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l ’ infcription maritime du quartier de Nevers j
quatorzième arrondiffement maritime.
DÉCLINATURE. Les grands changemens qui
font arrivés à la farface de nos continens, la mulr
titude de débris d’ animaux & de plantes étrangères
à nos climats j que nous trouvons enfevelis en mille
endroits dans les couches 3 ont fait foupçonner,
depuis que l’on étudie le monde phyfique, que
toutes les contrées de notre globe avoient fubi de
grands déplacemens& avoient pu changer d’afpeét
par rapport au Ciel, (oit par la différente inclinaifon
de Taxe de la T e r re , foit parce que les contrées
qui font voifines des pôles n’ y ont pas toujours été
fixées invariablement. Ce ne font pas feulement
ces corps déplacés qui nous rappellent & nous attellent
ces changemens ce font aufli les traditions
trouvées chez plufieurs peuples. Les anciennes
peuplades de la Ruflie & de la Sibérie, dont le
pays eft extrêmement froid , difent qu’ il a été tort
chaud , & qu’ il avoit eu des éléphans , dont on
rencontre effectivement, chez eux une multitude
de dépouilles. On a dit que rinclinatfon de l’axe
de la T e r re , qui n’eft pas aufli confiante que l’ont
annoncé certains aftronomes, a pu produire en ce
pays & parcout ailleurs unevicifiitude aufli étrange
dans les climats. M. de Louville penfoit qu'en
-conlèquence de la variation quon venoit de découvrir
, l'écliptique rau bout d'un certain tems,
feconfondroit avec l'équateur , & qu’ alors toutes
les contrées de la Terre joniroient ënfemble, pendant
un grand nombre d’années, d’un équinoxe perpétuel,
qu’enluite l’écliptique fe porteroit au delà
de l’équateur. Cet aftronome a trouve dans les ré-
fultats de fes calculs, une fingu’ ière correfpondance
avec les plus anciennes époques des Babyloniens.
Les Égyptiens nous ont tranfmis de fingulières
traditions fur les changemens de cette nature. Hérodote
, Pline, Diogène de Laërce & Plutarque
nous rapportent que, fuivant les prêtres égyptiens ,
le foleil, dans l’efpace de onze mille trois cent
quarante années de trois cent foi Xante-cinq jouis,
s’étoit levé où il fe couche, & s’étoit couché où il
fe lève par deux fois différentes, fans que néanmoins
il fut arrivé des changemens dans le climat de l’E gypte,
malgré cette variation dans le cours du foleil :
Quod nihlïputidiiis fi proprie intelligas, dit plaifam-
•mcnt Jir. JeanVoflïus en fon Traité de VIdolâtrie.
M. de Voltaire , dans fes Élèmens de la Pkilo/ophie
de Newton , n’en penfe pas de même ; mais comme
il explique ce grand phénomène par la révolution
infenfible des pôles vers l’équateur, qui auroit
fait tourner , fuivant fa façon de penfer notre
globe fucceflivement à l’orient, au midi, à l’occident
& au feptentrion , il n’admet point que
l’ Égypte ait pu conferver fon même climat, &
que le nombre d’années défignées par les prêtres
égyptiens ait pu fuffire pour que ce phénomène
ait paru-deux fois ; ce qui demande à la vérité
deux périodes bien plus grandes. Si cet événement
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n’eft arrivé de la forte qu’ infenfiblement, cette
remarque eft fort jufte. Cependant plufieurs écrivains
ont cru que des circonftances aufli fingulières
n'étoienc pas de nature à fe prélenter facilement
à l'imagination des Anciens, & qu’ on ne peut les
regarder comme des fables ; en conféquence,
ils ont penfé qu elles avoient rapport à quelques-
uns des changemens fubits qu’ils fuppofent avoir
eu lieu dans la pofitio» de la- Terre. D’après cet
arrangementBoulanger croyoit que fi l’hémifphère
maritime a pu prendre quelquefois la place de
l’hémifphère terreftre, les contrées boréales ont
pris aufli celle des contrées auftrales, en changeant
pôle pour pôle. Par cette difpofitiôn, fans qu’il
foit arrivé aucun changement dans le C ie l, la rotation
de la Terre auroit. fait voir aux Egyptiens
le foleil fe levant du côté de la Libye & fe couchant
du côté de l ’Arabie , où ils le voyoient auparavant
fe lever. C e mouvement de la Te r re , qui
ne demande qu’ une demi - révolution des pôles
dans un méridien quelconque , c ’eft-à-dire, douze
heures de tems, auroit porté le pôle auftrai de la
Terre fous le pôle boréal du Ciel , & par çonfé-
nuent les régions occidentales à l’orient, & les
orientales à 1 occident. Boulanger ajoute que c’eft
par les échanges fubits entre les contrées polaires,
que l’ on peut expliquer le mieux pourquoi
il n’y eut point de changement dans le climat
d’Égypte ; car l’équateur relia toujours le
même, à la différence près pour l’Égypte , qu’elle
fe trouva dans l’hémifphère feptentrional, au
lieu qu’elle étoit auparavant dans le méridional.
Pour revenir maintenant au problème qui nous occupe,
& dont tant de Savans ont cherché la folu-
tion, nous dirons que s’ il y a eu un tems où les revers
occidentaux des fommets de lhémifohère terreftre
regardoient le foleil levant , comme la tradition
égyptienne femble nous l’apprendre , ce pourroit
être fans doute lorfque la Terre étoit dans une
pofition telle q ue , l’ancien écoulement des’ eaux
étant arrivé, il aura été les frapper & les raccourcir
comme ils le font aujourd’hui j & fi nous les trouvons
maintenant placés fous un afpeél qui contredit
les lois du mouvement préfent des mers, ce fera
parce que les accidens qui ont occafionné ce changement
dans les parties folides & continues de la
Terre n’ont jamais pu changer l'ordre immuable de
la rotation d’ occident en orient, & la direction
confiante des fluides d’orient en occident. Cette
folution , au refte, rentre affez dans la prétention
de ces phyficiens qui ont regardé le cours des fleuves
d'occident en orient comme une fuite de laf rotation
de la T erre, quoiqu’il foit diamétralement
oppoféau courant général des mers d’orient en occident
, qu’ils ont aufli confidéré comme une fuite
néceflaire de cetre rotation. On voit bien qu’ il y a
entre ces deux effets une contradiction manifefte
que l’on ne peut réfoudre & accorder que par la
diftinétion imaginée entre les fuites d’une ancienne
rotation,qui a dû laiffer des empreintes déterrai-
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nées fur les folides & entre les effets de la rotation
préfente à l’égard des fluides qui »fufceptiblesde fe
prêter à tous les mouvemens nouveaux, ont par
cela même été incapables de conferver les empreintes
des mouvemens pafles. Ils ont tous paru
convaincus que, dans telle pofition qu aient été les
contrées de la Terre fous les différences régions
du C ie l, la rotation diurne a toujours été d'occident
en orient, & le cours général des mers d'orient
en occident : d’où ils ont conclnque quoique
les continens aient changé d’afpeét par les révolutions
qui ont eu lieu en différens teins, ils ont
dû malgré cela conferver les formes générales
qu'ils avoient reçues dans les fituations anterieures.
( Voye%_Po int s .de partage des e a u x . )
D É C L IN A I S O N D E L 'A IG U I L L E A I M
A N T É E . A l’une des îles Açores, appelée el
Corvo, il n’y a point de déclinaison , & 1 aiguille-
pointe- exaétement au midi : il en eft de même de
quelques autres endroits, mais non pas de toutes
les parties du méridien. Dans les lieux fitués à 1 eft
de cette île , jufqu'au promontoire d'Afrique ,
uomméCap des Aiguilles, a peu de diftance duCap de
Bonne-Efpérance, l’aiguilleeit à l'eft d'une quantité
inégale: de forte qu'aux îles deTriftan,d'Acunha ,
& à foixante-dix degrés au-delà, Udéclinaifon augmente
jufqu’ à environ treize degrés,; & enfuite
elle diminue infenfiblement jufqu’aux lieux voifins
du Cap des Aiguilles , où il ne fe trouve plus d e * '-
clinaifon. En allant de ce cap aux Indes, la déclic,
naifon fe fait vers l'oueft. A Hambourg, elle eft de
neuf degrés., à Amllerdam, de cinq environ.
Les obfervations prouvent que la déclinaison
n'eft pas toujours la même , mais qu’ elle .change
par fucceffion de tems. Avant qu’on eût découvert
cette propriété de l'aiguille aimantée on avoir fup-
pofé que la pofition générale étoit dans la direction
du nord au fud, & qu’elle étoit occafionnée
par des veines d’aimant placées dans une^ pofition
collatérale à l'aiguille ; mais on fut bientôt obligé
d'abandonner cette prétention dès^eju'on eut reconnu
que la variation de l'aiguille n’étoit pas confiante;
car fi la pofition de l’aiguille , foit dire élément
dans la ligne du méridien , foit decünan.-du
méridien de quelques degrés, eût été toujours la
même dans un même lieu , on auroit eu quelque
fondement de croire que cette pofition éteit occafionnée
pat une caufe confiante ; mais la direction
ayant été reconnue variable, on a été obligé
de chercher quelqu'autre caufe de cette pofition
différente de l’aiguille.
Le premier travail qu il a fallu faire eft celui de
former un catalogue d'obfervations faites en dif-
férens lieux fur la variation de l'aiguille aimantée,
pour prouver que non-feulement la declinaiSon .
varioit, mais encore fuivant quelle règlejelle s’opé-
roit : il n'y avoitque le tems qui put-nous apprendre
jufqu'à quel point la déclinaifon pouvoir s étendre
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i l'eft avant de revenir au méridien & de franchir
cette ligne pour fe porter à loueft.
i Le doéteur Hailey ayant raffemble les obferva-
j lions les plus exaétes qu'il pût avoir, & les ayant
j examinées & comparées avec foin, il en a tiré les
conclurions fuivantes fur la marche que fuivoit
l’aiguille aimantée dans fa variation. Il nous annonça
donc : - , ,, ,r . . .
i ” . Que dans l'année 16S5 la declinaiSon étoit a
l'oueft pour toute l'Europe , mais beaucoup plus
forte dans les contrées orientales que dans les pays
occidentaux; .
i ° . Que fur la côte de l'Amenque feptentrio-
naîe, vers la Virginie, la Nouvelle-Angleterre &:
même Terre-Neuve, la declinaiSon étoit pareillement
à l'ou eft, & quelle augmentât a mefure
qu'on remontoit le long de la cote au nord, juf-
qu’au point qu’elle étoit de plus de vingt degrés
à Terre-Neuve, de trente au détroit d Hudlon,
& de cinquante-fept dans la baie de Baffin, mais
qu’elle diminuoit pour les navigateurs qui voya-
g-oient à l'eft de cette côte. Il concluoit de ces
deux fortes d'obfervations ,qu'ildevoit y avoir une
déclinaison à l'eft, ou du moins n'y en point avoir
à l'oueft quelque part entre l’Europe & la partie
du nord de l'Amérique,, & que cette pofition Revoit
avoir lieu vers la plus orientale des îles Ter-
cères;
a ", Q u e , fur la côte du Bréfil, il y avoit une de-
clinaifori à l'eft , qui augmentoit confidérablement
pour les navigateurs qui alloient vers le fu d ,
jufque-là qu'elle étoit de foixante-douze degies au
cap Frio , de vingt & demi vis-à-vis la rivière de
la Plata, & qu’en allant de là au fud-oueft , vers le
détroit de Magellan, elle diminuoit jufqu’ a dix-
fept degrés:, & quelle n'étoit plus que de quatorze
à'l’embouchure occidentale de ce détroit ;
40. Qu'à l'eft du Bréfil proprement d | t, la declinaiSon
à l’eft diminuoit de manière qu'elle n’ é -
toit plus que fort peu de chofeaux îles de bamte-
Hélène 8? de l'Afcenfion , & quelle difparoifloit
entièrement vers les'dix-huit degrés de longitude
àToueft.du Cap de Bonne-Efpérance, oui aiguille
s’eft trouvée dans la ligne du méridien 5 - _
c°. Qu'à l'eft de ces lieux on commençoit 3
remarquer une iéclinaifon à 1 oueft , qui conti-
nuoit dans tout l’Océan indien , & qui etoit de
dix-huit degrés fous l'équateur , vers le méridien
de la pointe feptentrionale de Madagascar ; que ,
près du même méridien , à trente-neuf degrés de
latitude fud , elle étoit de dix-iept degres &
.demi ; qu'en allant de là vers l'eft , _ on trouvent
que la déclinaifon à l'oueft décroifloit. infeniible-
ment; de forte qu’elle étoit à peine de huit degies
au cap Comorin, de trois feulement furla cote de
Java, & qu'il, n'y endvoit point aux lies Mo-
luques ; qu enfin 1a même chofe avoir lieu pref-
qu'à l'oueft de la terre de Van-Diemen ;
é>. Qu'à l’eft des Moluques & de la terre de
Van-Diémen , à la latitude fud, ou Hoûyoit une