
Les Mouches & leurs larves font la nourriture
de beaucoup d’oifeaux & de plufieurs poiffons.
Les volailles & les carpes en font furtout une
grande confommation. 11 eft des pays où on établit
dans la cour de chaque ferme une foffe pour y
jeter toutes les matières animales , afin de fournir
* par lés larves qui y naiffent , un aliment aux
poulets & autres petits des oifeaux de baffe-cour,
pour engraiffer les carpes du vivier, &c. Il n’y a
pas de doute pour moi que fi on le faifoit partout,
■ on éviteroit bien des pertes au moment de la
pouffée du rouge dans ces oifeaux, furtout des
dindons : il y a cependant à obferver que les
poules pondeufes qui en mangent beaucoup font
des oeufs dont le jaune eft noirâtre & a un goût
défagréable ; ainfi il faut les en éloigner. On recouvre
ces foffes de quelques pouces de terre, &
d’une claie qu’on enlève tous les matins pour donner
aux couvées la facilité de fe repaître. Cette
terre eft, au commencement de l’hiver, répandue
fur les champs, qu’elle engraifl’e éminemment. Il
a été prouvé, par des expériences directes, que la
multitude de ces larves affaiblit les émanations
délétères, 8c même l’odeur de ces foffes.
Outre ces fervices, les larves des Mouches
concourent puiffamment à accélérer la décompo-
fition des charognes, des matières fécales, des
amas de végétaux herbacés qui affe&ent délagréa-
bîement nos fens & peuvent nuire à notre fanté.
Celles d’entre les Mouches que les cultivateurs
font le plus dans le cas de remarquer, font :
La Moçche carnassière : elle dépofe fes
petits, car elle eft vivipare ou mieux ovovivipare
dans les charognes, & quelquefois dans la viande
réfervée da'ns la emfine des cultivateurs.
La Mouche bleue de l a v ia n d e . Celle-ci
fait des oeufs dans les mêmes lieux que la précédente
, mais plus communément dans la viande
fraîche : c’eft ceile dont les ménagères ont le plus
à fe plaindre.
De tous les moyens indiqués pour empêcher
cette Mouche de dépofer fes oeufs fur la viande
fraîche, il n’y a que les cages à cannevas de bon.
Un commencement de cu'rfïon retarde bien la
ponte, mais ne l’empêche pas.
Le Mouches dorée & c é sa r ne different
prefque que pour la grandeur; elles choififfent
aufti les charognes pour y pondre. Ce font principalement
leurs larves qui forment la population
des foffes dont j’ai pa*.lé plus haut, & qui, fous le
nom d'a r c o t , fervent le plus fréquemment d’appât
pour la pêche à la ligne des petits poiffons.
La Mouche des l a r v e s eft au nombre des
auxiliaires des cultivateurs contre leurs ennemis,
puifqn’elle dépofe fes oeufs fur le corps des chenilles,
& que fes petits, vivant aux dépens de leur
fubftance , les font périr,
La Mouche coMM*UNseft plus incommode par
fon inimenfe multiplication , que véritablement
ouifibie. Ses larves vivent dans tes fumiers, les excrémens,
les ordures des cours. Ce n’eft pa$eii
qui pique, comme on le croit communément mjf
le Stom o x e . Voyej ce mot.
Pour fe débarrafler de cette Mouche dans |J
appartemens, qu’elle falit de fes excrémens,&<J
elle fe rend fouvent infupportable, on a indiqué
bien des recettes; mais la feule qui rempliffe (if.
fifamment fon objet, c’eft de l ’eau fuerée empoiJ
fonnée. v
La Mouche s t er co r a ir e : fa larve vit datif
les excrémens des hommes, dont elle accélère
la décompofîtion.
La Mouche des fromages provient de larves
qui fe nouriffent de fromage , & qui l’em.
pêchent de fe conferver aufli long-tems. Certai-
nés perfonnes préfèrent le fromage ou elles fe
trouvent, parce qu’ il eft plus piquant ; mais elles
n’en caufent pas moins une perte confidérable de
cette denrée. On les empêche de naître en tenant
les fromages dans un lieu frais & obfcur, & on
les fait périr en les falant & en les trempant dans
le vinaigre.
; La Mouche de l a truffe vit dans ce champignon
lorfqu’ elle eft en état de larve, & indique
le lieu où il fe trouve quand elle eft à l’état parfait,
en voltigeant au-deffus de fa place.
La M ouche des r a c in e s . C’eft des racines
du radis noir que vit fa larve, & certaines années
elle leur^ nuit beaucoup. Je ne connois d’autre
moyen d arrêter fes ravages , qui font quelquefois
confidérables, que d’arracher une année tous le$
radis avant qu’elle le foit transformée en nymphe,
au mois de juin, par exemple, ou de fufpendre pendant
un ou deux ans la culture de cette plante. afin
d’interrompre fa multiplication.
La Mouche du chou produit fur les racines
de cette plante le même effet que la précédente
fur le radis. Les mêmes moyens de deftruétion
doivent lui être appliqués.
La M ouche du v in a ig re doit fa naiffanceà
une larve qui vit dans le vinaigre. Il eft rare qu’on
iaiffe pendant l’été un verre de vinaigre ou de vin
expofé à l’air, fans qu’elle y accoure. Tenir ces
liqueurs dans des vafes bien bouchés, c’eft le
meilleur moyen de l’empêcher d’y dépofer fes
oeufs.
La Mouche météorique fe fait remarquer
dans les pays de montagnes par la ténacité avec
laquelle elle pourfuit les animaux & les hommes,
pour fe fixer autour de leurs yeux & fucer l’humeur
qui en lubréfie les bords.
La M ouche des épis de l’orge (Mufcafrit,
Linn.) dépofe fes oeufs dans le grain de l’orge
encore en lait, 8c fa larve le dévore. Je ne l’ai pas
obfervée en Fiance , mais elle eft commune en
S,uède.
La Mouche des tiges de l ’orge (Mufcn
l in e a t a , Fabr.) choifit une tige d’orge, de bornent
ou de feigle pour y dépojgr un oeuf d'o,ù
fort une larve qoi la fait périr, 8 elle pond plus
Lie cent oeufs ; suffi caufe-t-elle beaucoup de dom- ;
[ â g e s aux. cultivateurs dans certains cantons 8c
[dans certaines années.
plufieurs autres larves de Mouches non encore
[connues des naturaliftes dépofent auffi leurs oeufs
[dans les tiges des céréales, & elles feront bientôt
fknalées par mon collègue 8c collaborateur Oîi-
[vier, q°t s’occupe d’un travail fort étendu qui
[les a pour objet.
L a M o u c h e d e l ’o l i v e : fa larve fait tomber
certaines années , une partie de la récolte
[des oliviers avant fa maturité , & caufe par conséquent
de grandes pertes aux propriétaires de ces
récoltes. Le moyen qu’on emploie aux environs
d'Aix eft le feul praticable pour s’en débarraffer :
c’eft de cueillir les olives un peu avant leur com- i
hilète maturité, & d’en exprimer l’huile de fuite,
les larves n’ayant pas alors le tems de fe tranf-
[former en infe&es parfaits. V o y . le mot O l i v i e r
| dans le D ic t io n n a ir e d e s A r b r e s & A r b u f ie s .
La M o u c h e d u c e r i s i e r o ffr e p o u r le s b i garreaux
le m êm e in c o n v é n ie n t q u e la p r é c é dente;
mais com m e le u r v a le u r eft b ie n d iffé r e n te ,
| on ne s’en plaint que par fuite du défagrément
de trouver fa larve fous la dent lorfqu’on les
I mange.
I 11 eft encore beaucoup de Mouches qui nui-
[fent aux produits des cultures ; mais, ou elles
[font ordinairement trop rares pour mériter l’at-
| tention des cultivateurs, ou elles font encore
[imparfaitement connues. Je m’arrête donc ici.
[ Voyei en fu p p lém e n t à c e t a r t i c le , c e u x S t o -
| mox e , H i p p o b o s q u e , OE s t r e , T a o n , T i -
| püle & S y r p h e . ( b o s c . )
Mouche c a n t h a r i d e . V o y e [ C a n t h a r i d e
[ dans le D i f t io n n a i r e d e s I n je f le s .
Mo u c h e a m i e l . Voye^ A b e i l l e & R u c h e .
I MOUCHETÉ (Blé),. C ’eft tantôt du froment
I qui donne des indices; de carie ou de charbon ,
| tantôt celui qui a été taché par un com'mence-
[ ment de pourriture pour avoir été mouillé , foit
| dans le champ, foit dans la grange ou les meules,
foit après avoir été battu. Dans tous ces cas , le
K blé perd beaucoup de fa qualité, & par conféquent
| de fa valeur. ( B o s c r . )
| MOUILLURE fy n o n ym e d ’A r r o s e m e n t .
| Vayei ce mot.
11 eft cependant des lieux où on donne fpécia-
[ Jement ce nom aux arrofemens légers ou faits
| avec la pomme d’arrofoir percée des plus petits
I trous, , arrofemens que dans d'autres lieux on
K appelle B a s s i n a g e . ( B o s c . . )
MOULIN A FARINE.. Ce n’eft pas tout que
I û avoir du blé, il faut encore l'approprier à l’ufage
I auquel on le deftine, puifqu’il ne peut être mangé
I ni avec autant d’agrément, ni avec autant de pt o-
I oLÆroptemen; cuit comme le riz, que réduit en
I ,arine & transformé en pain. Les Moulins font
I ii°n? n^ceftaires dans l’état aétueî des nations.
I un long article devroit donc leur être ici con--
faeré ; mais comme ils ont été décrits, & leur
emploi développé dans le D i f t io n n a i r e d e s A r t s ■
m é c a n iq u e s , auquel je renvoie le teéfceur, je me
contenterai d’en dire quelques mots.
Deux pierres plates Sc de furface rude furent
un moulin dans l’enfance des fociétés agricoles.
Bientôt h pierre fupérieure fut percée pour donner
paffage à un pivot fixé dans l’inférieure , 8c
elle fut mife en mouvement au moyen d’un bâton
un peu oblique, entrant d’un bout dans un trou
creufé au bord de cette pierre fupérieure, & de
l'autre dans un trou creufé dans la branche horizontale
d’un arbre , dans une traverfe , une poutre,
&c. C ’eft encore ainfi que les peuples demi-
fauvages de l’Afrique & de l’Amérique réduifeiit
. en farine groflîère les grains dont ils fe nourriffent.
| Je fuis étonné que ce Moulin, fi fimple 8c fi économique,
que j’ai vu fi fouvéht en aétion pendant
mon féjour en Amérique , ne foit pas connu en.
Europe, où, malgré l’imperfe&ion de fes produits
, il trouveroit un emploi utile dans beaucoup
de cas.
Les Moulins des Anciens étoient formés d’un;
cône tronqué de pierre, tournant dans une cavité
de pierre de même forme : les hommes, les
animaux & l’eau étoient les agens qui les fai-
foient mouvoir. On dit qu'il y en a encore de
tels dans l’Afie mineure 8c autres contrées de
l’Orienr.
Aujourd’hui, il n’y a plus en Europe que des
Moulins compofés de deux pierres plates, dont
l'inférieure eft mife en mouvement au moyen de
plufieurs engrainages de roues 8c de lanternes,.,
par l’effet d’un courant d’eau , de la vapeur de
l’eau , du vent, d’un animal-, d’un homme. Leur
conftru&ion eft plus ou moins fimple 8c extrêmement
variée.
Les Moulins mus par l’èait ou par la vapeur de
l'eau font les meilleurs de tous , parce qu’ ils-
agiffent leplusconftamment, le plus régulièrement^
& peuvent avoir les meules les plus grandes; ce
font donc ceux qu’on doit préférer toutes les fois-
qu’on le peut. Dans leur grand nombre il faut
diftinguer ceux qui font dits économiques , parce
que ce font eux qui fourniffent le plus de farine 8c
qui la font meilleure. V~oÿe* au mot Fa r in e .- 11 y a aufli un grand nombre de fortes de Moulins
à vent. Leur invention , qui eft due aux peuples
de l ’ O r i e n t , e f t un bienfait inappréciable pour
les pays qui manquent d’eau & qui ne font pasaffer
riches pour faire les frais de premier établiffement
d’un Moulin à vapeur ; cependant ils ont le très-
grave inconvénient de ne pouvoir pas-agir en tout
tems , & de donner une mouture fort inégale , à
•raifon de la variation, perpétuelle de là force de
leur moteur-
Les Moulins mus par des animaux ou par dé»
■ hommes font d’un bien petit effet, quand on les
compare aux précédens ; aufli ne font-i!s guère
en ufage que dans les pays où on ne peut en