Toute terre peut porter du Lin ; mais lotfcju’on
veut qu'il jouiffe de toute ia fupériorité dont il eft
liffcepcible, il faut le L-mer dans celle qui eft en
même tems légère , fraîche.& de bonne nature
ou fortement engiaiffée, furtout li c'eft du grand
Lin.
Le Lin têtard épuife beaucoup plus la terre que
les deux autres , parce qu'on le laide mûrir complètement
, fes graines étant Couvent l'objet principal
de fa culture.
Quand le Lin, n'importe la variété, eft Cerné
dans un terrein fec & léger, il s'élève peu, mais
la filaffe eft .fine.
Il faut Cerner Cerré le grand Lin , & très-clair le
têtard, parce q u e , dans ces cas , le premier devient.
plus fin, & le fécond plus garni de capCules.
Cependant je dois Caire obCervèr que la filaffe d'un
Lin trop épais eft caftante, & par conféquenc d'un
mauvais emploi.
Là privation,comme l’excès des pluies,faitman-
quer ia récolte du Lin ; voilà pourquoi elle eft fi
incertaine.) auîïi un cultivateur prudent n'en fèrne-
t-il jamais affez. pour être dans le cas de Toutfrir
par Ca non-réuftlte, & ce d'autant mieux que, dans
les années "favorables, la filaffe perd beaucoup de
fa valeurparl'effet de la concurrence.
Ce que je viens de dire, relativement à la nature
du Col propre au L in , indique le genre de
culture qui lui convient 5 ainfi il faut que la terre
foit fortement engraiffée, pluiieurs fois labourée
& difpofée en planches bombées, lorfqae’la fura-
bondance d’èau étt à craindre. " . -
On fume la terre deftihée à recevoir le Lin ,
foit avec des matières fécales ( poudrette) , foit
avec de la colorri&ine , foit avec du fumier bien
con'fommë. Des réfultats de compofts font atifli
très-avantageux, fùtrônt Torfqù'il y eft entré des
matièresanimales, quoique M. François de Neuf-
Châreati nous ait appris qu’on redoutoit ces fortes
d'engrais dans la ci-devant Flandre. La chaux,
employée avec modération , elt également-u-tiie ,
en ce que le Lin parcourt rapidement les phafes de
■ fa végétation , "St qu’il éft important , dans fa jeu-
nefle furtout, qu'il pouffe aveclaplus grande-vigueur
poffible.
Lorfqu'on eft dans le-cas de femer le Lin dans
-une terre forte,-il eft uéeeffaire-de lui donner-des
labours croifés ou -très-di-vifans, dont le premier
Uoit êtreaufli profond que poffible, 8c déjà fumer
à deux reprifes avec du fumier peu .confommé;
fumier q u i, le décorupofant lentement, a la propriété
de tenir la terre meuble. , .
En Flandre,, on fème le Lin dans certaines
terres fabloneufes, fans ,y mettre d'-engrais; mais
c'eû que ces fables font les produits d’anciennes al-
luvions, 8c qu’on les laboure très-profondément.
En Mande , on : préfère femer dans les terres
arglleufes , la ."graine de Lin tirée de Hollande,
8: dans les terres fàblorièuTes, celle tirée d'Amérique.
li paraît difficile de tendre raifon de-bette
pratique. Dans ce pays on a reconnu que la ^
coïte étoit -plus* belle.lorfque le terrein venoit
de porter des pommes de terre i ce qui s*expiique
fort bien danslê'fyftëme des aifoiemens » & d’a.
près laconlidération que la 6 terre a été plus fouvent c plus, profondément divifée.
Ç 'e ft3 je le répète, de la bonté des labours
que dépend le fuccès -de la culture du Lin. Ce fait
femble devoir déterminer tout propriétaire qui
veut fe livrer à des fpéculacions annuelles qui
l'ait pour objet, de fairedéfoncer le fol à la pioche,
de deux ou trois pieds de profondeur, opération
très-coûteufe., il eft vrai, mais dont les effets fe
font fentir pendant un fiëtle dans certains terreins:
c’eft alors aufii qu'il convient de mettre du fable
ou de la marne calcaire fur ce fol, s'il eft argileux,
afin de le rendre plus meuble.
Pour, parvenir d'une manière certaine à faire un
bon labour, on doit prendre une très-petite quantité
de terre à la fois, plutôt que de croiferla
fïlloiîs comme on le fait fi généralement.
La b o u r .
.Tous 1 e s m oti fs ci - deffu s fte v roi en t engager à ne
femer le Lin fur les terres les mieux labourées,
qu'après les avoir binées avec uns Houe a chev
a l , àplufieurs fo c s , FIersees 6c R. ou le es,
Voye^ ces mots.
Le bombement des planches., que j'ai indiqué
comme fi avantageux dans les fols humides, ne
fuffit pas toujours, & des foffés lui fervent fou
utilement de fupplément.
Ces opérations finies 6c la terre bien unie,
il n’y a plus quia femer ; mais il-faut indiquer le
mode & l'époque de cette importante opération;
La quantité de graine de Lin qu’ il convient de
confier à la terre, dépend de fa qualité, de.fa
nature du fol & du but de la culture. Ainfi, fielle
eft de .première qualité, on en répandra .moins
fur une terre maigre ; & fi on veut faire de l'huile,
vingt-cinq livres fuffifent pour dix mille pieds
carrésv, dans la culture ordinaire, 6c le double
eft'à peine füffifant, aux yeux des cultivateurs flamands
, pour le Lin de fin.
On fème généralement le Lin .à la volée, fort
épais lorfqü’il s'agit, comme je l’ai dit plus hast,
d’ en obtenir principalement de la filaffe; fort clair
lorfqü'il s'agit d'en obtenir principalement la
graine. Quelques agronomes, ont propofé dek
femer en rangées .dans ce dernier cas, $j|
motifs qu’ils ont fait valoir font plaufîbles; cependant
je ne fâche , pas qu'on .ait mis habituellement
leurs confeils en pratique dans aucun paj'SH
faut éviter avec foin de femer les variétés«
Lin les unes avec fes.autres,.car elles fe nuiroient
réciproquement'; en conféquence on enlevefl
tous les pieds de Lin têtard qui auront levédao*
un femis dé Lin de fin , & tous les pieds-de U
de fin qui fe trouveroient dans une planche deü1
têtard.
■ Il faut, autant que, poffible, choifîr un tems
Iflifpofé à la pluie, ou le lendemain d’une journée
|de pluie pour femer je L in, afin qu’ il lève plus
«promptement, Auflitôc le terrein fera légèrement
jjherfé; car, à raifon delà fineffe de la graine, elle
^demande à être peu enterrée.
HT Mais à quels caractères reconnoît-on la bonne
jgnine de Lin? A fa forme bombée, à fa couleur
Iluifante, à fou poids confidérable. La plus nou-
fveliement récoltée eft généralement préférable ,
« p a r c e que l’ ancienne eft fouvtnt rance, 6c que ,
; pans ce cas, elle a perdu fa faculté germinative.
■ C'eft donc celle de la dernière récolte qu'il faut
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■ que les plantes dégénèrent-, lorfqu'on ne fubftitue
■ pas des graines venues de loin à celles de fa propre
[ -récolte. Cette opinion exifte relativement au Lin,
f Jau moins dans le nord, pour le grand Lin, dans
Itoute fa -plénitude. Ainfi, en Flandre, on regarde
[ lia graine venant de Riga, comme; la meilleure;
|après viennent celle de Hollande & celle d'Amérique.
Comme ces graines arrivent dans des tonneaux,
on appelle Lin de tonne celui qui réfulte de
ce premier femis, 6c Lin d’apres tonne celui qui
■ élulte du femis de la graine de ce dernier ; puis
Oi dit que la plante eft dégénérée, & on tire de la
•'nouvelle graine des mêmes pays.
■ il eft de fait, d'un c ô té , que pour avoir de
Wîelle filaffe , en Flandre, on fème le Lin extrêmement
épais, comme je l'ai dit plus haut, 6c
qu’on n'attend pas la parfaite maturité de la plante
-pour la récolter; ce qui doitnéceffairement affoi-
blir la qualité de la graine, & néceffiter d’en
:acheter dans les endroits où on dirige la culture ,
Me manière à donner à cette graine toute la perfection
dont-elle eft fufceptible.
■ 11 eft de fait, de l'autre c ô té , que même aux
Environs de Riga, d'après les obfervations i de
’M. Dubois de Douillac, on change la graine de
JJ1*1 tous les trois, quatre ou cinq ans au plus tard,
‘avec celle qu'on tire de France, & que les Hollandais
nous vendent, comme graine de Riga, celle
qu’ils récoltent en Zélande, 6c même celle qu'ils
achètent en Normandie ou autres parties de la
t-rance ou on ne cultive pas le Lin pour faire de
•a batifte ou de la dentelle avec fa filaffe, 6c où
par confequent on ne le fème pas fi ferré.
. -es Substitution faits, donc j'ai de développé semence,le principe au me font croire
|ue les cultivateurs de Lin fin peuvent Te dif-
■ penfer de tirer, à grands frais , furtout en tems
le,ui; graine dé Riga ou de Hollande ,
■ l 'Ï“ “ s doivent cultiver chaque année un
j . r °e ,LlP > dans le but d'avoir de la graine,
F Uifiant de la plénitude de fes qualités ; à 1-effet
difnin'te 1 a‘I'î> C,llné& labouré avec autant
l E l i S l »“ « « . la graine, d'ailleurs bien
V» fl,.* y /era,lenl*e très-claire, & la récolte ne
W ra 9“ apres la parfaite maturité-des capfules,
qui ne feront féparées de leurs tiges qu’ au moment
où on aura befoin, pour les femis, de la
graine qu’ elles contiennent. Si la filaffe qui proviendra
de ce Lin n'eft pas propre à faire des toiles
fines & de la belle dentelle , elle le fera au moins
pour faire des toiles ordinaires 6c de la dentelle
, commune-; ce qui l’utilifera.avec fuffifammen: de
profit.
Quoiqu’on ne regarde pas comme fi néceffaire,
ainfi que je 1 ai dit plus haut, le changement de
graine du Lin têtard, il arrive cependant un cas
où elle peut être regardée comme néceffaire : c ’eft
lorfqu’on l'a.récoltée dans un champ mal fumé 6c
mal iabouré , ou dans une année, foit trop p’u-
vieufe, foit trop fèche, parc« que ces quatre
circonftances affoibiiffent la nature de la Gr a in e .
JFoye{ ce mot.
Un doit à mon collaborateur Teffier un Mémoire
qui décide la queftion de la nécefisté si i
changement des femences, d'une manière néga-
t iv e , p u il que des graines de Lin tirées de beau*
coup d'endroits, & cultivées aux environs de
Paris, lui ont donné des récoltes égales : ce Mémoire
eit inféré dans les Annales à* Agriculture.
C e t oojet éclairci, il s'agit de favoir à quelle
époque il convient de femer le Lin.
Si on confuite la pratique , on voit qu'il fe
fème généralement avant l'lai-ver dans les parties
méridionales, 6c après l'hiver dans les parties
feptentrionalcs de la France ; & en effet, dans ces
dernières, il craint, pendant cette faifon , 6c les
grands froids 6c les longues pluies.
Si on confulte la théorie , on apprend que les
plantes femées avant l'hiver perfectionnent mieux
leurs graines que celles qui le font après. O r ,
toutes les fois que la nature rend à ce but impor-
tanc, elle néglige les autres. Donc il faut recon -
noître, avec Olivier de Serres, que le Lin pri-n-
tanier rapporte moins de poil & de graines que l'hivernal
, mais poil plus fin & plus fubtil ; donc , pour
telle qualité, cefiuï-la efi a préférer a ceftui-ci.
Ce peu de mots fuffifent pour guider les cultivateurs
dans le choix de 1 epoque où ils doivent
enfemencer leurs Lins. Ainfi, i°. dans les pays
chauds; 2°. dans les terreins fecs & abrités-;
3°. lorfqu'on préférera la qualité ou la quan:ité de
graine, on fetuera avant l'hiver. Ainfi , en tous
pays & en tous terreins, on femera après l ’hiver,
lorfque, .comme en Flandre & même en Normandie
, on ne cherchera que la;fineffe & la lonr
gueur de la filaffe.
Il eft à. obferver cependant que fi l’ on femoît
après l'hiver dans les pays méridionaux, il fau-
droit pouvoir arrofer ; car la fêchereffe y eft quelquefois
dans le cas de 6c faifir le Lin avant fon complet
développement, par fuite, de l’empêcher
de-s'élever à une • hauteur convenable. Je puis
même affurev que c’eft cette cireonftance, dont
les fuites font une moindre longueur 6c une moin-
-dre fineffe de la filaffe., qui empêche les grandes