A rai Ton de la grandeur des touffes qu'elle
forme , de la beauté de fes tiges ,.de fes feuilles ,
même de fes grappes de fruits , cette plante peut
être introduite dans les parterres & dans' les jardins
payfagers ; tout terrein , pourvu q u 'il ne foit
pas trop h um id e , lui convi.nt > elle croît fort
bien dans les fables qui ont quelque profondeur.
U n e expofition méridienne lui eft favorable dans
le climat de P aris, attendu qu'elle craint les fortes
gelées. C o u v r ir fes racines de feuilles fèches ou
de fougère , à l’approche de l 'h iv e r , feroit une
précaution bonne a prendre fi ces feuilles fèches
& cette fougère ne confervoientpas une humidité
toujours nuifible à leur confervation. U n e fois en
place elle p eut , hors ces deux cas, fubfifter plusieurs
années fans autres foins que ceux propres à
tous les jardins ; elle a l’avantage de pouffer de
très-bonne heure au printems , & de le faire fans
interruption jufqu'aux premières gelées ; a uffî,
paffé le mois de mai , offre-t-elle conftamment, en
même tems, des fleurs & des fruits. C 'eft aux
bords des allées, furtout à leurs points de réunion
, autour des fabriques, à quelque diftance
des maffifs, qu'elle fe place le plus communément.
U n feul p ie d , pourvu q u 'il foit f o r t , prod
uit plus d’effet que plufièurs réunis.
L e s jeunes tiges & les jeunes feuilles du P hy to -
lacca décandre font bonnes à manger en guife d 'é pinards.
O n en fa it , pendant le mois de m a r s ,
une grande confommation en Caroline , ainfi que
j’ai pu m’en affurer pendant.deux années de fé-
j o u r , parce qu’on croit leur ufage propre à adoucir
l ’âcreté des humeurs. L e u r véritable effet eft
de nourrir fort peu & de tenir le ventre libre 5 ce
qui eft réellement utile , à la fortie de l 'h iv e r ,
pour des perfonnes q ui' mangent beaucoup de
viande & de falaifons. Je defire qu’on la cultive
aux environs de Paris dans le même but ; car on
ne peut trop multiplier les moyens diététiques autour
des grandes ville s, & elle a d’ailleurs, fur
l’épinard, l'avantage d'être vivace & de fournir
bien davantage. '
Dans le M é d o c , où cette plante eft prefque na-
turalifée, on nourrit les jeunes volailles avec fes
b a ies , & on s’en trouve bien fous le rapport de
l'économie. J'ajoute que j’ai acquis la preuve pendant
mon féjour en Amérique, que ce qui.faifoix
tant périr de dindonneaux , en Europe , dans les
premiers jours de leur vie, & lors de la criîe de la
puberté, étoit le manque de baies pour leur nourriture
5 ainfi, à mon a v is , fi la pratique des habi-
tans des landes étoit partout imitée, on en fauve-
roit bien des milliers tous les a ns , au grand bénéfice
de l ’agriculture. Voye% Dindon.
M a is le P h y tolacca décandre doit être confidéré
fous d e s rapports bien plus importans, puifqu’il
p eu t , au moins dans les parties méridionales de la
Fran ce , augmenter confidérablement nos richeffes
territoriales. Jufqu a préfent il n’a pas été cultivé
en grand 5 mais j'ai lieu de croire que le tems vien-.
dra bientôt, où les propriétaires éclairés, qui habitent
fur leurs terres, feront connoïtre les ref-
fources qu’on en peut tirer en le faifant entrer
dans le fyftème de leurs affolemens.
O n peut cultiver le Phytolacca décandre, en
grand & avec p rofit, fous deux rapports diftinéts.
L e premier, c’eft pour fuppléer à la pénurie des
engrais, pénurie qui prefque partout fe fait annuellement
fentir, & influe d’une manière fi nuifible
fur le produit des récoltes des céréales.
E n effet, formant de groffes touffes, pouffant
rapidement & continuellement, s’accommodant
des plus mauvais terreins, il peut être fen;é dans
ces derniers à l’effet d’être coupé trois ou quatre
fois au moins chaque é té , pour être employé, foit
à augmenter la maffe des fumiers, foit à former
des compofts, foit à être enterré de fuite. Que
d’amélioration recevroient de fa culture les landes
I de Bordeaux , de Bretagne , de -Sologne , &c. !
( V'oyei Récoltes enterrées pour engrais.)
Je ne m'étends pas plus au long fur cet emploi,
j parce qu’il fuffit de voir le Phytolacca décandre
en pleine végétation pour être perfuadé qu’il y eft
très-propre.
L e fécond, c’eft pour fournir de la potafle,
fubftance fi néceflaire dans les arts , & fi chère en
ce moment. O n d o it , je crois,.à Braconnot la
première indication de la poflïbilité de tirer parti
du Phytolacca décandre pour cet objet. Depuis,
Théodore de Sauffurè & mon frère ont confirmé
fes apperçus. Cette plante , avant fa floraifon,
donne , par fon incinération , jufte moitié de fon
! poids de falin (potaffe non purifiée ) , ce qu’au-
1 cune autre n'a pas offert jufqu’à préfent. C e que
j'ai dit plus haut laiffe donc c roire qu’il leroit très-
j profitable de la cultiver en grand, uniquement
pour cet objet. Plufièurs perfonnes , entr’autres
mon f rère , font en ce moment dès tentatives, du
fuccès defquelles je ne doute pas. L e feul inconvénient
qu'elle offre, c’eft: qu’étant très-aqueufe,
elle fe deffèche difficilement & brûle avec peine j
mais en cultivan t , concurremment avec elle,
les héliantes annuel o u tubéreux ( le tournefol ou
le topinambour), dont les tiges fe deffèchent très-
facilement,-peuvent fe garder une année fur i’au-
tre, & fourniftenc également beaucoup de potafle,
on rend prefque nul cet inconvénient. Ployez,
pour le fu rp lu s , au mot Po t a s s e .
Pour ces deux objets on p ou rroic , ou femer le
Phyrolacca à la volée , fur un L u i labour, ou le
planter en quinconce , à iïx pids de diftance fi le
terrein,étoit fertile, & à quatre s’il ne l’étoit pas.
Je préférerois ce dernier mode. U n labour d’hiver,
foit à la charrue, foit à la houe, feroit la feule culture
que demanderoit le terrein. A u bout de huit
ou dix ans, plus ou moins, félon la nature de ce
terrein, on détruiroit la plantation ,’ & les récoltes
de céréales qui lui fuccéderoient , fe-
r o ie n t , fans doute, auffi belles q u ’il feroit pofli-
ble de le defirer.
Les autres Phytolaccas demandent au moins la
ferre tempérée ou une bonne orangerie. O n les
multiplie par le fèmis de leurs graines , lorfqu’elles
en donnent de bonnes ( ce qui n’eft pas très-commun),
fur couche &r fous châffis; par éclats de racines
& par boutures faites également fur couche
& fous châffis. C es boutures manquent rarement
, mais font fujètes à périr pendantle premier
hiver. U n e bonne terre légère & des arrofemens
modérés leur font convenables» .Comparées a la
première efpèce., elles font de peu d’intérêt & ne
Contribuent pas beaucoup à l'ornement des ferres.
Les deux dernières, qui font ligneufes, perdent
prefque toutes les années l’extrémité de leu fs
touffes; auffi les buiffons qu'elles forment, font-ils
toujours hideux. Il n’en eft pas de même en Italie; 1
ou’ je les ai vu paliffader fort avantageufement
contre les murs pour en cacher la nudité. ( B os c.)
P I C E A : efpèce de Sa p in . Voyeç ce mot.
P IC O T : nom des O reilles-d ’o u r s , dont
les étamines font courtes. Voye1 ce mot.
P I C O T T E : fynonyme de C l a v e a u . V oy e i ce
mot.
P I C R A M N I E . P i c r a m n i a .
Arbufte de la Jamaïque, qui feul forme un
genre dans la dioécie triandrie.
Il n’èft pas cultivé dans nos jardins. ( B o s c . )
P IC R IA . P i c r i a .
Plante médicinale de la C o c h in ch in e , & qui s ’y
cultive, mais que nous ne poffédons pas dans nos
jardins. E lle forme feule un genre dans la didyna-
mie angiofpermie. ( B o se. )
P IC R ID E . P i cr i s.
Genre de plante de la fyngénefie égale & de la
famille des Ckicoracées } dans lequel fe placent
huit efpèces, la plupart propres à l’E u ro p e , &
cultivées dans les écoles de botanique. Voye1 les
Ulujirations des genres de Lamarck, pl. 6 4 8 , où il
eft figuré.
Observations.
Quelques botaniftes ont D p are des efpèces de ce
genre pour former ceux Helmentie & T o l-
pis. Voyez ces mots.
Efpèces.
1. L a Picride épervière.
Picris hyeracioides. L inn, <? Indigène.
2. L a Picride afplénioïde.
P icris afplenioides. Linn. O D e la Barbarie.
3. La Picride à feuilles entières.
Picris integrifolia. Desf. O Indigène.
4. La Picride globulifère.
Picris globulifera. Desf. O D e ....
y. La Picride épineufe. •
Picris aculeata. Vahl. 2f D e la Barbarie.
6 . L a Picride pauciflore.
Picrispauciflora. Desf. O D e la Barbarie.
7. La Picride rudéraie.
Picris ruderalis. W iild . if D e la Bohême.
8. L a Picr id e du Japon.
P ic r is japonica. Thunb. © D u Japon.
- Culture.
O n voit dans l’école de botanique du Muféum
d’hiftoire naturelle de P aris, les quatre premières
de ces efpèces ; leur culture-cônfifté à femer leurs
graines dans des pots fur couche nue , & à repiquer
le plant qu'elles ont prod uit , lorfqu’il a acquis
trois à quatre feuilles : on le farcie s’il en
eft befoin. U ne terre légère eft celle qui lui
convient le mieux. C e s plantes font de nul intérêt
pour tout autre qu’un botanifte. ( B o s c . )
P I E : oifeau du genre des Corbeaux, qui vit
par couple ou en fociété de famille, & qui tantôt
fait du bien aux cultivateurs, en détruifant les
larves des infe&es qui nuifent aux produits des
récoltes, tantôt leur fait du niai, en mangeant
fes grains & plufièurs fruits, comme Cérifes , rai-
fins, &c. I l y a donc autant & peut-être même
plus de motifs de le conferver que de le détruire.
Voyei le Dictionnaire d3Ornithologie. ( B o s c . )
P I E D D E S A N IM A U X . Les variations qui
exiftent dans les proportions des différentes parties
du corps des animaux fauvagés font trop
petites pour qu elles foiént fenfibles à leur Pied ;
auffi n’y fait-on nulle attention; mais celles que
la domefticité développe dans le che val, l’â n e , le
mulet, le boe u f , le mouton , la chè vre, le coc
h o n , le chien, la p ou le, le pigeon , & c . , font
quelquefois tellement grandes, qu’on eft forcé de
h prendre en confidération. Quelle différence, en
effet, entre le Pied d ’un cheval de Hollande &
d ’un chèval limoufin, d’un chien baffet & d ’un
chièn le v r ie r , d ’un pigeon bifet & d ’un pigeon
p atù , &c. !
T es cultivateurs font donc forcés d’étudier les
différences q u ’offrent les Pieds des races des animaux
qu’ils fe font affujettis, furtout des chevaux.
(Vo y e ç C heval.) Je ne parlerai ici avec quel-
qu'étendue que de ceux de ces derniers , renvoyant
, pour les autres, aux articles des animaux
qui les offrent.
L e c h e v a l v é r i t a b l e m e n t f a u v a g e n ’ e f t p lu s
K k k k i j