
I'Embryon, la Radicule &laPtUMULE. Voye%
tous ces mots. ( B o s c .)
ORGE. H o r d e u m .
Genre de plante de la triandrie digynie & de
la famille des Graminées , dans lequel fe trouvent
réunies une douzaine d'efpèces , parmi lesquelles
ileneftune qui eft l'objet d'une culture de première
importance pour toute l ’Europe & les autres
contrées du Monde où l’agriculture eft en faveur.
Il eft figuré pl. 49 des lllufirations des genres de
Lamarck.
Efpéces.
1. L'Orge commune.
Hordeum commune. Linn. G De la haute Alîe.
2. L’Orge des murs.
Hordeum muririum. Linn. O Indigène.
3. L’Orge des prés.
Hordeum pratenfe. Roth. O Indigène.
4. L’Orge feglin.
Hordeum fecalinum. Lam. G Indigène.
5. L'Orge à longues barbes.
Hordeum jubatum.6 Linn. G Du Levant. . L’Orge de la Caroline.
Hordeum tarolinianum. Bofc. 0 De l’Amérique
Septentrionale.7
. L’Orge géniculée.
Hordeum geniculatum. Allioni. G Des bords de
la Méditerranée.
8. L’Orge roide.
Hordeum rigidum. Roth. G De l’Efpigne.
9. L’Orge hériffon.
Hordeum hiftrix. Roth. O De l’Efpagne.
10. L'Orge grêle.
Hordeum Jlrictum. Dest. “Jf De la Barbarie.
11. L’Orge maritime.
Hordeum maritimum. L;no. 2^ Des bords de
la mer.
iz . L’orge bulbeufe.
Hordeum bulbofum. Linn. De l’Orient.
13. L’Orge tubéreufe.
Hordeum nodofum. Linn. Des Indes.
Culture.
Nous poffédons les cinq premières de ces ef-
pèces dans nos écoles de botanique , où toutes
fe fèment en place au printems , & né demandent
d'autres foins que des farclages de propreté.
La première efpèce eft celle dont la culture eft
fi étendue. C ’e ft, félon Pline , la première cé-
féale employée à la nourriture de l ’homme, &c par
conséquent cultivée 5 elle offre un grand nombre
de variétés, dont plufieurs , qui fe cultivent en
France, ont été regardées comme des.eipèees par
les botaniftes; elles diffèrent en effet affez pour
en être Séparables aux yeux de ceux qui ne Savent
pas combien la culture influe fur les formes & les
qualités des végétaux. On les diftingue par le nom«
bre des rangs de leurs graines.
L ’Orge commune , regardée comme type de I
l’efpèce, & qui l'eft en effet, puifque les grai-1
nés apportées de la PerSe par mon collègue Oli» 1
vier ms l’ont donnée, a «quatre rangs de grains
dans l’enveloppe extérieure, qui eft terminée pat
une longue barbe.
Trois de Ses variétés ont aufli quatre rangs ;
Savoir :
1°. L’Orge du printems 3 peu cara&érifée, mais
qui ne diffère pas feulement par l’époque de Son !
enSemencement.
2°. L’ Orge a graines noiresy elle eft à peine connue
en France, mais fort eftimée en Allemagne; i
elle devient quelquefois bisannuelle.
30. L’ Orge célefte ou COrge nue, dont le caraoj
tète principal eft de perdre Ses enveloppes comme
le feigle & le froment, par le Seul réfultat du battage
; elle offre une fous-variété pourvue de barbes
qui tombent facilement.
Deux offrent feulement deux rangs de graines;
ce font :
L ’Orge pamelle ou pamoule, Orge bellarge, Orgt
à longs épis , Orge a deux rangs, Orge petite, Orge
et Angleterre , Orge de RuJJte , Orge du Pérou, Orge
(tEfpagne: Ses épis font fans barbes & ne pré- j
Sentent que deux rangs, parce que les deux autres
avortent toujours; on la cultive beaucoup en Angleterre
; elle fournit deux fous-variétés , dont;
l’ une prend le nom de fucrion3 de la faveur Sucrée
de Ses graines, & l’autre s’appelle Orge pilitt,
pamelle nue3ji raifon de ce que , comme l'Orge
célefte, fes graines fe Séparent facilement de leur j
balle.
L ’ Orge 3 faux-riç ou riz d’ Allemagne , Orgt en\
éventail Orge pyramidal {hordeum ^eocritum Linn.);
fon epi n’a que deux rangs de grains, Sans barbe-; ; j
il eft très-large & très-ferré; l'écorce de ces grains
eft très-dure. C ’eft la meilleure efpèce pour man-|
ger en gruau & pour faire de la bière ; cepen- j
dant les cultivateurs la repouffent comme délicate
& difficile à battre.
Une autre préfente fix rangs de grains; c’eft
Y. Orge efeourgeon {hordeum hex afiieon Linn.): tous fes ;
grains font termines par uue Darbe. On la préfère
dans beaucoup de lieux , parce que , quoique feSi
grains foient plus pec-rs, die produit davantage.
Toutes ces v irietés ont des avantages qui leur j
font particu iers ; mais, au rapporr de mon célèbre
collègue Parmentier , ceiie qui en réunit le
plus lt l'Orge cé.efte, qui donne des récoltes doubles
de la commune, chaque pied ne produifant
jamais moins de deux épis, & Souvent trois ou
quatre , & chaque épi étant ordinairement composé
de quatre-vingts grains , terme moyen , plu*
gros & plus alnng.es que ceux des autres variétés.
De plus , fa paille eft plus tendre , 8c eft mangée
avec plus de plaifir par les vaches. Le Seul défaut;
qu’il lui reproche > c cltde donner une farine pMN
L;fej niais qu’importe, obferve-t-il, que l’Orge
[mondée ou gtuée ioit plus ou moins blanche,
(pourvu que ie grain fe gonfle bien & refte en-
Itiet après fa cuiflbn. g ,
1 Cette même variété , femee avant 1 hiver ,
mûrit ordinairement plus tôt que le Seigle , ;ce qui
ja jen.;3 bien précieule dans les années de difette ,
ÿ devroitengager à la cultiver plus généralement,
pourquoi ne la préfère-t-on pas aux autres dans les
pays de montagnes, où les grains ont de la peine à
nutrir à raifon de la baffe température & du peu
! de longueur de l’ été ? . .
La plupart des terreins, pourvu qu ils ne^ foient
pas complètement ftéiiles ou marécageux à l’excès,
conviennent à l’O rg e ; mais c’ eft dans ceux en
même tems légers & chauds , principalement fi le
calcaire y domine, qu’elle profpère le mieux. Lorsqu’on
eft forcé de la Semer dans des terreins argileux
& conftamment humides , il eft indifpenlable
! de difpofer ces terreins en Billons. Voy. ce mot.
Des variétés citées, c’eft l'Orge pamelle q ui,
comme b plus petite , s’accommode le mieux des
' mauvais , & c’ tft l’Orge célefte , comme la plus
groffe, qui exige les meilleurs. On la cultive également
Sous les feux de l’équateur & Sous les glaces
du pôle , & elle manque rarement lorfqu’on a
pris les foins que j’ indiquerai plusb^s. Sa vente eft
I affinée dans le Midi pour la nourriture des chevaux,
& dans le Nord pour la fabrication de la
Bière. Voyez ce mot dans le Dictionnaire des Arts
économiques. Partout elle Sert de bafe a la nourri-
| ture des pauvres , à l’engrais des boeufs , des co-
I. chons, des moutons, des volailles, & c ., à raifon j
de ce que le peu de dépenfe de Sa culture & 1 a- j
Lbondancede Ses produits permettent de la livrer ;
à très-Bon compte aux consommateurs. >, j
On a Souvent dit que l'Orge fe vendant ordinairement
moitié moins que le froment, il n’y
lavoit pas de l’avantage à la cultiver dans les terres
[ fufeepcibles de recevoir ce dernier. Cette objection
eft fondée jufqu’ à uftcertain point; mais il
, y a des terres, telles que celles qui fe déchaufient
pendant l’hiver , où il eft plus profitable de mettre
I, de l’Orge que du froment de mars. D’ailleurs,
1 l’opinion s’oppofant à ce que les beftiaux foient
nourris & engraiflés avec le froment, il faut bien,
quoiqu’il en coûte, cultiver l’Orge & l’avoine. >.■
Prefque partout on Sème l’Orge après une récolte
de froment ; mais cette pratique eft des plus
■ blâmables, puisqu’ elle eft plus épuifante que ce
dernier, ainfi que le prouve l'expérience ; & encore
, par principe d’économie, lui donne-t-on
rarement des engrais. Cette faculté épuifante',
quelle doit à lagroffeur & au nombre de Ses grains,
jointe à la grande quantité de Ses racines & a la petite
quantité de feuilles dont elle eft pourvue ,
doit au contraire engager à ne les lemer qu’après
ou avant toute autre culture. Arthur-Young ,
/Viftor Yvart & autres agriculteurs, ont remari
é qu’elle fourniffoit les plus riches produits
fi on la fai Soit Succéder aux carotes, aux pommes
de terre, aux raves, aux choux, & c . Comme Je
froment, fa culture ne doit entrer que de loin
en loin dans la Série d’un affolement régulier , &
bafé Sur les principes d’ une Saine théorie. Cependant
il a été remarqué, dans le duché de Magde-
bourg, que l’Orge réufliffoit moins bien après une
culture de carottes, qu’après celle de toute autre
racine,*& que c’étoit après les pois qu’elle don-,
noir la récolte la plus avantageufe.
Une économie mal-entendue engage Souvent à
refufer des engrais aux terres deftinées à recevoir
de l'O rg e , même lorsqu’elles viennent de porter
du feigle , du froment ou de l’avoine. Je crois
qu'excepté les cas d’une excellente terre, ou de
récoltes antérieures non épuifantes, on doit toujours
leur en donner, mais modérément, attendu
qu’elle eft fort difpofée à prendre, avanade monter
en graines, une amplitude extraordinaire de
feuilles qui nuit à la formation des épis, & encore
plus des grains. Voye% Ecimage.
Il eft beaucoup de lieux où on Sème l’Orge fur
un Seul labour ; mais il eft defirable qu'elle le foit
Sur deux, & même qu’ ils Soient profonds, parce
que fa racine pivote plus profondément que celle
du froment : fix pouces d’entrure ne font jamais
de trop lorfque la mauvaise terre eft plus baffe.
Après ces labours on donne de forts herfages, ou
mieux un binage avec la houe à cheval , pour
ameublir convenablement la Surface de la terre,
i C ’eft à la Suite du premier labour qu’il faut fumer
ces terres.
Très-Souvent, principalement dans le M id i, on
Sème l’Orge avant l’hiver, & alors on la récolte
en même tems que les Seigles & même les fro-
mens ; mais généralement, Surtout dans le Nord,
elle fait partie des mars, c*eft-à-dire, fe lème au printems;
de là les dénominations à’ Orge d'hiver &
à’ Orge de printems , connues dan^ quelques pays,
quoique ce foient les mêmes variétés qu’on y emploie
ordinairement. Il n'y a pas de dpute. par l’e f fet
d’ une végétation lente, qu’en la Semant en automne
on n’obtienne une récolte plus avantageuse ;
mais il eft beaucoup de circonftances étrangères à
fa nature, qui ne permettent pas de le faire, par
exemple, l’enlèvement tardif des récoltes auxquelles
elle fuccède , les pluies permanentes de
l'automne, le féjour de l'eau des inondations, & c . ■
Comme l'Orge fournit beaucoup de faniies, &
des fannes extrêmement recherchées par les beftiaux
, on la cultive quelquefois, j'aimerois mieux
dire très-fouvent, pour leur nourriture aux approches
de l’hiver & au premier printems ; alors on
la Sème immédiatement après les premières pluies-
de Septembre, afin qu’on puilfeia couper au moins
une fois avantles gelées, & le plus tôt pofiible au
printems: cesdeuxcoupes ( il peut s’ en faire trois
& quatre certaines années ) n’empêchent pas d’avoir
une récolte palîable pour peu que le terrein
foit bon ou convenablement fumé.
P pp ij