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Si on confidère les Jacinthes fous le rapport de .
leur organifation, on les divife en Amples, ienu-
doubles & doubles.
Si c’eft fous le rapport de la couleur, on les
diftingue en bleues, de toutes les nuances 5 en
pourpres , de toutes les nuances > en v iolet, de
toutes les nuances 5 en rouges', dans les nüançes
intermédiaires 8c foi blés 5 en jaunes, dans les
nuances foibles ; en vertes, dans les nuances faibles
> en panachées, da’ns toutes les couleurs, excepté
le noir ; enfin, en blanches.
Les variations de cette fleur fe portent en oime
fur la groffeur & la hauteur de la tige, fur le
nombre des fleurs,fur leur largeur; ce qui fournit
de nouvelles combinaifons, dont on ne peut fe
former une idée qu’en voyant les riches collections
des fleuriftes de Harlem ou de quelques
amateurs des autres pays. L’ influence d une bonne
culture eft te lle , qu’ il eft des Jacinthes doubles
dont les fleurs ont près de deux pouces de dia-
mètrè, tandis que, dans l’état le plus voifin de là
nature, la Jacinthe fimple a au plus le quart de
cette largeur. . . , „ T •
Les qualités que doivent avoir les belles Jacinthes
font indiquées dans plufieurs- ouvrages ;
mais, ainfi que l’obferve M .Feburier, elles font
fouvent contradictoires. Celles qu’ il convient da-
dopter font, i°. une tige ni’trop ni pas allez
haute, & affez forte pour pouvoir foutenir le
poids des fleurs i ce qui n’ eft pas commun parmi
les doubles ; 2°. un grand nombre de fleurs,cett-
à-dire entre douze & vingt : il en eft cependant
qui n’en ont que fept à huit, & qui font recherchées
à raifon de la groffeur de ces fleurs 3 3 . des
fleurs larges, fixées horizontalement fur leur tige,
& faifant une pyramide régulière par leur réunion j
4®. des couleurs vives , nettes, qui tranchent fur
le fond. .
Il eft des.Jacinthes plus précoces^ que les autres
, & qui font par conféquent à defirer .dans
les pays chauds : il en eft également de tardives,
•qui font certainement préférables dans les pays
froids. On doit apprendre à les reconnoitre pour
les planter féparémënt» car la beauté d une plate-
bande, garnie de ces fleurs, tire fon principal agrément
cle leur complète ftoraifon au même mitant,
afin quon jouiffe de leur enfemble.
Depuis quelques années, le goût du public le
porte de préférence fur les Jacinthes finales | dont
les fleurs font très-nombreufes & ires-larges,
parce qu'elles font moins fujètes à manquer de
fleurir, que leurs couleurs font pins vive s, oc
oue leur odeur eft plus agréable.
Il eft des Jacinthes dont, fans caufe apparente,
les feuilles & les tiges ne font pas d'un vert
fon cé , dont les fleurs fupérieures ne s epanouil-
fent pas complètement: & même pas du tout: : ces
■ variétés indiquent une foiblefle d’orgamfation
oui doit les faire rejeter.
Les.notions d’après léTquelles peuvent fe guider
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ceux qui veulent choifir des oignons de Jacinthes j
font fort incertaines. La groffeur n eft pas un bon; I
caractère ; car il annonce ou une culture plus 101- 1
gnée, ou l’âge plus avancé ou la variété, les bleues I
ayant l’avantage à cet égard comme plus voiünes |
de la nature; ainfi , en la prenant pour unique I
règle, on rifque d'avoir une variété fimple, ou
une variété qui ne fe confervéra pas long-tems. |
11 en eft de même de la forme alongée ou ecrafee, I
qui tient autant à la- variété qu a toute autie I
chofe j ainfi que la furface liffe ou raboteule ,
des accidens pouvant l’altérer , & quelques va- I
riétés , comme les blanches melees^ de rouge, :
1 offrant conftamment ce dernier caractère. ^ 5
M JFeburier obferve que la couronne s élargif-
fant tous les ans par la transformation en tuniques [
de la bafe des feuilles„ & les oignons ne fubiiftant
qu’ un certain nombre d’années, c eft principale- j
ment ceux à petite couronne qu il faut choilir 11 1
on veut jouir iong-tems.
- La culture de la Jacinthe occupe beaucoup d a-
mateurs aifés ,qui y confacrent tous leurs loiiirs,
• & qui croient n’y mettre jamais ni affez de tems ni
àffez d’argent. Les'.minuties dont ils la fijrchargent,
la rendroient impraticable à ceux qui s y livrent par
fpéculation ; mais , heureufement pour ces aer- j
niers , cette plante n’a pas befoin de tant de précautions.
11 fuffit de la conduire fuivant certains |
principes que je vais développer, pour arriver
plus ou moins fûrement au but félon la j.ature de
la terre & le climat dans lequel on opéré » ca* “
eft des terres & des pays où, quelques efforts f f lp ç
faffe, on ne pourra jamais conferver les belles
Jacinthes de Hollande au-dela de dèux ou trois
ans fans qu’elles dégénèrent, & encore^ moins
produire des variétés analogues en beaute. | •
La dégénérescence en France des belles variétés
tirées de Hollande fe borne à donner des fleurs
plus petites & moins nombreufes, & à dégrader
un peu la nuance des couleurs tendres ; ce
qui indique que c’ eft feulement le defaut des
circonftances les plus favorables à leur développement
qui l'a caufe. Je ne fais point de doute,
quoique l’expérience d’un fiècle entier femble
prouver lé contraire, qu’ il foit très-poftib.e, linon
de les furpaffer, au moins de les égaler.
Pour bien établir ce mode de culture il convient
d’abord de parler de celle qui eft ufitée en
Hollande , laquelle doit fa fupériorité à la nature
du fol & du climat ,• aux connoiffances acquîtes
par une longue pratique, & meme à 1 importance
dont elle eft pour ceux qui s’y livrent.
Les environs d’Harlem , principalement le territoire
de Rorwick, offrent une couche de fix a
huit pouces d’épaiffeur de CableL un lit de tourbe
parfamé d’arbres renverfés du coté de 1 ou elt, oc
tous , & qui font plus ou moins décompofes 1 n
en eft qui le font fi peu, qu’ ils s’emploient a la
charpente). Cette couche, qui s’appelle de rry y
eft infertile | & ne laiffe pas paffer les eaux pluviales.
On eft donc obligé de la rompre pour
pouvoir cultiver partout où elle, fe trouve ; mais
il eft des lieux où cela eft défendu fous peine de
mort, parce que fa rupture ocçafionne des inondations
d’eau de mer : ce font ceux où elle eft
au-deffous du niveau .de cette eau.
Le territoire de Rorwkk n’eft pas dans ce cas :
en conféquence les cultivateurs de Jacinthes rompent
le derry, & le mêlent avec le fable de la fur-
face & avec le fable qui eft au-deffous, pour com-
pofer la terre de leurs planches. Comme, dans les
planches de parade , ils ne mêlent à ce derry que
du fable qui lui eft inférieur de l’épaifleur d'un
pied , M. Feburier, qui a été fur les lieux , fupr
pofe avec raifon qu’ il doit contenir une partie de
l’humus quifervoit à la végétation des arbres lorf-
qu’ils étoienrfur pied, & une partie des fels que
contenoit l ’eau de la mer qui les a-renverfés. Au
fable ils ajoutent de plus Une épaifieur de fix pouces
de fumier de vache & de tan, la mêlent avec/foin,
& attendent une année pour y planter les Jacinthes.
Ce terrein reçoit trois fois des oignons de
cette fleur en cinq ans, après quoi il faut recommencer
de nouveau à mêler du fable du fond avec
de l’engrais. Pendant les deux années de cette
férié, où on ne plante pas de Jacinthes dans le
terrein, on y met d’autres fleurs.
Outre cela, les plus, recherchés de ces cultivateurs
compofent du terreau avec trois parties de
fumier de vache (qui n’eft que de la boufe, les
cultivateurs de ces pays ne donnant point de litière
a ces animaux), deux parties de fable gris ou
fauve-noirâtre, pris au-deffous du derry, St une
partie de feuilles ou de tan confommés, en fe con-
duifant dans cette compofition à peu près comme
dans celles de nos terres à Orangers. Voye^ ce
mot & le mot T erre.
C ’eft avec cette terré' compofée quyon forme
les planches dans lefquelles on plante les oignons
de Jacinthe. Lorfqu’on les relève, onia caffe & on
1 expofe à l’air, après quoi elle eft employée pour
les tulipes , les renoncules, les anémones, les
oreilles-d’ours 5 de forte qu’elle ne fert qu’une fois
pour les Jacinthes. Elle eft trop légère pour les
autres fleurs, & principalement pour les oeillets.
Ces deux manières de cultiver les Jacinthes
conviennent certainement à la Hollande, pays
. froid , humide, & d on ü’air eft chargé de fel marin,
puifque ce font elles qui donnent les plus
belles fleurs de l’Univers. J’ignore fi on a tenté
de les introduire exactement autre part; mais on
ne doit certainement pas le tenter dans des pays
plus chauds , plus fecs & plus éloignés de la mer,
qui n ont pas le même fable, le même fumier, & c .
Voici les modifications que M. Feburier pro-
pofe de leur faire fubir autour de Paris, ville qui
thé tous les ans pour des fommes confidérables
d’oignons de Jacinthe de Hollande.
« Employez, au lieu de fable, celui que nous
appelons terre de bruyere,, & ne changez, rien à. la.
quantité des parties de fable, de fumier & de taa
ou de terreau de feuilles qu’y mêlent les cultivateurs
de Rorwiçk ; mais ajoutez àchaque couche un
peu de fel que vous répandrez légèrement deffus. Si
le climat eft chaud & les pluies rares, ajoutez à votre
mélange autant de .parties de terre franche que -de
terre de bruyère, afin de la rendre plus compacte &
d’y conferver l’humidité, parce que les arrofernens
nuifent aux Jacinthes. Faites ramaffer & piler des
Coquilles d’huitres dont vous couvrirez vos plan^-
ches. Les pluies, en leur enlevant les fucs qu’elles
contiennent, les entraînent avec elles & en nourrif-
fent les plantes; mais lorfque les Jacinthes feront
prêtes à fleurir, vous couvrirez ces coquilles par
un peu de terreau pour que fa couleur foncée faffe
reffortir davantage le vert des feuilles & les nuances-
des fleurs, & que les rayons du fole il, réfléchis
par ces coquilles, ne nuifent pas aux oignons, en
mettant une différence conftdérable entre la chaleur
d’une partie de la plante & celle de l ’autre. »>
On pourroit croire, d’après cela , qu’ il feroic
avantageux de couvrir le fol de ces planches de tui-r
le s , entre iefquelles on ne laifferoit que l’intervalle
néceffaire pour la fortie de la tige.
« Au défaut de terre de bruyère, on emploîr&
du fable tel qu’on peuts’en procurer ,,après l’avoir
lavé s’il eft mêlé d’argile , & on y ajoutera d’autant
plus de terreau de feuilles, qu’il fera moins
pourvu d’humus. 5»
C ’eft au milieu de l’automne qu’on doit penfer
à planter les Jacinthes. Elles fe mettent le plus
fouvent en planches de trois pieds de large , fur
une longueur indéterminée : on les y efpace de
fix pouces. Le mieux eft de placer les Amples fé~
parement des doubles, les natives des tardives
mais il eft des amateurs qui les mélangent, & qui,
pour que la Aurai fon arrive cependant au même
moment, enfoncent davantage, les fimples & les-
précoces , qui pouffent quinze jours plus tôt que-
les doubles & les tardives. Quand on craint 1 humidité
on incline un peu l’oignon.
Pour mieux faire, on place les oignons fur les.
planches fans les enfoncer, & on les recouvre de
trois , quatre ou cinq'pouces de terre. Alors ceux
qui doivent être les plus près de la furface font
mis fur une petite butte formée par une poignée
de terre. De cette manière, la terre fe taffè uniformément
& les eaux ne féjournent pas.
-, On prévient les effets de la furabondante humidité
de la terre en élevant les planches.
Il eft bon d’obferver que fi la Jacinthe crainc
l’humidité, elle craint au fil la féchereffe..
Il eft des amateurs qui font leurs planches entièrement
bombées , afin que leurs Jacinthes foient:
difpofées en "amphithéâtre des deux côtés j d’autres
les inclinent d’un fèul côté dans c^tte même
intention; d’autres enfin placent les variétés à
hautes tiges fur le milieu ou fur le derrière, & les.
variétés à baffes tiges fur les côtés ou fur le devant..
Par tous, ces moyens',, & en mélangeant cou