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plant qui en eft provenu a acquis fïx pouces de
haut, on le repique contre un mur expofé au
.midi, dans une terre modérément amandée avec
du terreau , & on arrofe. Si la terre étoit trop
fumée & trop arrofée, il en réfulteroit une plus
vigoureufe pouffe de feuilles & moins de fruit,
& les fruits auroient un mauvais goût ou point
de goût,■ félon que le fumier & les arrofemens
prédomineroient. Ces pieds font ordinairement
frappés de la gelée au moment de leur plus forte
production, & en conféqucnce ce font leurs premiers
fruits qu'il faut garder pour femence.
Il y a un affez grand nombre de variétés de
tomates, dont les unes ont les feuilles très-découpées
, les autres peu découpées 5 les unes avec
le fruit rond, petit & abondant, les autres avec
le fruit aplati à fon Commet, gros , pliffé, mamelonné,
peu abondant. C ’eft cetcp dernière variété
qu'il eft préférable de cultiver , au moins dans
les pays chauds. Il n’eft pas rare, en Caroline, de
voir de ces fruits gros comme les deux poings :
on m’a affure, dans ce pays , qu’il y avcit une variété
dont le fruit étoit blanc.
Comme la pulpe des tomates contient une
grande auantité de petites graines défagréables
fous la dent, il eft bon , quoiqu'on ne le fafle
pas toujours , de l'en purger au moyen d’une toile
claire ou d’une paftoire.
Le fruit de la Morelle mélongène ou aubergine
n’eft pas l'objet d'une confommation auffi
étendue que celle de tatomate; cependant elle ne
Iaiffe pas que d'être encore confîdérable. Ces deux
plantes s'accompagnent partout, quoique la première
exige plus de chaleur. En Caroline , on eft
obligé de lui donner des abris, & dans le midi
de la France, de les femer fur couche pour en
avoir dès la fin du printems : on eft obligé de
leur donner deux ou trois légers binages & des
arrofemens plus abondans pendant les chaleurs :
du refte, la manière de la traiter eft la même.
Aux enyirons de Paris, les aubergines, même
fèmées fur couche & enfuîte plantées dans les
meilleures expofîtions, amènent rarement la plus
grande partie de leurs fruits à maturité avant les
premières gelées de l'automne $ auffi, quand on
veut en avoir en abondance de beaux & de bons,
eft-on obligé de les Iaiffer conftamment fous châffis
Au refte, ils n’y font recherchés que par ceux
qui en ont mangé dans les pays chauds 5 très-rarement
ils y font bons.
On garde les graines des premières aubergines
mûres pour fervir aux femisde l'année fuivante,
& on les Iaiffe terminer leur évolution dans leur
pulpe.
Le nombre des variétés de l’aubergine eft fort
confîdérable : il y en a de rouges rondes, de rouges
ovales, de rouges alongées Oc recourbées,
d«»ns prefque toutes les nuances. Il y en a de blan-
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ches qui reffemblent exactement à un ceuN
poule! u‘ üe
Il eft des perfonnes qui font perfuadées que I»
aubergines font mal-faines, parce qu'elles appavS
tiennent à une famille de plante qui contien*
beaucoup de poifonj mais ii cela étoit, il »!
long-tems que la population des pays chauds (U
roit anéantie; Si elles font quelquefois du mal
C’eft parce qu’on en mange trop & quelles eau!
fent des indigeftions. Leurs feuilles ont une légère
odeur narcotique, & font employées en médecine
comme émollientes 8c adouuffantes.
Parmi les autres efpèces de Morelle, il en eft *
encore une, la Morelle faux'piment, que lej
jardiniers de Paris appellent a m om um 3 faux-pi.
m e n t , p e t i t c e r ifie r d 'h i v e r , dont il faut auffi parler
particuliérement, parce que .fa culture eft ancienne
& fort étendue, à rai fon de ce qu'il fertà
orner les appartemens pendant l'hiver, faifonoft
il conferve les feuilles & refte garni de fes fruits
prefque femblables à des cerifes. On peut la multi*
plier de femences, de boutures, de racines, de rejetons
& de marcottes \ mais on fe contente générale-:
ment des deux premiers de ces moyens, comme les
plus propres à donner desarbres d’une belle venue.
Les graines fe fèment fur couche & fous châffis
dans des pots remplis par tiers de terre de bruyère,
de terre franche & dé terreau î & lorfque le plant
qui en provient eft parvenu a fix ou huit pouces
oe haut, on le repique feul à feul dans d’autres poti
qu'on rentre dans l’orangerie, ou mieux dans la
ferre tempérée, car cette efpèce cramt beaucoup
l'humidité, & le grand jour lui eft fort néeeffaire.
A trois ou quatre ans, il eft déjà dans le cas d'être
employé à la décoration des appartemens, &
jouit de fes avantages pendant le double de ce
tems : alors, il faut que fa tige & fa tête aient
chacun environ un pied de haut, & que cette
dernière ne foit ni trop ni pas affez garnie de
branches principales & de branches fecondaires.
Ce n’eft pas à tous les jardiniers qu'il eft donné
de former cette tête convenablement : les coups
de ferpette n'y font jamais un bon effet. Je n’ai
jamais vu ceux qui avoient été rapprochés fui
leurs groffes branches produire un bon effet.’
C'eft l’intelligence & le goût qui doivent préfider
à cette opération j ainfï ce que je pourrois en dire
de plus feroit fuperflu.
Les boutures fe font auffi dans des pots fut
couche & fous châffis, & s’enracinent promptement.
On les rentre en automne dans la ferre
tempérée, & on les traite de même que les pieds
d’un an, venus de graines.
Commé les pieds de cette Morelle donnent des
rameaux d’autant plus courts & des fleurs d’autant
plus-nombreules, qu’ils font moins graffement
nourris, il eft avantageux de ne leur donner de lâ
nouvelle terre que tous les deux ans, mais d’ailleurs
de. les tenir dans des pots d’une fuffifânte
capacité, car ils jettent beaucoup de racines. Lorf*
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su’on veut la cônferver avec toute fa beauté' dans % appariement, il faut la placer près des fenêtres
1butes les foi* qu on n’y Pas en repréfentatio.n ,
K jui donner tort peu d’arrofemens. I Les Morelles étrangères qui, avec celle-ci, fe
(cultivent dans nos écoles de botanique ou dans
Iles grandes collections de botanique , doivent fe
Itangcr ious trois dénominations : les annuelles,
«es vivaces herbacées qui fe contentent de l’oran-
Lgrie, les vivaces herbacées qui exigent là ferre
fthaude, les frutefeentes qui fe contentent de
«^orangerie, & lesfrutefcentesà qui la ferre chaude
|eft indifpen fable. I Les efpèces annuelles que nous Icelles fauffe-pomme-d'amour, d'Ltphoioffpéideo, nfsc,a bforen,t ■ImOan mlems mifourlmtipe,l ied ep aVr lierg (iénmiei s, ddee lCeuarrso glirnaein, ecsi,l iéfuer. ■l ’caonuncéhee f&u ivfaonuste ,c haâpfrlèîss , advèosi r la.i ffoilné ddea nl'sH idv’earu 5t re&s ■■ preomts élte ôs up fluarn tcso quuch'oen nt ufoeu, ronuis ccoenst rfee muni sm, uorn elxe-s ‘ ffecoefuéx adue m ceids ip, llaienutsx q ouùi no’no nlets p aarsr odfoen fnréé qleuuerms mfreunitts, llà'o l’réapnogqeureie d, eosu p mreimeuixèr desa ngsé llae efse,r rfeo tnetm rpenértréées pdoaunsr fleur donner moyen de'les amener à maturité. Je ne crois-pas que nous poffédions au delà dé
■ cinq efpèces de Morelles herbacées & vivaces, y
compris la pomme de terre : ce iont ceilès à feuil-
fles de chêne, radicante, corymbifère, inclinée , ,
Ijycioïde, à gros fruit, parmi lefqueiles la dernière
«feule demande la ferre chaude> les deux premières
IpaffenMïïême quelquefois l’hiver en pleine terre.
lOn les multiplie par femence, dont elles donnent
«toutes, par boutures 8c par déchirement des
•racines.
Cèft parmi les efpèces frutefeentes que nos
icoliettions font riches en Morelles : on en compte
«treize qui fé contentenc de l’orangerie ou mieux
Ide la ferre tempérée, & vingt-trois qui exigent lia ferre chaudej & fi je pouvois me rappeler de
■ toutes celles que j ’ai vu cultiver au Muféum , à
jTrianon, à Bagatelle, à Bellevue, chez MM. Le-
Imonnier, Saint-Germain, Cels, &c.', & qui ont
Idilparu de nos jardins, j'en doubierois peut-être
]le nombre.
Les premières font les Morelles effilée , ly-
feioide, à feuilles épaiffes, laciniée, lépreufe,. à grandes fleurs, très-aiguillonnée, fodomée, coa-
igulante, de Bahama , de Buénos-Ayres, de Mil-
-ro herifféé. InioLlèens ef é, coanudréicsu fléoen t,. leas fMeuoirlelellse sd eà lfaeuurilileers , deà ■joaicnuitlele,s àd ger ofsa ufrgue it,*, draipdhicyalnlet,e , tcroiarnygmublaiifroer m, èp,e dnu- |Ig"emrceMe,i aà gfreéugilélee,s mdaem ftmrairfàoormineë,, pcyortaocnaenuthlee» ,p molayr-- |■ P . cà« fae-uleifl,l epso dlye abceatntteh ,e , gàig eàpnitneefqs ureo,u. gàe tse.uil- I J ai réuni ces Morelles à la fuite les unes des
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autres, parce que les dernières n’ ônt pas befoir*
d’un affez haut degré de chaleur pour qu’il ne foit
pas poffible de les conferver dans les ferres tem- ’
pérees , & qu'on les y voit même plus fouvent > '
feulement elles n'y végètent pas avec la même
force. Prefque toutes craignent l ’humidité pendant
l ’hiver, & demandent des arrofemens abondans
pendant l’été. Une terre à demi confiftante ,
qu’on renouvelle en partie tous les ans, à la
fin de l’é té , leur convient le mieux : il en eft
même qu*il faut changer deux fois ou mettre dans
de très-grands pots , tant elles pouffent de ra--
cines. On multiplie de graines qu’on fème au printems
, fur couche & fous châffis, celles qui en
fourniffent, & les autres de boutures faites dans
la même faifon & dans Iè même lieu : en général,
ces plantes ne veulent pas être tourmentées par
la ferpette , & il vaut mieux faire des boutures
avec un vieux pied que de chercher à le conferver
en le rapprochant.
La plupart des Morelles frutefeentes font des
plantes remarquables par leurs feuilles ou par leurs
fleurs : celles qui ornent le plus nos ferres font les
1“ . , z c.. ÿ . , I I e. , 96e. , 107'., î i j ' . , * 14e*y
13° ° - 1 i jé '. 3 1 39e- ( B o s R- )
MORENE. H y d r o c h a j u s .
Plante vivace de la dioéçie ennéandiie & de la
famiHe des H y d r o c h a r id é e s , qui croît dans les eaux
ftagnantes & vafeufes, & qui eft figurée pl. 820
des I l lu f t r a t io n s d e s g en r e s de Lamarck.
Cette plante , n’ayant aucun agrément, ne fe
cultive que dans les écoles de botanique, 8ç fa
culture ne confifte qu’à y tranfporter des pieds
pris dans la campagne& à les y placer dans un
pot qu’on plonge dans un baffin , de manière
qu’il foit couvert de deux à trois pouces d’eau.
Ses graines, comme celles de prefque toutes les
plantes aquatiques, perdent leur faculté germinative
par la defficcation j de forte qu’elles ne
peuvent être envoyées au loin que dans l’eau ou
de la terre humide : on eft rarement dans le cas
de les femer.
J’ai obfervé en Amérique une nouvelle efpèce
de ce genre, qui fe trouve décrite & figurée danê
les A n n a l e s du M u f é u m . ( 5 o^c.).
MORFÉE ou MORPHÉE : nom qu’on donne 9
à Nice, aux cochenilles de l’olivier & de l’oranger.
V o y e \ Cochenille & Galle-Insecte.
MORFONDU. Roger-Schabol a employé ce
mot pour défigner les effets du froid fur les
Greffes. V o y e z ce mot.
MORFONDURE : efpèce de rhume auquel
font: expofés iës chevaux dont la tranfpiration
s’eft arrêtée,, fôit pafee qu’ils ont été mouillés,,
foit parce qu’ils ont été expofés à un air froid ,.
foit parce qu’ils ont bu de l’eau froide pendant
qu’ils étoient en fueur.
, On reccnnoît la Morfondure à la toux & aux