
mais ils ne l’ont fans doute comparé qu’à celui de J
la charue, qui lui eft en effet inférieur ; car fi le 1
but du Labourage , comme il doit l’être en effet
dans le plus grand nombre de cas , eft de divifer
& de changer, le plus poflibîe , la terre de place
celui à h houe , fait à une ..égale profondeur, lui
eft certainement préférable. Le Labour a la beene
eft bien moins fatigant & plus expéditif, quand il
faut approfondir, que celui à la pioche ; aufli
eft-il celui q u i, après celui de la charrue , eft le
plus pratiqué. C'eft prefque le feul.dont on faffe
ufage dans la petite culture : il eft même des pays
très-populeux, quelques cantons de la Flandres ,
par exemple , où il eft d’ ufage dans la grande
culture, malgré l’ augmentation de dépenfe auquel
il donne lieu. > »
La bonté d’un Labour à la bêche , dépend
d’abord de la forme de la bêche, enfuite de l’habileté
de celui qui la manie.
La forme de la bêche varie beaucoup, ainfi
qu’ on peut le voir à -l’article qui la concerne.
Chaque efpèce de fol en exige une particulière.
Ainfi fon fer peut être plus mince , plus large,
pLus lon g, & fon manche plus court dans les
terre ins légers, qu’elle pénètre facilement & dont
elle peut détacher des morceaux fans grands efforts.
Ainfi fon fer doit être plus épais, moins large,,
moins long, & le 'manche plus long lorfqu’elle
agit dans les terreins argilleux , parce qu’elle
trouve plus de réfiftance, & que.celui qui la fait
mouvoir y fatigue davantage à raifon des efforts
qu’ il eft obligé de faire. •
de bêche donnés dans différens fens. Plus l’efpace
entre le terrein labouré & le terrein à labourer
eft large , & plus le Labour fe fait bien & vite.
C ’eft ce qu’on nomme la Jauge, (yoyeç ce mot.)
aufti eft-il reçu parmi les cultivateurs jaloux de
bien faire, de commencer les..Labours par une
fofte de deux ou trois pieds de large, foffe dont on
reporte la terre, dans des brouettes, à la queue de
la pièce, pour combler la foffe de même largeur,
qui doit y refter lorfque le Labour eft terminé.
On diftingüe deux fortes de Labours à la bêche}
le plus facile à faire doit ê'tre corfidéré comme
un binage. 11 ne confifte qu’à enfoncer à moitié
le fer de la bêche, fuppofé'de fix pouces de long,
& à la retourner à moitié par un mouvement
brulque, qui émiette la terre fi ellen’eft pas trop j
argilleùfe» & la fait retomber à une petite dii- 1
tance de la place où ellé fe troü'voit. Ce Labour
va beaucoup puis vite lorfqu’on tient la bêche
très-oblique, loit relativement à la furface, foit
relativement au Cens dans lequel on opère: rarement,
en le faifant, on eft obligé d’appuyer le
pied fur la bêche.
Celui des Labours à la bêche , ^-»’on pratique
le plus généralement, s’ exécute en tehant la bêche
peu oblique relativement à la furface ; &
rigOureufement parallèle au féns dans lequel on
opère. Pour cette forte de Labour, qui eft au moins
du double du précédent en profondeur, à moins que
leterrein foit fabloneux, ou labouré depuis peu de
tems, on eft obligé d’appuyer le pied fur la bêche,
afin de la faire enfoncer davantage & plus vite,
ainfi que pour foulager l’effort du bras. Alors la
terre enlevée eft, ou complètement retournée en
motte & placée à fix pouces du lieu , où elle fe
tronvoit, ou éparpillée fur la furface déjà labouré
e , par un mouvement demi-circulaire. Dans
le premier cas , on la recoupe-par quelques coups
La troifième forte de Labour à la bêche, dont
il doit être queftion, porte le nom de Défonce,
Desfonçage. ( Voye^ ce mot. ) C'eft le plus
profond. Pour le faire, on établit une foffe, en
tête, encore plus large que celle indiquée plus haut,
c ’eft-à-dire, de trois ou quatre pieds & profonde de
deux fers de bêche, c’eft-à-dire,de feiz.e à vingt pouces,
même plus. On laboure enfuite à l’ordinaire &
on jète la terre dans la fofîe , puis on defeend fur
l’efpace de marche d’ efcalier que ce premier Labour
laiffe entre lui & le fond de la toile, & on
la laboure de côté , comparativement à la ligne
précédemment faite , on rejetant la terre fur la
furface de celle qui vient d’être enlevée.
Quelquefois, mais les cas où on le peut font
rares, on laboure à trois fers de bêche.
Il arrive quelquefois qu’on combine le Labour
à la bêche avec celui à la charue, & dans ce cas,
plufieurs ouvriers armés de bêches fuivent la charue
& aprofondiffent le fi!Ion qu’elle forme , de
toute la hauteur de leur bêche : le nombre de ces
ouvriers doit être tel qu’ ils aillènt aufli vîte que la
charue. Cette opération eft très-couteufe & peut
être en partie fuppléée en faifant paffer deux fois
la charue dans le même fillon , ou en employant
ces énormes charues inventées en Angleterre.
Une forte de Labour qui rentre dans celui-ci,
fe pratique en Flandres & eft appelé Ruotte.
( Voye\ ce mot. ) Il a pour objet de Butter ou
C hausser ( v o y e^ ces mots. ) les colfas,. les
pommes de terre, les garances, les houblons, &c,
mais comme pour le faire on creufe des rigoles de
plus d’un pied de profondeur, ii équivaut à un
Defoncèment. partiel. ( Voyeç ce mot. ) Ses
effets font très-durables.
Dans tous ces Labours , le foin de l’opérateur
doit être, le plus poflîble , de divifer la terre, de
changer fes molécules de place, de mettre en.
deffus celle qui étoit en deffous, & d’en rendre
la furface de niveau, c’eft-à-dire, de n'y laiffer
ni faillies ni creux d’ une certaine étendue. C e r. eft
pas une chofe aufti facile que quelques p e r fo n r .e s
peuvent le fuppofer, que de faire un bon Laboura
la b êche, & pour peu que l'oeil foit exercé, on
diftingüe fans peine celui qui eft exécuté par un
habile ouvrier,.
Une attention à avoir lorfqu’on laboure, &
f que la furface du fol eft parfemée de mauvais
I herbes, des reftes des dernières cultures, qu’il
efr couvert de fumier, &c.. c’ eft de mettre ces
objets au fond de (a jauge, de manière qu'il n’en
Sparoilfe aucun la'furface.
[ D’un autre côté, il faut avoir foin de ramaffer
de jeter fur la furface, ou fur les côtés , toutes
des racines fufceptibles de repouffer lorfqu’elies
Ireftent enterrées, principalement celles de chién-
! dent & de chardon, précaution qu’ on néglige trop
pour l’avantage des cultures.
| Il en eft de même des pierres lorfqu^elles font
d’une certaine groffeur , parce qu’elles nuifent
aux plantes, gênent les Labours fubféquens &
iufent rapidement les bêches,
i Les terreins très-abon.dans en pierres ne peuvent
être facilement labourés à la bêche. On emploie
, quand on ne veut pas labourer d’après tin
autre principe, une fourche à deux ou trois dents
apLuies &• pointues, qui entrent facilement entre
les pierres & les déplacent. Du refte , on procède
comme avec la bêche j mais f i , par ce moyen 3 la
divifîon de la terre peut être auflî & même plus
lexaéte, fon changement de place ne peut être
auftî complet.
f Quant aux Labours avec une fourche à dents
[rondes , Labours qui font en faveur dans quelques
[lieuxils rempiifient très-imparfaitement leur ob-
[jet. Cependant , comme ils-s’exécutent très-
Ipromptement & très-économiquement, on peut
p les permettre dans les terreins légers jou dans
ceux qui en ont eu depuis peu un bon, lorfqu’il
|ne s’agit que de divifer affez la furface pour fa-
Jvorifer le recouvrement Sc la germination des
graine.s.)
“ un juauuut îuppieinenraire a un aui
t r e , lorfque le terrein ,eft rrès-rempli de chien-
Id ént, qu’ on eniève alors très-facilement.
Les Labours de la fécondé divifion font ceux qui
■ fe font avec un inftrument de fer pointu ou aplati,
■ droit ou recourbé , fixé perpendiculairement ou
■ obliquement à l’extrémité d’ un manche de bois
t- pks ou moins long.
, ha forme, la .groffeur, la grandeur des pics,
■ des pioches, des houes, &c. noms que porte cet
iinitrument, varient-encore plus que celles de la
■ bêche. Chaque pays en a adopté un auquel il tient,
Iquuique fouven.t il ne foit pis le plus approprié à
■ la-nature de fon fol. On trouvera, aux articles qui
f . ■ -s concernent, quelques indications fur les avanta
g e s & les inconvéniens de chacun d’eux.
B „Ç en frappant fur le fol qu’ on exécute cette
«eipece de Labour, & on fait que la force de per-
■ j y ° Î *a P*“ s püifTanre de celles qui font à la
jdtipofition de l'homme ; auflî entrepend-il avec le
|ptc & la pioche des Labours qu'il ne pourrait pas
■ aire avec la bêche ni avec la charue, foit à caufë
|d e la dureté de la terre , foit à caufe du nombre
p ou. de .la groffeur des pierres qui s'y trouvent;
jmais 1 emploi de ces mil rumens fatigue beaucoup,
11 esPedie peu de befogne ; auflî, tou tes les fois
qu’on le peut, on préfère les houes qui, étant pins
légères & plus larges, fe rapprochent davantage
de la bêche. .Voye^ aux mots P i c , Pio c h e ,
Houe & T ournée.
De tous les Labours, ceux faits avec la pioche,
dont je fuppofe le fer de trois à quatre pouces de
large, lorfqu’on les exige à jauge vive, font les
meilleurs, parce qu'ils émiètent la terre-autant
que poflîble, 8e que l'obligation où ils metteur de
reprendre la terre avec une pelle pour la fortir de
la jauge Se la jeter au loin , en mélange bien plus
exactement les molécules. C'eft en conféquence
toujours celui qu’on doit préférer quand on défonce
un terrein argileux & caillouteux.
La houe laboure plus ou moins vîte & plus ou
moins b ien , félon fa forme & fa largeur, & à la
profondeur près qu'elle n'atteint jamais , l’ouvrage
qu’elle fait peut être comparé à celui de la bêche.
C ’eft dans les terreins légers qu’elle agit le mieux'
Relativement aux réfultats, je crois qu'on peut
ranger le travail à la houe fous trois diviiions.
Dans la première de ces diviiions fe trouvent les
houes, foit pleines, foit fourchues , foit carrées
foit triangulaires, fort larges,' fort inclinées fur
leur manche, qui eft très-court. Pour les mettre"
en aétion, l’ouvrier fe courbe à angle droit &
rejette la terre derrière lu i, entre fes jambes* on
à côté, de lui lorfque cela devient néceffaire.* Ce
travail fatigue beaucoup , à raifon de la pofïtion
forcée du corps ; auflî la plupart des vignerons
font-ils voûtés dans leur vieillefle; mais il expédié
vîte & fait de la bonne befogne.
Dans la fécondé, de ces diviiions fé placent les
houes de mêmes formes que les précédentes, mais
ayant au plus.fix pouces de large, formant prefque
un angle droit avec le manche, qui eft très-long.
Avec ces houes, l’ouvrier, fe tenant droit ou peu
courbé, ramène à fes pieds, un peu fuf le côté
la terre qu’ il a entamée devant liii. C'eft fouvenr
plutôt un binage qu’un Labour ; mais quand la
terre n’eft pas dure, on peut l'approfondir aff-z
pour lui mériter le fécond de ces noms.
Un des emplois les plus avantageux de ces
houes, c ’eft de faciliter la formation des Bilions*
des Ados , des D os-d 'â n e . Koyej ces mots. *
C ’ eft jiar leur moyen qu'aux environs de Paris
les vignerons , foit dans leurs vignes / foit dans
leurs champs, foit dans leurs jardins, forment
avant l’hiver, pour les détruire au printems des
petits tas coniques de te r re , qui femblent lé ré-
fultat des conuoirtances les plus profondes des
piincipes du Labourage, tant ils fonr en concordance
avec eux , puifque la terre qui les compofe
étant bien ameublie, & préfentant plus de furé
face , reçoit plus facilément les influences armof-
phériques , tandis qu’ils laiflent la couche inférieure
n i ie ,& par conféquent dans le cas de les
recevoir également.
. La uOifième de ces divifions,. comprendra les
houes à fer encore moins «large & à manche plus