
fuis obligé de me contenter d’annoncer que celle
du froment à chaume folide eft plus avantageufe
qu aucune autre.
La graine étant la partie des végétaux la plus
nourrillance , la Paille qui a été mal battue, &
cjui par conféquent en contient encore, eft beau-
coup meilleure; c'eft pourquoi beaucoup de cul-'
tivateurs ne s inquiètent de la perfection du bat-
tage que iqrfqu ils font dans l'intention de la vendre
, les grains de celle deftinée à la litière
étant retrouvés par les volailles.
Les Pailles coupées avant leur maturité font
beaucoup plus nourriftantes,. font même fupé-.
rieures au foin , puifqu’elles contiennent plus de
mucofo-lucre. Dans beaucoup de lieux on con-
facre du feigle à cette fin. Prefque partout on
coupe les avoines de bonne heure pour le même
objet. Voyci Seigle & A v o in e } voyez aufli
J.AVELLER. .
La Paille d’orge, quelque dure quelle fo it,
n eft pas rebutée par les boeufs, mais elle entre
tres-rarement dans le commerce : c ’eft à faire de
la litière qu on 1 emploie le plus généralement.
On dit qu une Paille de froment eft bonne,
lorlque fa couleur eft d’ un jaune-brillant & uniforme
, fon odeur fuave & fa faveur fucrée. Un
cultivateur jaloux de la fanté de fes beftiaux
doit toujours tendre à en avoir de telle j & s’ il ne
cultive pas des marais, il peut le plus fouvent, par
la perb&ioü de fa culture, l’obtenir toujours de
la meilleure qualité.
La quantité de Paille de froment que fournit un
arpent de terre au plus haut point de fertilité a été
évaluée à environ 2500 livres. Je ne cite ce fait
que pour mémoire 5 car cette quantité doit différer
félon la variété, l'année, le mode de fa coupe
, de fon battage , &c.
La mauvaife Paille eft très-fréquente, & devient
louvent la feule caufe de ces épizooties qui dépeuplent
de beftiaux des cantons entiers. C'eft fur elle ,
ainli que fur le fo in , qu’un vétérinaire éclairé
doit d'abord porter fon examen lorfqu’il eft appelé
à étudier les caufes de ces épizooties, & à
leur appliquer un traitement.
Quoique, dans tous les pays où on cultive les
céréales , on en nourriffe les beftiaux , il eft cependant
généralement reconnu qu’elle eft extrêmement
peu fubftantielle, & que lorfqu'on la
donne feule pendant quelques jours à ceux qui
font affujétis à des travaux forcés, ils deviennent
incapables de les exécuter. C e fait s'explique par
1 obiervation que ce font les parties mucofo-fu-
crees & amilacées qui nourriflent dans les végétaux
, & que ces parties paflent dans le grain &r s y
accumulent pour le former & l’amener à maturité
Voilà pourquoi le froment, le feigle, l’orge,
|!avoine, le riz & le maïs font II recherchés par
les hommes & les animaux, & pourquoi le foin
eft meilleur que la Paille. S’il eft néceflaire de donner
beaucoup plus de Paille que de foin aux çhe*
vaux de luxe qui travaillent peu & qui Rangent I
beaucoup d’avoine, c’eft qu'il faut les occuper I
dans l’écurie, leur lefter l’eftomac, ne pas les en. I
grailler outre mefure , & économifer. Les jeunes I
animaux qu’on defire amener à une belle taille, I
ceux plus âges qu’on veut engraifler, ne doivent I
pas par conféquent être mis à la Paille pour tout I
I régime.
Il eft des animaux qui refufent la Paille j il en I
eft d’autres qui, fans la refufer, en mangent extrê-1
mement peu. On ne doit pas s’en inquiéter, & ne I
pas pour cela leur donner plus de foin ou d’avoine I
qu aux autresj cependant, fi on mettoit de l’im- I
portance à les engager à en manger, on le pour. I
roit prefque toujours facilement, en la ftratifiant I
avec du foin frais, pour lui communiquer fa 1
faveur & fon odeur, ou en l’afpergeant d'eau I
falée. Cette opération de ftratifier la Paille & le I
foin , qui ne fe pratique guère que lorfqu’on a I
de la mauvaife Paille, eft fi avantageufe, même
pour la confervation du foin , qu’il feroit à de- I
firer qu’elle fût exécutée partout avec les Pailles
de l'année précédente, furtout pour les regains, I
qu’on ne peut pas toujours amener fur la terre I
à une defficcation fuffifante , à raifon de l’affoi-
biiffement de la température. Comme prefque
| toujours on mêle, au moment de la confommation, I
la Paille & le foin, pour les donner enfemble aux
beftiaux, il n’y a pas augmentation de main-d’oeuvre
j on en change feulement l’époque.
La queftion de favoir s’il convient mieux de
hacher la Paille pour la donner aux beftiaux, pria*
cipalement aux chevaux, a été difcutée un grand
nombre de fois, & n’ a pas été complètement ré- I
folue théoriquement ; mai$ le non*ufage des I
machines plus ou moins ingénieufes qui a voient I
été inventées dans la dernière moitié du fiècle I
précédent, prouve quelle ne doit pas être dif- I
curée ici. ( oye[ H ache-Pa il l e . ) En effet, la
maftication étant le préliminaire le plus important à I
toute bonne digeftion, il doit être défavorable de I
ne pas la rendre obligatoire. De plus, la Paille ha- I
chée étant roide & piquante, elle met en fangla I
bouche des animaux qui n’y font pas accoutumés, I
principalement s’ils font jeunes.
On a obfervé dand le M id i, où on bat les cé-
reales tantôt par le moyen du fléau, comme dans I
le Nord, tantôt (& c’eft le plus généralement) par 1
le moyen du D épiquage (v o y^ c e m ot), que I
les animaux préféroient la Paille provenant de ce I
dernier mode de battage. Ainlî, fi on doit faire fu- I
bit une opération à celle qui a été battue au I
fléau, c’eft celle de l’écrafer en la faifant paffer
entre deux cylindres tournans, ou en la frappant fl
avec un maillet} & il eft des lieux où on fuit cette I
pratique. Cette Paille écrafée eft aufli plus conve- fl
nable pour faire de la litière, parce qu’elle eft I
plus douce & abforbe mieux les urines} mais la I
dépenfe de main-d’oeuvre qu’elle néceflite, pei* I
met rarement d'en faire ufage»
ta Paille légèrement mouillée étant plus tendre
[g; plus favoureufe, il fembleroit qu’on devroit
toujours la donner telle aux beftiaux} mais on prétend
qu’elle les affoiblit, les avachit * comme
[difent les palfreniers} cependant des expériences
[qui ms font propres, ne font pas en concordance
lavée cette opinion : celle d’orge, comme plus
dure, eft principalement dans le cas d’être mouil-
[lée.
f Une partie de la Paille mife devant les befliaux
pour leur nourriture eft conftamment rejetée par
eux, foit parce qu’elle ne leur plaît pas, foit parce
■ qu’ils mettent peu d’attention à la retenir. Cette
[Paille n’eft pas perdue, puifqu’elle entre dans la
jcompofition des fumiers, mais elle oblige à augmenter
la quantité de celle qu’on doit mettre dans
lerâtelier.ll eft des animaux, furtout des chevaux,
qui en gafpillent ainfi de grandes quantités.
La quantité de Paille qu’on donne aux animaux,
par jour, varie félon fa nature & fe.lon l’efpèce
de ces animaux , leur â g e , le fervice qu’on leur
demande, la faifon, &c. Je ne puis donc l’indiquer
ic i , même approximativement } mais on
trouvera aux articles de chacun de ces animaux,
desconfidérationspropres 2 guider dans fa fixation.
Plus la Paille eft fraîchement battue, & plus elle
plaît aux animaux, principalement aux chevaux :
il eft probable que c’eft parce que le battage la
débarraffe de la pouffière qui la couvroit.
Après la Paille de froment, celle d’avoine eft
la plus du goût des beftiaux, & c ’eft celle qu’on
leur donne le plus généralement, parce qu'elle
p’eft propre qu’ à cet ufage & à faire de la litière.
Il eft furtout des lieux où elle fait le fond de la
nourriture d’hiver, des vaches & des brebis. On
prétend que celle qui provient des femailies les
plus retardées eft la,meilleure, & il eft poflïble
que cela foit, parce que le moindre lems que
Ie grain a eu pour fe former, ne lui a pas permis
d’abforber toutes les parties nutritives de la tige.
iVoye^ Grain e.
I La confervation de la Paille doit être un des
objets de la follicitude des cultivateurs. On ne fe
pit pas d’idée de l’énormité des pertes qui ont
pnnuellement lieu par leur manque de foin à cet
Fgard. Toujours., furtout, il faut avoir attention
|ce qu’elle ne foit pas mouillée, parce qu’a-
p s, non-feulement elle eft moins nourriffante,
pais que furtout , ïorfqu’ elle eft moifie , elle eft
{complètement repouflee par les beftiaux , ainfi
pe je l’ai obfervé plus haut, & que le fumier
P eNe forme alors eft d’une qualité très-inférieure.
Mit donc dans des greniers, dans des granges
Perées, & cependant abritées de la pluie & de la
Pite des volailles qui y porteroient leurs fientes
p leurs plumes , greniers ou granges allez éloi-
p ees des fumiers pour que leur odeur 11e puifle
| ls s y fixer, qu'il convient de la placer. A dé-
[autde grenier ou de grange, on en fabrique des
pules qu'on recouvre exactement j mais quelque
bien faites que fuient ces meules, il eft rare que la
! Paille s'y conferve bonne pluficurs mois de fuite-.
| Je vouurois qu’on leur fubftituât des hangars à
toits très-prolongés, ou des gerbiers à toits mobiles
, c'eft-à-dire, qui fe baifleroient à mefure de la
confommation. Voy. M eule , H a n g a r & G er-
BIER.
On trouvera aux mots Lit iè r e , F umier &
E ngrais , ce qu’ il convient de favoir relativement
à l ’emploi de la Paille , fous les rapports
agricoles les plus importans} ainfi je n'en entretiendrai
pas ici le leaeur. Je me contenterai de
confeiller aux agriculteurs, à moins qu’ils ne
foi ent voifins d’une grande v ille, où ils pourrons
acheter des fumiers, de ne vendre aucune Paille ,
par la conviction où je fuis qu’ils perdent à le.
faire, c ’eft-à-dire, que-le bénéfice indireét qu’ils
trouveront à mieux fumer leurs terres, l'emportera
de beaucoup fur celui qu'ils en tireront directement.
Chauffer le four, faire bouillir la marmite avec
de la Paille, ne peut être toléré que lorfqu’il eft
abfolument impoflîbiede faire autrement, car elle
donne fort peu de chaleur. Partout où on peut faire
venir des céréales, on peut faire venir du bois}
ainfi c’eft par un vice d’adininiftration, s’ il eft des
cantons où on eft forcé d’employer ainii une partie
de la Paille. Voye^ Ha ie .
Dans les parties de la Ruflie où on manque de
bois , on fabrique avec la Paille une tourbe artificielle.
Pour cela on en fait une couche de deux
à trois pieds d’épaiflèur, qu’on arrofe fortement
à diverfes reprifes, & enfuite qu’on fait trépigner
pendant quelques heures par des chevaux ou
des boeufs. Il en réfulte une mafle qu’on coupe ,
à la fin de l’é té , avec une.bêche en parailélipi-
pèdes, q u i, léchés, fe mettent au feu l’hiver
fuivant.
Il feroit à defirer que cette excellente pratiqué
fût connue des cultivateurs des plaines de France
où on ne brûle que de la Paille, car elle doit offrit
en réfultat une économie de Paille & un meilleur
chauffage. Voye[ T o u r b e .
^ La Paille de feigle & de froment, mais principalement
la première, comme plus longue, moins
caftante & moins prompte à s’altérer à l'air, eft encore
employée à différens ufages d'économie do-
meftique * dont je dois fignaler ici les principaux.
Ainfi , dans beaucoup de lieux , on en couvre
les maifons : celle qui provient des terreins fecs
& des années fèches, celle qui a été coupée avant
fa maturité, celle qui eft la plus longue eft préférable
pour cet objet, parce qu’elle fe pourrie
plus difficilement & fe met plus aifément en oeuvre.
Il eft cependant des pays où on préfère celle
d’orge, quelque courte quelle foit;iPfen elt même
o ù , par un principe d’économie fore mal entendu,
on fe contente du C haume. Voye[ ce mot.
Les couvertures en Paille font plus chaudes en
hiver & plus fraîches en été que celles en tuiles ou