
venablement les couleurs , ils obtiennent des
effets prefque magiques, tant ils fontbrillans, de
leurs planches de Jacinthes en fleurs. Comme il y
a toujours quelques oignons qui périffent, on plante
féparément, dans des pots longs & étroits, des
oignons deftinés à regarnir, fans les ôter du pot,
les places vides.
Les caïeux fe plantent dans des planches fepa-
rées & à des diftances plus rapprochée?. Il eft bon
de mettre les gros avec les gros, & les petits avec
les petits. Quelques amateurs foignent moins lé-
tetrein où ils les mettent, que celui des planches
des oignons faits 5 mais ils ont tort, car l'influence
des premières années des végétaux fur leur avenir
eft certaine. Un jeune oignon qui a fouffert ne fournira
donc pas, quelques années plus tard , d’auflî
belles fleurs que celui qui n'a trouvé aucun obfr
tacle dans fon développement.
L'expofuion du midi eft celle que les Hollandais
donnent à leurs planches de Jacinthes. Dans
un climat plus fec & plus chaud, celle du levant
doit être préférablé. . >
Une fois plantés, les oignons de Jacinthe ne
demandent plus aucun foin jufqu'aux gelées, à
moins quil ne poufle dans les planches qui les contiennent
, de mauvaifes herbes qu'il faudroic fard
e r . Si les froids font v ifs , on couvre'ces planches
avec de la litière, de la fougère, des feuilles
fèthes, des paillalfons} car lorfque la gelée atteint
la couronne de l’oignon, il eft perdu.
Les mulots & lés campagnols mangent quelque- .
fois les oignons de Jacinthe : c'eft pourquoi il faut
leur tendre continuellement des pièges..
Au printems , s'il arrive des gelées après que
les feuilles & les fleurs font for ries de terre , on !
doit encore plus les couvrir} mais il faut le faire j
avec beaucoup de précaution, car les tiges fe caf- :
fent facilement, & leur donner de l'air petit à
petit toutes les fois que le tems le permet.
r Lorfque les gelées "ne font plus à craindre, on
fera la chafle aux limaces & aux efcargots, qui
mangent les feuilles & les fleurs de la Jacinthe.
Comme je l'ai déjà obfervé plus haut, un des
plus grands inconvéniens que prélente la culture
des Jacinthes, furtout des belles variétés doubles ,
c'eft la foibleffe de leurs tiges, comparativement
à la groffeur de leurs fleurs, foibleffe qui les empêche
de fe foutenir droites, qui fait que les fortes
pluies, les grands vents, les couchent ou même
les rompent très-fouvent. 11 faut donc donner qes
tuteurs à toutes celles qui font dans le cas de faire
craindre cet accident, & ces tuteurs feront ou de
fil de fer ou de bois, peints en v e r t, & les plus
courts, ainfi que les plus minces poflïble, afin de
peu diminuer les effets du coup-d’oeil. On y attache
les tiges avec de la foie v e r te , & de manière
qu'elles ne foient pas bleffées.
Pour prolonger leurs jouiffances, les amateurs
couvrent leurs planches de Jacinthes de toiles depuis
dix heures du matin jufqu'à quatre heures du
foir, la privation,de l'aCtion directe des rayons du
foleil retardant l’évolution des fleurs de cette
plante , comme celle de toutes les autres, & les
confervanu dans tout l'éclat de leurs couleurs, fur-
tout dans les nuances tendres.
Il eft encore plufieurs autres manières de cul tri- i
ver les Jacinthes , que je dois rappeler ici.
Celle de ces manières qui s’éloigne le moins de
la culture en grand, c’elt d’en frire des touffes dans
les plates-bandes des parterres, dans les corbeilles
des jardins payfagers ; de les placer dans des pots ;
pour garnir les terraffes, les murs à hauteur d’ap- j
pui, les fenêtres, 8cc. Il faut que ces pots aient au
moins fix pouces de profondeur, que la terre qui
les remplit foie légère & fubftantielle, & qu’elle
foit arrofée au befoin. Au refte, rarement on cultive
ainfi les plus belles variétés.
Une autre manière confifte à planter dans des
pots de belles variétés pour les faire fleurir au milieu
de l'hiver, dans une ferre, une bâche, fous
un châflïs, & en offrir aux belles ou orner la cheminée
d'une chambre où on fait continuellement
du feu. On en confacre prodigieufement, chaque
année, dans Paris, à ces deux emplois.
£ Toutes les plantes bulbeufes tirant une grande
partie de leur nourriture de leur bulbe., on a pu
élever & faire fleurir les Jacinthes dans l’eau pure.
La fingularité de cette façon lde végéter a même
invité à employer généralement ce mode de culture
, quoique fa conféquence foit prefque toujours
la perte de l'oignon ou au moins fon affoibliffement
pour plufieurs années, même, en le mettant en terre
'immédiatement après fa floraifon. On a fait en
! conféquence fabriquer des caraffes de porcelaine, de
verre , &c. propres à en recevoir un feul; des vafes
de différentes formes, au moyen defquels on peut
en raffembler plufieurs. Ces vafes fe placent, avant
l'hiver, fur ta-cheminée des appartemens conftan -
ment chauffés, & les Jacinthes fleuriffent pendant
la durée de cette faifon. Je regrette toujours, quoique
je fuive le mauvais exemple, la perte immenfe
d'oignons de Jacinthe, qui eft la fuite de cette
mode à Paris, perte qui tourne au profit des cultivateurs
hollandais qui font en poffeflîon de nous
les fournir. Toutes les variétés ne font pas propres
à être cultivées ainfi; mais le nombre en eft affez
confidérable pour qu’on ait une grande latitude de
choix.
Je ne parlerai pas de ces raves creufées & fuf-
pendues au plancher, de ces globes percés de trous,
également fufpendus, dans lefquels on met des Jacinthes
, inventions bizarres & que le bon goût a
p ro fer ires.
Les amateurs q u i, après la floraifon de leurs Jacinthes
, en edupent la tige & encore plus les feuilles,
àgiffen-t directement contre leur b u t, qui eft,
difent-ils, de favorifer le perfectionnement de l’oignon
; car il eft de fait que, jufqu'à ce qu'elles fe
fanent, ces tiges & encore plus ce? feuilles lui four-
niffent de la nourriture. Il n’en eft pas de même des
j capfules des variétés fimples : on doit toujours les
[ fupprimer lorfqu'on ne veut pas en obtenir de la
; graine, à raifon de ce que la nourriture qui leur
[ eft néceffaire tonrne au profit de la croiffance de
l’oignon. Il eft de fait quelles oignons des Jacinthes
fimples fubfiftent moins long-tems que ceux
[ des Jacinthes doubles, & encore moins long-tems
[ lorsqu'elles ont porté de la graine.
On peut relever les oignons de Jacinthe dès que
I leurs fanes commencent à jaunir ; mais il vaut mieux I attendre qu'elles commencent à fe deffécher, car
I c’eft là la véritable indication qu’ ils ne fe perfec-
I tionnent plus. C ’eft une circonftance à laquelle on
K ne fait pas généralement affez d’attention, & que
K je dois en conféquence recommander de prendre
I enférieufe confidération.
j II eft des amateurs qui relèvent leurs oignons les
j uns après les autres, c’eft-à-dire, dès que leur fane
[ eft defféchée ; Il en eft qui attendent que les fanes
I des plus tardives de la planche le foient. Ces der- ;
I niers font dans le cas d’être imités de préférence j j
I car il n'y a aucun inconvénient de retarder, & on
1 s’évite des pertes & des embarras, la fuite de la
1 pratique des premiers.
I Les oignons, arrachés par ord re, font laiffés
| quelque tems fut la terre, auffipar ordre, après en
I avoir détaché les fanes , puis mis dans des paniers I & dépofés fur des planches également par ordre ,
J & écartés feulement de quelques lignes, dans une
[ferre ou dans un autre lieu tempéré & aéré. L à ,
I leurs racines fedeffèchent, & ils perdent, avec toute
| la lenteur convenable, la furabondance d’eau de
[ végétation qu’ ils contenoient , c ’eft-à-dire, en
[ continuant toujours à fe perfectionner.
Il eft une autre pratique recommandée par plufieurs
écrivains & employée par beaucoup de fleu-
[riftest.c’eft , après avoir arraché les oignons & les
avoir privés de leurs fanes, de les remettre en
terre , à peu de diftance de là furface & un peu in-
[ clinés du côté du nord y & de les y laiffer un mois.
I Cette pratique n'eft dans le cas d’être préférée .que
| pour les oignons qui ont été arrachés avant le def-
féchement de leurs fanes , car elle eft fujète à de
»nombreux inconvéniens.
I On vifite de tems en tems les oignons fur les
fplanches, & on enlève ceux qui moififfent, pour
lies nécoyer & les mettre enfuite à part.
I Un infeCte du genre des Syrphes dépofe fes oeufs
dans les oignons de la Jacinthe, & fi la larve qui en
Inart ne les fait pas périr, elle les empêche de fleurir
& leur fait pouffer une grande quantité de petits
■ aïeux.
i C'eft encore exclufivement dans ce momént que
SL'on doit féparer des oignons les caïeux qu’ils ont
|fournis , parce que , plufieurs étant fort petits &
loffrant une large plaie à leur b afe, ilsfe defféche-
roient trop.
I Lorfqu’on veut tranfporter au loin les oignons
de Jacinthe, on les enveloppe de papier, 8c on les
place dans des boîtes par couches , alternant avec
des couches de balles d’avoine ou de froment.
Quelque fèches que foient ces matières, ils pouffent
quelquefois, mais c’ eft prefque fans inconvénient
pour les fleurs qu'ils donnent enfuite.
Il ne me refte plus , pour terminer ce que j'ai à
dire de la culture de la Jacinthe orientale, qu'à
parler des moyens de multiplication qu'elle offre,
moyens qui exigent encore d’afiez. longs dévelop-
pemens.
La multiplicatioji^des Jacinthes fimples ou femî-
doubl’es peut s’opérer par le femis de leurs graines
& par l'es caïeux qui naiffent naturellement ou
qu’on fait naître autour de la couronne de leurs
oignons. Celle des Jacinthes doubles n'a lieu que
par ce dernier moyen.
Les graines fourniffent des variétés nouvelles ; les
caïeux perpétuent les anciennes, du moins en Hollande.
M. Feburier conferlle de ch-oifir les plus belles
variétés fimples des Jacinthes de Hollande pour en
tirer la graine, plutôt que des belles variétés de
fémi-doubles, quoique cela foit contraire aux principes
( voye% Fleurs doubles ) , parce que ces
dernières font d'une nature fî altérée, quel les fourniffent
peu de graines ou des graines trop foible-
ment organifées pour donner ces variétés vigoureu-
fes qu'on recherche principalement, & il n’y a pas
d’objeCtion à lui faire. Les variétés de Jacinthes à
fleurs doubles font déjà fi nombreufes, ajoute-t-il,
qu'on ne peut en defirer de nouvelles qu’autanç
qu'elles feroient très-belles , & on ne doit en efpé-
rer de telles ni de ces variétés fimples vulgaires,
connues fous le nom de pajfaout, ni de ces variétés-
doubles, énervées par l'excès de leur luxuriance.
Ordinairement on mélange dans la même planche
toutes les variétés de couleur de Jacinthes,
afin que leur fécondation réciproque donne lieu à
un plus grand nombre de nouvelles..
Lorfque, dans une planche de Jacinthes de choix
pour femence, il fe trouve des pieds à feuilles
étroites ou recoquillées, des pieds à fleurs petites
ou peu nombreufes, il faut couper leur tige
avant la floraifon , afin d'empêcher les pouffières
fécondantes de leurs fleurs d'akérer , par leur
tranfport furies piftils des autres, les germes de
perfectionnement qui y exiftent.
On récolte les graines de la Jacinthe lorfque
leurs capfules commencent à s'ouvrir naturellement,
8c on les laiffe dans ces capfules jufqu’aa-
moment de les mettre en terre..
C ’eft à la fin d’oCtobre ou au commencement de
novembre qu'on fème un peu clair la graine des Jacinthes
dans une terre préparée comme celle pour
les oignons, mais moins profonde.. On recouvre le
femis d'un demi-pouce de terre , 8c on le recouvre ,
pendant l’hiver, comme les oignons, mais plus
tôt & plus exactement. Le plant qui en provienr.»