
fois que cela eft poflible , à raifon de l'économie
de terrein qui en réfulte. Il eft une manière Fort
peu coûteufed’y parvenir, lorfqu’ils n'ont pas plus
d’un pied de large : c'eft de placer dans leur fond,
de chaque côté, un rang de pierres plates ou de
tuiles, qui, fe réunifiant par leur bord oppofé,
forment une conduite triangulaire aux eaux qui
paffent par les interftices de réunion de ces pierres
ou de ces tuiles. Quelquefois des gazons également
difpofés produifent le même effet pendant
un grand nombre d’années confécutives , & doivent
être par conféquent préférés. Si le fofle eft
plus large, il faut faire ou des murs en pierre fè-
che, recouverts de pierres plates, de fafcinage ,
ou voûtés 5 mais alors la dépenfe augmente.
Des galeries d’écoulement, à une profondeur
plus ou moins confidérable , font quelquefois un
excellent moyen de deflecher tout un pays ; mais
il faut bien calculer les avantages, car elles font
toujours fort coûtsufes.
Les travaux deftinés à opérer le defléchement
des Marais ne font pas toujours faits avec la fo-
lidité convenable , parce que l’on veut écono-
mifer ; mais on ne peut cependant nier qu'il n'y
ait des cas ou il ne foie plus avantageux, non-
feulement à lafituation pécuniaire du propriétaire,
mais encore à la qualité des produits futurs , de
faire une opération peu coûteufe & peu durable ,
plutôt qu’une très-difpendieufe & dont l’effet fera
éternel. Ces cas, tenant à la nature du fol & à fa
pqfition topographique, ne peuvent être indiqués
ic i} mais les exemples en font allez communs pour
qu’on puiffe en trouver facilement l’application.
Que de particuliers, que d’aflbeiations fe font
ruinés pour n’avoir pas fait attention à cette cir-
conftance!
L'article D e s s è c h e m e n t contient l'hiftorique
de plufîeurs grands defiechemens, mais n'indique
pas le mode des défféchemens en général. Je dois
donc ici fuppléer à fon filence.
Beaucoup de terreins marécageux d’une petite
étendue, quelle que foit la caufe qui les rende
tels, peuvent être defféchés par le feul effet d’un
fofle de ceinture, plus ou moins profond; d’autres,
par fuite du creufement d’un puifard, dans
le lieu le plus bas, foit qu’il atteigne, foit qu’il
n’atteigne pas les couches inférieures perméables >
d’autres, par de Amples rigoles dirigées vers un
ruiffeau , une rivière, &c.
Si c’eft un ruiffeau, une rivière qui caufe le
Marais, on le fait quelquefois difpart-ître par le
feul redreflement de leur lit, ou en creufant un
fofle parallèle à fon cours. Ce dernier cas a fur rouf
lieu lorfque les eaux de ce ruiffeau , de cette
rivière, refluent par fuite d'un barrage quelconque
, comme un bief de moulin , une vanne
d’irrigation.
Souvent un terrein eft marécageux, parce que
beaucoup de fontaines y affluent, & que la plupart
font fi foibles, qu’elles ne peuvent fe creufer un
j lit : on peut donc le deflecher en faifant des foffé$
! qui dirigent leurs eaux vers la partie la plus baffe 1 II eft des terreins marécageux, furtoutdelj
troifïème forte, que la multiplicité des foffés n®
deffèche pas, ou parce que les eaux fourdent, pour
ainfi dire, de tous les points de leur furface 1 0u
parce qu’ils coniervent obftinément les eaux pfe,
viales.Je citerai pour exemple ceux des vallons de
l’interieur & du pourtour de la forêt de Mont*
morency, Marais tous en pente rapide & qui 0j.
frent un rerrein à demi tourbeux d'un pied d’épaif.
feur, repolant fur une marne argileufe de plufîeurs
toifes de hauteur. Ce n’eft donc pas en les coupant
de foffés longitudinaux, qu’on devoit cherchera
deflecher ces Marais, opération qui a été très-coû.
teufe & n'a produit aucun réfultat ; mais par unfoffé
fupérieur tranfverfal, verfant fes eaux dans un petit
nombre de longitudinaux, & furtout par le dé*
foncemenc du fol à deux ou trois pieds de profondeur,
afin de donner aux eaux un moyen fou-
terrain d’écoulement, & de mélanger la couche
inférieure avec la fupérieure,pour les rendre l’une
& l'autre propres à porter des chênes & autres arbres
à hautes tiges*
Mais la multicude de foffés que «écefluent
beaucoup de defféchemens, font perdre confidira-
blement de terrein pour la culture, comme je l'ai
déjàobfervéj & cette caufe engage fouvent à
donner écoulement aux eaux fous terre, par le
moyen de R ig o l e s couvertes ou de P ierrbs,
ou de F a s c i n a g e s , pour les rendre dans des
F o s s é s , dans des R u i s s e a u x , dans des E tangs,
dans des M a r e s , dans des P u i s a r d s , &c. Foy,\
tous ces mots.
Généralement les foffés d’écoulement creufés
dans les Marais, lorfqu’ils ne font pas d’une
grande largeur , fe comblent rapidement. îlfaut
donc les réparer fouvent, cela eft coûteux.
Cetre circônftance appuie l’opinion de ceux qui
veulent qu’on ne faffe , dans les terreins marécageux
, que les opérations ftri&ement néceffaires
à leur defléchement, fauf à recommencer lorfque
cela eft exigible. La nature tend toujours à reprendre
fes droits, & j'ai tant vu de maraisdef-
féchés à grands frais redevenir impropres à la
culture, au bout de quelques années, que je crois
qu’il faut plutôt confacrer de petites fomir.es annuelles
à l'entretien de moindres travaux, que de
dépenfer en une feule fois un grand capital.
Jufqu'ici, je n’ai eu en vue que de petits délié'
cbemens ; car la réflexion précédente ne P««
s'appliquer aux grands, qui exigent, non des rofles,
mais des canaux d'une grande largeur, d’une
grande longueur, d’une grande profondeur,canaux
qui fervent à la navigation , ou au moins ai
produ&ion du poiffon : c’eft de ces defleine
mens dont il va être quefiion. .
Un grand defléchement intéreffe prefque to I
jours beaucoup de propriétaires, &: ne p-ut>P I
conféquent, être fait que par le concours
leurs volontés ou l'intervention d'une loi. Dans
le premier cas, il ne faut l’entreprendre qu’après
(avoir*tellement lié, par des aftes réguliers , les
Individus qui doivent y concourir, qu’aucun ne
[nuiffe enfuite en arrêter l’exécution. L’expérience
[prouve que les affaires de ce genre donnent fouvent
lieu entre les intéreffés , à des procès dont les
fuites font laceffationdes travaux & même la ruine
■ des aflocies. .
I C’eft ici que les calculs de depenfe certaine &
I de produits préfumables , & les opérations prépa-
■ iatoires, principalement les nivélemens, doivent
I être faits avec la plus rigoureufe exa&itude, parce
■ qu’une petite erreur peut occafionner une très-
I grandeaugmentatioP.de frais, & fouvent faire manquer
le but. A I Des fondes de diftance en diftance pour connoitre
I la nature des couches inférieures de la terre, fondes
qu'on devra fouvent pouffer jufqu’à cent pieds,
I peuvent devenir très-importantes, parce qu’il doit
I fe trouver telle de ces couches qui fera dans le cas
de donner écoulement aux eaux, & qu’alors la dé-
Ipenfefe borneroit à faire un ou plufîeurs puifards
ijufqu’à cette couche. Ces couches perméables aux
■ eaux font bien plus fréquentes qu’on ne le croit
I généralement : il feroit même facile d’établir en
[principede théorie qu’elles exiftent partout, puif-
■ que partout il y a des courans fouterrains à une
[ plus ou moins grande profondeur, ainfi que le
| prouvent les fontaines , les puits & les mines.
| Lors même que les fondes,que j’indique ici n’au-
roient pas cet objet en vue, elles feroient toujours
I néceffaires pour calculer la dépenfe du creufement
| des canaux & foffés, les terres & les roches étant
| plus ou moins faciles à déblayer, félon qu’elles fon t
[ plus compactes ou plus tendres.
I- Pour arriver à’ un defféchement quelconque , il
ly a deux chofes à faire : contenir les eaux oui
■ viennent de l’extérieur & vider les eaux qui fe
Itrouvent dans l’intérieur , c’eft-à-dire, qui confti-
Ëtuent le Marais. Quelquefois ces deux fortes d’o-
fp’érations doiventavoirfimultanément lieu.
I ‘ On contient les eaux extérieures par des digues
I ou par des foffés.
I Quand un Maraiseft produit par les débordemens
I d’une rivière , le premier moyen réuflic toujours
I lorfqu’il eft convenablement employé.
I Quand il eft le réfultat des infiltrations de cette
I même rivière , un foffé parallèle à cette rivière
■ fuffit fouvent.
Mais il faut que les digues foient fuffiÇatnment
épaiffes, fuffifamment élevées, les foffés fuftïfam-
roentlarges, fuffifamment profonds; carlorfqu’une
économie mal entendue fait qu’on ne leur donne
pas les dimenfionsconvenables, il en réfulte queb
quefois de grandes pertes.
Le plus fouvent on deffèche un Marais formé par
une rivière , en élargiffant & creufant le lit de
cette rivière , c’eft-à-dire , en le transformant en
uû canal de grande dimenfion ; mais il eft des cas
où on d é v ie le c o u r s d e la r iv iè r e qu i le fo rm e , par
un canal pris b e a u c o u p a u ~ d e ffu s , & en l’en fa i-
fa n t pa ffer à u n e g ran d e d iftan c e.
L’important, dans le premier de ces cas, c’eft
d’empêcher que les terres du Marais foient ramenées
dans le canal par les eaux & le comblent en
peu de tems ; ce à quoi on ne parvient quelquefois
qu’en le revérifiant d’un mur de pierres; mais,
cela tft fort coûteux. C'eft principalement dans les
Marais tourbeux que cet inconvénient a lieu, le
defféchement de la furface refoulant la vafe dufond;
aufli quelquefois eft-il avantageux de faire, lorfque
la pente le permet, une ou deux retenues d’eau par
le moyen d'éclufes qui, ouvertes, donnent lieu a
un cours rapide qui nétoie le Ht du canal.
C ’eft toujours une bonne opération que de ne-
toyer tous les ans, ou tous les deux ans au moins,
les canaux & foffés qui affurent L’écoulement des
eaux dans les Marais defféchés, afin de s'éviter la
dépenfe de les creufer de nouveau au bout d’un
nombre d’années plus ou moins confidérable. S’il
n’eft pas pollible de les mettre momentanément a
fec pour l’exécuter, on y procédera avec des rabes
ou des rateaux, avec des bateaux pourvus d’ailes
à godets, & autres machines de meme genre dont
la defeription fe trouve dans le D i c t i o n n a i r e ^ A r chite
c tu re h y d r a u liq u e .
Lorfque , comme dans beaucoup de cantons de
la ci devant H.dlande, les eaux des rivières ou les
eaux pluviales fe réunifient dans des ^Marais inférieurs
au niveau de la mer, & que ces eaux ne peuvent
être écoulées par des puifards, il n'y a d'autre
reffource que de les réunir dans des étangs, dans
des canaux, & c c . , ou de les évacuer par le moyen
de machines hydrauliques mues par le vent ou les
animaux. On trouvera , dans le D i c t io n n a i r e d e s
A r t s m é ca n iq u e s , des exemples d’application deces
machines , & j’y renvoie le leétîur.
U n te r r e in d e f f ic h é t f t en c o r e lo in d’ ê t r e p ro p r e
à la c u ltu r e . Il en e f t , parmi c e u x q u i fo n t t o u r b e u x ,
qu i font m è n e plus in fe r t i le s ap rès qu ’ a v an t le u r
d e ffé ch em e n t. On d o i t d o n c e n c o r e le s fo um e t t r e
à d es t r a v a u x , & c e s tra v au x fo n t q u e lq u e fo is a u f li
lo n g s & aufli c o û t e u x q u e c e u x d o n t il v ie n t d ’ê t r e
q u e ftio n .
Le défoncement à la pioche ou à la bêche, du
fol à une profondeur d’un à deux pieds , feroit prefque
toujours une opération très-avantageufe, parce
qu’elle égalife la furface du terrein, opère la def-'
truèfion des herbes marécageufes, & , lorfque la fécondé
couche eft argileufe, fa-vorife l’infiltration
des eaux pluviales ; mais la dépenfe, toujours confidérable,
empêche le plus fouvent de l’exécuter.
On la fupplée dans ce cas par des labours profonds
& répétés, avec une forte charue garnie de cou-
tres. V o y e^ D é f o n c e m e n t .
L ’ E c o b u a g e ( v o y e | c e m o t ) e ft é g a lem e n t
to u jo u r s une o p é ra t io n a v an ta g eu fe à fa ire fu b ir au x
te r r e in s m a ré c a g e u x d e ffé ch é s : c om m e la p r é c é d
e n t e , e lle affure la d e ft ru & io n tle s r a c in e s , d es
L l ij,