
feulement fur l'ancien état tant des fteppes du
Kuma.ii, que de celles des Kaimoucks. 6c du Jaïk,
qui (e reffembîent partout fi parfaitement , mais
aufii fut J exttnfion d e là mer Cafpienne dans les
anciens âges du Monde , & fur la communication
qui a pu exifter entre cette mer & la Mer - Noire ;
conjectures qui s'accordent finguliérement avec
les idées que Tournefort, Voyage au Levant, tom. I,
pag. 8oj 8c tom. I I , pag. 63, a cru pouvoir met-
ep avant, non fans beaucoup d'apparence de
vérité., fur l'ancienne réparation de la Mer-Noire
d avec la mer Méditerranée $ fut l ’accroiffement
des eaux de la première beaucoup au deflus du
niveau de la fécondé, & fur l'écoulement de ces
eaux dans la mer Méditerranée.
Cette multitude de coquillages épars fur toute
la fteppe du Jaïk , des K.dmoucks & du Wolga ,
coquillages qui en tout point font les mêmes que
çeux qu'on trouve dans la mer Cafpienne, & que
l’on ne rencontre jamais dans les rivières voifines;
cette uniformité du terrain dans toute l'étendue
de ces fteppes, lequel ne préfente partout , hors
les places couvertes de fable volant, qu’un pur
fable lié avec de la vafe du fond de la mer , 011
une argile jaunâtre, fans la moindre trace de ga- \
zon & fans couches d'autres fubftances, jufqu’à
un lit d argile auquel oh ne parvient qu'à une
profondeur allez confidérable j la falure générale
de ce fol , produite en grande partie par Je fel
marin ; ces innombrables marais & lacs falés ; ajoutez
à cela cette égalité continue du terrain dans
tous ces vaftes déferts , on trouve dans ces faits
des preuves inconteftables que toutes ces contrées
doivent néceffairemem avoir été couvertes
autrefois par les eaux de la nier Cafpienne; &
quoique ces -plaines aient é té abandonnées depuis
nombre defiècles par cette mer, il eft arrivé, foit
par un effet de l'aridité de leur pofition dans un
climat fort chaud, foit par celui de la falure primitive
qui s’y trouve maintenue par la nature ar-
gileufe de la couche inférieure , que ces terres
ont toujours produit uniquement des plantes de
Ja nature de celles qui demandent une terre ou
des eaux falées, & qui par conféquent ne rendent,
parleur defiruâion, que peu de terre & beaucoup
de fri j il eft arrivé , .disqe , que ces plaines n’ont
point encore pu fe couvrir de terre végétale
ou de gazonj ni d'aucune force quelconque de
DOB.
Il eft enfuite très-manifefte que le terrain élevé
ctui s ’étend le long de la Sarpa, entre le Don^& le
W o lg a , ainfi que les hauteurs du diftriét qo'on
appelle Y Obtfehei-Sirt, entre le Wolga & le Jaïk,
ont été les anciennes Côtes de h mef d'Hyrcanie
lorüqffelle avoir encore toute fon étendue ; car
c ’efl dans oes hautes terresque les cerrams difpo
tes par couches commencent à fe montrer ; que
& filnre générale du fol difparoît; qj;e fa friperie
*6 fe couvre d'un gazon épais, & offre une
couche Supérieure de terre noire, affez épaifie j.
enfin ^que les coquillages marins particuliers à la
nier Cafpienne ne le montrent plus nulle part} &r fi
l'on rencontre plus hau t, le long du W o lg a , là
ou les terres élevées commencent à devenir plus
1 montagneufes, des bancs entiers de coquillages &
de coraux, ils proviennent néceffairement d'une
inondation du Glo be, & bien plus forte, & bien
puis ancienne , d’autant plus que les productions
marines, renfermées dans ces couches, font toutes
de la nature de celles qui ne fe, trouvent ni
dans la mer Cafpienne ni dans la Mer-Noire , mais
feulement dans les profondeurs de l'Océan.
On peut demander à jufte titre par quel é.véne^
ment naturel la mer Cafpienne, qui reçoit par les
neuves qui s’y rendent un volume d’eau aflèz égal
a celui qu elle perd par l'évaporation, puifqu’on
n y remarque plus, depuis tant d’années, une diminution
bien fenfible , a pu en perdre en une fois
un volume alfez confidérable pour mettre à fec
un efpace de terrain très?certainement plus élevé
de quinze to:fes au moins que le niveau aCtuel de
cette mer , & d uneaufli valte étendue que le font
les plaines des déferts qui régnent depuis, le bas
Don julqu au Jaïk, & depuis.le Jaïk jüfqu'au lac -
Aral, 6c derrière ce lac vers les monts U rais,.qui
font un prolongement méridional des monts Mo-
guldshariens. Si 1 on admet la fuppofition que
Tournefort a rendue très-vraifemblabie , favoir j
que les montagnes du bofphorè de Thrace ne fai-,
foient qu une feule & même maffe, 2c formoient
une digue qui féparoic la Mer-Noire de Ja mer
Mediterranee, de manière que la première de ces
qiers, qui recevort dans fon fein d'auflï grands
neuves que le Danube | le Dniefter, le Niéper, le
Don 6c le Suban, offroit au milieu des terres urv
lac immenfe dont je niveau fe trouvoit beaucoup
lc\ f ‘ev| .‘î^e cejui de la mer Méditerranée,& de
* ^ - ? an-hw^ °h ajoute que, par la rupture de cette
puulamedigue, occafionnée par l’.aCtion fucceffive
des eaux , les eaux de la Mer-Noire fe font ver*
fees avec impétuoficé dans la mer Méditerranée
Pour fe mettre, a leur niveau , & que la première
chute de eet énorme torrent a occafionné des
inondations qui , félon les plus anciens monu-
mens de 1 HiftOire , ont défolé une partie de la
Giece 6c des îles de l'Archipel, on parviendra ,
non-feulement a expliquer cette diminution de la
mer Cafpienne, mais les traces vifibies qui fubfif-
tent de. i ancienne hauteur de la dernière de ces
mer,s , donneront encore bien plus de poids à
l 'opinion de Tournefort.
C ’eft dans ce même tems que les chiens de
mer, Jes différentes.efpèces d'eftiarg eons le fau-
clet ( atkerina ) , l'aiguille de mer & les coquilles
appelées peignes, ont p u f e rendre dans, la mer
Cafpienne , q ui, par .fa. pofition actuelle, eft trop
éloignée de routes les, aunes mers pour que ces
tliff-rens êtres vivans aient pu y parvenir. Aafii-
tôt que la Mer-Noire eût trouvé moyen de ver-
fer tes eaux, dans la Méditerranée par ig Propon*»
ïide , la première chute de fon niveau convenir
une grande partie de fes bords peu profonds 6c
plats, en fteppes falées. La mer Cafpienne,■ qui
«e tenoir. à la Mer-Noire que par un détroit peu
profond, s'en trouva bientôt entièrement détachée
, parce que le niveau de cetre dernière ne
tarda pas à fe trouver beaucoup plu s bas que le
fond de-ce détroit, & depuis la mer Cafpienne ne
fut plus qu’un grand lac reftèrré dans les terres;
mais comme.elle ne recevoit pas des fleuves aulfi
âbondans mi en aufii grand nombre que la Mer-
Noire , & que, faute de communication , les eaux
de cette dernière n'afftuoient plus dans les fié n’fies,-
il y eut encore, tant par l’éa'aporauon , qu'à H
fuite de la retraite des eaux, un plus grand efpacé
de terrain le long de fes côtes baffes, qui-fiée découvert}
ce qui refferra cette mer dans ces bornes
encore plus étroites; & ce n’ eft peut-être qu’a lofs
que celfa pareillement la Communication qu'ellq
avoit avec le lac Aral. Ce qui étoit auparavant
des bancs de fables- fe convertit en fable volant y
qui forma des éminences pareilles à celles qu’on
trouve dans le fable de Naryn & vers le bas
Wolga ; ce qui étoit antérieurement des îles parut
fur le fond de- cette mer defféchée , de petites
montagnes, telles que pouiroient être celles
d’ indérski 6c quelques autres .-D'Un autre c ô te ,
quantité d’endroits plus enfonces , après que les
eaux fe furent écornées des terrains-, unis , reftè-
rent lacs ou marais falés, tels qu'il s’etvtrouve en
fi grande quantité dans les fteppes^
Én vain objeéteroit-on contre une diminution
aufft vifible de la mer Cafpienne, le' rapport des
voyageurs qui ont obfervé , près de Baku , que
la mer y gagnoit fur les terrés, & avoit même
déjà englouti une partie de la ville. Mais fi l’on
conlïdère la nature^ du terrain dans cette partie ,
on trouvera plus de vraifemblànce à admettre ici
un atfailiement de terrain , qu’un accroiffemen:: de
la mer Cafpienne , qui ne fauroit en aucune façon
avoir lieu } tandis qu’au contraire là'feule inspection
de tous les pays qui environnent la partie'
feptentrionale de la mer • Cafpienne , ne permet
pas de douter qu’elle n’ait fouffert une diminution
beaucoup plus confidérable que la mer Mé-
diterfanéér& que toutes les autres mers: connues:
on peut même-préfumer qu’-elle diminue
encore tous-les jours. Mais fans fuppofer feulement,
ainfi que nous venons de le- faire, le-paf-
fage fubit que la Mer-Noire paroît s’être frayé
dans la Méditerranée, ne pourroit-on pas attribuer
à-la feule diminution qu’éprouvent toutes lesiners
fàns exception , 6c qui paroît allez généralement
adoptée, la féparation qui S’ eft faite entre la mer
Cafpienne & la Mer-Noire d’ uOe part , & lé lac’
Aral d’une'àuïre, ainfi que le defféchement desdétroits
de communication, qui a dû peu à peu
èn réfülter dans des tems beaucoup plus rapprochés
des nôtres ? Ne pourroit-on pas alors égalé-1
ment concevoir comment cette- communication
une Fois interrompue, tout s'eft établi comme
nous le voyons de nos jours ?
Le périple de la mer Cafpienne eft de fix cétii
quatre-vingt-dix lieues marines, foivant la Carte
de Danville , & de fepi cent quarante ftfivanf
celle de Guldenftadt. On y voit diffère ns g'oifes,
mais tous dépendant des rivières qui s’ y jettent.
Flufieurs auteurs qui ont fait la defeription de la
mer Cafpienne , ont fuppofé qü'il y à v o it , du côté
de l’Occrdem, des gou 1res par bfqUel* ils font
fait communiqoer à la Mer-Noire, ùz Père Avril
fuppofe avec les mêmes fondemenSj qu’elle- a dsi
communications footefrainas avec le golfe Pef-*
fiqùej mais cos fuppofisiôfts abfufdés'ne font plu-S
adoptées que pat les aüreurs qui ne peuvent re-*
noncer aux erreurs anciennes lorfqu elles ont
quelque chofe de merveilleux ; elles né peuvent
reparoiître que tiansfes eompilâte-üfs- des Àneiensi.'
Ceux qui fauront apprécier tout ce que nous fa-
vons certainement fur cefe-è ftiêf, rfe douteront
plus qu’elle ne foit un fimple lac qui n’a aucune
ctommunieatioTV ni avec l’Oïéan ni â-véd lâ Mer-
Noirev Les coquillages qù’ôn ÿ trouve de hdi
jours prouvent d'ailleurs qir’e ilé n’ a jamais- fait
partie de l ’Océan puifqffeflé né f en ferme pas
d’autres efpèces de coquilles que Celles qui ha-'
bitént les fleuves , & point du tout celles qui peu-*
plent l’Océan ou la Méditerranée.
On a beaucoup écrit fer l’âügmerltâtidrt & 1*
diminution fuccelfivè dés eaux de cet-te mer. Les
uns prétendent qué cette' élévation eft toujours
uniforme ; d’autres difent qu’elles a’ugmentèrrt
pendant trente à trénte^cinq anÿÿ & qu'éllês di4'
minuent pendant le inême e lplce de tems, 8c ifa
portent cette augmentation jufqu'à Cinq à- fi* fa-
gènes. Ce qu'il y a dé bien certain, c'éft"qil’orf
remarque de tems en témS uriè augmentât fon ou
une diminution des eaux de la Càfpiehne fariS âü-*
eune régularité, & il eft à préfumer que céS effets
doivent être attribués à toutes les caufës qui Oc-
eafionnent l’augmentation ou la diminution? dW
eaux dès'fleuves.
Le doéteur Halley prétend dans fon calcul fuf
l’ évaporation des-mers , que la mer Cafpienne doit'
perdre une telle quantité d’eâù , que, malgré’éëlle?
des fleuves qu’elle reçoit, elle fefoit à fec fi c
eaux ainfi évaporées n’y rétohiboiént pas en' par-
tiè y foit par les rôfées , foit par lès plufeSi
Sur lés côtes de ce lac immenfe;, On voit beaucoup
de dunes s’ arodncèler, tantôt hautes & èfe
cârpées , tantôt baffes & d’une pente douce : il
en eft de même de certaines îles qui pafôiffent &
qui difpa'roifl'ent comme ces dunes. Ces phénomènes
naturels dépendent des vents qui tourmert-'
I tent continuellement une matière auffi mobile qué1
le fable. On nè trouve fur toute la côte qui règnéf
dans le Dagheftan, qu’une feule & même roche ,
fatis aucune interruption.
On remarque y fur cette mer, des couranS particuliers
j ils lont dus à-certains vents qni domreOtf