
v iro n 600 francs l'a rp en t , il ne faut guère y pen-
fer , même quand elle devroit produire cinquante
à foixante fetiers. Il ne faut pas d’ailleurs s’attendre
à ce que les Pommes de terre venues de
femences acquièrent , cette première année, une
maturité complète,, & il ne faut pas prétendre à
juger leur faveur. O n doit donc les arracher le plus,
tard poflible, & feulement à l’approche des gelées.
I l fera bon de mettre à part le produit de chaque
pied, en gardant feulement les plus beaux tubercules
pour la plantation de l’année fuivante, où l’on
pourra les juger. O n peut, dès la première année,
rejeter tous les pieds qui s annoncent pour être
d’un foible p ro d u it , qui font trop petits, quoique
n om b reu x , ou qui tracent trop, leur récolte étant
plus difficile , ceux qui ne font pas bien fains , &
même ceux qui ne paroiffent pas d’une forme &,
d ’une couleur avantageufe. E n général, les con-
noiffeurs préfèrent ceux à peau gercée, à chair
blanche ou encore mieux jaune -, fans nuance de
rouge ou de violet.
D es diverfes variétés de Pommes de terre.
Ÿ a-t-il plufieurs efpèces de Pommes de terre,
ou toutes celles connues ne font-elles que des variétés
d’une feule & même elpèce , & cette espèce
primitive eft- elle la rouge , comme on l a
fuppofé? - .
Il paroît qu’à l’exception de la jaune, le femis
de toutes les autres fournit un très-grand nombre
de variétés, d’o ù l’on peut conclure q u ’elles font
elles-mêmes le produit d ’une culture déjà très-,
perfectionnée. La jaune , au contraire, par fon Ternis
, n’en donne que très-peu 5 d’où il fu it , ou
qu’elle eft l’efpèce prim itive , ou du moins qu’elle
en eft très-rappr'ochée ; mais comme cette^même
jaune en produit auffi par le; femis, & qu à leur
tour ces fous-variétés en fourniffent d’autres plus
marquées & plus éloignées, de leur mère commune
, on -peut bien croire qu’il s eft ainfi formé
une tranfition de la jaune à icelles q uk s’en éloignent
le p lu s, & qu’elle eft la^Touche de toutes
les autres. C ’eft donc , ; fuivant toute apparence ,
je femis qui a donné naiffance à toutes les variétés
aujourd’hui exiftames , foit que lles aient été
importées d ’Am é riq u e , foit q u ’ellès. aient pris
naiffance dans le* pays même où on les trouve.-
Quelques amateurs peuvent avoir effayé dé- les
multiplier de femence ; on peut auffi en .être redevable
au hafard, car il en lève fpontanément
dans les lieux où on les cultive, furtout lorfquela
terre y. eft meuble. -• -
L e nombre des variétés a&uellts eft inconnu:
il paroît qu’il eft con.fidétable,.pr chaque pays a
le s Tiennes. La collection formée par .la Société
royale d’A griculture , & qui n’eft coropofée que.
de celles difféminées fur les d ive r s . département
oui compofolent alors l’Empire français , fe monte
àfplus de cent-, mais rAm é r iq u e ,! ’A n g le terre, &e. »
en poftèdent.beaucoup d’autres, & un femis, fait
à Paris en 1 8 15 , en a procuré plufiéurs centaines
de nouvelles. Ge nombre ne pourra que s’augmenter,
& par des femis fubféquens , & par l’importation
des meilleures variétés étrangères , que
la liberté des communications trop long tems interceptée
nous, permettra de nous procurer. Au
furplus , nous n’ en devrons être que plus difficiles
fur le choix, & il deviendra important de les réduire
en retranchant tout cç qui ne préfentera rien
d’iméreffant.
Nous allons donner la lifte des principales variétés
qui fe cultivent aux environs de Paris, 3c qui
le débitent à la Halle, avec leur description & une
notice abrégée de leur culture 3c de leurs avantages
particuliers y nous ferons enfuite mention des>
plus remarquables qui fe trouvent dans la collection
de la Société royale, & de que lques-unes
cultivées en Angleterre , d’après un extrait de la
Bibliothèque britannique.
Variétés cultivées aux environs de Paris.
i°. P a t r a q u e b l a n c h e , groffe-blanche com-<
mune , dite,auffi ailleurs fa u v a g e , rufiique , a va*
ckes ( peut-être, eft-ce auffi celle dite u’H o w a rd ). 1
Elle a les feuilles d’un | vert-foncé , liftes. en
dellus, rudes en d. flous j.fes folioles font larges i
oblongues , aplaties & terminées en pointe ; fes
tiges font fortes, fon feuillage vigoureux j fes
fleurs font aftez grandes , gris-de-lin , nuancées; &
abondantes , ainfi que les baies, qui deviennent,
fort groftes ; fes tubercules de forme .0 b ronde ou
ronde , un peu comprimés , de co-uleur non pas
précifément blanche, mais rofée & nuancée,-peu**
■ vent devenir très-gros, & font alors conglomérés >
■ ils font intérieurement 3 blancs ou blancs-jaunâtres , c marqués de rouge plus ou moins fenfibleif
Cette variété eft la plus vigoureufe, la plus féconde
, la plus commune dans nos marchés ;. elle
réuffit dans tous les terreins, mais dans-ceux qui
font f.ibloneux elle eft aftez farineufe , 3c acquiert
une allez bonne qualité ; fon grand produit & Ton
bas prix la. font deftiher principalement à !a nourriture
des beftiaux 5 auffi les nourrifteurs de Paris
en confomment - ils beaucoup : elle coavienry
| parla même rai fon ,. à l’emploi de divers ufages
économiques. On peut lui appliquer les principes
de culture générale que nous avons expofés, eii
- faifant attention qu’elle doit être efpacéê en rai-
fon de fa grande yigueur ; c’eft celle qui doit et r é .
cultivée de préférence dans les grandes exploita-?
tions , 3c par tousrcèux qui préfèrent le-produitqà
la qualité. Elle convient auffi particuliérement, 3S
aux terres de’qualité inferieure , & aux défriche-
mens.
- . 2 °. PATRAQUE ROüGÈÿrouge-o&longue , rougede-
l 'lie- longue., d’où ;elle a été apportée. Elle a. uii
feuillage vîgoureüx , d’un vert-pâle j aftez reeon-;
poifiàbie; niais es-tiges ne font pas fi fortes que*
.celles de la précédente; fes folioles font àuffi plus
petites, ginfi que fes fleurs, qui.font gris-de-lin,
3c ne donnent que peu ou point de baies, forf'pe-r
.tites. Ses tubercules aftez gros & nombreux, de
forme obron de , un peu comprimée , d’un rouge
-très-vif, ont la chair très-ferme & très-blanche.
•Elle produit prefqu’autant que la précédente, &
fa beauté lui a donné de la vogue pendant quelque
tems, mais elle La perdue ayec raifon, faqualité
ne lui étant pas fupérieure.
. 3°. P a t r a q u e j a u n e , ou jaune de Niw-Yorck,
•parce qu’elle en eft originaire : feuillage v ig ou reux
, tige y e r te , feuilles crépues, d’un vert-olivâtre
; fleurs ble ue s, quelquefois fémi-doubles ;
-baies abondantes j tubercules aftez gros, obronds,
comprimés, quelquefois c onglomérés, jaunâtres
à l’extérieur 3c à l’intérieur, furtout dans leur matu
r ité ; ils font farineux & très-bons à manger ,
-n’ayant jamais d'âcreté. E lle produit autant que la
précédente , & lui eft bien fupérieure. O n doit s’attacher
à la multiplier : elle aime aftez les terres lég
è re s ; fa culture n’a d'ailleurs rien de particulier.
I l paroît qu’on en connoît, aux environs de Paris,
deux variétés, dont l’une le diftingue de l ’autre en
ce que fes tubercules font moins g ro s , mais peut-
être plus réguliers, plus nombreux , plus traçans,
& , dit-on, d’un goût plus délicat.
4°. J a u n e - l o n g u e , dite Hollande jaune, fousr
variété de la précédente, à laquelle elle relîèmble
aftez ; fon port eft plus fvelte ; fes tubercules font
lo n g s , un peu reco urb és, un peu comprimés. Elle
produit moins que la jaune commune; mais elle
-eft plus eftimée , étant d’une faveur plus délicate.
E lle doit être un peu moins efpacée, & il
faut la mettre dans un terrein au moins paiïable.
A u total, la culture de ces quatre premières efpèces
eft à peu près la même.
. f ° . T r u f f e d ’a o ü t , rouge-pâle, hâtive, connue
auffi fous le nom de grife d'août ; 3c fous celui
de pelure d'oignon, luivant M . Parmentier: tiges
aftez nombreufes, aftez foi b lé sd ifp o fé e s à s’étaler
; fommités des pouffes légèrement marquées
de brun ; fleurs blanches, produifant quelques
baies ; tubercules un peu traçans, d’un rouge-
pâle , qui diminue d’intenfité vers la partie qui
\tient au filet, de forme pblongue, quelquefois
conglomérés dans les bons terreins, obronds ou
ronds dans les plus foibles, de groffeur moyenne;
chair d’un jaune-pâle, légèrement marquée de
ro u g e , farineufe & de bon goûc : elle eft pré,-
coçe dans toute fa végétation; elle mûrit ordinairement
, dans le climat de Paris , vers le
,iec. a oû t, mais on en vo it à la Halle de mangeables
dès le commencement de juin. Elle exige
jin terrein meuble & amendé , 3c il faut planter
fes tubercules à une diftance moyenne-; elle
produit un peu moins que les précédentes ; cependant
M . Cadet de M a r s , maire de la c om mune
d’A ubervilliers près P aris, en a obtenu,
en 1 8 1 3 , jufqu’à cent vingt fetiers par arpent.
mais il' ne faut pas s’attendre à obtenir partout
un produit même approchant de celui-là. Cette
variété-paroît faire infraction à cette loi générale ,
que les plantes précoces ont un produit inférieur
en quantité 3c en qualité. Elle n’eft -pas très-répandue,
3e on doit en defirer la propagation. E n
effet, la différence d’époque dans fa fructification ,
qui fe fait en juin & ju ille t , en oppofition avec
celle des tardives, qui n’a lieu qu’en août & fep-
tembre, l'expofe moins aux féchereffes de ces
derniers mois , & peut la rendre très-produClive
dans une année même , & dans un fol où les auirès
variétés pourroient manquer, & elle offre, foiis
les divers rapports de la qualité ,, du produit &
de la précocité, une réunion d’avantages remarquables.
Plantée de bonne h eu re,'elle peut fe
•récolter avant la moiffon ; plantée tard ; elle peut
fe récolter après : dans le premier c a s , elle évite
les gelées précoces d ’automne, & dans le fécond,
les gelées tardives du printems : fa plantation & fa
maturité, qu’on dirige à volonté, la rendent propre
à tous les climats & à toutes les expofitions, là
rendent fufceptible de fe récolter deux fois de
fuite dans le mêrpe pays, ou de fervir de récolte
primaire .ou dé fecondaire, & lui donnent la faculté,
étant récoltée.tard, de fe conferver plus
avant dans l’h iv e r , étant récoltée de bonne heure,
de pouvoir s ’employer avec une grande économie
à toutes les préparations & defficcations qu’on
voudroit lui faire fubir, à l’aide de la chaleur naturelle
du foleil.
O n peut la planter dès la fin de février, ou au
commencement de mars, fi l’on veut en a voir de
très-précoces. Comme la durée de fa végétation
n’eft pas très-longue, elle fe contente quelquefois
d’une feule façon, un fimple binage, quelquefois
même un fimple buttage, qui ne doit pas être
très-haut. Il eft préférable de lui en donner deux,
mais il faut les lui donner de très-bonne heure,
fanseel i ils lui feroient de peu d’utilité; le dernier
même pourroit lui être nuifible, parce qu’il
pourroit bleffer fes filets. Le fëul défaut de cette
variété eft de germer promptement, furtout lorf-
qu’elle eft en grandes maffes; elle doit donc être
cultivée, non pas exclufivement, mais concurremment
avec d’autres variétés plus tardives & d’une
cofifervation plus aifée.
6°. R o u g e l o n g u e , dite vitelottc, appelée ailleurs
fouris, taupe, rognon , à caufe de fa forme ;
tiges élancées , feuillage peu fourni, fleurs blanches,
baies aftez rares, tubercules lo n g s , furtout
quand le terrein lui convient, & garnis d ’un
grand nombre d’y e u x , lefquels font dans des cavités
aftez profondes ; ce qui rend fa furface très-
raboteufe, de couleur ro uge , à chair blanche,
mais un peu marquée de ro uge , d’un bon g o û t ,
farineufe & ne fe-délayant point par lacuiffon. Elle
èft très-recherchée pour la table, & fon prix eft
au-déffus de celui des précédentes; elle exige un
bon terrein, très-amendé, & fon produit y eft
Y y y y |