
à côté d'uns vigne. Il eft vrai qu'on prétend que les
vins les plus fins font ceux du coteau. Cependant le
fameux clos de Voujaut eft dans la plaine auprès du
chemin-. Cela contredit un peu le préjugé que les
terres à blé ne font pas bonnes pour produire du
vin. Et nos politiques , arracheurs de vignes & dé-
déguftateurs de terres , doivent en être un peu
-embarra (Tes. J’ai remarqué qu’à Dijon, & dans tout
le pays que je décris, on tire l’eau des puits avec
une corde & fans poulu s 3 ce qui prouve que les
puits font peu profonds.
Le fond de la plaine baffe de Bourgogne paroît
un amas de gravier & de différens débris 5 même les
coupes des petits tertres en collines que j’ai été à
portée d’oblerver, ne piéilntent que des dépôts de I
rivières ou d^ torrens, & dans toutes les fouilles on
trouve de ces gros cailloux roulés, dont eft pavée I
une partie de la ville de Dijon. 11 fuit de ces obfer.- j
vations, que cette plaine i mm en le eft une vallée j
creufée par les eaux courantes entre le plateau de j
la haute & de la baffe-Bourgogne d’ un c ô té , &
les montagnes de la Franche-Comté de l’autre. -
C ôte-Dor , portion de la côte occidentale de j
l'Afrique, qui commence à la rivière de Vol ta &
qui finit au cap d’Apollonia. Cet efpace contient 1
environ cent dix lieues, qui offrent différens éta-
bliffemens. Ce pays tire fon nom de la grande quantité
d o r qu’ il produit, & de. celui que les habitans
de la côte achètent dans l’intérieur des terres pour
le revendre aux faCteurs de l’Europe. - -
La rivière de Volta vient de fort loin dans- les
terres j mais on ignore la longueur de fon cours,
le pays qu elle traverfe & le lieu où elle prend fa
fource. Ses eaux fe précipitent dans la mer avec
tant de rapidité, qu’on les diftingue encore à deux
lieues du rivage. Son embouchure eft divifée en
deux bras par une petite île fort efearpée, & couverte
de bois qui en rend l’entrée étroite & difficile.
La côte qui eft au-delà du rivage, depuis la mer j uf-
qu’à trois lieues, eft fort unie, & fertcomme de parc
à des troupeaux de daims, de pintades, de chèvres
fauvages & d’autre gibier. Après qu’on a doublé le
cap des trois pointes, on trouve le pays d’Akim.
La rivière du même nom paffe au milieu de la capitale
; elle eft à peine navigable pour les canaux ;
mais fon fable eft tout chargé d’or : les Nègres en
rempliffent des calebaffes, & lorsqu’ ils en ont une
quantité fuffifante ils en mettent dans un vafe plusieurs
poignées & l’expofent au courant dans la
rivière ; ils le remuent avec la main : les parties les
plus légères font emportées par l’eau», & ce qui
refte eft une poudre jaune & pelante, dans laquelle
il fe trouve quelquefois des grains.confidérables.
C et or eft ordinairement fort pur & paffe pour le
meilleur de la côte.
Si l’on en croit les naturels du pays, les états
fitués derrière la côte fe divifent en plusieurs fou-
yerainetés -, mais ce qu’il nous importe de favoir
eft qu'on y trouve beaucoup d’ or. Les habitans
le tirent du fein de la terre ou des rivières, dont
ils lavent le fable..
L’or & ie fel font les feules marchandifes qui fe
vendent fur cette côte. C ’eft avec ce même or que
les Anglais ont frappé ces pièces'de monnaies auxquelles
ils ont donné le nom du pays, celui de Guinée.
Les Nègres creufent des trous dans la terre
près des lieux où l’eau tombe des montagnes ; &
comme l’or s’y arrêce par fon poids, ils en tirent le
fable, le lavent, & en dégagent les matières étrangères
jufqu’à ce qu’ils en obtiennent le prix de-leur
travail. Les marchands d’Europe prennent ordinairement
à leur fervice des Nègres pour féparer de l’or
véritable un or faux , une efpèce de pouflière de
cuivre qu’ils favent reconnoïtre & féparer.
On diftingue ici trois fortes d’or, le fétiche, les
lingots & la poudre. L’or fétiche eft fondu & travaillé
pour ferv.ir de parure aux deux fexes : rien
n’eftlï commun parmi les naturels du pays, que ces
orneinens. Dans les danfes publiques, on voit des
femmes chargées de pl.ufieurs livres dé ce métal.
Les lingots font des morceaux de différens poids,
tels qu’on les trouve-dans.le s mines ; mais ils contiennent,
par cette raifon, de l’alliage. La meilleure
poudre d’or eft celle qui vient, comme nous l’avons
d ît, du royaume d’Akim..
Le le] produit auffi de grandes richeffes aux
Nègres de cette côte : cette: feule marchandise y
attire un grand nombre de peuples de l’intérieur-de
l'Afrique. Dans lèse entrées qui fourniffent le plus
d’efeiaves, on donne deux hommes pour une petite
quantité de fel. Les Nègres habitans de la côte
creufent des foffés où ils font entrer l’eau de la
mer : le foleil fait évaporer l’eau qui tient le fel en
diffolution, & il relie un fel excellent, qui ne
demande aucune autre préparation. Dans quelques
endroits on voit des falines régulières ,j où l’ on
n’a que la peine de recueillir chaque jour un bien
dont la nature fait tous les frais. C e fel eft d’une
blancheur extraordinaire : on le prendroit d’autant
plus facilement pour du fucre, qu’on lui donne
communément la forme d’ un cône. Son unique
défaut eft d’acquérir, dans les tranfports, une forte
d’amertume.
On trouve auffi fur cette côte des fourmis d’ une
voracité étonnante r elies font leurs loges au milieu
des champs & /ur les collines, & ces habitations,
qu’elles compofent avec un art infini, font des
dômes'coniques, qui ont quelquefois la hauteur
d’ un homme : comme elles fortenten troupes, elles
font très-redoutables, & affiègent fouvent les
hommes dans leurs maifons. Si quelqu’animal eft
affailli par des fourmis, tandis qu’il s’efforce de
les fecouer & de s’en débarraffer , il fe trouve
affailli par une quantité d’autres qui l’accablent par
leur nombre. Lorfque des troupes de ces animaux
fe mettent en campagne & s’ introduifent dans les
habitations des hommes, on ne peut s’en débarraffer
qu’en mettant fur le fentier qu’elles Ce font
tracé 3
tracé, une «aînée de poudre , 8c on en fait fauter
4infi phifieurs milliers, dont la deftruétion met en
déroute l’arrière-garde, qui rebrouffe chemin oc
regagne leur habitation.
COTE-D’ IVOIRE. C ’eft le nom que l’on donne
à cette partie de la Guinée, qui s’étend d'orient
en occident, depuis le cap d'Apollonie jufqu au cap
de Palme, à caufe de la grande quantité d'ivoire qu
de défenfes d’ éléphans qu’on tire de cette contrée.
Parmi les rivières qui l’arrofent, on vante principalement
celle.de Saint-André 8c la fertilité de
fes bords. On y voit des bofquets de palmiers,
d’orangers , de citronniers. Les cannes à fucre y
parviennent naturellement à.une grande maturité,
8c font plus groifes 8c plus douces que celles de
l'Amérique. On les abandonne aux élephans.quoi-
qu’avec un peu.de foin 8c d’ induilrie on put en
tirer beaucoup de fucre 8c de rhum.
Les beftiaqx font fi abondans aux environs de .
cette rivière, qu'on a un boeuf excellent, pour de
petites clincaillerieS. Les étéphans y font d une
groffeur monftrueufe, car on.-en tire des defenles
qui pèfcnt jufqu’à deux cents livres. Les contrées
intérieures en fourniffent plus, que la c o te , 8c
l’ivoire d’ ailleurs en eft plus eftimé. Le pays eft h
rempli de cès animaux, que les habitans font obligés
de. fe cre'ufer des habitations fur le.-haut des
montagnes, d’en rendre les portes très-étroites
afin de les écarter de leurs habitations. De quel-
qu’utilité qu’ils puiffent être, les Nègres n’ont jamais
penfé à les apprivoifer ; ils fe contentent de
leur tendre des pièges pour les prendre morts, fe
nourrir de leur chair, 8c en vendre l’ ivoire aux
Européens*
COTES-DU-NORD (Département des ) . Ce
département eft un de ceux qui tirent leur nom de
leur pofition. Situé fur la côte feptentrionale de la
ci-devant Bretagne, on l’a nommé comme il con-
venoit, furtout à la difpofition de fes cotes, expo-
fées au nord à l’embouchure de là Manche. 11 eft borné effectivement au nord par la Manche,
à l’oueft par le département du Finifterre, au
midi par celui du Morbihan, & a 1 eft par celui
d’Ille & Vilaine. r l/ „
Il n’y a pas de rivière un peu confiderable : celles
qui le font le plus, font : la Rance, qui a fa fource
au fud-eft de Broons, remonte par le nord-elt,
& fe jette dans la mer à Saint-Malo}
Le Trieuy qui a fon origine à quelque diftancede
Guingamp & remonte aunord-oueft de Paimpol >
Le Blavet, qui commence fon cours près de
v Caillar, paffe à Roftrenen, à Pontivy, à Henne-
bon, & fe jette , dans la mer entre Lorient & le
Portrl’Ille.
Les principales villes font Saint-Brieux, Lamballe,
Dinan, Loudéac & Guingamp. §
La fuperficie de ce département eft d environ
un million cent quarante-trois mille quatre cent
Géographié-Phyfîqüc. Tome 111 •
foixante - trois arpens carrés ; D population , fie
quatre cent quatre-vingt-dix- neuf mille neuf ce c
vingt -fept- habitans. La préfecture eft a bamt-
Brieux. Lannion, Dinan, Loudéac 8c Guingamp
font les lièges des fous-préfeétures. Il eft contenu
dans l’évêché de Siint-Brieux. _ . -,
Nous avons indiqué les principales rivières qu
arrofent ce département 8c qui y prennent leurs
fources : les autres eaux courantes méritent peu
d’ attention. Il, y a vingt-une îles qui bordent les
côtes. Il y a fut forêts, qui font celles deBelion, oa
Boquien, de Catelun, de L o rge , de Loudéac 8c
de Guenecan. ' r ,
Cinq ports ou pointes, Ahouet, Goret , Gouie-
de-Chien, Sillon 8c Saint-Caft; deux anfes, Ç
cherel 8c Saint-Brieux; le cap Frehel 8c la oaie
de Frenaye*: j . « •
En général, ce département eft un pays de plaines
& de montagnes : l’air y eft partout tempere;
mais au voifinage de la mer il eft fort épais. 1 y a
des contrées couvertes de grandes landes w
terres incultes, & les terres cultivées font rertiies
en maïs & en froment : cette dernière denree elt
même plus que fuffifante pour les habitans du Pay S
& il s’en tranfporte une grande quantité en Ll-
pagne & en Portugal. Le lin & le chanvre y croil-
fent abondamment. Il y a d’excellens pâturages ou
l ’on nourrit quantité de beftiaux de toute elpece
& même des chevaux. On y fait beaucoup de
beurre que l’on tranfporte à Paris & ailleurs.
Comme les vins font de médiocre qualité, ils e
confomment dans le pays ; mais lorfque la récolté
eft abondante on en convertit une grande quantité
en eaux-de-vie que les étrangers eftiment & recherchent
, parce qu’elles confervent leur qualité
fur mer. , ' . , , ,
C e département renferme des mines de plomb
& de fer très-doux , & d’ un grand produit, il y a
auffi des forges confidérables. On y trouve des
mines de charbon de terre, une carrière de marbre
& deux, fources d’eaux minérales.
Le commerce de ce département eft un des plus
étendus de la France, tant par fes productions
territoriales, que par la quantité de toiles qu on y
fabrique en employant une grande partie de ces
j productions. Les toiles, eftimées par leur fineffe ,
leur blancheur, la b e a u t é l ’égalité de leur ni,
s’exportent en Efpagne, dans l’Amérique efpa-
gnole & aux coloniés françaifes. Il y a auffi des
manufactures de toiles à voiles pour les vaiffeaux,
& un grand nombre de petites étoffes de ^meque
fourniffent les moutons du pays. La peene de la
fardine, du maquereau, du faumon frais & lurtout
de la* morue occupe un grand nombre de matelots
, qui en retirent un dés meilleurs produits de
ce département.
C O T EN T IN , pays qui fait aujourd’hui partie
du département de la Manche. Il eft fitué dans la
ci-devant baffe Normandie, & borne au couchant
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