
Le Pigamon jaunâtre nuit Couvent , par fon
abondance, aux prés bas, attendu que les beftiaux
le repouffent, & qu'il tient la place de plantes
qu'ils aiment. On parvient facilement à le faire
difparoître, foit en arrachant les pieds avec une
hou e , auprintems, foit, ce qui vaut mieux , en
labourant le fo l, & en y cultivant, pendant deux
ou trois ans, des céréales, des fèves de marais,
des colzas, &c. (B o s c .)
PIGASSE. C'eft la Hache dans le département
de la Haute-Garonne.
PIGEON : efpèce d’oifeau du genre Colombe,
dont la multiplication eft en France un .objet important
d'économie rurale, & fur l'éducation duquel
je dois par conféquent m'étendre, quoiqu'il
en ait déjà été queftion dans le Diftionnaire d*Ornithologie.
M. de V it r y , membre de la Société d’Agriculture
de Paris, &r chef du bureau d'agriculture au
miniftère de l'intérieur, a établi, dans un Mémoire
lu dans une des féances de cette Société, pour
prouver la néceffité de rapporter le décret qui
proferivoit les Pigeons fuyards, qu'au moment dé
ce décret il y avoit en France quarante-deux mille
colombiers, q u i, à cent paires de Pigeons & à
deux pontes par an ( c'eft caver au plus bas fous
les deux rapports ) , fourniffoient annuellement
feize millions huit cent mille pigeonneaux, dont la
viande, déduction faite des os & des inteftins, for-
moit un poids de quatre millions deux cent mille
livres , enlevé à la confommation par ce décret.
Le Pigeon eft originaire de la haute A lîe ,
comme tant d'autres objets de nos cultures 5 mais
il eft prefque naturaliféen France, car, dans beaucoup
de lieux, on en voit qui nichent dans les
trous des tours des églifes & autres grands édifices
, & qui n’appartiennent à perfonne.
A raifon du long efpace de te ms qui s'eft écoulé
depuis qu’ il eft fous la main de l’homme, le Pigeon
a du varier & a varié en effet fans fin. Il me
fëroit impoffible d’énumérer feulement toutes les
racés qu'on connoît en France , à plus forte raifon
celles qui exiftent en A fie & dans le refte du
Monde. Je vais donc feulement indiquer, d'après
Buffon, celles qui font le plus recherchées à Paris,
ou les plus remarquables.
Il eft probable que nous ne connoiffons pas lè
type primitif dirPigeon ; mais il fuffit de comparer
le bifit ou Pigeon fuyard aux autres variétés.;
pour être convaincu que c'eft lui qui s'en rapproche
le plus. On peut donc ici le confidérer comme
tel fans inconvénient.
Après le bifet vient le Pigeon commun , le Pigeon
de colcmoier, qui eft un peu plus gros,
m;us qui ;î peine en différé autrement. C ’eft celui
qul’ on élè ve avec le plus de profit en grand.
C ’ eft dans les Pigeons de volière que fe trouve
nr les races les; plus remarquâmes, races dont
les îtis peuïrent varier en couleur dans toutes
les combinaifons poffibles, quoique quelques-
unes en affe&ent fouvent une qui leur elt propre.
Je devrois fuivre la filiacion.de ces races, en commençant
par celles qui fe rapprochent le plus du
type j mais faute de çonnoïtre cette filiation, je
me bornerai à leur, fimple énumération.
Mo n d a in . C'eft le plus recherché, & par fuite
le plus commun, à raifon de fa taille double de
celle des autres & de fa grande fécondité. Il y en
a une fous-race plus groffe, mais moins féconde,
qu’on appelle gros mondainy fes couleurs varient
lans fin.
R om a in : race fort eftimée à raifon de fa
fécondité, mais qui réuffit mieux dans les pays
chauds que dans les pays froids ; elle fe reconnoît
à la couleur jaune delà bafe de fon bec. Les variétés
de couleur qu’elle offre font très-nombreufes.
E spagnol. Il ne diffère du gros mondain que
par des paupières plus larges & plus faillantes.
C ’eft un très-beau pigeon , mais il produit peu.
Ba g a d a is . Ils fe rapprochent des mondains
pour la groffeur : on les reconnoît à un tubercule
rouge irrégulier, au-delïus du b e c , à un cercle
de même couleur autour des yeux, & à la grande
courbure de leur bec. Ils produifent peu & varient
en couleur.
T urc . C'eft un bagadais huppé, à jambes courtes
& à vol très-lourd. Il varie en couleur. Cette
race eft peu commune.
T a m b o u r , ou glou-glou 3 ou Pigeon de mois,
ou Pigeonpatu ; plus petit que les précédens, mais
très-eftimable, à raifon de fa fécondité, qui eft
telle, que les femelles n'attendent pas que leurs
petits mangent feuls pour pondre de nouveau ; elles
: donnent généralement douze couvées dans les
pays chauds, & huit à neuf dans le climat de Paris.
On le reconnoît à fa huppe, ainfi qu'à fes pattes
courtes & couvertes de plumes. Il y en a de
toutes couleurs. Le Pigeon norvégien, qui eft tout
blanc & plus gros, ne paroîtpas devoir en être dif-
tingué.
N o n a in . I1 fe diftingue par la difpofition retournée
des plumes du derrière de la tête , & le
peu de longueur de fon bec. Sa taille eft au-deffous
de celle des précédens ; mais fa forme eft fort élégante.
Il varie dans fes couleurs ; la plus recherchée
eft la blanche.
Pa o n . Sa groffeur furpaffe celle du précédent..
On le reconnoît-à la faculté de relever, comme le
paon & le dindon, les plumes de fa queue, action
pendant laquelle il porte fa tête en arrière & tremble.
Les couleurs qu’ il offre font peu variées, &
parmi elles la blanche eft la feule commune. Les
uns ont à la queue trente-deux plumes, & les autres
feulement vingt-huit..
G ros se gorge. Il prend fon nom de la faculté
d’enfler fa gorge plus que les autres. Les variétés
de couleur qu’ il offre, font très-nombreufes.
Po l o n a is . Ses caraétères fe tirent de fon bec,
qui eft gros & court ; de fes pattes-, qui font extrémement
courtes, & du cercle qhi entoure fes
yeux. Ses couleurs varient.
Heurte. 11 eft blanc, avec la tête & la queue
variées de bleu , de jaune , de noir & de rouge ; il
eft fort recherché des amateurs, à caufe du contraire
de fes couleurs. Sa groffeur eft celle du mondain
ordinaire.
C oquille h ollan dais ou cuirajfé. Son corps
eft alongé & varié dans fes couleurs, tandis que
fa tête, fes ailes & fa queue font d’une feule couleur
» il a quelquefois, comme le Pigeon nonain ,
les plumes de l’occiput retournées en devant. |
Hirondelle : corps alongé & toujours blanc
en deffous, varié de plufieurs couleurs en defïus; !
recherché feulement par les curieux.
C anne : petit ; pattes courtes , très-garnies de
longues plumés; bec très-court; une huppe en
pointe derrière la tête ; le deffous du corps toujours
blanc, le deffus de couleurs variées. L'ob-
fervation ci-deffus lui eft applicable. ;
C r a v a t e . Plufieurs rangées de plumes, qui fe
redreffent fur fa poitrine, font le caractère auquel
on le reconnoît. Il a le bec court & le corps
alongé : il n’eft pas fi gros que le bifet, & fon peu
de groffeur fait qu'on ne l'élève que par curiofité.
Ses couleurs varient. ,
Suisse : fond blanc, panaché de jaune, de rouge
& de bleu, avec deux colliers. & un pîaftron
rouge-brun. Cette bigarrure difparoît quelquefois
dans les petits, mais revient ordinairement à la
génération fuivante 5 élevés feulement par curio-
fité ; taille de bifet. <
. C ulbu tan t : tire fon nom de fa manière de
voler en tournant fur lui-même, en faifant continuellement
la culbute. Il varie beaucoup dans fes
couleurs. Sa petite taille & fon peu de fécondité
font qu'il n'eft recherche que par les amateurs , &
feulement à raifon de la fingularité de fa manière
de voler.
T o u r n an t ou batteur : tourne en rond & fait
beaucoup de bruit en volant. Sa couleur eft ordinairement
un gris tacheté de noir fur les ailes.
L’obfervation faite au fujet du précédent lui eft
applicable.
Ba r b a r ie : la forme, la groffeur & la couleur
du précédent, mais ne vole pas de même. Il ne fe
voit pas dans nos volières.
Frise . Ses plumes font petites, frifées, blanches,
& fes pieds garnis de plumes; il voie difficilement
, & n'a de mérite que fa fingularité , qui
le fait rechercher des amateurs.
Mes sag e r . Il a le plumage brun, la bafe du
bec & le tour des yeux, couverts d’ une large membrane
blanchâtre. C ’eft lui qui eft employé en
A fie pour porter les lettres avec rapidité à de
grandes diftances. il ne fe voitpasdansifos voMères.
.Crinière. Il 'porte, fur le fommet de la tête ,
une huppe pendante , formée de plumes fans
barbes. On ne le poffède pas dans nos volières.
On doit juge r, par ce que je viens de dire.
qu’ il peut y avoir deux buts dans l’éducation des
Pigeons, le profit & l ’agrément, & que le premier
doit avoir deux modes diftinéts ; & en effet,
les bifets ou fuyards fe logent par milliers dans de
grands colombiers, les mondains & autres gros
Pigeons très-féconds, dans de petits colombiers ,
appelés F u ie s ; & enfin, les variétés peu fécondes
m de petite taille, dans des volières. Il eft cependant
des lieux où on met auffi les mondains
dans des volières.
Avant la révolution , le droit d'avoir des Pigeons
fuyards étoit féodal, & les feigneurs te-
noient beaucoup à cet avantage ; auffi en voyoit-
on partout, & les dommages qu'ils caufoient à
l'agriculture étoient-ils comptés pour rien.
Quelque grande que fût la quantité de Pigeons
bifets ou fuyards qui fe voyoit en France avant la
révolution, il s'en fali oit de beaucoup qu'elle
pût être comparée à celle de ceux qui s'entretiennent
dant l’Orient & en Afrique. Il eft dans
cès contrées des villages où toutes les maifonsont
un colombier , & les vols de Pigeons que rencontrent
les voyageurs obfeurciffent fouvent le fo-
le il, fi je puis employer leur expreffion.
Cette multiplication des Pigeons fuyards eft
due au peu de foin qu'ils demandent, & à la certitude
des produits qu'on en retire. En effet, il
fuffit de leur donner un logement, & dans les pays
froids, de les nourrir pendant l’hiver, pour que
chaque couple donne au moins quatre paires de
petits, qui, à un mois d âge, font un manger auffi
agréable que fain, qui convient à tous les tempé-
ramens.
J’ai annoncé plus haut que les Pigeons fuyards
étoient nuifibles à l’agriculture, mais ce n’eft que
lorfaue parcourant librement les plaines, au moment
des femailles & des récoltes, ils mangent le
grain de ceux à qui ils n’appartiennent pas, comme
celui de leur propriétaire, & qu’il ne faut que
quelques inftans à un de leur v o l, on appelle ainfi
une grande quantité de Pigeons réunis en plaine ,
pour déranger les calculs d’un cultivateur relatifs
à la quantité de femence à mettre en terre. L'abus
avoit été trop vivement fenti, pour qu'on n’ou-
tre-pafïât pas le remède; auffi , pendant la révolution
, une loi proferivit les Pigeons fuyards, &
leur deftruétion fut prefque complète. Aujourd'hui
on eft revenu à des principes .plus modérés ;
tout propriétaire de plus de trois cents arpens de
terre dans une commune peut avoir un colombier ;
mais il faut qu’ il enferme fes Pigeons pendant les
femailles d’automne & de prir.tems, & quinze
jours avant la récolte des blés, époques où il eft"
permis de les tuer quand ils font fur la propriété
du porteur de fufil. Il n’eft pas parlé , dans'la loi ,
des pois, des gefles & des vefees, récoltes fur
lefquelles les Pigeons fe jettent avec tant d’ardeur,
& dont ils privent quelquefois entièrement les
cultivateurs. Cette loi s’éxécute mal ; cependant
je dois avouer qu’ elle eft auffi bonne qu’on peut