
L ’eau de chaux eft au premier rang parmi les j
agens néceflairesj c’eft le précipitant par excel- j
le n ce , malgré les inconvéniens.qu’il entraîne. La
p ou ffe caufiique ne lui fert que de fupplement.
O n emploie l ’acide fulturique pour arrêter la fermentation
& précipiter l’indigo des eaux de la- j
vage j l’alun produit le même effet. L e s huiles
fervent à faire fondre les écumes.
P o u r chauffer l’e a u , il faut des chaudières d’une
capacité proportionnée à la quantité de .feuilles
-qu’on veut mettre en fabrication. & que ces chaudières
foient établies fur des fourneaux d une
conftrudtion telle, qu’il ne fe perde pas de combuf-
t ib le , & qu’elles puiffent communiquer les unes
avec les autres , au moyen d’un tube d un pouce
au moins de diamètre. \ '
Beaucoup de cuves ou cuviers font îndifpen-
fables 5 favoir : deux au moins pour 1 infufion des
feuilles > on les appelle le trempoir y ce font les.plus
élevés au-defius du. fol } un. pour recevoir 1 eau
chargée de la matière colorante , & la laiffer déposer
fes impuretés } c’eft le cuvier du\ repos ; un
p o u r battre cette eau > il fe nomme le oattoir y^un
p ou r dépofer l’indigo après cette opération ; c eft
le cuvier de précipitation y un pour recevoir les
eaux privées, de leur indigo & en retirer les reftes :
on p ou r roit * félon M . G io b e r t , 1 appeler le cuvier
d‘économie y un pour laver 1 indigo précipité j c^eft
le cuvier de lavagey un pour fa fermentation } c eft
le cuvier de fermentation. Enfin , un pour 1 eau de
chaux. ; # .
Dans une petite indigoterie, ces cuviers ou cuves
feront en bois , & dans une grande, en pierre j toutes
auront des tuyaux d ’ecoulement en dehors.
O n met les feuilles de Paflel dans une des cuves
appelées trempoirs, pendant qu on vide 1 autre. Il
vaut mieux multiplier ces cuves que de les faire
trop grandes. Leur hauteur doit être moindre que^
leur largeur. E lles communiquent avec lafuivante.
C e s feuilles, en plus ou moins de tems, fuivant
la chaleur de la faifon, y éprouvent une fermentation
qui déforganife leur parenchyme, & qui
permet à l’eau de difloudre la matière féculente
qui étoit interpofée dans ce parenchyme. O n fait
pafler cette eau dans la fécondé cuve lorfqu on
juge que l ’opération eft terminée, c eft-à-dire,
quand elle eft devenue d’un vert-brun, & que les ■
feuilles s’écrafent facilement fous les doigts.
L a cuve du repos épargne l’opération de laver
les feuilles pour en ôter les ordures : elle eft phjs
haute que la rg e , & fon fond eft incliné du coté
oppoféàfes deux robinets, pour que les fédimens
reftent j elle communique par l’un de fes robinets
avec la fuivante. . ,
L a cuve du battage doit être un parallelipipede
ou un ovale, pour que l ’opération qui s y faits exécute
avec facilité. £>a hauteur eft tres-inferieure a
fes autres dimenfions. O n y fait paffer 1 eau de la
cuve précédente lorfqu’elle a dépofe toutes les
matières étrangères qu’elle tenoit en fufpenfion,
& on verfe une quantité d’eau de chaux proportionnée
^ c'eft-à-dire, deux ou trois-fivres ( p{us
ou moins, félon fa fo rce ) par dix livres de feuilles
employées} enfuite on agite cette eau, foit avec
un b alai, foit avec une rame, foit avec un treuil
armé de plufieurs planches peu larges, foit avec
un cylindre crénelé, fe mouvant à moitié dans la f.
queur à l’aide de deux roues : ce dernier moyen
eft le meilleur, parce qu’il réduit plus promptement
l’eau en écume , & que c’eft dans cet état
feulement que toutes les moléculés de la fécule
peuvent être en contaêl avec l’air qui les colore.
Cette cuve doit communiquer avec la fuivante
d an s'les grandes indigoteries, & avoir trois robinets
dans les petites.
L a cuve de précipitation eft deftinée à recevoir
l’eau devenue colorée dans la précédente.-par
l ’effet du battage, afin que la féculè qu’elle tient
en fufpenfion fe précipite par le repos. Elle a trois
robinets au-deffus les uns des autres} les deux
premiers pour foutirer fucceffivement l’eau qui
s’eft décolorée} le plus inférieur pour en faire
fortir l’indigo encore en bouillie.
Dans les petites indigoteries, cette cuve peut
être économifée, en opérant la précipitation dans1
celle du battage.
- L a forme de la cuve d’économie & le lieu où
elle fe place font indifférens } mais il faut qu’elle I
puiffe contenir toutes les eaux des autres, & que
ces eaux y foient amenées par conduits pourvus de
robinets. L à on met de la nouvelle eau de chaux;
on bat de n ou vea u , pour déterminer la précipitation
de ce qui peut refter de matière colorante
en diffolution dans les eaux j on laiffe repofer, on
foutire les eaux lorfqu’elles fe font recolorées, &
on réunit l’indigo précipité.
L a cuve pour le Javage de l ’indigo fera dif-
pofée de manière qu’on puiffe y conferver l’eau
à une température très-élevée} elle eft deftinée à
enlever à l'in digo la chaux & autres matières dif-1
folub-Ies au moyen de l’acide fulfurique.
Celle de fermentation doit être po'urvue d’uni
couvercle, pour empêcher les ordures d’y tomber
: c’eft là que l’indigo fe purge par la fermentation
putride des particules végétâtes qui lui font
étrangères, particules fur lefquelles l’acide fulfu- J
rique n’a pas eu d’aétion.
Les autres inftrumens néceffaires dans une in-
digoterie font des baquets grands & petits, des
cafleroles ou de grandes cuillers de cuiv re , des j
thermomètres , des flacons, des v e rre s, des chevalets,
des chauffes, des moules en fer-blanc, dés j
tiffus groffiers de laine, des paniers d’ofier, des
fourches , des tonneaux défoncés.
Je ne fais qu’indiquer les opérations de l’extrac*
tion de l’indigo des feuilles de Paftel par fermentation
, parce quelles ne diffèrent pas effentielle-
ment de celles de l ’anil. V oy.e£ Indigo.
i J ’ai annoncé, à ce dernier a rticle, qu’en Egypte» i
' à Ceylan & autres lie u x , on retiroit la fécule des
- ’ 2: feuilles
feuilles de I’anil par infufion ou déco&ion. O n a
dû appliquer ces procédés à celles du Paftel.
Borth, Dambournay, K ulen kam , G re e n , M o r -
jina, Harafti, & enfin M . Gio b ert les ont effayés
avec fuccès. L ’ouvrage de ce dernier furabonde
en preuves de la fupériorité de fa pratique, qui
diffère de celles de tous les autres. Sans entrer
dans aucun détail fur ces dernières, je paîfe à l ’ex-
pofition de celle de M . Giobert.
L ’eau étant bouillante, ou prefque bouillante ,
on met dans la cuve, fans les preffer, des feuilles
fraîches de Paftel en fuffifante quantité pour
qu’elles foient recouvertes de deux ou trois pouces
, & on les y laiffe cinq à fix minutes au plus.
On foutire alors la li :ueur j mais fi elle n’a pas une
couleur paille, on la reverfe fur les feuilles & on
attend quelques, minutes de plus.
Dès que. le premier extrait eft écoulé & qu’il
repofe , on verfe de nouvelle eau tiède fur les
feuilles} on l’y laiffe un quart d ’h e u re , & on en
met de nouvelle, qu’on y laiffe une heure.
Pendant ce tems la première liqueur a dépofé
au fond du repofoir la terre qu’elle a pu avoir
entraînée. O n la fait paffer dans le b attoir, & on
lui réunit les eaux du premier lavage.
Les feuilles épuifées peuvent être foumifes à la
preffe, par le moyen de laquelle elles donnent
une fécule impure qui peut fervir à la teinture,
au moins comme ferment : linon on les utilife
comme engrais.
La liqueur de l’infufion, dit M . G iobeyt, doit
être regardée comme une diffolution de l’indigo
défoxidé, réuni avec le moins poflîble d'autres
principes, & q u i , par différentes circonftances
qui l’accompagnent dans fa diffolution, & furtout
par fa température é levée, fe trouve dans l’état
le plus favorable pour exercer fes fonctions de
corps combuftible dès^ l’inftant qu’il fera en réaction
avec l ’air.
La potaffe complètement eauftique , mife en
petite quantité dans l’eau chaude deftinée à extraire
l’indigo des feuilles de Paftel, favorife la
diffolution de cet indigo} mais fa proportion dépendant
de la pureté de l’eau employée, il eft
difficile de la fixer. Je dirai feulement que lorfqu’on
en met t ro p , on ne peut retirer la totalité de l’indigo
fans des opérations coûteufes. M . Giobert
penfe en conféquence qu’il eft prudent & économique
de ne pas s’en fervir habituellement : c’eft
aux expériences d ’effâi q u ’il elt véritablement utile
de l'appliquer.
Dès que les deux liqueurs d ’infufion & de premier
lavage des feuilles font réunies dans le battoir,
on commence à les battre. I l eft utile de ne
pas attendre le refroidiffement. O n doit battre
d’abord lentement,. & o'h fe repofe quelques
minutes lorfqu’il y a beaucoup d ’écumes de for-
I Nées, pour laiffer à ces écumes le terris de fe co-
! Jorer. A mefure que la température de l’eau s’af-
fôiblit, on augmente la force du battage. Lorfq u ’on
■ Agriculture. Tome V*
bat à la main avec un balai, & qu’on a battu pendant
une heure un quart ou une heure & demie ,
les écumes ceffentde devenir bleues par le repos.
O n reconnoït à ce ligne que l’opération tire à fa fin ;
mais pour s ’affurer que tout l’ind ig o s ’eft précipité
, il faut mettre dans un verre un tiers de la
liqueur & deux tiers d’eau. Si la liq ue u r, vue au
jou r, paroït uniformément brune, c’eft ligne q u ’il
faut ceffer le battage 5 fi on voit une ligne verte-
bleuâtre au contour de la liqueur, elle a encore
befoin d ’être battue.
U n battage trop prolongé n’a d’autre inconvénient
que la perte de tems & la fatigue de l’o u vrier.
O n peut précipiter l’indigo refté dans l’eau à la
fuite d ’un battage incomplet par l’addition d’un
peu d ’eau de chaux.
L ’e au, après la précipitation de l’ind ig o, peut
être réunie à celle du fécond lavage des feuilles ,
& non à ce lled ecelu i de la fécule p récipitée, pour
en retirer , par diverfes opérations fubféquentes
dont il fera parlé plus bas , la portion d’indigo
qui peut y être reftée en état de diffolution,.
Lorfq u ’on juge que le battage doit ceffer, on
détruit l’écume par le moyen d’un peu d’h u ile , &
on laiffe l’indigo fe précipiter, ce qui fe termine
dans l’efpace de huit à dix heures, après quoi on
foutire l’eau.
Quelquefois il s 'e x c ite , pendant cette préc ipitation
, un commencement de fermentation q ui
trouble la liqueur & fait remonter l’indigo 3 la fouf-
traélion du tiers fupérieur de la liq ue u r, & fon
remplacement par l’eau fraîch e , puis le battage
du.tout pendant deux à trois minutes , fuffifent
fouvent pour l’arrêter : îi cet effet n ’eft pas produit
, il faut employer deux à trois gro s d’acide
fulfurique.
Comme il n’a été employé ni chaux ni autre matière
, & que la chaleur de 35 à 4© degrés a feule
a g i , l’indigo qui fe précipite eft très-pur , & n’a
befoin d’aucun affinage par les acides.
L e s eaux dû fécond lavage des feuilles & autres
font froides , & l ’indigo ne pourroit plus fe former
par le feul battage, parce que le calorique
néceffaire pour en déterminer l’ôxidation y
manque'} il faut donc le traiter différemment. U n
précipitant d’une autre nature eft alors îndifpen-
fable ï ce précipitant , c’eft l ’eau de chaux , i
laquelle on peut joindre un peu de potaffe.
L ’indigo précipité de ces dernières eaux contient
fouvefct, quelques précautions qu’on ait
prife s, des matières étrangères, & une de fes
portions, ordinairement petite à la vé rité, n'eft
pas oxidée } cette dernière fe diflout dans le
la v a g e , & feroit perdue fi on ne la retiroit en
lavant d’abord dans un peu d’eau f ro id e , puis
en l’oxidant & ' la précipitant féparément , foie
par le moyen de l’euu de chaux, foit par celui
de l’acide fulfurique.
Pour donner de la qualité & de l’éclat à l’in-
C c c c