un commerce fort lucratif. A différentes époques 1
o n en a efiayé, dans les parties méridionales de la
France , des plantations qui ont toujours réu flî,
mais qui n’ont pas été continuées^ à raifon des
foins qu’elles e x ige o ie nt , & de l’inconftance du
climat. P lu fku rs fois j’en ai mangé provenant de
T o u lo n , de M o n tp e llie r , de Toulo ufe , de
Bordeaux &c. Aujourd’hui encore quelques particuliers
eu ont tous les ans en pleine terre dans les
environs de D a x , où le climat & le fol lui font
très-favorables. D a n s tous ces lieux leur culture
doit fe rapprocher , pour être bonne, de celle que
j’ai décrite plus haut 5 mais je n ’ai pas affez de ren-
feignemens pour faire connoïtre ici les différences
qu’a dû y apporter un climat plus froid & plus
variable, différences qui portent fans doute principalement
fur l’époque de la plantation &.de la
récolte.
L e climat de Paris e(l beaucoup trop feptentrio-
nal pour efpérer que la Patate pus fie. jamais s y
cultiver en pleine terre avec p ro fit } elle n’y fera jamais
qu’unobjet de !uxe, un amufèment d amateur.
! Jufqu’au règne de Lou is X V , qui les a im o it ,
o n ne les y a cultivées que fur couches à châtfis,
O n doit à mon collaborateur T h o u in l’expo-
ifition du procédé employé un peu en grand dans
les couches du Jardin du Muféum (outre les pieds
qui fe perpétuent dans les ferres ) , pour en diftri-
buer les produits aux écoles de botanique; fran-
çaifes & étrangères ; je. vais la tranferire. ici.
, « D è s le mois de février on établit une.couche
de fumier de cheval mélangé de litière & de fu^
m ie r c o u r t , de i'épaiffeur d’environ deux pieds a
on la couvre d’un lit compofé de terre franche ,
d e terreau de couche confommé. & de fable gr.as
.par parties égales , & bien mélangées enfemble j
enfuite on pîaçe. un châffis par-deflus, dont les»
vitreaux .doivent être diftans de terre d’environ
quinze pouces. Lorfque la chaleur de la couche eft
tombée à environ v in g t degrés , on plante les ra cines
de Patate ; on les recouvre feulement d’ern
v iro n deux pouces de terre, en les efpaçant, fur
'deux lignes , à environ deux pouces dediftànceles
unes des autres en tous fens. I l faut que la terre de
la couche foit plus fèc.he qu humide pour cette
plantation, & choifir j autant qu’il eft poflîble, un
Beau jour. O n recouvrira enfuite ces. châffis de
ieurs vitreaux. Les racines ne doivent être arro-'
fées que lorfqu’on s’appercoir qu’elles commencent
à pouffer, & très-légérement dans,les premiers
tems. Toutes les fois que le foleil fe montre
fur l’horizon, & que la chaleur fe trouve être fous
le châffis au- deffus de douze degrés , on donnera
de l’air en foulevanp le châffis j mais il faut avoir
fo in de le fermer & même de le couvrir de pail-
.laffons pendant la n u i t , pour conferver les douze
ou quinze degrés de ch.ileurqui font néoeffajres à
la végétation de cette plante. D e s réchaux à la
couche font quelquefois néçeffaires pour eptre-
Itenir cette chaleur, L e s racines de Patate ainfi
cultivées ne tardent pas à pouffer leurs tiges*
elles s’alongent de quatre à fix pouces dans Tef.
pace d’un m o is } & vers la m i-m a i, on doit;s’occuper
de les marcotter. Cette opération eft Ample
j elle confifte à courber les branches & à les
fixer, avec de petits m orceau? de bois, à envirroti
trois pouces en terre, & à environ huit pouces de
leur Touche} bientôt elles reprennent racine &
forment de nouvelles branches qui couvrent toute
la furface du châffis. Lorfque la chaleur de l’été
eft déterminée., & que. les nuits font devenues
chaudes, on peut retirer les vitreaux de deflusles
châffis, & laiffer les plantes en plein air : il convient
alors de les.arrofer à la volée matin & foir,
& abondamment.
•. m A l ’époque où les marcottes font reprifes, on
les fèvre de leur mère en les coupant avec la fer-1
pette. O n pince, à trois ou quatre yeux hors de
terre, la marcotte pour l’obliger à pouffer des
branches} & lorfque ces branches ont âtteinteinq
à fix pouces de longueur, on les arrêté, puis on
les b u t te , dans les deux tiers de leur hauteur,
avec de la terre femblablé à celle qui couvre la
cou ch e , & on répète cette opération autantde
fois que les branches s’alongent de fix pouces jufqu’au
commencement de feptembre. Paffé cette
époque, on doit laiffer pouffer les plantes en liberté.
Pendant tout ce tems 3 on doit les arrqfer fou-
vent & les garantir de la fraîcheur des nuits. Tant
qu’il ne furviendra-pas de gelées , les racines de
Patate profiteront & augmenteront de volume;
mais fitôt que le froid fe fait fentir, il convient
de les arracher.
x> Par ce procédé de culture on obtient quel-;
ques Patates de fix pouces de long fur trois de
diamètrë, & beaucoup de petites. Toutes celles
dont j’ai go ûté , foit des jardins du R o i à Choifi
'& à V e r failles , foit de ceux des particuliers,
étoient graffes, & ne pouvoient fe comparer avec
Celles dont j’ai fait depuis un fi grand ufage en
Caroline. E n effet, aucune n’étoit arrivée à foi)
point de maturité complète, puifqüe les tiges pouf*
foient toujours, & ce n’eft que lorfque ces dernières
fe font naturellement defféçhées, que le
fucre & l’amidon des racines font les plus abon*
dans poflîble, & qu’elles jouifferit de toute la pet-j
feélion dont elles font fufceptibles.»
J’ai v u , dans ma jeuneffe, cultiver en plein?
terre d,es Patates à C h o if i, par Gond.ouin, & J|
T r ia n o n , par Richard } mais leur culture différent
peu de celle fous châffis, puifqu’on élevoit d a-;
bord les pieds dans des pots, fur des .couches a
ananas, qu’on les tranfplantoic en mai en pleine|
terre à une bonne e xpo fit ion ,& qu’on les couvrit
de.paillaffons pendant la, nuit. D a n s ces derniers
tems, M . le. Lieur.de V ille -fu r-À rc ç a renouvelé]
cette culture à Sa in t -C lo u d } mais-il {l’a pedeC'
donnée autant qu’elle, eft fufceptible de ! e[re’
suffi fe.s réfultats ont-ils été plus .fôpsfaifans
ceux d’aucun a ut re , dans les années chaudes.
Voici fon procédé :
Il creule en a v r i l , à une bonne expofition, un
trou de deux pieds de diamètre & d’un pied de
profondeur, q u ’il remplit de fumier de cheval ,
fumier qu’il élève à un demi-pied au deffus du
fol. Sur ce fumièr il forme un cône de huit à dix
pouces d’épaiffeur de terre de bruyère , mêlée
par moitié avec du terreau de couche bien confommé.
C ’eft au fommet de ce cône qu’il plante
uneou deux Patates dans un trou de fix pouces de
diamètre & de profondeur, trou qu’il remplit de
pur terreau. I l recouvre enfuite toute la butté de
fumier c ou rt , & fon fommet d’une cloche.
La chaleur du foleil fe fait beaucoup pins promptement
fentir dans ces buttes, & s ’y fixe beaucoup
mieux que' dans le fol e nviron nan t , tant
en raifon de leur obliquité & de leur ifolement,
que de leur couleur n oire, &r la végétation y
eft e n ’conféquence accélérée : auffi les Patates y
profpèrent-elles mieux. O n les arrofe, on les
bine, on les charge de terre au befoin. Lorfque
les.chaleurs commencent à fe/faire fentir, on ne
met. plus la cloche que la nuit , & enfin on en
ceffe totalement l’ufage. Les tiges s’arrêtent à
deux ou trois reprifes à la fin de l’é té , & la récolte
a, lieu immédiatement après les premières
■ gelées de l’automne.
J’ai lieu de croire que des a d o s , comme ceux en
ufage en C a ro lin e , dirigés du levant au couchant,
feraient préférablès aux b ut tes, eh ce qu’il y aurait
moins de déperdition de chaleur par l’effet des
coùrans d’air.
Un obftacle qui fe préfènte de plus pour empêcher
de cultiver un peu en grand la Patate aux
environs: de P a r i s , c ’eft la difficulté de la conserver
pendant l’h iv e r , difficulté telle qu’on ne
peut jamais être certain en automne d ’avoir des?
moyens de-multiplication au printems.
Ên effet, fi on garde à l’abri de la gelée les Patates,
qui, comme je l’ai fait remarquer plusieurs-
fois, n 'y parviennent jamais à maturité dans un
air fec, ellès fe deffèchent , & fi on les garde
dans un air humide , elles fe pourriffenr. C ’eft en
les plaçant a trois pieds en terre, au centre d’une
maffe de fable prefque fe c , dans une orangerie o u
tous un toit de chaume en plein air , qu’on a le
mieux réuffi, & c’eft à ce moyen que je conféille
; de recourir , en employant les tubercules du fe-*
cond ordre.
U me femble qu’on pourroit auflï enterrer quell
e s pieds en végétation dans unè ferre chaude >
pour employer.la voie d es 'bo u tu res au prin-
tems. (B o à c .y r
P A T Ë N T R IE R . C ’eft le^Sx a p h y l i e r .
; P A T E R S O ,N N E : nom donné par Gmelin à un
genre qui ne, .diffère pas d e s -C n u s t o t e s . Voyez
S em o u , , xi »
; P A T IE N C E i nom vulgâirê d’une bfeille, & qui
s ’applique Couvent à toutes celles qui n’ont point
les feuilles acides. Voye% Oseille. •
P A T IM E . P A T I m a . -
Plante vivace de C a y e n n e , dont on ne connoît
pas les fleurs, mais q u i, par fes f ru it s } forme un
genre diftincl de ceux qui. font connus . C om m e elle
ne fe cultive pas en E uro p e , je n’ai rien à en dire
de plus. ( B o s c .)
P A T I S : terrein vague,., & où les beftiaux pâturent
continuellement. Voye% Pâturage. ,
Il eft bien à defirer, pour l’avantage de l’agri-
cuïture françaife, que.les Pâtis foient partout fup-
primés. Voye{ C ommunaux..;
PATISSON : variété de C ourge.
P A T R E . C ’eft tantôt le gardien de tous les
befiiaux d’une commune , tantôt celui des boeufs
d’un particulier. 11 eft plus généralement appelé
Bouvier.. Voye^ ce mot , •& celui Bêt^s a
cornes.
P A T R I S IE . P AT RIS-LA'.
A rb re de Cayenne, dont Richard a fait un genre
dans la polyandrie-monogynie , lequel a été appelé
Ryanie par V a h l & Wiiledenow.
C e t arbre n’eft pas cultivé dans nos jardins.
( B a s e . )
P A T T E - D ’A R A IG N E E . Voyez Nigelle.
P A T T E - D E - L A P I N : fynoDyme d’O R P lN
VELU.
P A T T E -D E - L IO N . ; : nom vulgaire de I’Alche*
mille.
P A T T E - D E - L O U P . C ’eft le Lycopode.
P A T T E - D ’O IE . D an s quelques lieux I’Anse-
Rine des murs porte ce nom.
P A T T E S . Les racines des renoncules & de
quelques autres plantes s’appellent ainfi. dans le
langage dès fleuriftes.
Pattes nom des chiffons de laine employé»
comme engrais dans quelques cantons du midi de
la France.
P A T U R A G E : terrein confacré à la Paturk
des bestiaux (v o y e i ce mot), foit perpétuellement
,. foit temporairement..
Les Pâturages fo n t , pu des propriétés particulières
, ou des propriétés communes..
Les hautes montagnes q ui font couvertes de
neige pendant fix mois de l’année , & qui ne peuvent,
faute de chaleur , produire les objets o rdinaires,
de nos cultures , celles dont la pente eft
trop rapide^ p our être défrichée avec avantage.,
celles qui n’offrent au-deffus du roc q u ’une épaif-
fëur de terré infuffifante, doivent être coufacrées
au Pâturage,.
I l eft beaucoup de : localités ,. foit arides foit
marécageufes, dans .léfquelles h fortune de leurs
propriétaires ne permet pas de faire les dépenfes-
néceffaires p o u r les mettre en état de culture
qu’ils font par c e k fe u L fo rcé s de. laiffer en Pâturage.