
cavités ni faillies remarquables. Il faut donc s’atta- J
cher à diriger la marche de la char ne de manière ]
que les premières foient comblées & les fecon- ]
des abattues par Talion même du Labourage.
C ’eft une attention qui ne coûte pas beaucoup ,
mais qu'on n’a pas a fiez généralement , quoique
fes réfultats foient très-utiles aux récoltes , ne fût-
ce qu’en diftribuant plus également les eaux pluviales.
Tenir les raies extrêmement droites eft auffi un
avantage qui n’eft pas affez apprécié. N’y trouvât-
on que la faculté donnée à l’air de circuler plus
aifément, ce feroit déjà beaucoup. C ’eft principalement
aux environs de Paris qu’il faut voit la
beauté des Labours, fous ce rapport. Le feul
coup-d’oeil fuffit pour les guider ; ainfi il n’y a pas
de motif pour que ceux du centre de la France ,
qui décrivent conOaniment des courbes, faffent
de même.
Quant à la longueur de ces raies, elle n’eft bornée
que par la néceflïté de laiflfer repofer les attelages
; ainfi elle fera plus confidérable dans les
terres légères , où ils fatiguent p eu, que dans
les terres fortes & caillouteufes, où ils fatiguent
davantage. Le moins, dans ce cas, eft préférable
au plus, lorfque d’autres.circonftances » telles que
les bornés de la propriété, taillent de l’incertitude
fur fa fixation, parce qu’il fe trouve des cas,
comme une longue pluie, qui rendent les Labours
plus pénibles. Comme cette fixation eft fondée fur
des elémens très-variables, la nature de la terre &
la force des attelages, elle appartient exclufîve-
ment à celui qui opère.
La largeur des planches des Labours dépend, &
de l’efpèce de charue qu’on emploie,celle à tour-
ne-oreille pouvant les faire plus grandes fans in-
convéniens,& de la nature du fol, devenant avan-
geux de les faire étroites dans ceux qui, étant argileux,
retiennent facilement & long-tems les
eaux pluviales. Dans ce dernier cas , on laboure
fouvent en billon, c’eft-à-dire, de manière que
lés planches font fort élevées dans leur milieu.
On forme des billons foit avec ia charue ordinaire
du pays, foit avec une charue particulière ,
appelée charue à billonner.
feulement de deux raies, & ils fournifïent des or- I
ges de la plus grande beauté. Cette forte de cul- I
ture fe confond alors avec celle par Rangées. I
Voye\ ce mot.
Pour opérer, le premier fillon eft tracé à deux
ou trois pieds en dedans du bord de la pièce , &
on en ouvre un fécond à côté qui le remplitj en-
fuite en ouvrant un troifième.de l’autre côté du
premier, la terre de ce troifième eft renverfée fur
le premier 5 un quatrième remplit ce troifième.
Pour continuer à billonner le champ, il faut revenir
rémplir le fécond fillon , puis le quatrième, &
ce jufqu à ce qu’on foit arrivé à la largeur defirée.
Plus les billons font étroits & plus la terre devient
promptement fèche j auffi font-ils de beaucoup
préférables dans certains fols humides &
dans certaines années pluvieufes. Dans le comté
de Norfolk en Angleterre, on les fait quelquefois
’Comme le Labour en billon fait perdre pour I
la production, à raifon du iéjour des eaux , tout I
l’entre-deux des billons, beaucoup' de cultivateurs I
ignorans la repouffenc> mais fes avantages font li I
certains dans les pays argileux , qu’il n eft pas I
polfible à ceux qui font éclairés, foit par la théo-
rie foit par la pratique , de fe refufèr à fon exécu- I
tion. Des contrées tort étendues ne pourroient que I
rarement obtenir des récoltes li on n’en faifoit pas I
ufage, parce que les céréales feroient noyées peu- I
dant les quatre mois'de l’hiver, & brulees p<n- I
dant les quatre-mois de l’été. J’en ai vu des exera- I
pies fans nombre, principalement dans les monta- I
gnes granitiques & fchifteufes du centre de la I
France, & dans les landes argilo-iabioneufes du I
Bordelais, de la Sologne, & c . 5 I
Lorfque le Labour en billon eft dirigé de l’eft à I
l ’oueft, il produit l’effet des A dos ( voye[ ce mot), I
c’eft-à* dire , que les billons font iutçeptibles üc I
s’échauffer du côté du midi, au point d’amener I
leurs récoltes à maturité huit ou quinze jours avant I
les terreins voilins. Sous ce rapport, de tous les I
billonages 3 celui que j’ai obfcrvé fur les monta- I
gnes de la Galice, & qui fe fa it, comme je i’ai I
déjà dit, avec une araire, à la baie du manche de I
laquelle eft fixé tranfv^rfalement un petit fagot I
de genêt, remplit le mieux Ion objet
Il elt d’obfervation que les blés venus au nord, I
dans les billons ainfi dirigés , font inférieurs à I
ceux venus au midi, ainfi , les confeils précédens I
ne font pas applicables aux circonftances où on I
defire égalité dans tous les produits du champ.
La culture par billon diffère fort peu par fa dif- I
pôfition, comme je viens déjà de. l’oblerver, de I
celle par rangées, & on fait combien cette der-1
nière offre d’ avantages. On peut l’y affimiler com- I
plétement en fuivant la méthode ufitée dans les I
landes de Bordeaux. La voici :
En automne, on forme des bidons d’un pied de I
large, fur lefquels on fème du feigle. Au prin-1
tems, on laboure l'intervalle de ces billons, & on I
y fème ou du maïs, ou du forgho, ou des pom-1
mes de terre. Ces plantes levées reçoivent une I
première façon. Plus tard, lorfque le feigle eft ré-1
co k é , on les butte à la houe avec la terre des bil* I
Ions. Cette culture eft une des meilleures qu’on ■
puiffe imaginer.
Il eft une manière de labourer en billon , qu’on ■
appelle ruchotter dans la ci-devant Belgique. EÜe Jl
-pour but de tranfporter fucceffivement la terre uni
gauche à droite ou de droite à gauche , jufqu*!
l’autre côté de la planche , de forte qu’au b o u ta i
huit ans elle parcourt route la largeur de cette ■
planche. Cette manière ne paroît -pas offrir “el
grands avantages, cependant, comme elle e f t ^ 'l
pLoyee par un peuple uès-induftiieux, et qiiCja | me l’ai pas étudiée, pas de la critiquer. fur les lieux, je ne me permets Voye[ Ruchotter.
Très-fouvent dans les terres fortes, qui ne font
pasdifpofées en billons, on eft ob ligé, pour donner
de l ’écoulement aux eaux pluviales, de faire,
après les Labours » de profonds filions irréguliers
dans le fens des pentes, filions dans lefquels on
paffe quelquefois deux fois de fuite la charue pour
les creufer davantage. On appelle ces filions des
Fosseraies , des Égouts , des Maîtres.
I Voye[ ces mots..
Par la raifon contraire, on eft déterminé à faire
des Labours aufiï plats que poffible dans les terreins
fibloneux, graveleux, cray eux, de autres d é ’
même nature5 car c’ eft de là permanence de leur
humidité qu'on peut efpérer de bonnes récoltes. Il
elt telle localité où on laboure toutes les pièces
fans les féparer en planches. Ces fortes de Labours
s’appellent des Labours plats : on ne peut les exécu-
! ter qu’avec des charues à tourne-oreille.
Souvent on laboure à plat & enfuite on marque
les planches par des raies très-profondes 5 mais
cette méthode ne vaut rien, parce que la terre,
tirée de ces raies, les bordant d’une élévation,
l'eau de la planche s’écoule plus difficilement.
Voye{ Raie.
Les eaux pluviales entraînent toujours dans les
| vallées la terre des coteaux qui font en culture5 il
faut les labourer de manière à retarder cet effet le
plus poffible, & pour cela employer encore la
charue à tourne-oreille, & faire les raies tranf-
verfales, en commençant par le haut j ce qui fait
que chacune d’elles eft remontée de quelques pouces.
Si on avoit fuivi plus généralement cette pratique
, il n’y auroit pas autant de montagnes dé*
nudées, & par conséquent perdues pour la culture.
Voye% Montagne.
ParJ es mêmes raifons, les binages de la vigne
devroient être faits de haut en bas -, mais il eft très-
peu d’endroits où on fe donne cette peine , car
| c en uue. On aime mieux faire la dépenfe de <
î remonter, deloin en loin , les terres à dos d’homme '
ou de chsval, opération fort coûteufe & fort
longue.
Medoc & autres parties des environs de Bordeaux,
ainfi que dans beaucoup de cantons des départe-
niens méridionaux, on laboure la vigne à la charue
, & qu on s en trouve bien fous tous les rap-
ports. Il feroit fort à defirer, pour l’avantage des
propriétaires, que cette pratique fût fuivie dans
tous les vignobles où elle eft fufceptible d’être
introduite. J’entrerai, à fon égard, dans de grands
details à l’ article V igne.
Lorfque les champs font bornés par des murs.
des haies, des foffés, on ne peut approcher le:
eî tre™ tés des filions de ces obftacles, & il faui
n.ecefîàiremenc faire, dans ce cas, un Labour per
pendicuJaire aux deux extrémités de ces filions. Il
en eft de même lorfque le champ eft irrégulier,
qu’il préfente des angles faillans, qui ne peuvent
entrer dans les lignes des filions. Quelquefois
oufti on les laboure à la bêche ou à la houe. On
appelle cela relever les coutumières , dans le département
du Gers.
Dans quelques endroits, on reprend, de loin en
loin, la terre apportée par les Labours aux deux
extrémités des filions, pour la rendre au milieu
du champ, & cette opération offre, outre fon
avantage direéfc, ceux, d’élever ce milieu avec de
la terre bien remuée, de favorifèr l’écoulement
des.eaux.
II eft des cantons où la nature des terres eft fi
variable, qu'elle change plufieurs fois dans i’ef-
pace d’ un arpent. Ainfi il faut ici labourer plus
profondément, plus loin il fuffit de gratter la
terre > dans tel endroit il convient de labourer
avant l’hiv e r , dans tel autre après. Réfléchir, à
la tête de fa charue, eft bien plus important qu’on
le penfe communément.
Dans le pays de Waes & aux environs d’Aloft
dan* la ci-devant Belgique, on laboure les champs
à là bêche tous les fix à huit ans , & cette opération
, qui s’ exécute fous un mode particulier,
s’appelle Royoler. Voye^ ce mot.
Le binage à la houe à cheval, immédiatemen*
avant les femaïiles , équivaut le plus fouvent à un
Labour & quelquefois vaut mieux. Combien il eft
j à defirer que cet utile infiniment fe- trouve, comme
la herle & le rouleau , dans toutes nos exploitations
rurales, & qu'on en fafîe un ufage habituel?
y'oyei Houe a chévat-
Les Labours doivent être plus parfaits dans les
pays où les terres font chères & les bras à bon
compte, que dans ceux où la terre eft à bon compte
& la main-d’oeuvre eft fort chère. C ’eft pourquoi ils
font fi peu foignés dans les nouveaux établiffemens
de l’Amérique fèptentrionale. A quoi fetvïroit au
propriétaire de mille arpens de friches dans le
Kentuke, de labourer parfaitement un arpent ,
lorfqu’en en labourant mal d ix , il aura trois fois
plus de produits?
On fuit, dans le comté de Norfolk, en Angleterre
, une pratique dans le Labour des champs ,
dont on fe loue beaucoup, & dont j’ai vu quelques
exemples en France. C ’ elt de faire travailler trois
charues en même tems à la formation de la même
planche, chaque planche éiana compofée de
fix raies, comme cela a le plus communément
lieu. Lorfqu’on ne met que quatre raies à la planche
, on n’emploie que deux charues : dans ces
deux cas,on donne fept pouces de largeur à chaque
raie. ( B o s c . )
Labour d’une charue. On dit qu’ une ferme
eft d’une charue, lorfqu elle contient exa&ement
la quantité de terres labourables qu’ un attelage
peut labourer dans le cours de l’ année. O r , les
P i j