
taux , doivent être acclimatés petit à petit, a été
foutenue par des hommes fort ettimables ; mais
elle ne paroît pas prédominante en ce moment
parmi les nàturaliftes. L'expérience que je fais fi
en grand dans les pépinières de Verfailles, depuis
une dixaine d'années, lui eft contraire. En
e f f e t j e ne me fuis pas apperçu que les graines
que je reçois directement d’Amérique , & j’ en
reçois des tonneaux de la même efpèce, produi
fent des pieds plus foibles , plus fenfibles à la gelé
e , moins propres à donner de la graine que ceux
provenans des graines des pieds de même efpèce,
nés & cultivés dans nos jardins depuis un demi-
fiècle. Si quelques efpèces, comme le tulipier,
comme le catalpa, ont été d’abord tenues dans des
orangeries, c'eft qu’on ignoroit le mode de leur
culture & qu'on craignoit de les perdre.
Tout ami de fon pays doit defirer voir natura-
lifer en France le plus poflible d'animaux & de
végétaux, non-feulement à raifon des jouiffances
qui en réfultent pour ceux qui fe livrent à leur
multiplication, mais encore des efpérances qu'ils
peuvent donner pour l'avenir. En „effet, l ’intro-
duétion d’une feule efpèce nouvelle peut changer
la face des cultures & du commerce , agir fur nos
moeurs d'une manière irréfiftible. J ’ai publié fur
çet objet une notice, page 597 du feçpnd volume
de la nouvelle édition d'Olivier de Serres , notice
à laquelle je renvoie le leéteur. (B o s c .)
NATURE. C e mot a différentes acceptions |
dans notre langue ; il fignifie, 1®. le principe de
toutes chofes; comme dans ces phrafes, la puif-
Cance de la Nature ne peut fe calculer, la Nature a
répandu les animaux & les végétaux dans tout j
TÜnivers -, i ° . l ’ aff=mblage des chofes qui exiftent ;
la Nature offre des objets fans nombre aux recherches
de ceux qui veulent l'étudier ; $°. l'état
d'une chofe j ainfi on dit : il eft dans la Nature de
l’ homme de marcher fur fes pieds. La propriété
effentielle 3 par exemple , la Nature des terreins
febloneux eft de laiffer paffer l’eau des pluies, &
celle des terreins argileux eft de la retenir.
Je pourrois beaucoup étendre cet article 5 mais
comme il ne renfermeroit que des confidérations
générales , dont les bafes fe trouvent dans chacun
des autres, je crois fuperflu de lefaire. (Bosc.)
NAUCADE : mélange de fon & d’herbe dans
l’eau, qu’on donne aux cochons dans le département
de Lot & Garonne*
NAUCLÉE. N auc lea .
Genre de plante de la pentandrie monogynie &
de la famille des Rubiacées, qui eft formé par la
réunion d’ une demi-domaine d’efpèces, dont aucune
n'eft cultivée dans nos jardins. Il eft figuré
pj. 155 des Wujirations des genres de Lamarck.
Efpèces.
1. La Nauclée orientale.
Nauclea orientalis. Linr». T> Des Indes.
2. La Nauclée pourpre.
Nauclea purpurea. Roxb. J) Des Indes.
3. La Nauclée à petites feuilles.
Nauclea parvifiora. Roxb. Des Indes.
4. La Nauclée d’Afrique.
Nauclea africana. Willd. 1} De la Guinée*
y. La N auclée aiguillonnée.
Nauclea acu'eata. Willd. De Cayenne. 6. La N auclée à feuilles en coeur.
Nauclea cordifolia. Roxb.fj Des Indes. (Bosc.)
NAUENBURGIE. N auenburgia.
Genre de plante dèlafyngénéfie agrégée, qui ne
renferme qu’ une efpèce originaire de P Amérique
méridionale & annuelle. Son introdu&ion dans
nos jardins n’a pas encore eu lieu. Elle faifoitci-
devant partie du genre Brotère , lui-même féparé
des C arthames. Foye^ ces mots. ( Bosc. )
N aUSE. On donne ce nom, dans le département
de Lot & Garonne , aux foffés qui fervent i
de déchargeoir lors du débordement des rivières
& des torrens. Les avantages de ces foliés font li
palpables , qu’il eft étonnant qu’ ils ne foient connus
que dans une très-petite partie de la France.
(B o s c .)
NAVARR ETIE. N a var r e t ia .
Plante annuelle du C h ili, qui feule forme un
genre dans la pentandrie monogynie.
Cette plante ne fe voit pas encore dans les jardins
d’EurOpe. ( Bosc. )
N A V E A U , N A V E T , N AVI AU : fynonymes
de rave, ou nom d’une variété turbinée de la rave
, quelquefois aufli du radis. Voye[ Rave, Ra*
dis & C hcTu.
Navet du diable: c’eft la Bryone.
N A V E T T E , RABIOLLE : efpèce du genre
des choux, brajfica napus Linn., dont la culture en
grand eft fort en faveur dans les zones intermédiaires
de la France, pour l’huile que donne fa graine.
Si la Navette eft moins productive que le colz
a , autre efpèce ou variété du même genre, qu on
cultive principalement dans les départemens du
Nord, elle profpère dans prefque tous les terreins,
& fa culture éft beaucoup plus économique. Je
ne puis donc trop la recommander.
Il exifte deux variétés de la Navette, celle
d’automne & celle du prïntems ou de mai ; va-,
riétés fouvent confondues, peu faciles à faire1 re-
connoître par la defcription, mais qu’on diftin*;
gue fort bien lorfqu’ elles font femées l’une à coté j
de l’autre : la dernière offre des récoltes moins j
abondantes» mais l’avantage de n’avoir pas l’hiver j
[3craindreUe'rie feftér que.deux mois en térse, ’
■ compenfe beaucoup cet inconvénient ; aufli eft-
lèlle regardée ,* dans les cantons où elle effcon-
l iiùe, comme devant toujours entrer dans la férié
lies affoleihèns. I La Navette d’été eft principalement dans le cas
de remplacer un femis qui a manqué par fuite
Ides intempéries de l’hivërî c’ eft pourquoi un I cultivateur foigneux doit toujours avoir en référve ;
[ühe certaine quantité de graines de cette va- :
Ijiéré, graines qui fe confervent bonnes plüfieurs ;
|années, & qu’on peut en tout tems envoyer au j
"moulin à huilé, du donner aux volailles.
Un fol frais & léger, principalement lorfqu’ il
eft calcàîrè , eft celui dans lequel la Navette fe
' plaît le mieux : il m’ a paru qu’elle ne demandoit
pas beaucoup dé profondeur. On doit lui donner
partout des engrais abondaris très-confonimés, &
iü moins deux labours. Jamais on ne la fème en :
France qu’à la volée j mais il feroit fans doute
avantageux He lui appliquér la culture par rangées, !
[ qùi permèttroit de lui donner des binages avec la
[houe à cheval. Voye^ au mot Ra v e .
i Comme la Navette craint beaucoup l’eau qui
féjourne à fon pied, les champs fufceptibles de
[h garder doivent être traverfés de filions profonds,
& même de fofles pour fon écoulement. Voye[
au mot Egout,
C’eft prefquè toujours fur les chaumes, c’ eft-
à-dire, après une récolte dè froment ou de
feigle, qu’ on fème la Navette, au taux de trois
livrés de graine feulement par arpent ; puifqii’élle
gagne à h’erre pas trop ferrée. Un herfage eft
j indifpënfable pour la recouvrir, c^r les oifeaux en
font extrêmèment friands > mais il doit être très-
léger , attendu qu’elle ne veut pas être trop profondément
enterrée. Après cette opération , on
roule pour plomber le tentern & écrafer Tes
Morris. Voye% ces trois mots.
Pour peu que le terrein foient humide ou
qu’il pleuve, la graine de Navette ne tarde pas à
lever. On farcie iè champ lorfqu’on ën reconnoît
lé befoin. On éclaircit le pian't dans toutes les
placés où il eft trop épais,, dès qu’il a acquis quelques
pouces de hauteur. Empêcher les beftiàux,
& même les oifeaux dè baffe-çôur d’éntrer dans
lés Navettes, eft de prëmièie urgence} car ils lui
1 nuifenc, non-feulement en le mangeant, mais encore
en le foulant aux pieds.
Ici je dois revenir fur les déüx variétés de Navettes
citées plus haut , pour indiquer les différences
qu’elles offrent dans, leur culture.
La Navette d’hiver fe ïeme en b élobre, &
I tre ne en novembre } lé plus tôt eft le meilleur, I parce qu’elle peut alors acquérir la force nëcqf-
I foire pour réfifter à l’excès dé l ’humidité & du
I fioid de la tnâuvaifé faifon. Ce font les gelées tar-
! dives du printêms q u i, frappant fes jéunes pouffes,
" J t le plus fouvent à craindre pour elle. Lorfr
16 éèt évênfenienfc arrivé, il ri’ÿ a pas pour cela
■ Agriculture, Tome V^.
perte de récolte, à raifon de ce que les tiges fe
confervent & pouffent de nouvelles branches j
mais il y a diminution dans le produit, parce que
les filiques fournies par ces nouvelles branches font
moins nombreufes, plus courtes, & garnies de
plus petites graines. Je crois, par analogie , qu’ils
feroit toujours plus avantageux alors découper les
pieds avec la faux, pour leur faire pouffer de nouvelles
tiges , furtout dans le cas où deux gelées,
à quelque diftance l'une de l’autre, les.auroienc
fucceflivement mutilés.
On peut encore enterrer les Navettes d’hiver
trop fatiguées par les gelées, & les remplacer de
fuite par de la Navette de printems : il n’y a que
la graine de perdue, car la façon eft payée par
l’augmentation de fertilité que les tiges procurent
au foi en fe décompofant. f^oyeç Récoltes enterrées,
Mais fi les fortes gelées de l’hiver font peu à
redouter pour la Navette , les longues .pluies &
les inondations lui font-toujours funeftes} ce font
elles qui la font le plus fouvent manquer. Dans ce
cas, il n'y a d’autre reffource que celle de la labourer
& de la remplacer par une autre culture.
La récolte de la Navette d’hiver eft plus ou
moins hâtive , félon le climat, l ’expofition, la
nature du fol , l’époque des femaiiles, la faifon
, & c . ; mais elle a toujours lieu dans le courant
du mois de mai où de juin.
Ainfi que je l’ai déjà obfervé, la Navette d’é té ,
comme parcourant plus rapidement les phafes de
fa végétation, donne des récoltes moins abondantes
> mais on en eft bien dédommagé par la
rapidité de fa végétation. On la îème en mars ou
en avril : plus tôt elle Teft, & plus elle fe rapproche,
par fes produits, de celle d’hiver, & plus on eft
fur de fa réuffite, à raifon des pluies dont elle a
befoin pour fa germination & fon accroiffement.
Pour affurer fa plus prompte le v é e , on fait
quelquefois tremper la graine de Navette vingt-
quatre heures dans l’eau , & alors on la fème en
la mélangeant avec moitié de terre fèche , pour
empêcher les grains de s’accoler.
Les gelées tardives frappent aufli quelquefois
les Navettes d’é té , & leur font toujours plus de
tort qu’à celles d’hiver } cependant ce font principalement
les féchereffes qu’on doit redouter
pour elles. Je lésai vues, dans la ci-devant Bourgogne
, empêcher fouvent toute récolte pendant piu-
fieurs années confécutives.
On donne un farclage à cette Navette quand
elle a acquis cinq à fix pouces de haut, & on la
récolte ordinairement environ deux mois après
fon enfemencement , c’eft-à-dire, en juillet,
août ou feptembre.
Parcourant rapidement les phafes de fa végétation,
ayant des tiges épaiffes & des feuilles nombreufes,
la Navette d’été eft une des plantes les
plus propres àêcreenterrée en fleurs pour engrais.
Je ne puis trop recommander fon emploi fous ce
^ a 5