
de la Haute-Marne , canton de Saint-Dizier, près
de la Marne , & à une lieue & demie de Saint-
Dizier. 11 y a plu fleurs forges dans ce village &
les environs} aufli y exploite-t-on plufleurs mines
de fer de la meilleure qualité & entièrement limo-
neufes. C ’eft le centre des fouilles du minerai de
fer, les plus intéreffantes qu'on trouve dans la vallée
de la Marne.
CHAMOUNlX , bourg du département du
Léman , arrondiifement de Bonneville. Chamounix
eft près d'une vallée où viennent tomber des glaciers.
Elle eft dominée par une colline dont la vue
eft fort b elle, & qu'on nomme le Chapeau. De là
on découvre avec admiration les mouvemens de
ces glaciers & leur horreur. C ’eft là qu'on voit
des débris qui retracent à l'imagination une ville
antique & déferte. C e ne font partout que des
pilaftresrenverfés, des corniches, des chapiteaux,
des ponts à moitié rompus & mille autres formes
femblables. Ici c’eft une tour qui s'écroule} là une
pyramide qui fe brife & qui tombe en éclats} plus
près ce font des blocs de rochers qui , gliffant fur
leurs bafes , efttraînent d'autres blocs & beaucoup
de cailloutages, avec des arbres entiers encore
verts, qui fe placent verticalement entre les
pics & les amoncellemens des glaces. Le bruit de
la chute des glaçons, leurs éclats lorfqu'ils fe rompent,
caufent un étonnement & une grande fur-
prife lorfqu'on n'eft pas accoutumé à ces opérations
d'une nature ïauvage.
C h a m o u n i x (Montagne d e ) , même département
, à une lieue & demie fud-eft de Chamounix
i elle a de l’eft à l’oueft trois lieues de longueur
, & une lieue & demie du nord au fud. Au
pied de cette montagne eft la vallée connue fous
le nom de Chamounix , dont l’afpeét eft fort inté-
reffant pour les phyfîciens naturaîiftes. C'eft là
qu’on découvre fucceflivement les extrémités des
ciifférens glaciers qui defcendent dans cette vallée.
Ces glaciers majellueux, féparés par de grandes
forêts , couronnés par des rocs de fchjftes verticaux
d'une hauteur prodigieufe, préfentent un
des plus grands & des plus finguliers fpeétacles
qu'il foit poffible d'imaginer. A l ’admiration que
caufe la vue de fi'fublimes objets, fuccèdentbien- ‘
tôt un étonnement & une efpèce de furprife dans
lame des voyageurs. Quelquefois ils entendent
de grands éclats femblables à des coups de canon ,
fuivis de longs roulemens qui annoncent à ceux
qui en connoiffent la caufe, combien eft grande
la maffe des glaçons dont la rupture produit un fl
terrible fracas. Près de la montagne , on voit un
grand amas de débris d’ardoife , mêlés de fpath &
de quartz. Ces débris font entraînés dans la vallée,
par les glaces qui cheminent contin.üéjlêmèns & à
mefure que Uur fonte s'opère, laquélle ’ croît en
même raifon que les glaçons’ s'approchent dè la
vallée , qui eft plus-tempérée que les culs-de-fâcs-
yaliées. d'où partent les glaciers.
CHAMP-DE-LA- PIERRE, village du ddpar-
tement de l'Orne, arrondiifement d'Alençon. Il y
a un fourneau pour la fonte , & une fonte pour la
fabrication du fer.
C h a m p -de -P r a z , village du département de
la Do ire, fur un petit ruiffeau, à la droite & près
de Ja Dora-Baltea. Il y a des mines de cuivre en
exploitation , & une forge qui annonce des mines
de fer.
C h a m p -Ségre , village du département de
l ’Orne, à une lieue & demie de Domfront, près
de la Varenne. Il y a cinq groffes forges pour la
fabrication du fe r , & deux fabriques de tuiles.
CHAM PAG N A C , village* du département du
Cantal, canton de Saignes. Il y a près de ce village
une mine de charbon de terre ouverte depuis
très-long-tems.
CHAMPAGNE , dénomination qui fe trouve
appliquée à plufleurs habitations contrées dif-
perfées dans un grand nombre de départemens de
la France, dont je préfenterai le tableau par la
fuite. En attendant , je commencerai par traiter
dans le plus grand détail de cette ci-devant grande
province qui portoit le nom de Champagne , & qui
étoit bornée au feptentrion par le pays de Liège
& le Luxembourg, au levant par la Lorraine, au
midi par la Bourgogne, & au couchant par l ’ile^
de-France & la Picardie. Elle forme aujourd’hui
les départemens de la Marne, de la Hante-Marne,
de l'Aube Hz des Ardennes, avec partie des départemens
de l'Yonne , de l’Aifn e , de Seine &
Marne. La province de Champagne avoit environ
foixante lieues dans fa plus grande longueur du
feptentrion au midi, fur quarante lieues de largeur
du levant au couchant.
Elle étoit divifée en huit petites contrées, avec
quelques-unes defquelles étoient confondus d'autres
petits pays. ( Voye^ le tableau de la province
-de Champagne , d Carticle Fr a n c e . )
Les rivières qui arrofent la province de Champagne
font : la Marne , l’A ub e , l'Aifne , l'Yonne,
la Seine, la Meufe, le Sormonne,. le T o n , la
Serre , l'Hurtaut, la Vaux , la Barfe, la. V efle.,
la Suippe, la Somme , la Sonde, l'A rd re , le
grand & le petit Morin , la Voulfée,, l ’Urtin, la
Brévène, la Térouane , le Lofain , l’Aufon, l'Ar*.
mançon, la Melde , l’Iffon , la Pleurs , la S.aux,
la V iè r e , la Blaife, la Vo ire , la Soulaine, le
Mannet, l’Oreufe, laCaife , le Serin, la Vaune,
la Laigne, l’Ounune, la Marilla & quantité de
ruiffeaux alimentés par de belles fources. Les fix
premières portent bateau à ,certains points de
leur cours.
On trouve généralement dans cette ci-devant
province tout ce qui peut être néceffaire aux besoins
de la vie. Dans une-ou deux de ces contrées
feulement
feulement la difette de bois & de matériaux pour
bâtir, fe fait fentir ; l'eau même en eft mauvaife }
les vins en font fort eftimés, & de fi bonne qualité
, qu’une infinité dé perfonnes balancent entre
le choix de ceux-ci & ceux de Bourgogne. En
effet, fes vins blancs, fi recherchés &: fi promptement
enlevés , ont quelque chofe qui excite, qui
infpirelagaîté}cequ'onne trouve dans aucun autre
vin. Les meilleurs vins blancs de ce pays font ceux
d Hautevillers , d 'A ï, de Pierry, d’Avenay, de
Siliery , & ceux des environs d’Epernay, & qui
viennent fur la craie & dans un fonds de craie ,
Comme ceux des coteaux qui environnent le badin
de la ville de Rheims,. ( Voye[ ce mot. )
Ses vins rouges foutiennent parfaitement la navigation,
fe gardent très-long-tems & s'améliorent
en vieilliffant. Les plus recherchés font ceux
de Verfy & de Verfenay, Tfiefy, Boufy , Mailly}
viennent enfuite ceux de Rilly , Chigny, Sadut,
Viller-Ailerand , Monbré, & c .
Elle produit en abondance toutes fortes de
grains & de bons pâturages. Quelques-unes de ces
contrées ont.quanité de bois} d'autres font remplies
d’étangs, & toute la ci-devant province en
général abonde en gibier, en poiffcn & en volaille.
Il y a des forges & des eaux minérales :
celles de Sarmaife , de Suffy , de Provins , de la
fontaine d'Aucilly, de la fontaine Notre-Dame & ~
du bourg de Véron.
La Champagne étoit une des provinces qui
avoient le plus de verreries : on y fabriquoit beaucoup
de menues marchandées qui étoient d’un
grand débit dans le Sénégal, fur ies côtes de Gui-,
née & au royaume de Congo. Elle fotirniffoit
une grande quantité de laines avec lesquelles fe
fabriquoient les chaînes des étoffes de Rheims.
Il y avoit beaucoup de poteries de terre.
C ’eft à la qualité de fes.miels jaunes , que ies
pains d’épices, dont on fait un grand débit à
Rheims , doivent leur réputation. _
Toutes les montagnes, depuis Châjons-fur-
Marne jufqu’à Rheims, ont pour bafe la craie, en- '
fuite le fable dans le milieu , & des pierres mêlées
d’argile & de meulières à leur fommet. C feft là
que fe trouvent des bélemnites, des ourfins , des
peignés, des buccins & des marcaffites de plusieurs
efpèces. Dans la forêt d’Argonne il y a plu-
fieurs forges. Gn voit auffi dans cette province
un grand nombre d’ardoifières & plufieüvs vefti-
ges d’anciennes chauffées ou chemins romains.
La Champagne proprement dite étoit bornée au
feptentrion par le ci-devant Rhémois , au levant
par le Perthois& leVallage, au midi par le.Seno-
nois & la ci-devant Brie} elle avoit dix-huit lieues
dans fa plus,grande largeur, & vingt-cinq dans
fa plus grande longueur. Ses principales rivières
étoient : la Marne, la Seine, l’A u b e , la Molde,
la Pleurs, la Barfe, & l’iffon, qui côtoie dans tout
fon cours la rive gailche de la Marne, & la Blaife,
qui côtoie fa rive droite.
Qéographie-Phyfique, Tome III.,
On nommoit Champagne pouillcufe la partie de
cette contrée renfermée entre la Fère & Troyes,
ou bien entre Nogent & Piney. C ’eft la partie la
moins peuplée : on y voit peu de villages, & encore
ont-ils un air bien pauvre. Toute la contrée
manque de bois, mais l’on y trouve d’ailleurs
tout ce qui eft néceffaire à la vie : on y recueille
des grains, des vins & des fruits en abondance :
on y nourrit quantité de gros & de menu bétail.
Il y a furtout beaucoup d étangs.
Toute la haute Champagne, c’eft-à-dire, le ter- -
rain compris depuis la Marne jufqu’à la Seine, eft
d’une craie blanche, lé gère, peu propre à la production
du froment : on n’y fème que du feigle
& d’autres menus grains.Au refte, ce fol crayeux
ne règne pas fi généralement dans ce canton, que ;
dans certaines vallées, dans certaines gorges., où
il fe rencontre de la terre rouge ou brune, bonne
pour le froment. Les carrières de craie.font très-
profondes-, & on n’en a pas trouvé la fin: les
ouvriers qui les exploitent, s’ étendent plus en largeur
qu’en profondeur : rien ne peut les arrêter
que les amas d’eau qui font éloignés de la furface
de la terre. Il y a des puits, dans certains villages
élevés, qui ont jufqu’à cent cinquante & même
deux cents pieds de profondeur. Il n’ eft pas
cependant ordinaire de tirer de la craie des vallées
, parce que l’eau-eft très-voifine des fonds de
cuve. Au refte, il n’y a point de fouilles qui aient
mis à découvert de l’argile, & ce n’eft pas cette
fubftance qui contribue à retenir l’eau.
La pierre à fufil eft fort abondante à la furface
de la terre , dans la Champagne', les anciens chemins
des Romains en font conftruits} les pyrites y
font aufli très-communes } elles ont différentes
formes & toutes font ferrugineufes. il y a grande
apparence que c’eft la deftruétion des premières
couches de la craie, qui a mis ainfî à découvert
ces amas de pierres à fufil & de pyrites, qui font
engagées dans le miflif de la craie par lits affez
fuivis & allez profonds.
Le fond des rivières e f t , comme on le psnfe ,
bien , de la nature du terrain par où elles paflent :
la grève calcaire garnit le lit de la Marne depuis
le grand pont de Saint-Dizier. Ce pont eft même
pofé fur le roc ou le banc de pierre dure calcaire,
lans pilotis. Depuis Saint-Dizier jufqu'à Langres,
c'eft une pierre calcaire femblable , mais couverte
fouvent de grève. La Blaife coule aufli fur le même
fond, avec des dépôts de grève,ainfi que la Saux,
jufqu’ à Bar-le-Duc : ces deux rivières coulent dans
deux vallées qui forment une extenfion au Per-
thois. Si l’ on remonte la Marne jufqu’à, N orrois,
& qu'on trace à cette rivière une parallèle qui
paffe à N euville, Saint-Genis, Saint-Remy; , Iffon,
Qmines, Bailly & Joncreuil qui eft à c ô té , on
trouvera un fol bien différent de ta craie & d’une
nature très-variée : ,c’eft une terre argjleufe extrêmement
forte } elle eft noire-Comme celle de
jajdin dans certaiaes parties^ &. fort profonde : il
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