
m o t ) , parce que la terre y eft labourée , 8c que |
les arbres y font taillés. Souvent cependant on y j
place des plein-ventsmais alors ils font tenus
peu élevés 8c fort écartés les uns des autres.
Il n’ y a pas deux fiècles qu’on connoît en France
les Jardins fruitiers proprement dits. La théorie
de leur conftruétion a été ébau-hée par la Qu intime
j 8c fucceffivement perfectionnes depuis lui.
Aujourd’hui, quelque coûteux qu'en foit l'entretien,
ils font extrêmement répandus amour des
villes, & il n’eft pas de proprietaire aifé qui n en j
ait annexé un à fa demeure des champs , le p.us |
fouvent cependant allié avec un Jardin potager.
Un Jardin fruitier eft plus rigoureufement dans
le cas d’être entouré de murs, qu’ un Jardin potag
e r , furtout dans les pays du nord, à raifon des
efpaliers , qui femblent devoir néceffaitement
taire partie de fon effence. Sa forme varie fans
lin, comme celle desprécédens ; mais elle eft le pi us
fouvent parallélogramique. On doit à Dumont-
C ou r fe t, auteur du Botanifie cultivateur, l ’idée de
lui en donner, lorfqu’il eft long & étroit, une tra-
péz< ïdê,dont le petit côtéferoit en face du midi,
afin que les côtés latéraux jouiffent plus long-tems
des rayons du foleil. Veye£ Ex po s it io n . ^
Les racines des arbres pénétrant de cinq a iix
pieds de profondeur au moins, le défoncement
d’un Jardin, deftiné à en recevoir, doit être au
moins de trois pieds. Des engrais abondans ne font
néceflaires que dans les terres de mauvaife nature ,
mais on ne doit pas fe refufer à en donner à toutes. ’
Il faut éviter les fumiers trop décompofés ou altérés
par des mélanges fétides. Je puis même cônfeilier
de leur .préférer des curures d’étangs, de rivières,
dès pelures de gazon prifes dans les bois , les prairies
ou les chemins, des terres d’anciens Jardins potagers,
8cc. parce que ces engrais font plus durables,
& ne portent aucune mauvaife odeur avec eux.
Comme les arbres fruitiers font rarement dans
le cas d’être arrofés , l’eau eft moins nées {faire aux
Jardins où ou les cultive exclufivement; ainfi on
peut en établir dans un plus grand nombre d enƒ
C e n'èft ordinairement que dans la limiîe de
huit à dix pieds que varie' la. hauteur des murs: p
parce que plus hauts ils coûteroient trop cher &
inteteepteroient la circulation de l'air, & que plus
bas ils n'offriroient pas a'ffez de furface aux bran-,
ches des efpaliers, Si ne donneroient pas une garantie
fuffifante contre les entreprifes des voleurs,.
L'eurs matériaux font généralement ceux du pays;
cependant, lorfqu'on peut choifir , il eft utile de
préférer les pierres colorées aux blanches, à -raifon
de ce qu’elles confei vent mieux la chaleur, & le platre
à la chaux, comme recevant plus facilement les
clous, & fe poliflant plus exactement. Les murs en
pifé, les plus économiques de tous, rempliffent
ces deux données .j mais ils font très-fufcepnbles
de dégradation , 8c leur réparationeft fort-difficile
lorfqu’ils font garnis d’efpaliers. Une faillie late-
J A R
raie, à leur partie fupérieure, eft utile à leur con- I
fer-vation 8c à la bien-venue des fruits des efpa- I
liers j mais elle doit être peu confidérablè, car I
elle produiroit l’effet contraire fous ce dernier I
rapport.
Les amateurs qui n’ont qu’un petit? efpace dif- I
ponible , font conftruire dans leur Jardin des murs I
intérieurs parallèles à celui qui fait face au midi, I
8c par ce moyen fe procurent une plus grande I
quantité d’e-fpaliers. Quelquefois ces murs s’arrê- I
tent aux allées , d’autres fois ils font p re é s de I
portes vis-à-vis de ces allées. Dans les Jardins où I
ils font conftruits dans ce dernier mode,. la con- I
centration des rayons du foleil eft quelquefois fi I
| forte, que les jeunes bourgeons font frappés înf* I Itantanémenc de mort 8c que les fruits tombent I
avant lèur maturité. Il eft donc prudent de n’en pas I
faire conftruire de tels dans les fols arides Ôc les I
expofitioos brûlantes. Ces murs cran (ver faux ne I
doivent pas être,, félon les cultivateurs de Mon- I
treuil, qui en font un grand ufage, ni plus rap- I
prochés que douze, ni plus éloignés que vingt I
toifes pour remplir leur objet.
Ce font ordinairement des pêchers, des abrico- I
tiers , des poiriers, des vignes, des pruniers & I
des cerifiers qu’on met en efpaliers : les pommier; |
s’y voient rarement. Le choix des variétés n’eft pas I
indifférent, comme on le verra à chacun des art:- I
clés qui les concernent. Leur donner un efpa.ee I
fuffifant eft très-avantageux fous tous les rapports, I
& cependant ils font généralement fi rapprochés, I
qu’ ils fe touchent avant d’être entièrement for* I
més. Les propriétaires , jaloux d’avoir un bel ef- I
palier, ne peuvent trop s’oppofer aux idées de I
leur jardinier pour la diftance à obferver.
Les poiriers 8c les pommiers qu’on place dans I
le pourtour 8c au milieu dés carrés doivent éga-1
lement être très-efpacés , d'après la confédération I
que les fruits font d’autant plus abondans , que les I
arbres qui les portent, ont plusd’efpace pour éten-1
dre leurs racines, 8c d’autant plus favoureux,,
qu’ ils reçoivent plus long-tems l’influence des I
rayons du foleil.
Certains arbres fruitiers profitent mieux en plein I
vent qü’autreifient, principalement les amandiers,, I
les cerifiers, les abricotiers, les pruniers 8e que!-
que s variétés de poires & de pommes.' Il eft doncl
bon de les y mettre ; mais alors on leur confacre I
un carré particulier, on les èfpaçe beaucoup, 8c on ;
s’oppofe à ce qu’ils s’ élèvent autant que dans le; I
vergers ,: foit en les choififfant greffés fur de foi- J
blés fujets décoighaflier pont le poirier , je, doudn I
pour le pommier, foit en'coupmt la tête.aux ef-1
pèces à noyau. Ces arbres fe taillent quelquefois I
ou s-’émon lent toujours. s
La plantation des arbres fruitiers, dans çes fortes I
de Jardins, ne doit fe faire qu’un an après loue :
! défoncement, 8c fix mois après le èreufement des I
trous qui fout deftinés à les recevoir. Son époque I
eft avant l’hiver dans les terrains fecs, Sc aprèsI
[ dans les terrains humides. On gagne à remplir les
| trous avec de la terre rapportée 8c prife à la furface
d’un autre Jardin anciennement Cultivé ou d’une
prairie en bon fonds. Voye* Plantation.
r On laboure tous les ans les carrés où fe trouvent ;
des arbres fruitiers, au moins deux fois, 8c on ,
| leur,donne en outre plufieurs binages de propreté,
f II ne faut pas les fumer , mais on doit de loin en -
loin, lorfqu’on le peut facilement, y apporter de '
| la nouvelle terre. Les cornes, les ongles, les poils
ides animaux domeftiques, 8c par conféquent les
: vieux chiffons de laine , font très-recommandés,
F comme donnant une énergie durable à la terre,
f Quelques oifeaux , tels que les gros-becs, les
bouvreuils ainfi que les chenilles, fon t, au prin-
tems, les, principaux ennemis des Jardins fruitiers.
Plus tard, ce font d’autres oifeaux, leslerots, les
guêpes, les limaces. Un jardinier foigneux doit
[faire la chaflè à ces animaux à toutes les époques.
| On trouvera aux mots T aille , Ebourgeonnage
, Palissage , la férié des différens travaux
qu’exigent les arbres fruitiers dans le courant d ’une
! année, 8c aux mots Fruit & Fruitier les. pré.-i ■
jcaiitior.s qu’exigent la cueille. 8c la confervation
ides fruits.
j Quant au mode particulier de culture propre à
jehaque efpèce d’arbre , il fera détaiilé a l’article
[de chacune de ces efpèçes..
I Les habitans de Mexico poffèdent, fur le lac
[qui entoure leur ville, des jardins fiottans, qui
(pourroient former une forte de Jardins produc-
Itifs s’ils etoient plus connus , 8c furtout plus |«fîtes en Europe, où d’ ailleurs rien ne s’oppofe
là ce qu’on les.introduire.
| La conftruélion de ces.Jardins, nommés Chi.
Wnampas, eft fimple. On prend des branches de
Ifaules, des , racines de plantes aquatiques ou
lautres matériaux très-légers : on les attache ensemble
de manière à former une efpèce de ra-
|Geaü. On pofe fur ces fondemens un lit de joncs,
|8c enfuite une couche de terre provenant du fond
fmême du lac.
K ^es ch i nampa s font quadrangulaires, & varient
fans fin dans leurs dimenfiôns ; ils ne s’élèvent pas
|de plus d’un pied aü-deffus de l ’eau. On y cul-
Kive des fleurs 8c toutes fortes de plantes potagères.
|lp s plantes y profpèrent d ’une manière furpre-
fjante. La vafe qui compofe le fond de ces jardins
eft très-grafte 8c n’a pas befoin des pluies du
f ie l . Il y a ordinairement au milieu des grands
jhinampas, .un petit arbre 8c une petite cabane,
forfque les propriétaires veulent les ,changer de
J-ace, ils fe mettent dans un bateau 8c les prenaient
à la remorque.
■ Les voyageurs, en Chine, rapportent qu’ il
| en conftrujt dans ce pays à peu près de fem-
J'ables, fur les rivières Ôç les lacs, au moyen de-
Jadeaux de bambous, ,& que leur culture eft fort
ptendue 8c fort perfectionnée. On voit, dans ces
Jarains, du riz , dont la qualité eft fupérieure à <
celle de celui qui croît dans les marais,; ce qui
n’eft pas difficile à croire.
Qui empêcheroit d’employer, ce dernier moyen
dans beaucoup'de localités dè l’Europe méridionale?
Ne pourroit-on pas remplacer les bambous
par.des claies attachées à-de petits bateaux, claies
fur lesquelles on mc-ttroit fix pouces de terre,,
8c qui dureroient au moins deux ans Pce qui fuffi-
roit pour payer la dépenfe de leur acquifition.'
J’ai appelé Jardins impro-dudifs ceux qui ne
concoutènt pas à fournir des ‘moyens de fubfif-
tance aux hommes; mais on fent bien que cette
dénomination ne peut être rigoureufe , 8c il n’eft
perfonne qui ne foit chaque jour dans le cas de
voir qu’ ils s’allient le plus ordinairement avec les
Jardins potagers 8c lés Jardins fruitiers, ainfi qu’entre
ux.
Le premier de ces Jardins improdu&ifs eft le
Jardin à fleurs.
On en diftingue de deux fortes : celui appartenant
à un homme aifé, qui n’y veut trouver que fon
agrément; celui qu’un jardinier, appel é fleur i fie t
cultive dans le but d’ en tirer parti en en ven-
dant les fleurs. Je vais préfenter quelques confi-
derations fur l’une 8c fur l’autre de ces fortes.
hes Jardins à fleurs de la première forte, que
j appelle Jardins a fleurs d'amateur, font les plus
petits de tous ; ils étoient autrefois beaucoup plus
communs qu’aujourd’hui, ,1e goût ayant changé,
C ’eft prefqu’exclüfivement dans l’enceinte ou
dans le voifinage des villes qu’ils fe trouvent,
parce qu’ils néceflitent la préfence continuelle du
propriétaire pour fe conferver.
■y On peut entourer un Jardin à fleurs d’amateur,
d’ une haie, d'une paliffade , d’ un foflTé plein
d eau, 8cc. fans inconveniens pour les plantes
qu on y cultive ; cependant l’importance qu’on y
attache fait qu’ils le font prefque tous de murs.
Leur diftribution intérieure diffère , mais en gé»*
neral ede eft baléefur le befoin de vo ir , ;d’un feul
coup-d’oe il, toutes les variétés de la même efpèce;
de fleurs, 8c de.pouvoir les cultiver facilement :
.or , ce font des.plates-bandes parallèles plus ou
moins longues, de quatre à cinq pieds.au plus
de large , fe parées par des fentiers feulement
fuffifans pour le paffage d'un homme qui rempjifie
le.mieux ces données. Quelques amateurs, cependant
préfèrent des fériés de cercles ou d’ovales,
appelés corbeilles. Ces plates-bandes ou corbeijles
font bordées ou-de dales de pierre, ou de planches
de bois peintes, ou de.buis, ou de,gazon ,
ou de mignardifes,,ou de.ftatîcé, 8 c. La terre qui
s’y trouve, eft .relevée en dos .de Bahut. Voyer
ce mot. x
Une des c.hofes qui doivent le plus occuper
celui qui veut établir un Jardin, à fleurs d'amateur,
c’eft la cornpofition de la terre qui doit
remplir les plates-bandes , chaque forte de fLur
en exigeant une différente. Le fond eft une terre
de moyenne confiftance, une terre franc he4 dans
ï i;