
67. La Ketmie à grandes feuilles.
Hibifcus macrophyllus. De..... 68. La Ketmie en éventail.
Hibifcus jlabeilatus. Linn. De la Nouvelle-Hol- j
lande.
69. La Ketmie digitée.
Hibifcus digitatus. f) Du.....
70. La Ketmie à cinq fruits.
Hibifcus pentecarpos. Linn. ‘2f De l'Italie.
71. La Ketmie véficulaire.
Hibifcus veficularis. Gavan. Q De l’Afrique. ;
Culture. j
Parmi toutes ces efpèces la Ketmie des jardins
eft celle doni la culture eft la plus étendue,
en France , & de laquelle je dois principalement
m'occuper j c’ eft pourquoi je commence par elle
la férié des confidératious que j’ ai à préfenter fur
le genre entier.
Cet arbriffeaufe cultive, de tems immémorial,
dans nos jardins, qu’il orne par fon feuillage en
é té , & en automne par fes fleurs, grandes, nom-
breufes & diverfement'colorêes. Il offre un grand
nombre de variétés, dont les principales font celles, i
i° . à fleurs rouges, Amples ; 20. à fleurs d’un
pourpre-violet ;,39. à fleurs blanches Amples, avec
les onglets rouges, 40. à fleurs panachées ; 5 °. à
fleurs doubles, rouges.& blanches ; 6°. à feuilles par,
nachées 5 70. à feuilles très-étroites. Ses fleurs ne
fuhfiftent qiie quelques heures, c’eft- à-dire , depuis
dix heures du matin jufqu’à quatre heures du
f o i r , mais elles fe fuccèdent chaque jou r , de
manière qu’ il en eft toujours abondamment garni. 11 eft dommage qu’elles foient fans odeur. On le
tient généralement en buiflon ; mais il fait fort
bien en boule fur une feule tige peu élevée. Le
tailler avec le cifeau eft une fort mauvaife méthod
e, attendu qu’il en réfulte une diminution
dans le nombre & dans la grandeur des fleurs ;
auffi faut-il fe contenter de lui donner la forme
globuleufe qu’ il prend facilement & qui lui convient
beaucoup , féulenient en retranchant, avec
la ferpète, toutes les branches qui pouffent plus
que les autres.
Un terrein léger, fec & chaud eft celui dans
lequel la Ketmie des jardins profpère le mieux dans
le climat de Paris, c’eft-à-dire, celui où elle
donne plus de fleurs, des fleurs plus vivement
colorées, & où elle craint moins les effets des gelées
de l’automne, qui frappent fouvent de mort
l ’extrémité de fes rameaux ; car lorfqu’ ils pouffent
avec trop de vigueur ils s’aoûtent fort tard}
auffi les pieds qui s’y cultivent, quelque nombreux
qu’ ils foient} n’ont-ils pas la belle apparence
de ceux que j’ai vus dans les parties méridionales
de la France, & furtou't en Italie.
Les Ketmies à fleurs doubles, & particuliérement
la blanche, ainfi que celles à feuilles panachées
, font plus fenfibles à la gelée que les
autres, & il eft fort difficile de les conférver en
pleine terre dans le climat de Paris. Il eft donc
prudent de les mettre en pot pour pouvoir les
rentrer l’hiver dans l’orangerie.
On place la Ketmie des jardins, i°- dans les
plates-bandes des parterres, où on la difpofe en
boule plus ou moins régulière ; 20. contre les murs
desterraffes expofées au midi, en les paliffadant ;
30. dans les lieux les plus abrités des vents du
nord des jardins payfagers, & alors on l’abandonne
à elle-même. J’en ai vu faire, en Italie,
des haies très-agréables & très-propres à arrêter
les beftiaux, mais qui ét oient d’une foible dé-
fenfe contre les malfaiteurs.
La Ketmie des jardins eft fujète à ceffer de
donner de nouvelles pouffes, & à fe couvrir de
lichens par fuite, ou de la mauvaife nature du fol
dans lequel on la place ( il eft probable, fi j ’en
juge par quelques obfervations que j ’ai faites en
Italie, quelle doit croître naturellement fur le
bord des eaux), ou de la perte trop fréquente
de fes jeunes pouffes par l’effet des gelées. Dans
ces deux ca s , il faut la couper rez terre afin
de lui faire donner de nouveaux jets. Koye%
Rajeunis sement.
L’écorce de la Ketmie des jardins eft extrêmement
filandreufe, & peut être employée , comme
celle du tilleul, à faire des cordes. On a effayé,
avec fuccès, d’en faire du papier d’enveloppe.
La multiplication de la Ketmie des jardins s’opère
par le femis de fes graines, qui ne mûrifïent,
dans le climat de Paris, que quand l’automne fe
prolonge & qu’il eft fec fV chaud, par déchirement
des vieux pieds en touffes, par marcotes, par
boutures & par racines.
Les graines de la Ketmie des jardins fe fèment,
dans lë climat de Paris, ou en pleine terre, à une
expofition méridienne & dans une terre très-légère,
ou dans des pots qu’on place fur couche &
fous châffis. On rifque, par. le premier mode , la
perte du plant, qui eft, pendant les deux premiers
hivers, extrêmement fenfible à la gelée & à l’humidité
, & qu’on ne parvient pas toujours à en
garantir, quelque foin qu’on prenne. Ç ’ eft pour-
1 quoi le fécond mode, quoiqué ne pouvant pas
I fournir autant de fujets, eft-il préférable. Dans
i tous les cas le plant doit refter deux ans dans le
lieu des femis, & être enfuite repiqué à un pied
de diftance, pour lui donner moyen de fe fortifier
afin de le mettre en place définitive deux ans
après.
Le déchirement des vieux pieds , & il peut
fouvent avoir lieu lorfqu’ils font én touffes, fe
pratique à la fin de l’hiver : il fournit des fujets
qui fe plantent de fuite, & donnent fouvent des
fleurs la même annnée.
C ’eft à la même époque que fe font les mar-
cotes. Elles reprennent généralement dans le courant
de l*été ^ fi on a employé le jeune bois. On
peut les relever à la fin de l’hiver fuivant, pour
les mettre en pépinière à un. pied de difiance, &
attendre qu’elles fe foient affez fortifiées pour
être plantées en place ; on léslaiffe deux ans attachées
à leur mère : je préfère le premier mode.
Pour faire les boutures, on emploie deux moyens:
ou on met en pleine terre, dans une bonne expofition,
des pouffes de l’année précédente, coupées
en avril, & on les arrofe fréquemment : ou on
met dans des terrines, fur couche & fous cbâlfis
à la fin du printems, les pouffes de l’année, avec
un petit talon, & on arrofe également. La fécondé
de ces pratiques a des réfultats plus affurés que
la première, dans le climat de Paris. On les emploie
peu l’une & l’autre , ainfi que les femis,
le déchirement des vieux pieds, bc les marcotes
donnant des produits plus faciles, plus certains,
d’une jouifiance plus prompte, & qui fufïifenc
aux befoins. -
Comme la graine de là Ketmie des jardins craint
les gelées du climat de Paris, même dans les années
les plus favorables , il faut la mettre à 1 abri
de leurs effets en cueillant les capfules qui la contiennent,
& en les dépofant dans un lieu ni trop
fec ni trop humide, afin qu’elle y achève lentement
fa maturité. Pour bien faire, on coupera 1
les branches' qui les portent, on fupprimera toutes ,
les fupérieures , afin que-celles du bas profitent
du reiie de la fè v e , & on n’épluchera la graine
qu’au moment de la femer.
Les Ketmies des marais & pétioliflore fe font,
à ce qu’il paroît, naturalises fur le bord de quelques
rivières de l ’ouéft de la France , principalement
à l’embouchure de la Garonne > elles pafl’ent
quelquefois l’hiver en pleine terre à Paris. Ce font
ne très-belles plantes , mais qui offrent peu de
fleurs, & des fleurs d’ une très-courte durée. Elles
ne font pas dans le cas d’être beaucoup recherchées.
On les multiplie affez facilement par le déchirement
des vieux pieds.
La Ketmie trilobée étant annuelle, peut être
cultivée en pleine terre dans le climat de Paris, &
i’eft en effet, mais feulement dans les jardins de .
botanique, à raifon de-ce quelle n’eft d’aucun
agrément.Sa culture fe réduit à femer fes graines, ou
en place lorfque les gelées ne font plus à craindre, •
& à éclaircir & farder le plant qu’elles produifent,
ou dans des pots fur cpuche nue, pour repiquer
le plant en place lotfqu’il aura acquis deux pouces
de haut.
[ ports ae 1 utilité, eit certainement la Ketmie
L Gombo ou Gombeau. Ou fait dans toutes les eon-
| trées chaudes de l’Afie , de l’Afrique & de i’A -
méiique , une immenfe confommation de fes cap-
j fuies vertes , foit pour en cirer , en les mettant
[ . ns *eau bouillante,, une grande quantité de mu-
|cilage,. qui fert à donner de la corffiftance aux
alimens liquides , foit pour les manger en nature
1 c.lî,ces & affaifonnées de diverfes manières. C e t
£ aliment eft extrêmement nourriffaat „ au dire des.
habitansde ces contrées, qui l’aiment avec paffion,
fur tout les femmes; je n’ ai cependant jamais pu
m’y faire. Il eft fade au fuprême degré; & malgré
le piment & autres affaifonnemens aétifs qu’on ÿ
incroduit, il m’a paru qu’ il alcéroit le goût de
tous les mets auxquels on l’affocioit.
La culture du Gombo eft extrêmement Ample,
ainii que j’ai pu en juger en C a r o l in e o ù elle
eft générale. En effet, il fuffic de gratter la fur face
de la terre au printems, d’y jeter des graines
de loin en loin , par rangées; d’éclaircir les plants
qu elles produifent, de manière à les mettre à un
pied & demi de diftance les uns des autres, & de
leur donner un ou deux binages dans le cours de
l’été. On. fait ordinairement trois femis à quinze
jours de diftance les uns des autres, afin d’ avoir des
pieds en rapport pendant toute 1 année. Les capfules
fe cueillent de toutes grolîèurs; mais l’é T
conomie engage à attendre qu’elles aient celie du
pouce. Chaque pied en donne fuccellivement ,
& d autant plus qu’on les Liiffe moins grof-
fir , jufqu’à ce qu’il foit parvenu à la hauteur de
cinq a fix pieds, après quoi il meurt : les tiges
fervent x chauffer le four ou à d’autres emplois
analogues.
En Egypte, où la culture de cette plante eft
également fort en faveur, on fème fes graines en
mars fur deux labours. Le plant levé s’arrofe deux
fois la femaine, & fe bine au befoin, c’eft-à-dire,
deux à trois fois. On commencé à cueillir les
capfules vers la fin de mai, & on continue jufques
vers le milieu de janvier. On eft généralement
perfuade, dans le pays , que l'ufage fréquent du
•Gombo faci.ite l’écoulement des urines & pré-
ferve de la pierre;, auffi eajnange-t-on tous les
jours a la table des riches, & ie plus fouvent
poffibie à celle des pauvres : il eft certain que ce
doit être un aliment uès-propre à adoucir lacreté
des humeurs.
On tranfpiante quelquefois les pieds de Gombo-,
principalement lorfqu’il s’agit de regarnir des places
vides; mais j ai obfervé que ceux qui avoient fubi
cet te-opération ne venoient jamais auffi beaux
que les autres.
Une autre culture , mais bien moins étendue
que la precedente, eft celle de la Ketmie acide.,
plus connue fous le nom à3 O f i ll e de Guinée..
Ses feuilles ont une faveur acide analogue à
;celle de notre ofcille, & fe mangent comme e lle ,
cuites, foit feules, foit avec.des viandes , du
poiffon , &c. Ses calices confits au fucre forment
un mets fort agréable & fort fain , qui fe garde
long-tems & fe tranfporte fort loin. Je faifois
.beaucoup plus de cas de cette plante que du
Gombo pendant mon féjour en Caroline, mais
peu de perfonnes etoient de mon avis..
‘ - Il y a deux variétés de la Ketmie acide :: dans
l’ une.les tiges font rouges, & dans L’autre les fleurs
font entièrement jaunes ouentiéremenr rouges^
La. culture, de la Ketmie acide diffère, æ peine