
Efpeces.
i. La Lenticule rameufe.
Lemna trifulca. Linn. if Indigène.
2. La Lenticule commune.
Lemna minor. Linn. if Indigène.
3. La Lenticule globule ùfe«
Lemna gibba. Linn. if Indigène.
4. La Lenticule polirife.
Lemna polyrhi^a. Linn. 2. Indigène.
y. La Lenticule arrife.
Lemna arrhifa. Linn.. O Indigène. 6. La Lenticule à feuilles en coeur.
Lemna obcordata. Vahl. if Dei> Indes.
Culture..
Les Lenticules çroiffent naturellement fur les
eaux ftagnantes & chargées des principes exrraéïifs
des végétaux , & changent de place au gré des
vents. Souvent elles les couvrent complètement..
Elles poffèdent éminemment la faculté d’abforber
& de décompofer le gaz hydrogène fulfuréqui fe
dégage du fond de ces mêmes eaux 3 & par confé-
quent d'améliorer l’air des marais , de le rendre
moins mal-fain pour l’homme & les animaux do-
meftiques. C ’eft donc toujours une opération nui-
fiblequede les retirer , au printems& en é té , des
fièces d’eau voifines des habitations , comme on
e fait fouvent par principe de propreté. Ori de-
vroit plutôt y en mettre. Quelques poignées fuffi-
fent pour garnir un arpent de furface en deux ou
trois ans, fi d’ailleurs il y a convenance. Les
canards & les carpes les mangent, & ces,dernières
trouvent fous elles un ombrage favorable pendant
les chaleurs de l’été. Dans certains pays on
eft dans l’ufage de les retirer de l’eau en automne ,
pour les porter fur le fumier & en augmenter la
maffe, opération peu avantageufe à raifon de ce
qu’elles font fpongieufes & le réduifent prefqu'à
'Tien par la defticcation. (Bosc.)
LENTILLE. E é v u m .
Genre de plante de la diadelphie décandrie &
de la famille des, Légumineufes, qui renferme fix
efpèces , dont une eft l’objet d’une culture affez
étendue pour la nourriture de l ’homme, &qui toutes
font propres à fervir de fourage aux beftiaux.
Voyez pl. 634 des lllufi rat ions des genres de La-
marcH, où il eft figuré.
Obfervations.
C e genre fe rapproche infiniment des V f.sc e s ,
& plufieurs efpèces , qui en faifoient partie , ont
été réunies nouvellement à ces dernières.
Efpeces. 1
1. La. Lentille cultivée.
Ervum lens. Linn. O Du midi de l’Europe.
2. La Lentiile à quatre graines.
Ervum tetrafpermum. Linn. Indigène.
- 3. La Lentille velue.
Ervum kirfutum. Linn. © Du midi de l’Europe.
4. La Lentille grêle.-
Ervum tenuijfîmum. Bierb.© Des bords de la
Mer-Cafpienne.
5. La Lentille vicioïde.
Ervum vicïoides. Desf. © D’Alger.
6. La Lentille de la Cochinchine.
Ervum çochinchinenfe. Lour. O de la Cochinv
chine.
Culture.
La première efpèce eft la feule que nous cultivions.
On en connoît deux principales variété«,
la -grejfe. ou la blonde , & la petite ou la rouge,
autrement appelée Lentille a la reine. Les opinions
fur leur valeur comparative varient , &
comme elles- ont chacune-des avantages & des
inconvéniens, je n’entreprendrai pas de difcuter
quelle eft réellement celle qui mérite la préférence
: je crois que le mieux, c ’eft de les cultiver
toutes deux.
La terre la plus légère , ou la plus fabloneufe,
eft celle qui convient le mieux aux Lentilles,
& c e , non-feulement parce qu’elles y font meilleures,
mais encore parce que, produiTant peu,
il feroit défavantageux de les femer dans un bon
fond. Comme originaires des pays chauds, il faut
aux Lentilles une expofition méridienne , ou au
moins abritée des vents froids & des vents humides.
Le plus fouvent on ne fume pas les terres cù
on fème les Lentilles, i ° . parce que c’eft une de-
penfe que leur valeur ne comporte pas toujours &
qu’on veut éviter} 2°. parce qu’elles font moins
bonnes après cette opération; Je dois cependant
obfêrver que les engrais augmentent beaucoup
leur produit, & que cetre augmentation peut être
un motif de leur en donner.
Un feul labour futfit à la culture des Lentilles:
il arrive cependant qu’on leur en donne fouvent
deux.
Le plus généralement les Lentilles font l’objet
d’une petite culture dans les jardins , dans les vignes
, autour des villages, & alors, les labouis
qu’elles demandent fe font exclufivemenc-à la bêche
ou à la houe.
Il eft trois manièVes de femer les Lentilles, à b
volée, en touffes & en rayons. Comme un ou
deux bihages concourent puiffamment à-augmenter
leur produit, les deux dernières manières font
préférables. Ces binages, dans la culture en
rayons, peuvent être faits avec uné char Lie légère
ou une houe à cheval ; ce qui- écohomile
d’autant les frais.
On doit compter fur un emploi d’environ trente
livres de femencîls'par arpent lorfqu’dn ième a
la volée j- & feulement vingt livres quand on fème
I eh touffes ou en rayons. En général, il eft mieux
que J es plants (oient plutôt écartés que trop ferrés,
parce qu’ils fe nuifent beaucoup en s’affamant
réciproquement par leurs racines, à raifon de la
mauvaife nature de la terre où je les fuppofe, &
qu’elles craignent l’ombre plus que beaucoup d’autres
plantes. Cette- dernière obfervation doit
empêcher de les femer fous des arbres ou au
nord des haies, des murs, &c.
Dans les vignes, on Ième ordinairement les
Lentilles fur la crête des folles creufées pour les
plaotations, Dans les jardins, on élève fouvent
des ados pour les y placer: on devroit fuivre cette
pratique en plein champ, toutes les fois que le
terrain eft gras & humide.
C ’eft au printems, lorfqué les gelées ne font
plus à craindre, qu’il faut femer les.Lentilles j un
peu plus tôt ou un peu plus tard, fuivant le climat,
lèxpolîtion, la nature du fo l, dre.
Les lécherelïës nuifent fouvent beaucoup au
fuceès des femis de Lentilles. Les arrofemens feuis
font dans le cas d’empêche r leurs effets j mais on
peut rarement les exécuter hors des jardins.
De toutes les plantes qui font l’objet de nos
cultures, la lentille eft celle qui mûrit le plus
promptement. Trois mois fuffifent pour qu’ elle
! parcoure toutes les phafes de fa végétation. Comme
je 1 ai dit plus haut, il faut lui donner un ou deux
binages pendant cet intervalle, fi 05 veut en tirer
tout le parti poffible. Sa récolte a lieu à la fin de
de juillet ou au commencement d’août, dans le
' climat de Paris. A cette époque, il faut vçijler fur
les pigeons , les moineaux, les fouris « a u t r e s
animaux qui en font très-friands.
Comme les gouffes de la Lentille s’ouvrent
peu après la maturité de la graine , maturité qui
a lieu fucceffivement & qui s’annonce par leur
changement de couleur, il devient néceffaire
d’en faire la récolte avant celle des dernières,
afin de nè pas perdre les premières. Lors donc
qu'un tiers des gouffes feront brunies, on arrachera
les pieds 8c on les étendra fur le fol, fur
des haies, fur des toits ; on les fufpendra à des
branches d'arbres, à des clous fichés dans les
murs, ou , mieux que tout cela, on les liera par
paquets qu'on tranfportera de fuite dans les greniers
ou dans la grange, où on les fufpendra à
des perches, à des cordes, & c .J e dis ou mieux,
parce qu'indépendamment des pertes de graines
qu on évite par ce dernier moyen, la maturité'
fe complète plus lentement, 8c par conféqueqt
mieux à l'ombre qu’au-foleil.
Les Lentilles, convenablement defféchées, fe
mettent en bottes 8c fe confervent à l'abri de i'hu-
i lte & des fouris , jufqu'à ce qu’on fort dans
le cas de les battre; opération qu'il eft bon de
retarder le plus poffible, pour affurer la qualité
isc la confervation de la Graine. Koyq- ce mot.
Un bat les Lentilles au fléau, à la baguetie, Sec. ;
«n tes vanne, les crible, 8cc.j onles conferve d'abord
étendues dans des greniers, enfuite renfermées
dans des fa es .
La Bruchedes Fors dévore les Lentilles, 8c on
ne peut les en débarraffer que par leur expofition
dans un four très-chaud. Voye\ Bruche 8e Pois.
Les Lentilles que j'ai mangées dans le midi de
la France m’ont paru bien plusfavoureufes que
celles des environs de Paris. Celles de ces dernières
qui font le plus eftimées» proviennent des
cultures de Gaiüardon, près Rambouillet, village
ficué au milieu des fables.
La confervation des Lentilles peut fe prolonger
plufieurs années ; mais elles diminuent de qualité
en vieiiliffant.
On trouve dans les Lentilles une nourriture
fubftancielle, faine 8c agréable, foit qu'on les
mange en entier, foit qu'on les réduite en purée;
elles font excellentes vertes : l'eau dans laquelle
elles ont cuit,fertà faire une bonne foupe.
La confommation qui s'en fait eft confidérable. -
Elles font partie de l’approvifionnement des vaif-
(ïaux.Onpourroitles faire entrer, après les avoir
réduites en .farine, pour un tiers dans la compo-
fition du pain,1 .
Nos pères faifoient germer les Lentilles avant
de les faire cuite pour les manger. Il feroit fans
doute dort avantageux de ramener cette pratique,
qui1 développe leur principe fucré.
On eft dans l'ufage, en Angleterre , de vendre
les Lentilles après les avoir débarrafléss de leur
enveloppepar une forte de mouture; ce qui rend
leur cuiffon bien plus facile. Je trouve cet ufage
fi bon, que je fais des voeux pour qu'il s'introduire
en France.
La culture des Lentilles pour fourage eft fort
circonfcrite , à raifon du peu de produits qu'elles
fourniffent , comparativement aux vefees aux
pois , 8cc. ; cependant elle a lieu dans quelques
cantons dont le fol lui eft exclufivement propre.
Dans ce cas , on fème toujours à la volée 8c épais
parce qu'on doit faucher avant la maturité des
premières graines , Sc.avant la formation des dernières.
Le fourage quelles fourniffent eft de la plus
excellente qualité, très-propre furtout aux vaches
8c aux brebis poitièrcs. On le leur donne ou vert
ou fe c ; il fe flratifie tiês avantagenfement avec
des pailles ..auxquelles il communique fa faveur &
fon odeur.
Lorsqu'on cultive la. Lentille dans ce dernier
but, il éft plus profitable de le,faire dans des terrés
fortes & humides , en y multipliant les labours ,
parce qu'elle s'y élève davantage & y fournit par
confequenc une plus grande abondance de. fanes.
Il eft des cantons où on fème les Lentilles, principalement
la p( tire, avec du feigle ou de l'avoine
dans la proportion d'un tiers, pour leur fanaga
être coupé lorfqu’elles font en fleur, 8c être employé
à ta- nourriture des-beftiaux, ou pour être
X i.j