
tachée une grande quantité de cailloux. Ces montagnes
ont une direction parallèle à celle des' Au-
pies j dont elles ne font éloignées que d'une lieue.
Cette direction va du levant au couchant. Elles
préfentent une crête exhauflee de trois pieds fur la
furface du terrain , dans l’ efpace de plus de cinq
cents pieds d'étendue. Une fouille que l'on pratiqua
dans l’emplacement de ces roches , fit voir combien
elles s'enfoncent dans le fein de la terre. Ces
montagnes ont été couvertes des dépôts fucceflîfs
de la mer, qui en ont comblé les vallons & réduit
ces vaft.es champs au niveau d’une plage qui représente
l'ancien lit de 1a m?r. On ne voit qu’ une plaine
continue, qui décline à l ’oueft, entre les mon:
tagnes & la mer. Les eaux qu’on retire des puits
ouverts dans cet efpace ont d’autant plus de profondeur,
qu elles en font plus éloignées. A Entref-
faut 3 où les montagnes ne font qu’ à la diftance
d'un quart de lieue des Aupies , on voit fourdre"
une fontaine à la fuperficie de la terre, 8c l'on
puife à la main l ’eau des puits qu’on y a creufés,
Tandis qu’à une lieue plus bas l’eau eft à une profondeur
extraordinaire dans les puits > ce qui pa-
roiit indiquer que ces montagnes retiennent les
eaux dans leurs cavités, où il s’eft formé des ré-
fer voir s , tandis qu’entraînées plus loin dans la
profondeur de la terre, où elles ne trouvent
aucun obftacle à leurs cours., il faut creufer fort
bas pour les rencontrer.
La plaine de Crau eft extrêmement aride : il n’y
a. que fes lifières qui foient devenues fertiles par
te culture j elles font firuées dans les terroirs
d’Arles , d’Eiguières , de Salon, d’Iftres, & c .
Les eaux du, canal de Craponne y favorifent puif-
temmeut l’agriculture. Une branche de ce canal
traverie la Crau, & , au moyen des faignées qu’ on
y pratique, tout le pays arrofé prélente un fpec-
tacle agréable. Les prairies , les jardins potagers,
les vergers, les plans immenfes d’oliviers , les
champs à blé entourés de mûriers, les arbres de
haute futaie qui s’élèvent majeftueufement au
dçftus , forment un contrafte frappant avec la
partie aride & déferte de ce champ pierreux.
Toute te Crau feroit encore un défert inhabitable
fgn$ le canal de Craponne, qui en a changé la
teee î mais f i , loin de le faire traverfer par un
fimple canal, on y dérivoit une plus grande quantité
des eaux de la Durance, plutôt que de laiffer
dévafter à ce torrent les plus belles terres de la
Provence , on pourroit fe flatter de fertilifer les
'trois quarts de la Crau. On voit encore les vertiges
de la voie aurélienne , qui conduifoit de Salon
à Arle s , à travers ce champ pierreux. Les Romains
s’étoient fervis de ces cailloux pour conftruire le
lit du chemin. Le mortier qui les lie , eft devenu
aiifli dur que la pierre.
Le climat de là Crau ne diffère pas de celui de
te. partie méridionale de la Provence. Les hivers y font communément doux & tempérés. Les vents
dujnidi & du nord décident de. cette température.
Ouvert comme il e ft , au couchant 8c au midi, ce
| vafte champ fe refient de leur fouffie impétueux ,
qui eft fuivi de frimats ou de pluies. Le calme
amène toujours la chaleur & la fécherefte. Il y
pleut rarement en été , 8c ce n’eft qu’après des
tonnerres épouvantables que cela arrive. On ne
doute plus aujourd’hui quë-le tonnerre ne s’élève
quelquefois brufquement du fein de la terre &
n'éclate fouvent avant d’atteindre la nuée : on en
a été fouvent témoin en plaine, comme fur les
plus hautes montagnes. On le voit s’élever des bas-
fonds, frapper le bétail, les arbres avant d’être
parvenu au deffus de l’horizon. Tout fert de conducteur
alors au feu éledrique, & il vaut mieux
être ifolé en plaine , qu’appuyé fous quelque
arbre , où l’ on fe croit mal-à-propos en fureté.
On fa it, par une longue expérience , que dans
cette contrée les pluies, après une grande fé-
chereffe, n’arrofent ces plaines que de proche
en proche : il faut qu’il pleuve fur les hautes
montagnes, voifines de la Crau3 pour qu’elle p rofite
à fon tour de ce bienfait, & qu’elle reçoive
ces arrofemens qui lui font néceffaires. S’ il s’ eft
écoulé plufieurs mois fans pleuvoir, en vain le ciel
;• fe couvre de nuages , en vain le tonnerre grande.
; Si les pluies ne font point tombées graduellement
fur les montagnes, toutes ces faufles apparences
ne font fûmes d’aucun effet. Il tombe quelques
gouttes d’eau j mais tout à coup les nuages s’éclairci
fient 5 la férénité, les chaleurs , la fécherefte
reviennent encore. Ce n’eft qu’après des jours de
ces petites pluies, qui fe montrent à plufieurs
reprifes, 8c après plufieurs fauffes annonces ?
qu’on voit enfin tomber la pluie à grottes gouttes}
mais une fois qu’il a commencé à pleuvoir, que
; la terre eft imbibée d'eau, le plus petit nuage, de
quelque côté que le vent l ’amène, fe réfout en
pluie. Sans doute que les grandes chaleurs dont
la terre eft brûlée après une longue-fécherefte,
contribuent d’abord à diflîper les nuages qui
amènent la pluie , au lieu que dans les faifons plu-
vieufes, lorfque l’atmofphère eft déjà chargée de
beaucoup d’humidité, les vapeurs qui s’élèvent
du fein de la terre & de la mer venant à fe réunir
fur le foramet des montagnes avec celles dont l’ air
eft déjà chargé, fe condenfent promptement &
tombent en pluie ; aufli le peuple, accoutumé à
de pareils phénomènes fans en connortre la caufe,
dit proverbialement : Fau que lou tems barrule per
plaure. Il faut que le tems varie-fouvent pour pleuvoir.
Les vents du fud-eft & d’eft y amènent encore
la pluie, au lieu que ceux d’oueft & de nord-oueft
chaflent les nuages & donnent la férénité. Les premiers
procurent un tems doux en hi v e r , couvrent
l ’horizon de nuages 8c font fondre les glaces^, Il
ne règne aucun vent le matin pendant les chaleurs
de la canicule} mais il s’élève bientôt un vent de
mer , qu’on nomme lou pounent, lequel fuit te
marche du foleii & fouffie jufqu’à fon coucher^ Le»
\
CR AV A N T j village du département du Loiret,
canton de Beaugeucy, 8c à une lieue & demie de
cette ville. On y cultive peu de vignes, mais elles
produifent de bon vin.
Gr a v a n t , village du département de Seine
& Oife , arrondiffement de Mantes, canton de
I Bonnières, 8c à trois lieues trois quarts de Man‘-
! tes. Il y a dans ce village un preiToir à cidre-,
I comme centre de la récolte des bonnes pommes à
!
cidre.
vents du nord-nord-oueft font fuivis d’ une frai- I
chsur en é t é , qui approche du froid. Le vent j d’oueft j lou vent largue, eft moins redoutable que ;
le miftral : il n’eft jamais aufiî impétueux ni aufli i
fréquent } il devient brûlant dans certains Jours j
d'été} mais le miftral eft toujours froid. Il fouffie
avec tant de violence , qu’il déracine les aibre s,'
abat les cheminées, renverfe les mai tires, 8c enlève j
des pierres aftez grottes pour en faire fentir les at- ;
teintes de loin. Les voyageurs à cheval, les voi- j
tures qui traverfenc la Cm«, font quelquefois cul- ;butés par ce vent terrible. Un homme fut enlevé |
fur le chemin d’Eiguières à Orgon, & emporté j
dans fa redingotte au fond d’ un vallon, où j1 fut
privé pendant vingt-quatre heures de l’ufage de la
voix , 8c il eut pendant plufieurs jours de fuite la
refpiration précipitée, avec des douleurs dé poitrine.
Les Anciens connoiftoient les effets de ce
Cravant, bourg du département de l’Yonne,
canton de Vermanton, au confluent de la Cure 8cde
j l’Yonne, à trois lieues 8c demie fud-eft d’Auxerre.
! La tour de cette paroifté eft conftruite avec une
j belle pierre des environs. C e bourg e.ft entouré
! de quelques vignes dont les vins font eiiimés,
j furtout celui d’ une côte appelée la P doue.
vent furieux dans, la plaine de Crau ; fis- lui don-
noient le nom de circius par les tourbillons qu’il
excite. Son fouffie n’eft pas aufti dangereux que
celui de l’auvergnac ou vent du nord, qui fait
périr les olives 8c brûle l’herbe des prés} heure u-
fement il eft moins fréquent que le circius.
Les chaleurs de l’é té , ën 1773 , ont été à la
Crau à deux degrés de moins qu’ au Sénégal : en
revanche l’étang de Berre , qui eft à c ô té , gela fi
fort en 1776, que la glace portoit les hommes &
les bêtes de fomme. Dans un climat aufli variable
il y a des années tellement pluvieufes , qu’ elles
mettent obftacle à la culture dés terres. L’orage
qu’on efl’uya en 1724, à la fin de mai, mérite d’être
cité pour exemple dans les faftes météorologiques
de la Provence. Les eaux, tombant rapidement du
c ie l, inondèrent une partie du pays, noyèrent les
brebis, les lièvres, & c . La pluie couvrit en un inf-
tant une zone d’unelieue de large fur fix de lo n g , du
fud au nord. Les eaux formèrent, fans avoir eu le
tems de s’étendre à droite & à gauche, une mafle
liquide , convexe, élevée de huit pieds au milieu
de la Crau, comme il arrive aux flots de la mer,
qui s’élève fur fa furface en-fe foutenant à une
grande hauteur : c ’eft dans cette mafle liquide que
furent fuffoqués tous lés animaux qu’elîe furprit.
Sans doute que le fouffie de plufieurs ver.ts contraires
faifoit refluer ainfi les eaux fur elles-mêmes,
arrêtoit leur mobilité & en tenoit les flots fuf-
pendus , jufdu’ à ce qu’entraînées par leur poids,
elles, fe répandirent, 8c franchirent tout obftacle :
ruches, p lan ch e sp ie r re s , claies, décombres,
bâthnens mêmes, rien ne réfifta à leur violence.
Il n’y a guère que la montagne des Aupies , aux
limites de la Crau 3 entre Eiguières & Roquemar-
tine , dont l’élévation foit un peu confidérable }
elle a plus de quatre cents toifes au deffus du niveau
de la- m er, 8c fert de lignai aux matelots qui
naviguent fur la côte. Les autres montagnes de la
Crau doivent être au rang des coteaux fecôndàires
qui fe lont forméspeu à peu par i’alîuvion des eaux-,
leurs couches ayant toutes une même direêhon.
CRÉANCE ( L a ), bourg du département de la
Manche, arrondiflèment de Gourances , à deux
lieues oueft de Péciers. IL y a un petit havre, Séparé
par la rivière d’A ï , qu’on y paffe à gue.
Auprès de cette rivière font dix-Sept Câlines, où
l’ on fait une grande quantité de fol de bonne qualité.
C R É C Y , village du département du Cher , ;u>
rondiffement de Bourges, 8c à trois lieues deux
tiers de cette ville, il y a un moulin à papier fur
la rivière.d’ Yères;, fur laquelle eft ce vidage.
C r éc y , v.illé du département de Seine 8c Marn
e , for le Grand-Morin , à l’endroit où cette rivière
reçoit deux ruiffeaux qui font Les égouts
de plufieurs étangs, 8c même du. grand étang de
Saint-Denis.
C r éc y ( Forêt de ) , à trois quarts, de lieues
fud-oueft de Crécy.,Elle a , du nord-oueft au fud-
eft, fix mille fix cents toifes de longueur, 8c du
nord-eft au fud-oueft environ trois mille toifes de
largeur. Il y a aux environs de cette forêt, tant du
côté de l'oued:, vers Hermières , que du côté de
l'e ft, vers Haute-Feuille, des bouquets de bois
intéreflans,. au milieu defqnels font des étangs.
C récy , bourg du département de ta Somme-;
for la Maie, dans le ci-devant Ponthieu. Son terri
taire eft fertile en grains & en foins qui fe con-
fomment à Abbeville, Montreuil 8c Hefdin. Son
commerce conltfte en beftiaux , fils , laines Sc
chanvre, toutes produirions du pays. 11 y a deux
moulins à huile, 8e un fous-infpeéleur des forêts,
qui font aftez nombreufes dans, la contrée.
CREGI (Rocher ou Grotte de), près de Meaux
en Brie. La partie de cette montagne, qui regarde
le levant 8c le midi, eft «ouverte d’une