
La plus commune des fortes de Jachères eft
celle qui revient conftamment à latroifième année ,
après deux récoltes confécutives de céréales. C ’eft
celle à laquelle les cultivateurs tiennent le plus.
Lorfque la Jachère ne revient que la quatrième
année , comme on le voit dans les départerriens de
l’Oueft principalement, elle dure ordinairement
deux ans, 8c fournit, la première année, un chétif
pâturage dont on vante les avantages avec exagération
, parce que, n’ayant pas été femé, il femble
ne rien coûter. Ceux qui pratiquent ce mode de
culture font trop peu éclairés pour voir qu il eft
plus avantageux de retirer 50 francs d’un terrein
où Ton a mis 20 francs en frais de culture, que
10 francs d’un terrein où Ton n’ a rien dépenfé.
Il n’eft donc qu’ un petit nombre de cas ou on
doive faire une Jachère complète, & ces cas font
toujours rares.
Ainfi on peut delïrer de défoncer le terrein, foit à la charue , foit à la pioche, bien au-defïous de la
ligne qu’atteint ordinairement la charue. Alors il
faut donner le tems à la terre ramenée du fond,
qui eü infertile, de s’imprégner, pendant un hiver
& jin é té , des principes de l’ air qui lui manquent.
Ainfi on peut être contrarié dans la férié ordinaire
de fes travaux par une fécherefle trop durable
, des pluies continues , une inondation
Jong-tems prolongée, la néceffité de détruire le
chiendent & autres mauvaifes herbes vivaces a
racines profondes, une mortalité fur les animaux
de labour, & c . & c . , & qu’on foit forcé de ne
pas enfemencer une partie de fes terres. Si on ne
peut fe difpenfer de faire une Jachère, les prin-
. cipes pofés par les agriculteurs anglais veulent
qu’elle précède les graines du printems ( les mars),
afin que les trèfles, les vefces ou les fèves occupent
le terrein immédiatement avant le froment.
Dans ce cas, plus ces plantes font abondantes &
hautes, & plus la récolte qui fuit eft bonne , ob-
fervation qui eft en contradiction complète avec
la théorie que fe font les partifans des Jachères $
ce qui s’explique en dîfant que ces plantes ont
empêché l’évaporation d’ une partie des principes
fertilifans de la terre , & ont favorifé^la fixation
d’ iine partie de ceux qui flottent dans 1 air.
Mais fi une Jachère complète n’eft prefque jamais
néceflaire , il n’en eft pas de même d une Jachère
relative 8c incomplète, puifqu elle donne
le tems f e conduire les fumiers, les marnes & autres
.atfiendemens, d’ameublir la terre par un ou
deux labours, de lui donner toutes les préparations
fecondaires qu’elle exige pour afîurer le Succès
des récolres ; elle peut avoir lieu pendant l’éte 8c
pendant l'hiver j pendant l’hiver, parce qu’ il y a
des plantes qui craignent les gelées^ & la trop
grande humidité de cette fai fon,. & qu on ades rai-
fons particulières pour ne femer qu’après * pendant
l’é té , parce que la fécherefle eft trop confidéra-
ble j parce qu’ildevient néceflaire, comme je f ai dit
plus haut v de détruire lessmauvaifes herbes 5. parce
qu’enfin on a des motifs particuliers de ne faire les 1
femis qu’aux approchés de l’hiver
Un des moyens les plus économiques 8c les plus |
certains, d’après des expériences fans nombre, de |
rendre une Jachère d’ été avantageufe aux récoltes
futures, c’eft de femer des fè v e s , des pois, des
vefces, des raves, du farrafin 8c autres plantes annuelles
, qui lèvent 8c pouffent promptemenr, &
q u i, àraifon de la largeur ou du nombre de leurs
feuilles, foutirent une grande quantité de principes
conftituans de l ’atmofphère , dans le but de
les enterrer lorfqu’elles entrent en fleurs , ahn
qu’elles donnent à la terre plus qu elles ne lui ont
pris, 8c qu’ elles y introduifent de plus une humidité
durable, extrêmement avantageufe à fon amelioration
, ainfi que je l ’ai déjà obfervé.
Dans le comté de Norfolk en Angleterre , on
pratique ce qu’on appelle des Jachères tardives ,
c eft-à-dire qu’après la récolte d’automne, on fème
des turneps ou autres plantes propres à faire une
pâture d’hiver & de printems, & qu’en mai ou juin
on détruit cette pâture pour femer dufeigle ou du
froment. Ce mode de culture rentre dans les Jachères
d’été. Cette Jachère, dans d autres lieux,
s’appelle Jachère bâtarde , récolte dérobée
Il réfui te des obfervations précédentes, que les
Jachères abfolues, hors quelques cas
dans le cas d’être partout fupprimées, punqu’elles
font perdre une année de revenu , 8c détériorent
la terre fuppofée ne recevoir d’engrais d aucune
efpèce , c’eft-à-dire qu’il eft de l’ intérêt des cultivateurs
de leur fubftituer des cultures de plantes
non épuifantes, de la remplacer par des engrais
plus abondans, des binages d’été plus multiplies,
& c . & c . ,
Une queftion difficile à réfoudre par une eu
deux expériences feulement, mais qui le ft à mon
avis par des milliers de rapports inférés dans les
ouvrages les plus modernes fur l’agriculture,;prin--
cipalement dans ceux d’Arthur Young , dans les
Annales £ Agriculture 8c dans la Bibliothèque britannique,
c ’eft de favoir fi deux récoltes après une
Jachère ne valent pas mieux que trois fans Jachère
, toutes autres circonftances égales. Je ne
citerai pas tous ces rapports, mais je ferai remarquer
qu’ à égalité, il y auroit encore à fuppnmer
toute Jachère, le bénéfice réfultant de-, la plus
prompte rentrée des capitaux mis dans la culture,
& des chances moindres desaccidens produits par
la ge lé e , la fécherefle, les pluies durables , les
inondations,les grêles, les vents, &c*
Mais il' eft tant de lieux, comme je 1 ai déjà
obfervé , en Allemagne, en Italie, en Angleterre,
en Flandre, en Brabant, en Normandie, en
1 Guienne, en Alface , &c. &c. où de tems immémorial
on ne connoït point la* Jachère, 8c ou
les récoltes font excellentes j il eft tant d exemples
partout ailleurs de petites cultures, telles que
celles des jardins, des chénevières, & c . qui fe-
I Auvent, fans qu’on les leur applique, qu il ferai*
fuperflu de chercher des preuves plus nombreufes
que cellês que j’ai rapportées. ( B osc, )
Jachère bâtarde. On donne ce nom, dans
quelques lieux, à une Jachère, pendant laquelle
on fait une culture de peu de durée, comme de
pois, de haricots , de raves, 8cc. ( B o sc .)
Jachère morte. Les cultivateurs qui ne con-
noiflent que les Jachères d’éré, appellent ainfi
les Jachères complètes, c’eft-à-dire, qui durent
une année entière. ( Bosc. )
JACINTHE. H y a c in th u s .
Genre de plante de l’hexandrie monogynie & de
la famille des Liliacées3 qui réunit dix-fept efpèces,
dont l ’une eft L’objet d’une culture très-étendue
& très-produétive pourquelques jardiniers de Hollande.
Voyef les lllu f rations des genres de Lamarck,
pi. 138.
Obfervations.
On a dernièrement féparé de ce genre un affez
grand nombre d’ef’pèces pour en former le genre,
L achenal & le genre Drimie. Je'mentionnerai,
au premiëï'de ces mots , les efpèces qui doivent
le former , 8c je parlerai dans le Dittionnaire des
Arbres & Arbuftes , de celles qui fe rangent fous
le fécond, qui a été établi depuis la rédaction
des articles auprès defquels il devoit être placé.
Quelques efpèces que je mets ici ont été également
regardées comme devant conftituer un
nouveau genre fous le nomdeMuscARi : ce font
celles quife rapproc hent de la mufquée.
Efpèces.
1. La Jacinthe orientale.
Hyacintkus orientalis. Linn. Tf. De l’Afîe.
2. La Jacinthe des bois.
Hyacinthusnonferiptus. Linn. ^Indigène.
'3 . La Jacinthe d'Efpagne.
Hyacinthus ametyflinus. Linn. 2fDe l’Efpagne.
4. La Jacinthe étalée.
Hyacinthus patulus. Desf. De l’Efpagne.
La Jacinthe d’ Italie.
. Hyacinthus romanus. Linn. y. De l’ Italie.
6. La Jacinthe à Heurs pâles.
Hyacinthus ferotinus. Linn. De l’Efpagne.
7. La Jacinthe à tige penchée.
Hya cinthus cernuus. Linn. Jf De l’Efpagne.
8. Lfi Jacinthe à tige en zigzag.
Hyacinthus flevuofus. Thunb. 2f Du Cap de
Bonne-Efpérance.
9. La Jacinthe en corymbe.
Hyacinthus corymbofus. Linn. Du Cap de
Bonne-Efpérance.
10. La Jacinthe à fleurs de muguet.
Hyacinthus convallarioides. Linn. y. Du Cap
de Bonne-Efpérance.
11. La Jacinthe a feuilles courtes.
Hyacinthus brevifolius. Thunb. y. Du Cap de
Bonne-Efpérance.
12. La Jacinthe à toupet. Variétés.
Hyacinthus comofus. Linn. Indigène.
13. La Jacinthe mufquée.
Hyacinthus mufeari. Linn. 7f Indigène.
14. La Jacinthe botryoïde.
Hyacinthus botryoides. Linn. ^ Du Midi de
l’Europe.
15. La Jacinthe à feuilles de jonc._
Hyacintkus racemofus. Linn. ^ Du Midi de
l’Europe.
16. La Jacinthe maritime. A
Hyacintkus maritimus. Desf. "if De la Cote
d’Afrique.
17. La Jacinthe à p tites fleurs.
Hyacinthus parviflorus. Desf. if De la Cote
d’Afrique.
Culture.
La Jacinthe orientalè, ou Amplement la Jacinthe,
car c’eft toujours de cette efpèce qu’ on entend
parler lorfqu’ on prononce ce mot feul, a été,
à ce qu’ilparoît, apportée en Europe au retour des
Croifades, & depuis lors elle y a été cultivée avec
plus ou moins de zèle &: de fuccès, fuivant les tems
8c fuivant les lieux. Aujourd’hui, quoiqu’ un peu
tombée de valeur, quand on la compare au cas
qu’on en faifoit au commencement du dernier
fiè c le , elle eft encore très-recherchée , & les
Hollandais favent fonder, fur fa culture , un bénéfice
annuel très-confidérable & très-affaré.
Plufieurs auteurs ont écrit fur la Jacinthe & fa
culture 5 mais , à mon avis, perfonne mieux que
M. Feburier, qui, joignant la théorie àla pratique,
a pu éclairer l’ une par l’autre. Entreprendre de
rédiger cet article d’après d'autres données que
celles qu’ il a fourmes, feroit trop hafardeux. Je
vais donc me borner à mettre fous les yeux du
leCteur un précis de fon travail, fans m’ aftreindre
cependant à fuivre rigoureufement fa marche.
On a varié d’opinion fur la couleur primitive
de la Jacinthe 4 mais tout porte à croire que cette
couleur eft la bleue. Voye[ C ouleur.
Entre les mains des cultivateurs la Jacinthe ,
comme toutes les plantes cultivées depuis long-
tems, a produit une immenfe quantité de variétés,
dont les unes font plus eftimées pendant quelques
années que les autres, 8c qui enfuite font oubliées
à leur tour , parce qu’ il en paroît d’autres qui
font regardées comme plus belles. C ’eft en Hollande,
aux environs de Harlem principalement,
: qu’on s’eft le plus occupé de la production de ces
variétés, 8c les catalogues accompagnés de noms
infignifians, qu’on en diftribue tous les ans, les portent
à plus de deux mille , quoiqu’ils n’indiquent
pas celles qui, rangées fous le nom général de
communes, forment une mafle bien plus confî-
dérable encore de variétés peu remarquables par
leur grandeur ou leurs couleurs«
O ij