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de cette rivière paroiflent les produits prifmati- !
ques des volcans, & forment un fpe&acle très- j
intéreffant. Il y a des mines de charbon de terre
aux environs ae cette commune , mais elles font
négligées.
BORVE (Fort d e ) , dans la province de Cath-
nefs en Ecofie. C ’eft un petit bâtiment carré, établi
fur un rocher qui s’avance dans la mer, & qui
eft-joint à la terre-ferme par un ifthme qui n’a pas
dix pieds de large. A côté du fort eft un magnifique
partage pour les bateaux, lequel perce le roc
de part en part, & eft recouvert par une arcade
naturelle très-remarquable, parce qu’elle fe rencontre
très-rarement#dans ces circonftances, fur
les bords de la mer.
BORYSTHÈNE , grand fleuve qui prend fa
fource dans la Ruflie & la féparè de la Lithuanie,
traverfe l ’Ukraine, & tombe dans la Mer-Noire
à Oczakovr j il eft fort large à fon embouchure, &
d’une navigation dangereufe par les rochers qui
embarraffent fon cours, & à caufe des foixante-
dix îles qui fe font formées à fon embouchure.
BOSCABELLO , partage de deux heures &
demie dans le département de Piémont : c ’eft celui
de la vallée de Séfia dans celle de Se fiera, par le
mont de Scopello à la Sellera.
BOSC-MESNIL , village du département de la
Seine-Inférieure, arrondilfement de Neufchâcel,
à deux lieues un quart de cette ville. Je trouve
dans cet arrondilfement, ainfi que dans ceux de
Rouen & de Dieppe, plufieurs communes dont
les noms commencent par Bofc : il en eft de même
du département de l’ Eure pour les communes des
arrondiflemens du Grand-Andelis, de Bernay &
d’Évreux.
BOSCODON, torrent qui commence à couler
dans le voifinage d’Embrun en Dauphiné. C e torren
t, qui n’a qu’un filet d’eau dans.les tems de
féchereffe , fe trouve grofli confidérablement lors
de la fonte des neiges ou bien à la fuite des pluies
foutenues & abondantes. Plufieurs ravines qui
tombent des fommets des orres, élevées d’environ
cinq cents toifes, & dont les croupes ont des
pentes très-rapides, lui fourriflent une grande
quantité d’eau. La direction de fon cours eft du
fud au nord. Toutes fes eaux étant réunies un peu
au deffous de Bofcodon, elles roulent & fe précipitent
enfuite par plufieurs cafcades qu’ offre le
fond d’une gorge de mille toifes de longueur, fur
cent cinquante de largeur à fon extrémité fupé-
rieure, & qui s'élargit jufqu’ à deux cent cinquante
une toifes à fon embouchure dans la plaine.
La pente du fond de cette gorge eft de cinq pouces
un quart par toife, avec un devers de trois
pouces par toife d’un bord à l’autre.
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De toute cette largeur de deux cent trefite-ime
toifes qu’occupoit anciennement le lit de ce torrent
dans la gorge que nous venons de décrire,
il n’en occupe plus maintenant, 5c de tems à autr
e , que foixante-douze toifes vers la rive occidentale,
le furplus fe trouvant rempli de gros
blocs mêlés de gravier, au milieu defquels il croit
un grand nombre de plantes & d’atbuftes, fuivant
les différentes graines que l’eau entraîne des montagnes
, & dépofe fur ce fond qu’elle a formé. •
C ’eft dans cet efpace de foixante-douze toifes
que le lit du torrent de Bofcodon fe trouve ref-
ferré , & qu’il s’eft maintenu depuis quelques fiè-
cles : c ’eft là que l’eau creufe & comble alternativement
fon canal, fuivant la quantité de matières
qu’elle entraîne avec elle dans les crues du
torrent. En général, ce canal a dix toifes environ
dans les parties les plus larges, & cinq dans celles
qui font les plus étroites, & où l’eau a communément
quatre pieds de profondeur dans les plus
grandes crues.
Depuis la gorge dont nous venons de parler, &
d’où le torrent débouche dans la plaine , il n’a
plus , jufqu’ à la Durance , d’autres limites que
celles qu’il fe forme à luimême} en forte qu’ayant
diftribué, dans des tems reculés, une grande
quantité de matériaux de part & d’autre fur fes
rives | il eft parvenu maintenant à occuper onze
cents toifes de largeur entre Savines & Embrun,
après avoir élevé un remblai de cent trente-fix
pieds de hauteur au deffus du refte de la plaine j
mais actuellement, & depuis l’époque de 1604,/
le canal du torrent fe maintient-iur la crête du
remblai dont je viens de parler, dans une longueur,
de trois mille toifes, prife depuis la gorge d’où il
débouche, jufqu’à fa réunion à la Durance, toujours
affujetti àia même direction, & entraîné par
la même pente qu’ il a dans Iss parties fupérieures
de fon cours.Cette difpoficion eft telle néanmoins,
que certaines circonftances peuvent faire dériver
le torrent du côté de Savines, vers lequel le fond
du lit incline : d’où il arriveroit qu’il déborderoit
fur les côtés de fes remblais en caufant d’afftz
grands ravages.
Il eft peu d'années qui ne foient marquées par
quelques accidens qu’éprouvent ceux qui s’expo-
fent à paffer le torrent de Bofcodon lors de fes
grandes crues, produites par la fonte des neiges
ou par les pluies d’ orage.
On profite quelquefois d’un petit pont provi-
fionnei qui fe trouve à un quart de lieue au deffus
du paffage public, dans la gorge d’où ce torrent
defeend 5 mais ce pont fnbit fouvent le même fort
qu’éprouveroit un ouvrage plus folide, c’eft-à-
d ire, qu’ il eft ordinairement emporté aux approches
du flo t, par le choc de la colonne d’air qui
précède celle de l’eau, & qui renverfe tout ce qui
s’oppofe à fon paffage. Cet accident indique le
danger qu’ il y a de placer des ponts de bois pour
le paffage des torrens, dans les gorges étroites.
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par lefqiir Iles ils débouchent des montagnes avec
une grande maffe d’eau & une grande viteffe.
BOSPHORE DE TH R A C E , vallée creufée
par l’émiffairè de la Mer-Noire. En mettant cette
définition à la tête de cet article, mon but eft
d’impofer filence aux érudits qui ont recueilli les
opinions des Anciens fur l’ouverture du Bofphore
par une irruption fubite dans l’Archipel. Comme,
a la fuite de cette première v u e , je dois rendre
compte d’ une opinion contraire, j’ expoferai ici
toutes les raifons qui viennent à l ’appui de cette
opinion.
Tout ce quon peut admettre au fiijet du Bof-
pkorc de Tkrace eft l’inondation qui auroit eu lieu
à une certaine époque dans ce canal, anciennement
creufé par un épanchement local du Pont-
Euxin ; car le Pont-Euxin n’a jamais exifté dans
l’état de lac. C ’eft dans ces premiers tems que cet
épanchement a dû rencontrer le baflin de la mer
de Marmara, formé par les eaux de petites rivières
affluantes, & ayant en même tems commencé
à dégorger dans l’intervalle qui fe trouvoit entre
les îles Cyanées & cette mer.
On attribue, en conféquence d’un certain gonflement
de la M er-Noire, une inondation qui s ’éleva
dans l’Archipel à une telle hauteur, que les
eaux couvrirent non-feulement les îles de l’Archipel
même les plus élevées, mais encore certaines .
villes de l’Afie & les parties baffes de la Thrace
& de la Macédoine : on ajoute même que ces eaux
refluèrent du côté de l’ïle de Samothrace, & encore
plus fur la Theffalie, la Béotie & l’Attique,
vers lefquelles on a imaginé que l’impétuofité du
courant étoit dirigée.
Si nous revenons au canal du Bofphore de Thrace
y nous reconnoîtrons de plus en plus qu’ il étoit
ouvert & approfondi avant l’inondation dont on
nous patle , fi elle a eu lieu avec cette abondance
& cette étendue que nous avons racontées d ’après
les Anciens, par bénéfice d’inventaire. Voici ce
que l ’obfervaton nous apprend. L’embouchure du
canal s’ouvre, du côté de la Mêr-Noire, par un
entonnoir qui regarde le nord-eft, & qui doit fe
prendre à la colonne de Pompée, d’où l’on compte
près de trois milles, jufqu’ aux nouveaux châteaux
d’Afie. De ces châteaux le canal fait un grand
coude dans la partie où font les golfes de Saraia
& de Tarabié, & après ce coude il fe dirige au
fud-eft , vers le férail appelé Sultam-SolimanKiofc,
à la diftance de cinq milles des châteaux. Enfuite,
par d’aurres coudes & ofcillations, le même canal
fe porte peu à peu vers le fud, jufqu’ à la pointe
du férail, où, il fe termine un peu au deffus de ce
point, dans la partie concave, où eft le bord ef-
carpé. Au fond de fon lit eft l’abîme, qui paroîc
être un goufre fort profond.
Selon la conformation générale des lieux qui
avoifinent le Pont-Euxin, il ne pouvoit fournir
un certain épanchement de fes eaux que par la
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ligne qu'occupe le Bofphpre. Il paroît que ce feul
entonnoir dont nous avons parlé, occupe le nord-
eft au deffus de Conftantinople, où ces eaux puf-
fent ereufer le canal entre l'Afie & l'Europe : c'eft
là qu’ il offre les bords les plus efearpés : c'eft dans
ce fol que les eaux de la Mer-Noire commencèrent
à fe creufer une vallée, en fe préfentant de front
par un courant qui fe fraya infenfiblement une
route à travers les terres qu’elle emporta. Ces
eaux s’ouvrirent d’abord un lit en ligne droite
entre les deux rochers où font les deux châteaux :
c’eft là que fe formèrent les ofcillations du premier
coude, où font les golfes dé Saraia & de Tarabié.
La pente naturelle des terres détermina enfuite ce
premier courant à defeendre jufqu’au Kiofc de
Soliman II, & de là, changeant de direction par
la rencontre de nouveaux rochers, il forma les
fécondés ofcillations, qui fe portèrent vers le
midi ; enfuite les eaux , dans leur marche, continuèrent
à charrier les terres qui fe trouvèrent entre
les deux rochers voifins des vieux châteaux >
& par-là étendirent leur canal jufqu’à la pointe du
férail : c'eft par la fuite du même mouvement,
que la vallée fut creufée entre Conftantinople &
le cap Scutari, & fe réunit à la mer de Marmara.
O r , il eft vifîble que tout ce travail des eaux
n’ a pu s’ébaucher par un feul débordement. Il
paroît que les différens baflins du canal fe font
creufés par les progrès infenfibles que nous avons
indiqués ci-deflus : c ’eft là qu’ une fuite de vallées
a été excavée , depuis la Mer-Noire jufqu’ à la
Propontide 5 c’ eft là de même qu’ on trouve de
fem b labiés vallons dans tout le contour de la mer
de Marmara. Les pierres cyanées ne fonr, ainfi
que les îles de la Propontide, que les reftes des
rochers que les eaux courantes ont détruits pendant
une longue fuite d’années : aufli toutes les
côtes du détroit & les bords du canal offrent,
comme tous ceux de nos vallées, des plans inclinés,
oppofés à des efearpemens réguliers , toutes
formes qui annoncent les progrès d’une eau dorit
la marche eft lente & infenfible. La partie du golfe
de Saraia, expofée directement à la marche des
eaux courantes, eft fi efearpée jufqu’au plan incliné,
dont la pointe eft tournée vers les vieux
châteaux, qu’elle eft coupée à p ic , & que les
eaux qui eu baignent le pied y font un fi grand
bruit, que les Grecs la nommoient Phonea.
Ainfi l’ on ne trouve dans cette contrée- que les
marques les plus fenfibles du travail ordinaire des
eaux courantes, continué pendant une longue fuite
de fiècles, & non les ravages irréguliers d’un fiin-
ple débordement. C ’eft à la fuite de ce travail dès
eaux qu’on rencontre, dans les environs de Conftantinople
, plufieurs parties de plaines fort belles
& très-fertiles, & qui paroiflent, par leur difpo-
fition , être formées par les dépôts dés eaux courantes,
dont elles occupent les abris : ce font des
vafes entraînées vifiblement des parties d’amont
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