
Principes & progrès de la formation des montagnes.
Nous n'avons confidéré jufqu'à préfent que les
différens maffifs qu'on trouve dans l'île de Cotfe,
& nous avons montré la fucceflion des événemens
auxquels leur formation eft due ; mais maintenant
iL convient de faire voir les caufes qui ont pu
contribuer à leur donner la forme de montagnes
& de vallofts. J’obferve d’abord que les eaux qui
viennent des parties les plus élevées du centré, &
qui ont creufé les vallées qui y prennent leur origine,
ont entamé les maffifs intérieurs, placés dans
la moyenne & dans la plus baffe région ; que toutes
ces vallées ont été approfondies dans le même
rems & par le même agent ; car un vallon qui a fon
origine au centre de l’î le , fe continue fans interruption
jufqu’à fon débouché dans la mer. Si les canaux
des eaux courantes ont éprouvé quelques
détours vers leur embouchure, ce ne peut être que
l ’effet des envafemens compofés des matériaux
fournis par la décompofition des maffifs & la formation
des montagnes.
Il eft bien vrai cependant que les montagnes les
plus élevées, celles où le granit eft à découvert ,
peuvent avoir été figurées jufqu’à un certain point
dans le tems que la mer formoit les tradius des
couches calcaires inclinées,, les.maffifs des marbres.
Ce n’eft donc que depuis la retraite de la
nier, que l’agent qui avoit commencé à filionner
le maffif_des granits à découvert, a : entamé les
nouveaux tradtus en continuant à leur fupérficié'
les vallées commencées, & en y formant même
d’autres fyflèmes de vallées totalement nouveaux.
Il en eft de même de la ceinture de couches
horizontales dont l’excavation a commencé après
la fécondé retraite de la mer. Cette retraite eft
indiquée par les dépôts qu’elle a laillés dans la
région la plus baffe.
Quant à la forme des montagnes, on ne peut
pas les diftinguer maintenant par des époques qui
ne peuvent’ plus leur convenir , attendu que toutes
les parties de l’ile font actuellement foumifes
à la même action de l’eau courante, & quelles excavations
qui ont commencé les dernières , font
peut-être les plus avancées, parce que la maffe des
eaux-y eft plus confidérable, & les maffifs plus
tendres. Ainfi , plus j’ai été attentif à diftinguer
les époques des maffifs , plus j’ai dû confondre le
travail des montagnes dans ces maffifs, attendu
qu'aétuellement il fe continue parallèlement parto
u t , & fe continuera de même par la fuite.
D ’après ces confédérations, on voit combien il eft
ab urde d'avoir difiingué les montagnes par époques.
Travail actuel de la mer.
L ’île de Corfe étant alongée dans fa direction
du nord au fud , fes côtes font plus ou moins ex-
pofées à la force des vents, f uivaut la direction
de ceux-ci & l’expofition de celles-là. La côte
occidentale, par exemple, eft expofée à l’aétion
de deux vents qui font très-violent, le nord-oueft
& l’oueft-fud-oueft : aufti les côtes font-elles plus
dentelées, plus coupées par des golfes afîujettis à
l’embouchure des rivières , & qui font également
l’ouvrage des rivières & celui du refoulement de
leurs eaux par la mer. J’y vois aufti également &
des caps & des plages qui font , ou le prolongement
des dépôts anciens, ou celui des dépôts
nouveaux, formés par l'a&ion combinée des eaux
des rivières 8s des flots de la mer.
La côte orientale au contraire eft expofée à l’action
de deux vents qui n’ ont pas autant d’énergie,
& qui ne régnent pas autant de tems dans ces parages.
Je veux parler des vents de nord-eft & de
fud-eft.
A in fi, à l’exception du fond des golfes où la
mer & les fleuves dépofent, la côte de l’oueft eft
perpétuellement dégradée, & ne préfente que des
ruines occafionnées par l’aétion des vagues. Au contraire
la côte orientale, oppofée à l’ Italie, reçoit
chaque jour des âterriffemens qui augmentent des
plaines larges & fertiles, lefquelles commencent
près de Baftia , & s’étendent jufqu’à Solinzaraj ce
qui comprend trente lieues de longueur , fur une largeur
moyenne d’ une lieue. C ’eft là que fe trouvent
Mariana & Alleria, anciens ports de mer, & qui
font maintenant à une,lieue de fon b.iffin aétuel.
( 'Voyeç la carte de l’île de Corfe , où tous ces détails
font rendus très-exaélement, ainfi que l’explication
de cette carte, où ils font rapprochés
avec foin. Voye^ aujfî Carticle Ile. )
CORSONNA , rivière de Tofcane, qui prend fa
fource dans les montagnes dePiftoia, 8cfe jette dans
le Serchio, prefque vis-à-vis Gallicano. Cette rivière
a maintenant un grand volume d’eau j*elle-
eft fujète à des crues pendant lefquelles elle fait
beaucoup de dégâts , parce qu’elle entraîne de
gros blocs de pierres ferènes, de pierres calcaires,
&r. même une grande quantité de troncs d’arbres.
C ’eft une tradition confiante dans le pays, que la
Corfonna n avoit autrefois que peu d’eau ; qu’en-
cet é*at elle ne fortoit jamais de fon l i t , n’entraî-
noit que très-peu de terres, & ne eaufoir aucun
dommage à l’étroite vallée au milieu de laquelle-
elle couloir paifiblement. Mais depuis qu’on a fait
de fi grands défrichemens dans les montagnes dfr
Piftoia, les eaux pluviales n’étant plus, retenues
par les plantes fpont.mées & le gazon qui affer-;
miffent la.terre, fe précipitent rapidement & avec
la plus grande impétuofité dans la vallée de la.
Corfonna; de manière qu’elles entraînent une im-
metife quantité de pierres, de terres & d’arbres
qu’eftesarrachent. Depuis ce tems cette rivière, ne
pouvant plus tenir dans fon ancien li r , inonde tout
le fond de la vallée où elle coule , & la rend ainfi
totalement inutile pour la culture, au grand dommage
des propriétaires riverains. La commune de
Barga a fait quelques difpofitions pour refferrér le
cours de cette rivière ; mais en vain on a tenté de
les exécuter : la rapidité de fa marche eft trop
violente , & pour peu qu’ elle trouve d obftacle
elle couvre toute la vallée de fes eaux.
Cette rivière, au refte, n’eft pas la fèule q u i, à la
fuite du défrichement des montagnes, inonde les
plaines en Tofcane. Il y en a beaucoup d’autres &
il y en aura bien davantage par la fuite li le travail
des défrichemens fait des progrès avec aufti
peu de précautions qu’on en a pris jufqu’ à préfent.
Les eaux pluviales coulent trop rapidement
dès montagnes qu'on dégarnit de bois ; & d’ ailleurs
, lorfque ces maffes d’ eaux torrentielles font
parvenues dans les plaines, elles ne peuvent plus
être contenues dans leur l i t , qui fe comble tous
les jours par les terres & les pierres que les eaux
entraînent..
On voit de Barga une montagne oui eft une
preuve convaincante de ces mauvais effets des défrichemens.
Cette montagne domine la vallée de
la Corfonna; elle étoit autrefois couverte de bois ,
comme les autres montagnes de Piftoia j mais depuis
que ces bois ont été coupés , & qu'on y a
fubititué des champs cultivés , les neiges , en fe
fondant, & les pluies, ont humeCté & détrempé j
très-facilement la terre ameublie, & , ne trouvant
plus d’obftacle, ces eaux ont emporté avec elles la
terre fuperficielle , & en ont totalement dépouillé
cette montagne, qui de Barga préfente un afpeét
hideux à côté des montagnes qui font reftées couvertes
de bois. D’un fait indubitable qui s’eft
palfé fous les yeux des habitans de cette ville , ils
en ont conclu qu’il faut éviter de faire de pareils
défrichemens dans les mêmes circonftances 5 &
quand on n’envifageroit que cette feule caufe de
l’abaiffement des montagnes , on peut raifonna-
blement conclure de ces oblervations, que depuis
des tems très-reculés, & pendant une longue fuite
de fiècles, les montagnes de tout le Globe ont
été très-a bai fiées, & que les eaux pluviales ^ t o r rentielles
en ont enlevé une grande quantité de
terre qu’elles ont tranfportée dans les vallées &
dans km e r , & qu’il en eft réfulté l'exhauffement
du lit des vallées & de la mer.
Si la Corfonna eût .trouvé une digue aufti haute
que l'eft Barga dans l'endroit de fon confluent
avec le Serchio, il eft manifefte que toute la terre
qui manque à la montagne dépouillée dont nous
avons parlé, fe feroit trouvée raflemblée & dé-
pofée par couches dans la vallée moderne de la
Corfonna, où elle auroit formé un fyfième de collines
à couches de terre 3 de fable & de gravier,
fuivant la diverfité des matières que les eaux au-
roient entraînées dans cette efpèce de lac j mais
comme la Cofonna n'a pas rencontre ces obftacles,
& qu’elle a tiouvé une grande pente au milieu de
fon étroite vallée, elle n'y a laiffé ni terre ni fable,
mais feulement les plus gros blocs de pierres, &
elle a détruit le pied des anciennes collines qui fe
font trouvées le long de fon cours. ( Voye% DÉ-
FRICHEMtNS , CULTURE DES MONTAGNES.
C O R T É , ville du département du Go\o.. Corté y
au centre .de l île peut devenir un jour célébré. Située
au pied du rocher , entouree de montagnes &
environnée de champs fertiles, elle fembie avoir été
fortifiée par la nature. Son château eft placé fur un
roc hérîffé de pointes 8c d’arêtes , & entouré de
tous'côtés de précipices. Près de Corté on voit des
blocs de roche éboulés & chariés par les rivières
de Caccia & d’Afco. Les vallées font femées de
jafpes8r de porphyres. A quelque diftance on voit
les débris d’ une tour : c’eft une de celles que les
Génois employoient pour découvrir ce qui fe paf-
foit en mer. Cetre ville eft une place de guerre de
la quatrième claffe j c’eft le fiége de la préfecture
du département du Golo.
COS (lac d u ) , du département de I’Ifère, ar-
rondiffement de Grenoble , canton de Bourgdoi-
fans, au pied delà montagne des Sept-Lacs, à
quatre lieues & demie de Bourgdoifans. 11 a fix
cents toifes de longeur , fur cinq cents toifes de
largeur.
COS-FALL ou COHOS-FALL , catarade de
la rivière d’Hit d fon , à deux milles au deffus d’Al-
bany ; elle embraflfe toute la largeur de la rivière,
c ’efl-à-dire, près de deux cents toifes, & forme,
dans fa chute, une nappe d’eau, dont la hauteur eft
de foixante-feize pieds anglais. Dans cet endroit
la rivière eft rtfferrée entre deux bords efearpés ,
formés par des croupes de montagnes qui abouti
(Te nt au lit de la rivière. Le cours de la rivière
d’Hudfon eft droit avant comme après la chute.
Les rochers qui forment cette cafcade, & qui appartiennent
à la bafe 8c aux couches inférieures
des montagnes, préfentent une furface horizontale
fort unie ; aufti le jeu de la maffe d’eau qui
les franchit avant la chute, eft-il suffi tranquille
que majeftueux. I! eft vifible que cette chaîne de
ro.chers oppofe à l’aCtion de l'eau un obftacle
qu’elle n’ a pu creufer ni entamer en même raifort
que les autres parties de fon l i t , fait fupérieures ,
(oit inférieures. C ’eft ainfi que s'entretient la cataracte
de Cokos-FalL
C O SN E , bourg du département de l’Ailier,
canton d’Hériffon , entre 1 ftF.il & l’Omance, à
trois lieues & demie de Cerilly. Les pâturages y
font très-bons, & l’ on y nourrit une grande quantité
, de bétail.
C osne , ville du département de la Nièvre , fur
le confluent du Nonain & de la Loire. Cette ville
eft fort an c ien n e il en eft fait mention dans Y Itinéraire
d‘Antonin. Il y a dans cette ville une clouterie
confidérable pour la m a r in e u n e fonderie
& autres petites forges pour toutes fortes de machines
, douze coutelleries très-eftimées. Dans la