
fer n’y vient point par filons comme dans d’autres
contrées 5 il fe trouve près de la furface de la
terre , & , à quelques pieds de profondeur, fous
forme de grains bien arrondis. Les forges ont chacune
leurs fonderies, chaufferies & affineries. On
y trouve aufli des mines d’ocre-, préférables à
celles d’Angleterre, & d’un très-grand produit.
Enfin, il y a des carrières de plufieurs fortes de
pierres fort eftimées , dont l’extraâion fe fait
avec beaucoup d'aélivité, & fans avoir épuifé ces
fouilles pour améliorer en grand toutes ces ref-
fources naturelles. Il ne faudroit qu’achever les
travaux commencés pour ouvrir & affurer toutes
les communications des différentes parties de ce
département au-dehors.
C h e r , rivière qui prend fa fource dans le département
de la Creufe , arrondiffement d’Aubuf-
fon, canton d'Auzance. Sa fource, à deux lieues
& demie au fud de cette dernière ville, verfe fes
eaux au nord. Nous commencerons par remarquer
que la fource du Cher, comme toutes celles des
rivières qui prennent leur origine dans ces contrées
, eft formée par huit embranchemens diftri-
bués dans autant de vallons abreuvés, dont quelques
uns renferment des étangs. Près de l’embranchement
le plus éloigné, ou voit le village du
Cher, qui a donné fon nom à la rivière , ou qui l’a
reçu d’elle ; & à la tige du premier fyftème des
embranchemens eft aufli le village de Cherpofat.
Le fécond fyftème des embranchemens renferme
fix vallons avec leurs ruiffeaux, fi communs dans
^ancienne terre.
A mefure que le Cher s’avance vers Auzance &
Châceau-fur-Cher, il reçoit plufieurs rivières latérales
aflez fortes, & entr’autrës Moufon, Boron,
Buron 6c celle de Saint-Pardon, qui raflemblent
les eaux d’une grande étendue de terrain, diftri-
buées dans une fuite nombreiffe de vallons abreuvés
, après quoi il devient confidérable par la réunion
üe la Tardes, que groffffent également les
rivières du fécond ordre, la Meoure, la Douleux
& la Vouife , fi remarquables par l’enfemble des
gros ruiffeaux qui s’ y jettent fuccefîivement.
Je reviens à la Tardes, relativement à la confédération
du nombre des vallons abreuvés qui forment
fa fource & celle de la Tardette qui en fait
partie. On compte vingt-huit embranchemens,
préfentant autant de vallons tous diftribués fur
une grande fuperficie, caractère bien intéreflant
de l ’origine des rivières.
Le Cher continue à fe porter droit au nord par
Môntluçon & Saint-Amand-Mont-Rond, entre les
rivières latérales la Naris , la Magieure, la Meu-
felle, l’ Aumonfe & la Marmande, qui s’y jettent
â droite &: à gauche, & qui en maintiennent le
cours dans la même direction. C ’eft ainfî que les
eaux courantes fuperficielles fe portent vers le lit
du Cher, çreufé depuis les tems les plus reculés, vu
plus ancienne marche des eaux de cette rivière.
Ce n’eft qu’à la hauteur de Saint-Àmand que le
Cher commence à fléchir fon cours vers l’efl ,8 c i
gagner Château-Neuf par ce petit détour.
Je dois aufli remarquer que c’ eft-à ce point que
les vallons abreuvés, dont le grand nombre a fen~
fiblement diminué depuis Montluçon, ont ceffé
entièrement de fuivre le cours du Cher, aînfi que
ceux des rivières latérales j ce qui peut annoncer
aux obfervateurs qui fe font occupés des phénomènes
hydrographiques de l’ancienne terre, les
changemens que leur offre la nouvelle. C ’eft ce
que préfente le cours du Cher, q u i, coulant entre
TEvre & l’A rnon, va faire partie du nombreux
rendez-vous de ces rivières,qui fefait à Vierzon,
& les adopte, après quoi, enrichi d’ une*fi grande
malle d’ eau, il prend fon cours directement à
l’oueft.
C ’eft pour lors qu’il occupe les bordures des
deux planches de Loches & de Blois ; d’abord la
feptentrionale de Loches, & enfuite la méridionale
de Blois. C ’eft dans ce trajet aflez étendu que
le cours du Chereft fimple, & n’eft accompagné
que de filets d’eau courante plus ou moins alon-
g é s , mais qui n’annoncent pas l’ancienne terre.
C'eft là que le lit du Cher occupe une plaine fort
large 6c bien deflinée. Dans la partie de cette
rivière qui parcourt la bordure méridionale de la
planche de Blois, les nombreux filets d’eau qui s’y
jettent, donnent iiaiffance à un grand nombre
decangs qui font partie de ceux de la Sologne.
Je dois dire enfin que c ’eft dans ce trajet des
deux bordures que le Cher donne fon nom à un
fécond département, celui de Loir et Cher, qui
commence à Menetour, & finit un peu au-delà de
Montricha'rd.
Une preuve de la vigueur & de la force du
cours du Chéri qu’il tire de l’abondance des eaux
que lui fourniflent les environs dé fa fource dans
l’ancienne terre, c’eft que depuis qu’il a quitté
cette ancienne terre il chemine très-bien, jufqu’ à
ce qu’ il adopte l’Évre & l’Arnon i en forte que
ces maffes d’eau réunies dans un feul lit, lui don-?
nent une grande tendance vers le baflin de la
Loire, qu’ il côtoie , avec un cours plein, jufqu’à
ce qu’il l’ait atteint, & qu’il fe confonde avec ce
fleuve principal.
D’après les détails contenus dans cet article, on
doit comprendre comment la nature, dans l’ancienne
terre, donne naiflance aux grandes rivières,
& fous quelles formes ces grandes rivières prennent
leurs Cours dans la nouvelle terre , après
qu’elles ont quitté l’ancienne.
Je vois depuis long-tems ce qui favorife, dans
la nature, cette belle diftribution des eaux courantes
j c’ eft la différence de niveaux des deux
terres, dont l’ancienne fe trouve toujours plus
élevé e, comme les bords de l'ancienne mer, &
dont la nouvelle, repréfentant le fond de cette
roer, offre, depuis fa retraite, de grandes & larges
plaines qui ont dû lui fuccéder. On voit aufli, dans
la
la fuite du cours du Cher, que les eaux de l’ancienne
terre , fourniffant toujours abondamment
cette grande rivière, ont un cours plein & bien
nourri, comme toutes les autres qu’elle côtoie, &
qui ont la même origine > c’e ft, je dois le dire, ce
qui diftingue, d’une manière -particulière, les rivières
qui naiffent dans l’ancienne terre : tels font
définitivement les réfultats de la reconnoiffance
du cours du Cher, lefquels ont déterminé à charger
cette rivière de donner fon nom à deux départe-
mens contigus i car elle les parcourt toujours ma-
jeftueufement.
CHERBOURG, ville maritime du département
de la Manche, arrondiffement de Valogne, & à
quatre lieues un quart de cette ville.
Cette v ille, dans la ci-devant Baffe-Normandie,
a un arfenal pour la marine, des magafins pour les
vivres de terre & de mer, ainfi que pour les bois
& fourages. Elle a un long faubourg qui règne
autour du port, à l’extrémité duquel eft un pont
tournant & un baflin pour y recevoir les navires.
Il y a dans la ville une fontaine , & trois dans
les faubourgs : ainfi on y eft bien abreuvé.
On a fait échouer des cônes pour former, dans
le p ort, une digue de garantie, & rendre la rade
d’ une bonne tenue. Ces travaux ont commencé
en 1783, & ont fini en 1788. Dans cet intervalle
de tems il y â eu trente cônes d’échou és.A la
même époque on a cohftruit trois forts pour garantir
des vaiffeaux de ligne. Un des forts eft fur
l’île Pelée, un autre au Hommet, & un troifième
à Querqueviile. C e dernier n’eft pas entièrement
terminé.
Il y a dans cette ville une manufacture de glaces,
qu’on y a établie- en 1670 5 elle occupe plus de
douze arpens de terrain., en quatre circuits1, dans
la forêt commune de Tour-la-Ville. C ’eft la première
qui ait fait des glaces faufilées en France.
Il y a aufli une manufacture de bouteilles. O n
fabrique à Cherbourg de la foudê avec des plantes
marines que l’on récolte le long des rivages de la
mer. On y fait le commerce de blé , d’avoine,
d’ orge, de pois, de fèves, de laines & d’ardoifes.
On conftruit..à Cherbourg des bâtimens de moyenne
grandeur, dont le plus grand nombre eft vendu
aux armateurs des ports voifins, où le bois eft
moins commun. Les chantiers occupent en conséquence
beaucoup d’ouvriërs.j
Les environs de Cherbourg prodüifènt du froment,
de l’o rg e , de l’avoine, du blë-farràfin,
beaucoup de lin & quantité de légumes. Le fol
eft graniteux dans la plus grande partie de ce territoire.
On y trouve aufli des carrières de greffes
ardoifes. Celles de fa montagne du Roule & de la,
commune de Tour-la-Ville font fines. D’ailleurs,
tout le terrain des environs.de Cherbourg, à une
certaine diftance, eft compofé de cette forte de
fehifte. Elle altère la bonté de l’eau qui circule
dans fes couches.
Géographie- Phyjique. Tome III• l
C herbourg (Forêt d e ) , département de la
Manche, arrondiffement de Valogne. Elle a deux
lieues & demie de longueur, fur autant de largeur.
CHÉRIE ( I l e ) , de la Mer glaciale. La première
apparence de la chaîne de montagnes qui
divife la Scandinavie & qui fe montre au defl’us
de l’eau, eft à l’île Chérie, latitude 74 deg. 30 m.,
place déferte & folitaire, un peu plus qu’à moitié
chemin entre le Cap-Nord & le Spitzberg, ou à
environ cent cinquante milles du dernier. La figure
de cette terre eft prefque ronde. Sa fuperficie s’élève
en cimes hautes & montueufes; efearpées 6c
couvertes d'une neige permanente. L’une de ces
montagnes eft nommée, avec bien de la vérité, le
Mont-Misére.
Cette île fut découverte, en 1603 ,.par Étienne
Bennet, employé par l’alderman C h é r ie , dont,
par honneur, on a impofé le nom à ce lieu fau-
vage. Près d 'elle, le mouillage eft dé vingt a trente
brades. Il y trouva des dents d’un walrus, mais il
ne vit aucun de ces animaux, parce que la faifon
de leur féjour étoit paffée. On étoit alors au 17
d'août. Encouragé par l’efpoir du gain , Bennet fie
un fécond voyage l’année fuivante, & aborda à
l'île le 9 juillet. Pour lors il trouva des valrus
couchés & raffemblés les un? près des autres, jufqu’
à former des tas de mille. Faute d'expérience
il n’en tua qu'un petit nombre ^ mais dans les
i voyages fuivans il rut plus heureux. En .1606, fes
chaffeurs tuèrent fept à huit cents dé ces animaux
en fix heures de tems, & en 1608, neuf
cents ou mille dans l’efpace de fept heures. Le
profit qu’on retiroit de l'huile, des dents &
de la peau de ces animaux étoit confidérable $
mai^ le carnage qu’on en avoit fait, épouvanta
ceux: qui échappèrent, & les empêcha de revenir
: à cette île fatale, en forte qu’on a perdu le béné*
fiçe de,çes voyages ; mais ce fut à cette pecafion
: que Ton commença à.former Tétahliffement de la
pêche de la baleine, que les Anglais allèrent chercher
ailleurs.
Les walrus habitent a&uellement les côtes des
îles Magdeleine, dans le golfe Saint-Laurent,
' entre la latitude du 47e. & du 48e. degré, qui eft
le degré le plus méridional de leur féjour dans
aucune partie du Globe. Les Eskimaux achètent
des Indiens de Noek-Vanck, à la latitude de 60 d .,
; les dents de valrus pour armer leurs flèches à
veaux marins. Ces Indiens difent qu’ ils font annuellement
vifités par de nombreux troupeaux de
ces animaux. On les trouve dans le détroit de
Davis & la baie d’Hudfon, latitude 61 deg. j ils
habitent aufli la côte du Groenland ; ils font en
grand nombre près des îles du Spitzberg, parmi
. toutes lés glaces flottantes, depuis cette contrée
! jufqu’à n ie Chérie, p'ace intermédiaire entre le
Spitzberg & la pointe la plus feptentrionale de la
I Norvège. On les trouve encore fur tes côtes de
t la Nouvellô-Zemble , fur les promontoires qui