,
il eft le plus fouvent néceffaire de la faire fuivre
d’ une culture améliorante, foit qu’elle foit de peu
de durée , comme toutes celles que je viens de
citer, foit quellefubfifte plufieurs années, comme
la luzerne, le fainfoin & le trèfle.
Il eft d’obfervation que l'Orge eft fufceptible
d’une plus prompte altération dans fa faveur que
le feigle 8c le froment i en conséquence il eft bon
de la confommer dans le. courant de l’année qui
fuit celle de fa récolte. Ses emplois font fi nombreux
, qu'on eft rarement dans le cas de trouver
de la difficulté à s’ en défaire.
Comme je l’ai déjà annoncé plufieurs fois, tous
les animaux domeftiques, quadrupèdes ou volatiles
, même les carpes, fe nourriffent, même
s’engrailfent avec de l’Orge.sDans le M id i, il remplace
l’avoine pour les chevaux > dans le Nord, il
s’ emploie à fabriquer la bière , dont l’ufage eft fi
général.
La confommation qui fe fait de l'Orge partout
pour l’engrais des boeufs, des cochons, des moutons,
des dindons, des oies, des chapons , 8cc. ,
eft immenfe. Enfin, l'homme en tire parti pour fa
fubfiftance dans un grand nombre de lieux, & fous
plufieurs formes.
La farine d’Oi ge , même palfée au tamis fin ,
a un afpeét rougeâtre, peu agréable, eft ce que
l’on appelle courte , c'eft-à-dire, manque de matière
giutineufe. {Voye\ Gluten ) Elle demande,
pour être réduite en pain , plus de levain Sc plus de
travail que celle de feigle 8c de froment. C ’eft toujours
un manger peu Auteur à l'oe il, à l’odorat Sc
au g oû t, que le pain d'Orge i il eft lourd & d ’un®
pénible digeftion pour les eftomacs délicats. Combien
d'hommes font cependant heureux d'en avoir l
L'Orge en farine eft beaucoup plus propre à en-
graiffer les beftiaux & les volailles que LOrge en
grain, parce qu’elle fe digère plus promptement
& plus complètement. Il feroit donc bon d'imiter
partout les cultivateurs des pays où on l’emploie ;
elle eft encore meilleure lorfqu’on la fait cuire
dans l'eau, ou lorfqu'on la transforme en pain.
Si les riches dédaigneniMe pain d’Orge , ils recherchent,
au moins quand ils font malades, l’Orge
en gruau, LOrge mondée & l’Orge perlée.
On appelle gruau d'Orge, l’Orge concartee entre
deux meules écartées de l’épaifleur d’un grain, 8c
dont on fépare la fine farine d’un côté 8c le fon de
l’autre. On en fait des potages d’un goût fort agréable,
des bouillies parta blés , 8c des tifanes ral’raî-
chiffantes fort employées en médecine.. On peut